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Journal de la COP-29

Retrouvez sur cette page tous les articles du Journal de la Conférence de Bakou sur le Climat.

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Journal de la COP-29 | Jour 13 :  24 novembre 2024 – clôture de la Conférence après l’adoption formelle des décisions

Le Citepa reviendra plus en détail sur les résultats de la COP-29 dans un prochain article.

 

Retour sur la treizième journée

 

Au terme de deux semaines de négociations intenses et 35,5 heures au-delà de l’heure de clôture officielle (18h vendredi 22 nov. 2024), la COP-29 s’est achevée le 24 novembre 2024 à 5h31 (heure locale à Bakou [2h31 heure française], contre un dépassement de 44h à la COP-25 (Madrid, 2019, la COP qui a battu tous les records de dépassement des 29 COP jusque-là) et de 39,5h à la COP-27 (Charm el-Cheikh, 2022, la 2e COP la plus longue) et de près de 36,5h à la COP-17 (Durban, 2011). Ainsi, la COP-29 représente le 4e dépassement le plus long de l’ensemble des 29 COP à ce jour (sources : IISD, Carbon Brief, Citepa/Journal de la COP-27 | Jour 15 et Carbon Reporter, 14 nov. 2021).

Malgré la très forte opposition de la part des pays en développement, et notamment des pays les moins avancés et des petits Etats insulaires, un accord final sur le projet de décision le plus controversé, le nouvel objectif sur le financement climat (NCQG), a été scellé à 23h40. 

 

Dans le paquet final, les Parties se sont mises d’accord sur un objectif d’au moins 300 Md$ par an d’ici 2035 pour les pays en développement, provenant d’un large éventail de sources, publiques et privées, bilatérales et multilatérales, y compris des sources alternatives, les pays développés jouant un rôle moteur et les pays en développement étant encouragés à apporter des contributions sur une base volontaire.

Elles ont finalisé, neuf ans après l’adoption de l’Accord de Paris, les règles de mise en oeuvre de l’article 6.2 et de l’article 6.4.

Les Parties ont fixé des orientations supplémentaires sur la définition d’indicateurs permettant d’évaluer les progrès accomplis dans la réalisation de l’objectif mondial en matière d’adaptation.

Elles ont fixé des orientations sur les futurs dialogues mondiaux et les événements axés sur l’investissement dans le cadre du programme de travail sur l’atténuation (MWP).

En revanche, les Parties ne sont pas parvenues à un consensus sur trois sujets pourtant cruciaux :

  • le dialogue sur la mise en oeuvre des résultats du bilan mondial (Global Stocktake), au premier rangs desquels les suites à donner aux huit objectifs fixés par la décision 1/CMA.5 (paragraphes 28(a) à 28(h)) adoptée à Dubaï, dont la transition vers la sortie des combustibles fossiles,
  • les éléments de procédure et de logistique dans le cadre du processus de déroulement du bilan mondial,
  • le programme de travail sur la transition juste.

En l’absence d’un consensus sur ces sujets, la suite des négociations sur ces sujets a été renvoyée à la prochaine session des SB (SB-61, juin 2025). Selon IISD, le « consensus des Emirats arabes unis » (c’est-à-dire la décision 1/CMA.5 et ses objectifs précités) est « sous assistance respiratoire » (source : IISD, post sur X, 24 nov. 2024).

En ce qui concerne le nouvel objectif de financement climat, l’Inde, la Bolivie et le Nigeria ont fait part de leurs préoccupations et ont qualifié l’objectif d’« insulte qui ne représente pas les pays développés en tant que moteur du financement climat ». Les pays les moins avancés ‘PMA) ont déploré le manque d’ambition au regard des besoins des pays en développement, l’exclusion des pertes et préjudices du périmètre de l’objectif, et l’absence de planchers d’allocation pour les PMA et les petits Etats insulaires. Le Pakistan a identifié des lacunes critiques dans le paquet global et, se référant à la prochaine session des organes subsidiaires, a appelé à un retour à la table des négociations avec un engagement renouvelé.

L’Union européenne, le Groupe d’intégrité environnementale, l’AOSIS, l’Alliance indépendante de l’Amérique latine et des Caraïbes (AILAC) et le Groupe Ombrelle ont déploré l’absence de progrès dans la mise en œuvre des résultats du bilan mondial.

Pour une explication des différents groupes de négociation, se reporter à l’annexe 3 de notre dossier de fond sur la COP-27 (p.65).

Au total, 49 décisions ont été adoptées : 21 par la COP-29, 23 par la CMA-6 et 5 par la CMP-19. 

Les principales décisions adoptées :

La Présidence de la COP-29 a baptisé les trois décisions sur le NCQG, l’objectif mondial adaptation et le programme de travail sur l’atténuation (MWP) « Pacte d’unité de Bakou pour le climat » (« Baku Climate Unity Pact« ).

 

En savoir plus

Discours de clôture de Simon Stiell, Secrétaire exécutif de la CCNUCC. Voir en replay.

Les décisions adoptées.

Communiqué de la CCNUCC en français et en anglais

Discours de clôture du Secrétaire générale de l’ONU, Antonio Guterres

Communiqué de l’ONU

Couverture en bref de la 13e journée par IISD

 

Réactions

Climate Action Network : « Betrayal in Baku: developed countries fail people and planet », 24 nov. 2024

Climate Home News : « COP29 Bulletin Day 12: Carbon market rules adopted after walkout delays finance talks« , 23 nov. 2024

Le Monde : « A la COP29, un accord au goût très amer pour les pays du Sud« , 24 nov. 2024

The Guardian : « Cop29: Climate finance deal agreed but talks remain deeply divided – as it happened« , 24 nov. 2024?

 

 

Journal de la COP-29 | Jour 12 : 23 novembre

Le Citepa mettra cet article à jour demain matin dimanche 24 nov. avec les nouvelles avancées.

Retour sur la 12e journée

Séance plénière de clôture suspendue (première partie, 20-22h heure locale) : Voir déroulement. Selon IISD/Earth Negotiations Bulletin, les Parties ont formellement adopté plusieurs décisions mais il n’y a toujours pas de consensus sur des questions clés (sans doute l’objectif financement climat).

Elles ont adopté les deux décisions sur l’article 6.2 et l’article 6.4.

 

NEW : Selon un article du blog du Guardian, publié ce matin samedi 23 nov. 2024, la Présidence de la COP-29 a tenu une réunion à huis clos, dans la nuit de vendredi 22 à samedi 23 novembre, avec un groupe restreint de Ministres et de chefs de délégation de plusieurs Parties (dont la Chine, l’UE, le Brésil, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l’Australie et l’Arabie saoudite) pour tenter de débloquer les négociations sur les points divergents clés concernant le sujet de l’objectif financement climat et de la transition vers la sortie des combustibles fossiles. Selon plusieurs sources, l’UE, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Australie ont indiqué qu’ils seraient prêts à revoir à la hausse le montant de l’objectif central prévu (250 Md$/an) dans le projet de texte proposé hier vendredi 22 nov. par le Président de la COP-29 pour atteindre 300 Md$/an. 

Proposition de reformulation du paragraphe 8 du projet de texte du Président sur le NCQG

Source : post de Carbon Brief sur X, 23 nov. 2024.

 

Rappel des nouveaux textes produits depuis hier matin (vendredi 22 nov.), par volet de négociation.

 

Article 6

NEW : projet de décision du Président de la COP-29 sur les recommandations concernant les approches coopératives au titre de l’article 6.2 (version du 23/11/2024, 19 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2024/L.15). Voir 4e version du projet de texte (version du 22/11/2024 @18h00, 19 pages). Voir 3e version (version du 21/11/2024 @07h00, 19 pages), 2e version (version 15/11/2024 @12h15, 19 pages) et première version (version 14/11/2024 @ 13h00, 43 pages).

NEW : projet de décision du Président de la COP-29 sur les recommandations complémentaires sur les règles, modalités et procédures du mécanisme de l’article 6.4 (version du 23/11/2024, 5 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2024/L.16).  Voir 6e version du projet de texte (version du 22/11/2024 @18h00, 4 pages).  Voir 5e version (version du 21/11/2024 @07h00, 5 pages). Voir 4e version (version 18/11/2024 @05h30, 4 pages), 3e version (version 16/11/2024 @08h00, 2 pages), 2e version (version du 14/11/2024 @13h00, 3 pages) et première version (version 14/11/2024 @ 13h00, 5 pages).

