La pollution atmosphérique reste le principal risque environnemental pour la santé des Européens avec plus de 350 000 décès imputables aux particules fines, à l’ozone et au dioxyde d’azote (AEE)
Par : Sophie Sanchez
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Déclaration de Leena Ylä-Mononen, la directrice exécutive de l’AEE
« C’est une bonne nouvelle pour tous les citoyens que nous disposions de règles plus strictes dans l’UE en matière de qualité de l’air, mais trop de personnes en Europe, en particulier dans les villes, subissent encore les conséquences nocives d’une mauvaise qualité de l’air, comme les maladies et décès prématurés, qui sont largement évitables en réduisant les niveaux de ces polluants dans l’environnement. La pollution atmosphérique a également des incidences négatives plus larges et nuit à la santé de nos écosystèmes : il est par conséquent encore plus important que nous redoublions d’efforts pour purifier l’air que nous respirons. »
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Incidences de la pollution atmosphérique sur la santé
La pollution atmosphérique reste le principal risque environnemental pour la santé des Européens, causant des maladies chroniques et des décès, en particulier dans les villes et les zones urbaines, comme le rappelle l’Agence européenne pour l’environnement.
Entre 2005 et 2022, selon l’AEE, le nombre de décès dans l’UE imputables aux particules fines, ou PM2.5, a diminué de 45 %, en bonne voie pour atteindre l’objectif de réduction de 55 % arrêté dans le plan d’action « zéro pollution » de l’UE pour 2030 (lire notre article).
Pour autant, les effets de l’exposition à la pollution atmosphérique sur la santé et l’environnement demeurent sensibles partout en Europe avec plus de 350 000 décès imputables aux particules fines, à l’ozone et au dioxyde d’azote par an.
Ainsi, de même source,
- au moins 239 000 décès dans l’UE en 2022 étaient imputables à l’exposition à des niveaux concentrations de particules fines (PM2,5) supérieures à la concentration valeur-guide de 5 µg/m3 recommandée par l’OMS (lire notre article) ;
- 70 000 décès sont imputables à l’exposition à la pollution par l’ozone (O3) ;
- et 48 000 décès sont dus à l’exposition à la pollution par le dioxyde d’azote (NO2).
comme l’indique l’AEE dans un communiqué paru le 19 décembre 2024.
Or, comme le souligne l’AEE, « ces décès auraient pu être évités en respectant les valeurs indicatives de l’OMS en 2022 ».
À cet égard, l’AEE rappelle que la directive révisée relative à la qualité de l’air ambiant (directive (UE) 2024/2188 – lire notre article), entrée en vigueur en décembre 2024, rapproche les valeurs des limites de qualité de l’air de l’UE des normes valeurs-guides de l’OMS, en soutenant de nouvelles réductions des effets de la pollution atmosphérique sur la santé dans les années à venir.
Outre les décès prématurés, le fait de vivre avec des maladies liées à la pollution atmosphérique a des conséquences importantes. L’AEE souligne dans sa note d’information qu’il est essentiel d’en tenir compte lors de l’évaluation de l’incidence globale de la pollution atmosphérique sur la santé, et des avantages qui pourraient résulter d’un air plus pur en Europe.
Incidences de la pollution atmosphérique sur la nature
La pollution atmosphérique a également une incidence négative sur la nature qui nous entoure. Dans une note d’information distincte intitulée « Impacts of air pollution on ecosystems in Europe » (Incidences de la pollution atmosphérique sur les écosystèmes en Europe), publiée le 10 décembre 2024, l’AEE examine les différentes manières dont la végétation est exposée aux principaux polluants atmosphériques et la manière dont cette exposition se traduit en matière de rendement des cultures et de pertes économiques.
L’AEE y montre que l’azote présent dans l’air, qui se dépose sur les écosystèmes, augmente la teneur en éléments nutritifs (eutrophisation), entraînant des changements dans la structure et dans la fonction des écosystèmes (modifications des espèces végétales qui peuvent se développer dans une zone ou une région donnée). Ainsi, en 2022, 73 % des écosystèmes de l’UE présentaient un taux d’eutrophisation supérieur aux niveaux critiques.
Le plan d’action « zéro pollution » (lire notre article) vise entre autres, d’ici à 2030, à réduire de 25 % la superficie des écosystèmes où les dépôts d’azote dépassent les taux critiques par rapport aux niveaux de 2005. À l’heure actuelle, il est peu probable que cet objectif soit atteint, si l’on considère qu’il a diminué de 13 % entre 2005 et 2022.
En outre, environ un tiers des terres agricoles européennes étaient exposées à des concentrations d’ozone troposphérique supérieures à la valeur seuil fixée pour la protection de la végétation dans la réglementation de l’UE, endommageant les cultures, réduisant les rendements et donnant lieu à des pertes économiques estimées à au moins 2 milliards d’euros par an ?. L’ozone endommage les forêts et les plantes en réduisant les taux de croissance, en diminuant les rendements et en portant atteinte à la biodiversité.
En 2022, 62 % de la superficie boisée totale des 32 pays membres de l’AEE ont dépassé les niveaux critiques fixés pour protéger les forêts de l’ozone. Au cours des dernières décennies, d’importantes réductions des émissions de dioxyde de soufre (SO2) ont permis de résoudre en grande partie le problème de l’acidification.
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En savoir plus
Lire la note d’information distincte sur les incidences de la pollution atmosphérique sur les écosystèmes en Europe