 

Financement climat 

NEW : texte de la Présidence sur le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement (NCQG) à partir de 2025 (version du 22/11/2024 @15h20, 5 pages). Ce nouveau texte reprend l’essentiel de la version précédente (version du 22/11/2024@09h00, 5 pages) qui était, après trois ans de négociation et 11 jours de la COP-29, la première de toutes les versions produites jusqu’ici à Bakou à proposer un montant concret unique pour l’objectif et sans crochets. 

Le texte prévoit six chapitres : contexte, formulation de l’objectif, éléments qualitatifs, accès, transparence et bilan. Voici les éléments essentiels :

Formulation de l’objectif

§ 7 : la CMA invite tous les acteurs de travailler ensemble pour permettre l’accroissement du financement climat aux pays en développement pour la mise en oeuvre de l’action climat provenant de toutes les sources publiques et privées pour atteindre au moins 1 300 Md$/an d’ici 2035 [montant à mobiliser d’ici 2035. Le terme « tous les acteurs » est très large, voire « ambigu car il pourrait permettre aux pays industrialisés d’esquiver leurs responsabilités« , selon John Verdieck, directeur des politiques climat internationales au sein de l’ONG américaine The Nature Conservancy (propos rapportés par The Guardian, 22 nov. 2024].

§ 8 : dans ce contexte, en prolongement de l’objectif des 100 Md$/an, la CMA décide de fixer un objectif de 250Md$/an d’ici 2035, les pays industrialisés devant être les moteurs, pour la mise en oeuvre de l’action climat dans les pays en développement [montant à fournir directement d’ici 2035. Il s’inscrit dans le montant global de 1 300 Md$/an].

  • §8(a) : ce montant de 250 Md$/an doit provenir d’un « large éventail de sources, publiques et privées, bilatérales et multilatérales, y compris les sources alternatives [taxes internationales sur l’aérien et le maritime international, sur les énergies fossiles ; marchés carbone, etc.]
  • §8(b) : l’objectif vise les actions concrètes d’adaptation et d’atténuation [donc l’objectif ne couvre pas les pertes et préjudices contrairement à la demande des pays en développement], avec une transparence dans la mise en oeuvre,
  • §8(c) : la CMA reconnaît l’intention volontaire des Parties de comptabiliser tous les flux sortants des banques multilatérales de développement (BMD) et les financements mobilisés par celles-ci en vue de la réalisation de l’objectif de 250 Md$/an [donc ce montant ne porte pas uniquement sur le financement public à fournir par les Gouvernements nationaux, mais aussi par les BMD.

§ 9 : la CMA invite les pays en développement à apporter des contributions supplémentaires, y compris via les coopérations Sud-Sud, à la réalisation de l’objectif de 1 300 Md$/an précité. 

§ 10 : la CMA affirme que les paragraphes 8 et 9 précités n’ont aucun impact sur le statut de pays en développement ou de pays bénéficiaire [clause insérée pour apaiser la Chine sans doute].

§ 17 : la CMA affirme que la mise à disposition de ressources financières accrues devrait viser à parvenir à un équilibre entre adaptation et atténuation, en prenant en compte les stratégies nationales, ainsi que les besoins et priorités des pays en développement [donc l’objectif ne couvre pas les pertes et préjudices contrairement à la demande des pays en développement].

Bilan

§ 33 : la CMA décide de faire le bilan périodiquement de la mise en oeuvre de cette décision dans le cadre du bilan mondial et de lancer, avant 2035, des discussions sur les prochaines étapes.

A noter que la 3e version de ce projet de texte (version 15/11/2024 @18h30, 25 pages) prévoyait une part d’au moins 20% de l’objectif central du NCQG (financement public fourni par les Etats) devant transiter via les entités du mécanisme financier de la CCNUCC (dont le fonds vert pour le climat, le fonds d’adaptation, le fonds pertes et préjudices et le fonds mondial pour l’environnement, GEF) [§ 67]. Dans la version publiée le 22 novembre (version du 22/11/2024, 5 pages), ce chiffre de 20% a été supprimé, affaiblissant ainsi la portée du paragraphe  : [§ 16] « la CMA décide qu’un montant important de ressources publiques devrait être fourni via les entités opérationnelles du mécanisme financier, du fonds d’adaptation, du fonds pour les pays les moins avancés, du fonds spécial pour le changement climatique et d’autres mécanismes pertinents, selon une répartition équitable dans toutes les régions géographiques« .

A noter également que la 4e version du projet de texte de décision (version du 16 nov. 2024 @15h30, 25 pages) comportait dans son article 46 une sous-option (sous-option n°4) qui prévoyait, dans le cadre de l’objectif central (financement public fourni par les Etats), des montants concrets à fournir spécifiquement aux petits Etats insulaires et aux pays les moins avancés :

« La CMA décide que les pays développés  fournissent conjointement au moins 900 Md$ en financements climat nouveaux, additionnels, prévisibles et adéquats (en subventions) par an pour répondre aux priorités et besoins actuels et en évolution de tous les pays en développement ; et décide en outre que, dans le cadre de cet objectif, il y aura des planchers d’allocation respectifs pour les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID) d’au moins 220 Md$/an pour les PMA et d’au moins 39 Md$/an pour les PEID« .

Cette référence aux deux planchers d’allocation pour les PMA et les PEID a été supprimée dans la version publiée le 22 novembre (version du 22/11/2024, 5 pages).

Ce nouveau texte de la Présidence reconnaît donc les besoins réels des pays en développement (le montant de 1 300 Md$/an est issu de la proposition conjointe du groupe de négociation G77+Chine [134 pays], lire notre Journal de la COP-29 | Jour 2) mais propose un montant bien en deçà des attentes des pays en développement. 

 

Voir version précédente : compilation rationalisée des propositions servant de transition vers un projet de texte de la Présidence (y compris des options issues des consultations ministérielles) (version du 21/11/2024 @03h00, 10 pages). Voir 4e version du projet de texte de décision (version du 16 nov. 2024 @15h30, 25 pages), 3e version (version 15/11/2024 @18h30, 25 pages), 2e version (version du 13/11/2024 @21h00, 33 pages) et première version (version du 13/11/2024 @08h30, 34 pages. 

 

Bilan mondial

NEW : texte de la Présidence sur les suites à donner aux résultats du bilan mondial (Global Stocktake) (version du 22/11/2024 @13h30, 6 pages). Cette nouvelle version reprend l’essentiel de la version précédente (version du 22/11/2024 @13h30, 6 pages). La référence explicite à « la transition énergétique et aux mesures visant à abandonner les combustibles fossiles » établie dans la version précédente du texte a été supprimée dans cette version. Cependant, l’article 16 (option 1) comporte une référence explicite aux paragraphes 28 et 33 de la  décision 1/CMA.5 sans pour autant reprendre la formulation détaillée des huit efforts mondiaux énoncés au paragraphe 28(a) à 28(h) ou de l’objectif de mettre fin à la déforestation d’ici 2030 énoncé au paragraphe 33 : « la CMA souligne le besoin de mettre en oeuvre les efforts mondiaux énoncés dans les paragraphes 28 et 33 de la décision 1/CMA.5« . 

L’option 2 de l’article 16 est : pas de texte. En clair, cette référence explicite au paragraphe 28 dans l’option 1 de l’article 16 pourra très bien être supprimée dans la prochaine version du projet de décision. 

Voir texte précédent proposé par la Présidence issu des contributions des Ministres et des éléments de texte soumis par les co-facilitateurs du sujet (version du 21/11/2024 @10h00, 5 pages). Voir 5e version (texte de la Présidence, version du 21/11/2024 @ 00h00, 5 pages), 4e version (version du 19/11/2024 @11h00, 6 pages),  3e version (version 15/11/2024 @21h30, 5 pages), 2e version (version du 14/11/2024 @23h00, 4 pages) et première version (version 13/11/2024 @ 21h30, 5 pages).

 

Atténuation

NEW : texte de la Présidence sur le programme de travail pour renforcer l’ambition et la mise en oeuvre en matière d’atténuation (MWP) (version du 22/11/024 @11h30, 3 pages).  Aucune référence à la transition vers la sortie des combustibles fossiles ou à l’objectif +1,5°C ou au paragraphe 28 de la décision 1/CMA.5. 

Voir version précédente (version du 22/11/2024 @11h30, 3 pages) et celle d’avant (texte proposé par la Présidence issu des éléments de texte soumis par les co-facilitateurs du sujet, version du 21/11/2024 @03h00, 3 pages). A noter que cette dernière version proposée par la Présidence a supprimé les deux références aux combustibles fossiles établies dans la 2e version (paragraphes 30 et 32), références qui ont repris la formulation des paragraphes 28(d) [transition vers la sortie des combustibles fossiles] et 28(h) [élimination progressives des combustibles fossiles] de la  décision 1/CMA.5 sur les résultats du bilan mondial (adoptée à Dubaï le 13 déc. 2023). Voir 2e version sous forme de note informelle (version du 15/11/2024 @17h00, 10 pages) et première version (version du 14/11/2024 @09h00, 5 pages). 

 

Adaptation

NEW : 4e version du projet de texte sur l’objectif mondial en matière d’adaptation (version du 22/11/2024 @15h20, 6 pages). Voir 3e version (version du 21/11/2024 @02h00, 6 pages). Voir 2e version (version 16/11/2024 @10h10, 9 pages). et première version (version 14/11/2024 @ 21h21, 9 pages). 

NEW : projet de décision proposé par le Président sur les questions relatives au fonds d’adaptation (version du 21/11/2024, 4 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2024/L.10). Voir version précédente (version 18/11/2024 @15h30, 3 pages).

 

Dates et lieux des futures COP

NEW : projet de texte sur les dates et lieux des futures sessions des COP (version du 22/11/2024 @14h50, 2 pages).. En ce qui concerne la COP-31, les 29 pays au sein du groupe régional de l’ONU « Europe de l’Ouest et autres » ne parviennent pas à se mettre d’accord sur un candidat : aucun des deux pays ayant exprimé leur souhait d’accueillir la COP-31, l’Australie et la Turquie, ne semble vouloir céder la place à l’autre, donc blocage politique (lire article sur le sujet publié le 19 nov. 2024 par Reuters). La décision formelle sur le pays hôte de la COP-31 devra être prise au plus tard lors de la COP-30 en novembre 2025, ce qui signifie que les 29 pays du groupe régional Europe de l’Ouest et autres doivent parvenir à un consensus sur leur candidat d’ici là.

Pour une liste complète des pays faisant partie du groupe régional « Europe de l’Ouest et autres », se reporter à l’annexe 2 de notre dossier de fond sur la COP-27 (p.64).

 

Transition juste

 NEW :  texte de la Présidence sur le programme de travail sur la transition juste, JTWP (version du 22/11/2024 @12h13). La référence à la transition vers la sortie des combustibles fossiles, supprimée du projet de texte sur les résultats du bilan mondial (voir ci-dessus) a été inséré, d’une manière alambiquée et fortement affaiblie, dans le texte de la Présidence sur le JTWP :

§ 14 : la CMA souligne la nature multisectorielle et multidimensionnelle des transitions justes et la nécessité qui en découle d’adopter des approches économiques globales des transitions justes qui font participer le secteur privé, y compris les micro-, petites et moyennes entreprises, qui contribuent à la création d’emplois verts et qui facilitent l’accès à une énergie abordable en augmentant la capacité des énergies renouvelables, et reconnaît que ces approches incluent des opportunités socio-économiques significatives associées à la transition vers l’abandon des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques.

Voir version précédente : texte proposé par la Présidence et issu des éléments de texte soumis par les co-facilitateurs (version du 20/11/2024 @ 23h13, 4 pages). Voir première version sous forme de projet de texte (version 15/11/2024 @18h10, 4 pages).

 

Transparence

NEW : projet de décision proposé par le Président de la COP-29 sur la mise à disposition du soutien financier et technique aux pays en développement pour le rapportage et le renforcement des capacités, conformément à l’article 13 (paragraphe 14) de l’Accord de Paris (version du 22 /11/2024, 3 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2024/L.13). Voir première version du projet de texte (version du 20/11/2024 @16h55, 4 pages).

 

Intervention énergique des Emirats arabes unis pour contre un recul de l’ambition sur les énergies fossiles

Suite au rejet catégorique, par le délégué saoudien, de toute mention des énergies fossiles dans l’accord global, sur lequel la COP-29 doit déboucher, qu’il proclamé hier jeudi 21 novembre lors de la plénière pour faire le point (lire notre Journal de la COP-29 | Jour 10), hier matin (vendredi 22 nov. 2024), le délégué du pays hôte de la COP-28, les Emirats arabes unis (EAU), a réagi de manière forte et inattendue. Dans le cadre d’une intervention énergique, il a implicitement critiqué la position intransigeante de l’Arabie saoudite sur la question des énergies fossiles.

Le délégué des EAU a défendu le maintien, dans le résultat final de Bakou, de l’engagement fixé par la décision phare de la CMA-5 à Dubaï (paragraphe 28(d) de la décision 1/CMA.5 : « assurer une transition pour sortir des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques d’une manière juste, ordonnée et équitable »). Il a déclaré que le monde devait soutenir une résolution historique adoptée l’année dernière pour la transition vers l’abandon des combustibles fossiles.

« En tant que décision de la COP [plutôt de la CMA, NDLR], elle est par définition unanime. Toutes les Parties doivent respecter ce sur quoi elles se sont mises d’accord. Elles doivent maintenant se concentrer sur la mise en œuvre en fournissant les moyens d’aller de l’avant avec un solide NCQG [nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat]. Nous exhortons toutes les Parties à se concentrer sur ce résultat ».

Cette intervention musclée de la part des EAU est sans doute liée au fait qu’ils ont lancé à Dubaï, lors de la COP-28, une nouvelle gouvernance de la COP-29 et de la COP-30 (Belém, Brésil), pour la première fois, sous forme de Troïka (composée des Présidences de la COP-28 [Emirats arabes unis], de la COP-29 [Azerbaïdjan] et de la COP-30 [Brésil]). Cette Troïka vise à maintenir une dynamique politique et diplomatique en faveur du maintien à portée de main l’objectif de +1,5°C (« mission +1,5°C) et en faveur de la mise en œuvre des actions climat ambitieuses.  Voir la première et la deuxième lettre de la Troïka aux Parties (transmises respectivement le 21 mars et le 23 juillet 2024).

Source : The Guardian, blog COP-29, 21 nov. 2024.

 

Diffusion de nouvelles versions de plusieurs projets de décision élaborées par la Présidence

Hier après-midi, les Parties ont examiné à la loupe les nouvelles versions de plusieurs projets de décision élaborées par la Présidence de la COP-29 (voir ci-dessous) que celle-ci avait diffusées dans la matinée. La déception et la colère étaient palpables, plusieurs groupes de négociation déplorant notamment :

      • un objectif de financement de 250 Md$/an par an d’ici 2035, provenant de sources publiques et privées, les pays développés étant les moteurs pour fournir ce financement, et une demande aux pays en développement d’apporter des contributions supplémentaires « pour ou en complément » du nouvel objectif de financement. Donc pas d’objectif spécifiquement pour le financement public à fournir par les Etats, pas de précision sur la qualité du financement à fournir (dons/subventions plutôt que prêts pour ne pas alourdir le fardeau de la dette des pays en développement) ;
      • aucune mention de planchers d’allocation pour les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés dans le cadre du nouvel objectif de financement ;
      • aucune référence aux résultats du bilan mondial (GST) ou à la transition énergétique dans le projet de décision sur le programme de travail en matière d’atténuation (MWP) ;
      • des options alternatives « pas de texte » à diverses références aux progrès accomplis dans la mise en œuvre des huit objectifs (efforts mondiaux) en matière de transition énergétique fixés par le paragraphe 28 de la décision 1/CMA.5, adoptée à Dubaï ;
      • une option alternative « pas de texte » à la demande de la décision 1/CMA.5 que les programmes de travail et les organes formels de la CCNUCC rendent compte de leurs efforts pour intégrer les résultats du bilan mondial ; et
      • une simple reconnaissance du fait que les approches globales de l’économie en matière de transitions justes incluent des opportunités socio-économiques significatives associées à l’abandon des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques.

La frustration ressentie par de nombreuses Parties et surtout par les observateurs (communauté scientifique, ONG, société civile,…) à l’égard de la Présidence et de sa gestion de la situation très tendue s’est accrue et la perspective d’un échec des négociations et d’un « débrayage » de groupes entiers de pays vis-à-vis des négociations commence à se dessiner. Tous les acteurs, en particulier le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, ont tenté de rapprocher les groupes d’un résultat acceptable pour tous. Une séance plénière de clôture a été prévue, puis a disparu plus tard.

A 21h30 (heure locale) hier soir, vendredi 22 novembre, la Présidence de la COP-29 a finalement annoncé qu’elle mènerait d’autres consultations avant de publier des textes « définitifs ». La plénière ne reprendra pas avant samedi 23 novembre.

 

Réactions au nouveau texte de la Présidence sur le NCQG (version du 22/11/2024, 5 pages) 

Réaction de Sir Nicolas Stern, économiste britannique de renommée internationale

Déclaration commune de Sir Nicholas Stern, d’Amar Bhattacharya et de Vera Songwe, co-Présidents du Groupe indépendant d’experts de haut niveau sur le financement climat (dont le 3e rapport a été publié le 14 novembre 2024 [lire notre Journal de la COP-29 | Jour 8] et qui souligne que le financement externe provenant de toutes les sources, publiques et privées internationales et autres devra couvrir 1 300 Md$/an du besoin d’investissement total d’ici 2035). Ils déclarent que l’objectif de 250 Md$/an à fournir par les pays développés aux pays en développement est « trop faible et n’est pas compatible avec la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris » :

« Nous saluons la publication du nouveau texte de la présidence de la COP-29 sur le nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climat. Il appelle « tous les acteurs à travailler ensemble pour permettre l’augmentation du financement des pays en développement parties pour l’action climat à partir de toutes les sources publiques et privées pour atteindre au moins 1 300 Md$ par an d’ici 2035 ». Ceci est cohérent avec notre analyse des investissements et des financements externes requis par les pays en développement hors Chine pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Le texte appelle également les pays développés à augmenter leur soutien financier aux pays en développement pour atteindre 250 Md$ par an d’ici 2035. Ce chiffre est trop faible et n’est pas compatible avec la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris. Notre analyse montre que le NCQG, sur la base de ses éléments constitutifs [tels qu’établi dans le projet de texte de la Présidence], devrait obliger les pays développés à fournir au moins 300 Md$ par an d’ici 2030, et 390 Md$ par an d’ici 2035. Nous pensons que ces objectifs sont réalisables et qu’ils nécessiteront une augmentation des financements bilatéraux directs de la part des pays développés, une ambition beaucoup plus élevée de la part des banques multilatérales de développement et une meilleure mobilisation des financements privés. »

Source : déclaration conjointe de Sir Nicholas Stern, d’Amar Bhattacharya et de Vera Songwe, 22 nov. 2024.

 

Réaction du groupe africain (groupe de négociation des pays d’Afrique)

Selon Ali Mohamed, envoyé spécial du Kenya pour la Présidence du groupe africain de négociateurs, le montant de l’objectif de 250 Md$/an est inférieur à l’écart entre les besoins réels en matière d’adaptation et le financement fourni (valeur inférieure de la fourchette évaluée à 359 Md$/an par le PNUE dans son dernier Adaptation Gap Report lire notre Journal de la COP-29 | Jour 8) :

« L’objectif proposé de mobiliser 250 Md$ par an d’ici 2035 est totalement inacceptable et inadapté à la réalisation de l’Accord de Paris. Le rapport sur l’écart entre les besoins réels en matière d’adaptation et le financement fourni indique à lui seul que les besoins en matière d’adaptation s’élèvent à 400 Md$ ; 250 Md$ entraîneront des pertes inacceptables en vies humaines en Afrique et dans le monde entier, et mettront en péril l’avenir de notre monde. Par ailleurs, d’après la formulation du nouveau texte, ce ne sont plus les pays développés qui sont responsables [du financement à fournir, cf. obligation qui leur est faite au titre de l’article 9.1 de l’Accord de Paris]. Il s’agit [désormais, selon cette formulation] d’un objectif dont tous les pays sont responsables et pour lequel les pays développés sont moteurs. C’est inacceptable. »

Source : The Guardian, blog du 22ov. 2024.

 

Analyse du Guardian

A première vue, cela peut sembler une violation des critères de mise à disposition du financement climat par les pays industrialisés. Le montant (« quantum ») est censé être constitué d’un financement « de base », provenant directement des budgets publics des pays industrialisés ou via les banques multilatérales de développement.

Le financement privé est censé constituer la couche extérieure de l’« oignon » financier dont il est question ici, c’est-à-dire après le « noyau dur » des fonds publics et la couche intermédiaire de fonds provenant de sources telles que les nouvelles taxes, l’échange de crédits d’émission de CO2 et d’autres sources de financement innovantes. Pourquoi le financement privé est-il mentionné dans le noyau dur ?
L’explication est qu’il s’agit d’une référence au financement « mobilisé ». On parle de financement mobilisé lorsque des entreprises privées investissent en plus de l’argent provenant des budgets publics des pays. Ainsi, par exemple, l’UE fournit 30 milliards de dollars de financement public par an pour les efforts climatiques dans les pays en développement, et ce financement de base mobilise également environ 7 milliards de dollars par an en co-investissement.

En raison de la manière dont certains pays comptabilisent leur financement climat, il n’est pas possible de distinguer clairement le financement « mobilisé » de celui provenant des budgets publics.
C’est pourquoi le terme « privé » est inclus dans ce texte, mais il doit être compris dans ce contexte comme étant limité à cette partie « mobilisée » du financement. Le véritable financement privé se trouvera toujours dans la couche extérieure de l’oignon. La Présidence de la COP-29 pourrait clarifier davantage ce sens, éventuellement dans une note de bas de page.

Source : The Guardian, 22 nov. 2024.

 

Réactions des ONG

Harjeet Singh, activiste, vétéran des COP et membre de l’Initiative pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles (lire notre article), a fustigé le nouveau texte du Président sur le NCQG :

« Il est honteux qu’en dépit d’une prise de conscience totale des crises climatiques dévastatrices qui affligent les pays en développement et des coûts stupéfiants de l’action climat – qui se chiffrent en milliers de milliards [de $] – les pays développés n’aient proposé qu’un maigre 250 milliards de dollars par an.

« Pour ne rien arranger, cette somme dérisoire comprend des prêts et n’inclut pas l’engagement crucial en faveur d’un financement sous forme de dons, qui est essentiel pour que les pays en développement puissent à la fois faire face aux effets du climat et abandonner les combustibles fossiles.

« La confiance a été brisée ; les pays en développement doivent rester fermes. Rejeter cet accord, c’est défendre la dignité : pas d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord, surtout lorsqu’il manque de respect envers ceux qui subissent les conséquences d’une crise qu’ils n’ont pas créée.

Source : Harjeet Singh, post sur X, 22 nov. 2024.

 

Climate Action Network, CAN (Réseau Action Climat) a transmis une lettre aux pays industrialisés de la part de 156 organisations affiliées au CAN, en qualifiant d « absolument inacceptable » l’objectif des 250 Md$/an proposé dans le projet de texte du Président sur le NCQG. CAN a également transmis une 2e lettre, de la part de 35 organisations affiliées au CAN, au groupe de négociation G77+Chine (134 pays) qui déclare : « Les organisations de la société civile et leurs membres présents à la COP-29, ainsi que la société civile mondiale dans son ensemble, vous soutiennent sans réserve dans le rejet du texte de négociation actuel » concernant l’objectif de financement de la lutte contre le changement climatique. » CAN est formel : « l’absence d’accord à Bakou vaut mieux qu’un mauvais accord, et il s’agit d’un très, très mauvais accord en raison de l’intransigeance des pays développés ». Voir communiqué de CAN, 23 nov. 2024.

Plusieurs ONG et individus de la société civile ont fortement critiqué les montants proposés dans ce nouveau texte de la Présidence sur le NCQG. 

Voir réactions du réseau international Climate Action Network.

Voir d’autres réactions sur le blog du Guardian.

 

Autres points forts de la 12e journée 

Argentine et l’Accord de Paris

Selon un article publié le 19 novembre 2024 dans le quotidien national, El Observador, l’Argentine, par le biais de son chancelier Gerardo Werthein, a confirmé qu’elle ne sortirait pas l’Accord de Paris, faisant taire les rumeurs nées de la décision du leader populiste de droite Javier Milei de retirer la délégation de son pays des négociations le 13 novembre 2024 (lire notre Journal de la COP-29 | Jour 3).

 

 

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Voir tous les documents de la CCNUCC produits dans le cadre des négociations

Consultations ministérielles et consultations menées par la Présidence

Outil de suivi interactif de Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat. Il présente, au fur et à mesure des jours, des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociation à la COP-29. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge)

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

 

 

Journal de la COP-29 | Jour 11 : 22 novembre

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Programme de la 11e et dernière journée officielle

 

Aujourd’hui, le 22 novembre 2024, est la dernière journée officiellement prévue de la Conférence de Bakou et tout le monde sait que les COP dépassent toujours – et parfois de loin – l’heure de clôture officielle (normalement 18h le vendredi de la 2e semaine), la COP-25 ayant battu tous les records de dépassement des 28 COP jusque-là (44h au-delà de l’heure de clôture officielle) et la COP-27 étant la 2e COP la plus longue (39,5h au-delà de l’heure de clôture officielle, sources : Carbon Brief, Citepa/Journal de la COP-27 | Jour 15 et Carbon Reporter, 14 nov. 2021).

C’est dans cette dernière ligne droite des négociations, pendant ces dernières heures de la Conférence que les dernières questions sont tranchées, que les compromis sont dégagés, les Ministres opérant des derniers arbitrages politiques sur les projets de décision sur lesquels les négociations sont bloquées, afin d’aboutir à un accord global sur l’ensemble de décisions à adopter par la COP-29, la CMA-6 et la CMP-19.

Les consultations ministérielles vont se poursuivre jusqu’à ce que les Parties parviennent à un consensus sur les projets de texte en suspens :

  • au premier rang desquels celui sur le nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climat (NCQG), mais aussi
  • celui sur le dialogue sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial (Global Stocktake),
  • celui sur le programme de travail sur l’atténuation (MWP),
  • celui sur l’objectif mondial en matière d’adaptation (GGA),
  • celui sur l’article 6.2 et celui sur l’article 6.4,
  • celui sur le programme de travail sur la transition juste.

Le Citepa mettra à jour régulièrement cet article au fur et à mesure des avancées dans la journée de vendredi 22 novembre 2024.

 

Retour sur la 11e journée 

 

Les nouveaux textes produits depuis hier matin (jeudi 21 nov.) seront postés ici, par volet de négociation.

 

Financement climat 

NEW : texte de la Présidence sur le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement (NCQG) à partir de 2025 (version du 22/11/2024, 5 pages). Ce nouveau texte prévoit six chapitres : contexte, formulation de l’objectif, éléments qualitatifs, accès, transparence et bilan. Voici les éléments essentiels :

Formulation de l’objectif

§ 7 : la CMA invite tous les acteurs de travailler ensemble pour permettre l’accroissement du financement climat aux pays en développement pour la mise en oeuvre de l’action climat provenant de toutes les sources publiques et privées pour atteindre au moins 1 300 Md$/an d’ici 2035 [montant à mobiliser d’ici 2035. Le terme « tous les acteurs » est très large, voire « ambigu car il pourrait permettre aux pays industrialisés d’esquiver leurs responsabilités« , selon John Verdieck, directeur des politiques climat internationales au sein de l’ONG américaine The Nature Conservancy (propos rapportés par The Guardian, 22 nov. 2024].

§ 8 : dans ce contexte, en prolongement de l’objectif des 100 Md$/an, la CMA décide de fixer un objectif de 250Md$/an d’ici 2035, les pays industrialisés devant être les moteurs, pour la mise en oeuvre de l’action climat dans les pays en développement [montant à fournir directement d’ici 2035. Il s’inscrit dans le montant global de 1 300 Md$/an].

  • §8(a) : ce montant de 250 Md$/an doit provenir d’un « large éventail de sources, publiques et privées, bilatérales et multilatérales, y compris les sources alternatives [taxes internationales sur l’aérien et le maritime international, sur les énergies fossiles ; marchés carbone, etc.]
  • §8(b) : l’objectif vise les actions concrètes d’adaptation et d’atténuation [donc l’objectif ne couvre pas les pertes et préjudices contrairement à la demande des pays en développement], avec une transparence dans la mise en oeuvre,
  • §8(c) : la CMA reconnaît l’intention volontaire des Parties de comptabiliser tous les flux sortants des banques multilatérales de développement (BMD) et les financements mobilisés par celles-ci en vue de la réalisation de l’objectif de 250 Md$/an [donc ce montant ne porte pas uniquement sur le financement public à fournir par les Gouvernements nationaux, mais aussi par les BMD.

§ 9 : la CMA invite les pays en développement à apporter des contributions supplémentaires, y compris via les coopérations Sud-Sud, à la réalisation de l’objectif de 1 300 Md$/an précité. 

§ 10 : la CMA affirme que les paragraphes 8 et 9 précités n’ont aucun impact sur le statut de pays en développement ou de pays bénéficiaire [clause insérée pour apaiser la Chine sans doute].

§ 17 : la CMA affirme que la mise à disposition de ressources financières accrues devrait viser à parvenir à un équilibre entre adaptation et atténuation, en prenant en compte les stratégies nationales, ainsi que les besoins et priorités des pays en développement [donc l’objectif ne couvre pas les pertes et préjudices contrairement à la demande des pays en développement].

Bilan

§ 33 : la CMA décide de faire le bilan périodiquement de la mise en oeuvre de cette décision dans le cadre du bilan mondial et de lancer, avant 2035, des discussions sur les prochaines étapes.

Voir version précédente : compilation rationalisée des propositions servant de transition vers un projet de texte de la Présidence (y compris des options issues des consultations ministérielles) (version du 21/11/2024 @03h00, 10 pages). Voir 4e version du projet de texte de décision (version du 16 nov. 2024 @15h30, 25 pages), 3e version (version 15/11/2024 @18h30, 25 pages), 2e version (version du 13/11/2024 @21h00, 33 pages) et première version (version du 13/11/2024 @08h30, 34 pages. 

Ce nouveau texte de la Présidence reconnaît donc les besoins réels des pays en développement (le montant de 1 300 Md$/an est issu de la proposition conjointe du groupe de négociation G77+Chine [134 pays], lire notre Journal de la COP-29 | Jour 2) mais propose un montant bien en deçà des attentes des pays en développement. 

 

Bilan mondial

NEW : texte de la Présidence sur les suites à donner aux résultats du bilan mondial (Global Stocktake) (version du 22/11/2024 @13h30, 6 pages). La référence explicite à « la transition énergétique et aux mesures visant à abandonner les combustibles fossiles » établie dans la version précédente du texte a été supprimée dans cette nouvelle version. Voir texte précédent proposé par la Présidence issu des contributions des Ministres et des éléments de texte soumis par les co-facilitateurs du sujet (version du 21/11/2024 @10h00, 5 pages). Voir 5e version (texte de la Présidence, version du 21/11/2024 @ 00h00, 5 pages), 4e version (version du 19/11/2024 @11h00, 6 pages),  3e version (version 15/11/2024 @21h30, 5 pages), 2e version (version du 14/11/2024 @23h00, 4 pages) et première version (version 13/11/2024 @ 21h30, 5 pages).

 

Atténuation

NEW : texte de la Présidence sur le programme de travail pour renforcer l’ambition et la mise en oeuvre en matière d’atténuation (MWP) (version du 22/11/2024 @11h30, 3 pages). Aucune référence à la transition vers la sortie des combustibles fossiles ou à l’objectif +1,5°C.

Voir version précédente : texte proposé par la Présidence issu des éléments de texte soumis par les co-facilitateurs du sujet (version du 21/11/2024 @03h00, 3 pages). Voir 2e version sous forme de note informelle (version du 15/11/2024 @17h00, 10 pages) et première version (version du 14/11/2024 @09h00, 5 pages). A noter que le nouveau texte proposé par la Présidence a supprimé les deux références aux combustibles fossiles établies dans la 2e version (paragraphes 30 et 32), références qui ont repris la formulation des paragraphes 28(d) [transition vers la sortie des combustibles fossiles] et 28(h) [élimination progressives des combustibles fossiles] de la  décision 1/CMA.5 sur les résultats du bilan mondial (adoptée à Dubaï le 13 déc. 2023).

 

Adaptation

NEW : projet de décision proposé par le Président sur les questions relatives au fonds d’adaptation (version du 21/11/2024, 4 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2024/L.10). Voir version précédente (version 18/11/2024 @15h30, 3 pages).

 

Transition juste

 NEW :  texte de la Présidence sur le programme de travail sur la transition juste, JTWP (version du 22/11/2024 @12h13). La référence à la transition vers la sortie des combustibles fossiles, supprimée du projet de texte sur les résultats du bilan mondial (voir ci-dessus) a été inséré, d’une manière alambiquée et fortement affaiblie, dans le texte de la Présidence sur le JTWP :

§ 14 : la CMA souligne la nature multisectorielle et multidimensionnelle des transitions justes et la nécessité qui en découle d’adopter des approches économiques globales des transitions justes qui font participer le secteur privé, y compris les micro-, petites et moyennes entreprises, qui contribuent à la création d’emplois verts et qui facilitent l’accès à une énergie abordable en augmentant la capacité des énergies renouvelables, et reconnaît que ces approches incluent des opportunités socio-économiques significatives associées à la transition vers l’abandon des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques.

Voir version précédente : texte proposé par la Présidence et issu des éléments de texte soumis par les co-facilitateurs (version du 20/11/2024 @ 23h13, 4 pages). Voir première version sous forme de projet de texte (version 15/11/2024 @18h10, 4 pages).

 

Transparence

NEW : projet de décision proposé par le Président de la COP-29 sur la mise à disposition du soutien financier et technique aux pays en développement pour le rapportage et le renforcement des capacités, conformément à l’article 13 (paragraphe 14) de l’Accord de Paris (version du 22 /11/2024, 3 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2024/L.13). Voir première version du projet de texte (version du 20/11/2024 @16h55, 4 pages).

 

NEW : Intervention énergique des Emirats arabes unis pour contre un recul de l’ambition sur les énergies fossiles

Suite au rejet catégorique, par le délégué saoudien, de toute mention des énergies fossiles dans l’accord global, sur lequel la COP-29 doit déboucher aujourd’hui ou demain, qu’il proclamé hier jeudi 21 novembre lors de la plénière pour faire le point (lire notre Journal de la COP-29 | Jour 10), ce matin, le délégué du pays hôte de la COP-28, les Emirats arabes unis (EAU), a réagi de manière forte et inattendue. Dans le cadre d’une intervention énergique, il a implicitement critiqué la position intransigeante de l’Arabie saoudite sur la question des énergies fossiles.

Le délégué des EAU a défendu le maintien, dans le résultat final de Bakou, de l’engagement fixé par la décision phare de la CMA-5 à Dubaï (paragraphe 28(d) de la décision 1/CMA.5 : « assurer une transition pour sortir des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques d’une manière juste, ordonnée et équitable »). Il a déclaré que le monde devait soutenir une résolution historique adoptée l’année dernière pour la transition vers l’abandon des combustibles fossiles.

« En tant que décision de la COP [plutôt de la CMA, NDLR], elle est par définition unanime. Toutes les Parties doivent respecter ce sur quoi elles se sont mises d’accord. Elles doivent maintenant se concentrer sur la mise en œuvre en fournissant les moyens d’aller de l’avant avec un solide NCQG [nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat]. Nous exhortons toutes les Parties à se concentrer sur ce résultat ».

Cette intervention musclée de la part des EAU est sans doute liée au fait qu’ils ont lancé à Dubaï, lors de la COP-28, une nouvelle gouvernance de la COP-29 et de la COP-30 (Belém, Brésil), pour la première fois, sous forme de Troïka (composée des Présidences de la COP-28 [Emirats arabes unis], de la COP-29 [Azerbaïdjan] et de la COP-30 [Brésil]). Cette Troïka vise à maintenir une dynamique politique et diplomatique en faveur du maintien à portée de main l’objectif de +1,5°C (« mission +1,5°C) et en faveur de la mise en œuvre des actions climat ambitieuses.  Voir la première et la deuxième lettre de la Troïka aux Parties (transmises respectivement le 21 mars et le 23 juillet 2024).

Source : The Guardian, blog COP-29, 21 nov. 2024.

 

Réactions au nouveau texte de la Présidence sur le NCQG

Réaction de Sir Nicolas Stern, économiste britannique de renommée internationale

Déclaration commune de Sir Nicholas Stern, d’Amar Bhattacharya et de Vera Songwe, co-Présidents du Groupe indépendant d’experts de haut niveau sur le financement climat (dont le 3e rapport a été publié le 14 novembre 2024 [lire notre Journal de la COP-29 | Jour 8] et qui souligne que le financement externe provenant de toutes les sources, publiques et privées internationales et autres devra couvrir 1 300 Md$/an du besoin d’investissement total d’ici 2035). Ils déclarent que l’objectif de 250 Md$/an à fournir par les pays développés aux pays en développement est « trop faible et n’est pas compatible avec la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris » :

« Nous saluons la publication du nouveau texte de la présidence de la COP-29 sur le nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climat. Il appelle « tous les acteurs à travailler ensemble pour permettre l’augmentation du financement des pays en développement parties pour l’action climat à partir de toutes les sources publiques et privées pour atteindre au moins 1 300 Md$ par an d’ici 2035 ». Ceci est cohérent avec notre analyse des investissements et des financements externes requis par les pays en développement hors Chine pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Le texte appelle également les pays développés à augmenter leur soutien financier aux pays en développement pour atteindre 250 Md$ par an d’ici 2035. Ce chiffre est trop faible et n’est pas compatible avec la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Notre analyse montre que le NCQG, sur la base des éléments qu’il couvre, devrait engager les pays développés à fournir au moins 300 Md$ par an d’ici 2030, et 390 Md$ par an d’ici 2035. Nous pensons que ces objectifs sont réalisables et qu’ils nécessiteront une augmentation des financements bilatéraux directs de la part des pays développés, une ambition beaucoup plus élevée de la part des banques multilatérales de développement et une meilleure mobilisation des financements privés. »

Source : The Guardian, blog du 22ov. 2024.

 

Réaction du groupe africain (groupe de négociation des pays d’Afrique)

Selon Ali Mohamed, envoyé spécial du Kenya pour la Présidence du groupe africain de négociateurs :

« L’objectif proposé de mobiliser 250 Md$ par an d’ici 2035 est totalement inacceptable et inadapté à la réalisation de l’Accord de Paris. Le rapport sur l’écart entre les besoins réels en matière d’adaptation et le financement fourni [établi par le PNUE dans son dernier Adaptation Gap Reportlire notre Journal de la COP-29 | Jour 8] indique à lui seul que les besoins en matière d’adaptation s’élèvent à 400 Md$ ; 250 Md$ entraîneront des pertes inacceptables en vies humaines en Afrique et dans le monde entier, et mettront en péril l’avenir de notre monde. Par ailleurs, d’après la formulation du nouveau texte, ce ne sont plus les pays développés qui sont responsables [du financement à fournir, cf. obligation qui leur est faite au titre de l’article 9.1 de l’Accord de Paris]. Il s’agit [désormais, selon cette formulation] d’un objectif dont tous les pays sont responsables et pour lequel les pays développés sont moteurs. C’est inacceptable. »

Source : The Guardian, blog du 22ov. 2024.

 

Analyse du Guardian

A première vue, cela peut sembler une violation des critères de mise à disposition du financement climat par les pays industrialisés. Le montant (« quantum ») est censé être constitué d’un financement « de base », provenant directement des budgets publics des pays industrialisés ou via les banques multilatérales de développement.

Le financement privé est censé constituer la couche extérieure de l’« oignon » financier dont il est question ici, c’est-à-dire après le « noyau dur » des fonds publics et la couche intermédiaire de fonds provenant de sources telles que les nouvelles taxes, l’échange de crédits d’émission de CO2 et d’autres sources de financement innovantes. Pourquoi le financement privé est-il mentionné dans le noyau dur ?
L’explication est qu’il s’agit d’une référence au financement « mobilisé ». On parle de financement mobilisé lorsque des entreprises privées investissent en plus de l’argent provenant des budgets publics des pays. Ainsi, par exemple, l’UE fournit 30 milliards de dollars de financement public par an pour les efforts climatiques dans les pays en développement, et ce financement de base mobilise également environ 7 milliards de dollars par an en co-investissement.

En raison de la manière dont certains pays comptabilisent leur financement climat, il n’est pas possible de distinguer clairement le financement « mobilisé » de celui provenant des budgets publics.
C’est pourquoi le terme « privé » est inclus dans ce texte, mais il doit être compris dans ce contexte comme étant limité à cette partie « mobilisée » du financement. Le véritable financement privé se trouvera toujours dans la couche extérieure de l’oignon. La Présidence de la COP-29 pourrait clarifier davantage ce sens, éventuellement dans une note de bas de page.

Source : The Guardian, 22 nov. 2024.

 

Réactions des ONG

Harjeet Singh, activiste, vétéran des COP et membre de l’Initiative pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles (lire notre article), a fustigé le nouveau texte du Président sur le NCQG :

« Il est honteux qu’en dépit d’une prise de conscience totale des crises climatiques dévastatrices qui affligent les pays en développement et des coûts stupéfiants de l’action climat – qui se chiffrent en milliers de milliards [de $] – les pays développés n’aient proposé qu’un maigre 250 milliards de dollars par an.

« Pour ne rien arranger, cette somme dérisoire comprend des prêts et n’inclut pas l’engagement crucial en faveur d’un financement sous forme de dons, qui est essentiel pour que les pays en développement puissent à la fois faire face aux effets du climat et abandonner les combustibles fossiles.

« La confiance a été brisée ; les pays en développement doivent rester fermes. Rejeter cet accord, c’est défendre la dignité : pas d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord, surtout lorsqu’il manque de respect envers ceux qui subissent les conséquences d’une crise qu’ils n’ont pas créée.

Source : Harjeet Singh, post sur X, 22 nov. 2024.

 

Plusieurs ONG et individus de la société civile ont fortement critiqué les montants proposés dans ce nouveau texte de la Présidence sur le NCQG. 

Voir réactions du réseau international Climate Action Network.

Voir d’autres réactions sur le blog du Guardian.

 

 

 

 

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Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 11e journée (22 novembre 2024)

Temps forts de la 11e journée (IISD)

Voir tous les documents de la CCNUCC produits dans le cadre des négociations

Consultations ministérielles et consultations menées par la Présidence

Outil de suivi interactif de Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat. Il présente, au fur et à mesure des jours, des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociation à la COP-29. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge)

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Registre des NDC

NDC 3.0

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Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

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Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

Journal de la COP-29 | Jour 10 : 21 novembre

Cet article a été mis à jour à 9h vendredi 22 nov. pour ajouter le retour sur la 10e journée (21 nov.).

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

NEW :

Lors des COP, l’Arabie saoudite s’oppose très souvent à toute mention dans les projets de décision en négociation des combustibles fossiles, et des actions visant à réduire leur consommation, qui est à l’origine de la crise climatique (lire notre Journal de la COP-29 | Jour 8). Elle a été décrite comme une « boule de démolition » lors de la COP-29. Aujourd’hui, jeudi 21 novembre, le représentant de la délégation saoudienne, Albara Tawfiq, a déclaré ouvertement, lors de la session plénière (dite “Qurultay” –  voir plus loin section « Retour sur la 10e journée) au cours de laquelle les pays ont fait part de leurs nombreuses objections aux dernières versions des projets de texte sur la table : « Le groupe arabe n’acceptera aucun texte ciblant des secteurs spécifiques, y compris les combustibles fossiles ». Il a ajouté qu’une telle approche « ne relève pas du mandat [du dialogue sur les résultats du bilan mondial ou du programme de travail sur l’atténuation, MWP] et est inacceptable » (source : Climate Home News, 22 nov. 2024). 

Le conflit porte sur la réaffirmation de l’engagement à « opérer une transition vers la sortie des combustibles fossiles », inscrit au paragraphe 28(d) de la décision phare (décision 1/CMA.5) de Dubaï sur les résultats du bilan mondial (Global Stocktake). De nombreuses Parties souhaitent réaffirmer cet engagement afin de maintenir l’élan politique de cet engagement.

La Chine a également déclaré qu’elle s’opposait à une mention explicite de cet engagement : « Il ne devrait pas y avoir de mise en exergue d’un seul paragraphe », a déclaré le délégué chinois. . Le délégué de la Bolivie, Diego Pacheco, s’y est également opposé.

Selon Climate Home News, le conflit porte également sur deux autres paragraphes de la compilation rationalisée des propositions servant de transition vers un projet de texte de la Présidence (y compris des options issues des consultations ministérielles) publiée dans la nuit de mercredi 20 à jeudi 21 novembre (version du 21/11/2024 @03h00, 10 pages) :

  • [§ 52(g)] la CMA appelle le secteur privé et tous les autres acteurs concernés, en particulier le secteur des combustibles fossiles, à contribuer à l’action climat et à aligner leurs opérations sur l’Accord de Paris, notamment en soutenant le renforcement des capacités, le développement et le transfert de technologies et en investissant dans les pays en développement et en les soutenant :
  • [§ 58] la CMA « appelle [les Parties] à réduire les flux d’investissement vers les infrastructures de combustibles fossiles, tout en reconnaissant la nécessité de certains investissements, y compris pour la reconversion et l’adaptation des infrastructures à l’avenir, compatibles avec une trajectoire de +1,5°C».

Toutefois, la plupart des Parties souhaitent renforcer les appels lancés lors de la COP-28 en faveur d’une transition vers l’abandon des combustibles fossiles et le développement des énergies renouvelables. Catherine McKenna, ancienne Ministre du Climat du Canada et Présidente du groupe d’experts de haut niveau sur les engagements zéro émission nette des acteurs non-étatiques (lire notre article), a réagi à la position intransigeante de l’Arabie saoudite qui défend la production et la consommation des combustibles fossiles : « J’en ai marre de l’opposition de l’Arabie saoudite à toute idée de transition vers l’abandon des combustibles fossiles », a-t-elle déclaré. « Nous sommes dans une crise climatique liée aux combustibles fossiles. S’il vous plaît, allez-y fort à la #COP29 et faites qu’elle réussisse ».

Source: The Guardian, blog COP-29, 21 nov. 2024.

 

Tour d’horizon des nouveaux textes produits depuis hier matin (mercredi 20 nov.), par volet de négociation :

 

Pertes et préjudices

NEW : projet  de décision proposé par le Président de la COP-29 sur le rapport du fonds pertes et préjudices et recommandations de la CMA-6 au fonds  (version 21/11/2024, 3 pages, réf. FCCC/PA/CMA/2024/L.12) +  projet de décision proposé par le Président sur le rapport du fonds pertes et préjudices et recommandations de la COP-29 au fonds (version 21/11/2024, 3 pages, réf. FCCC/CP/2024/L.6). Il s’agit du même texte de décision mais le premier est pour adoption par la CMA-6 et le deuxième par la COP-29.Voir projet de texte (version 16/11/2024 à 12h00, 3 pages) + projet de texte  (version 16/11/2024 à 12h00, 3 pages). 

 

 Financement climat 

NEW : compilation rationalisée des propositions servant de transition vers un projet de texte de la Présidence (y compris des options issues des consultations ministérielles) sur le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement (NCQG) à partir de 2025 (version du 21/11/2024 @03h00, 10 pages). Ce texte contient toujours 15 options (contre 44 dans la 4e version du texte – voir plus loin) 46 paires de crochets (contre 23 dans la 4e version), indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte.

Comme il fallait s’y attendre, ce texte laisse ouvertes les questions cruciales du montant, des contributeurs et de la structure de l’objectif. Le texte présente deux options principales concernant la forme que prendrait l’objectif : la première reflète les préférences des pays en développement et la seconde correspond aux souhaits des pays développés.
La première option prévoit un objectif annuel à partir de 2025 et jusqu’en 2035, tandis que la deuxième option prévoit un objectif à atteindre d’ici 2035, ce qui donne aux pays industrialisés plus de temps pour se préparer à l’atteindre.

La première option prévoit que les fonds proviendront des pays développés pour les pays en développement – bien qu’elle accepte également que les pays en développement soient « invités » à fournir un financement « volontairement », à condition que cela ne soit pas comptabilisé dans l’évaluation de la réalisation de l’objectif principal.
La deuxième option prévoit que les fonds proviennent d’un « large éventail de sources et d’instruments, y compris des sources publiques, privées et innovantes, par des canaux bilatéraux et multilatéraux ».
Elle précise que les pays développés doivent prendre la tête du mouvement, mais inclut également « les efforts d’autres pays ayant la capacité économique de contribuer », ainsi que la prise en compte des efforts bilatéraux et multilatéraux actuels et des fonds mobilisés par tous les autres fournisseurs de financement de la lutte contre le changement climatique.
Selon la première option, l’objectif devrait inclure les financements fournis par les gouvernements des pays développés ainsi que les financements privés mobilisés par les gouvernements des pays développés. Il s’agit des mêmes catégories que celles incluses dans l’objectif actuel de 100 milliards de dollars par an, que cet objectif remplacera.

Mais la deuxième option inclut un éventail beaucoup plus large de moyens de financement, y compris des sources innovantes. Elle ne le précise pas, mais il pourrait s’agir de mesures telles que des taxes sur les billets d’avion ou les transactions financières. Le terme « y compris » laisse cette liste de sources ouverte et l’on craint que cela ne permette aux pays développés d’y inclure l’argent des marchés du carbone.
Alors que l’option 1 n’aurait qu’un objectif de provision et de mobilisation, l’option 2 aurait un objectif de mobilisation mené par les gouvernements des pays développés, ainsi qu’un objectif d’investissement plus important et plus large.

Si tous les gouvernements s’accordent à dire que seuls les pays en développement devraient pouvoir bénéficier de ce financement, ils ne s’accordent toujours pas sur la priorité à accorder aux pays les plus pauvres du monde (PMA) et aux petits États insulaires en développement (PEID).
Les PMA et les PEID veulent un minimum annuel de 220 milliards de dollars et 39 milliards de dollars respectivement. Mais dans le texte, ces montants ont été laissés entre crochets, ce qui signifie qu’ils n’ont pas été approuvés. Les options alternatives sont une formulation soulignant la vulnérabilité particulière des PMA et des PEID et un texte qui ne mentionne pas les groupes de pays mais appelle à une « distribution équitable des ressources ».

Selon Joe Thwaites, expert du financement climat auprès de l’ONG américain Natural Resources Defense Council ou NRDC), « [ce] texte de la Présidence [avec les deux options de base] est une caricature des positions [diamétralement opposées] des pays industrialisés et des pays en développement sur l’objectif principal, [sa structure et les éléments qui doivent le sous-tendre]. Il faut que la Présidence de la COP-29 propose une troisième option qui établisse une passerelle entre les deux« .

Source : Climate Home News, 21 novembre 2024.

Voir 4e version du projet de texte de décision (version du 16 nov. 2024 @15h30, 25 pages), 3e version (version 15/11/2024 @18h30, 25 pages), 2e version (version du 13/11/2024 @21h00, 33 pages) et première version (version du 13/11/2024 @08h30, 34 pages. 

 

NEW : projet projet de texte sur le financement à long terme (version du 21/11/2024 @10h00, 3 pages). Voir version précédente (version 18/11/2024 @12h00), 3 pages).

 

Bilan mondial

NEW : mise en oeuvre des résultats du bilan mondial, texte proposé par la Présidence issu des contributions des Ministres et des éléments de texte soumis par les co-facilitateurs du sujet (version du 21/11/2024 @10h00, 5 pages). Ce texte est composé de deux options de base : Option 1 : pas de texte et Option 2 : un texte en deux parties

  1. renforcer l’action , le soutien et la coopération internationale (23 paragraphes),
  2. Modalités du dialogue des Emirats arabes unis sur la mise en oeuvre des résultats du bilan mondial (16 paragraphes).

L’option de base n°1 : pas de texte signifie que ce document proposé par la Présidence de la COP-29 pourrait tout simplement être supprimé et même pas soumis pour adoption par la CMA-6.

Au sein de la section II, il y a plusieurs options. A noter que ce texte proposé par la Présidence ne comporte aucune paire de crochets, mais cela ne veut pas dire qu’il fait l’objet d’un consensus. Il a été soumis jeudi 21 novembre 2024 aux Parties pour examen et commentaires.

Voir surtout Section II, option 2, paragraphe 1 : « La CMA décide que le dialogue des Émirats arabes unis sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial facilitera un examen complet des progrès collectifs accomplis dans la mise en œuvre des résultats du premier bilan mondial, en mettant l’accent sur les résultats prospectifs non couverts par les mandats ou activités existants des organes formels de la CCNUCC et les programmes de travail au titre de la Convention et de l’Accord de Paris, y compris l’examen de la transition énergétique et des mesures visant à abandonner les combustibles fossiles, ainsi que le soutien et les solutions innovantes en la matière, tant pour les pays développés que pour les pays en développement » ;

Voir également Section II, option 3, paragraphe 2 : « La CMA décide également que, dans le cadre de son mandat, le dialogue sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial examinera les possibilités d’accroître la mise à disposition de financement et d’autres moyens de mise en œuvre, en particulier pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement, ainsi que des possibilités de renforcer l’action en matière d’atténuation, d’adaptation, de réponse aux pertes et dommages et de promotion de la coopération internationale, et des mesures visant à garantir que l’action climat s’aligne sur la limitation de la hausse de la température mondiale à +1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels« .

La question du financement est mentionnée dans plusieurs autres paragraphes (section II, option 1, paragraphe 1 ; section II, option 1, paragraphe 2 ; section II, option 3, paragraphe 1 ; section II, option 4, paragraphe 2). 

Voir version précédente du texte de la Présidence (version du 21/11/2024 @ 00h00, 5 pages). Voir également 4e version du projet de texte sur les modalités du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial (Global Stocktake) (version du 19/11/2024 @11h00, 6 pages),  3e version (version 15/11/2024 @21h30, 5 pages), 2e version (version du 14/11/2024 @23h00, 4 pages) et première version (version 13/11/2024 @ 21h30, 5 pages).

NEW : note informelle sur le processus de déroulement du Bilan mondial (Global Stocktake) dans son ensemble (version du 21/11/2024 @17h30, 7 pages). Voir versions précédentes : 4e version du projet de texte  (version du 19/11/2024 @ 13h30, 3 pages). Voir 3e version (version 16/11/2024 @16h00, 3 pages), 2e version (version 16/11/2024 @02h00, 3 pages) et première version (version 15/11/2024 @ 09h30, 4 pages).

 

Adaptation

NEW : 3e version du projet de texte sur l’objectif mondial en matière d’adaptation (version du 21/11/2024 @02h00, 6 pages). Voir 2e version (version 16/11/2024 @10h10, 9 pages). et première version (version 14/11/2024 @ 21h21, 9 pages). 

 

Article 6

NEW : 5e version du projet de texte sur les recommandations complémentaires sur les règles, modalités et procédures du mécanisme de l’article 6.4 (version du 21/11/2024 @07h00, 5 pages). Voir 4e version (version 18/11/2024 @05h30, 4 pages), 3e version (version 16/11/2024 @08h00, 2 pages), 2e version (version du 14/11/2024 @13h00, 3 pages) et première version (version 14/11/2024 @ 13h00, 5 pages).

 

Atténuation

NEW : programme de travail pour renforcer l’ambition et la mise en oeuvre en matière d’atténuation (MWP), texte proposé par la Présidence issu des éléments de texte soumis par les co-facilitateurs du sujet (version du 21/11/2024 @03h00, 3 pages). Voir 2e version sous forme de note informelle (version du 15/11/2024 @17h00, 10 pages) et première version (version du 14/11/2024 @09h00, 5 pages). A noter que le nouveau texte proposé par la Présidence a supprimé les deux références aux combustibles fossiles établies dans la 2e version (paragraphes 30 et 32), références qui ont repris la formulation des paragraphes 28(d) [transition vers la sortie des combustibles fossiles] et 28(h) [élimination progressives des combustibles fossiles] de la  décision 1/CMA.5 sur les résultats du bilan mondial (adoptée à Dubaï le 13 déc. 2023).

 

Transition juste

 NEW :  texte proposé par la Présidence (issu des éléments de texte soumis par les co-facilitateurs) sur le programme de travail sur la transition juste (version du 20/11/2024 @ 23h13, 4 pages). Voir première version sous forme de projet de texte (version 15/11/2024 @18h10, 4 pages).

 

Transparence

NEW : première version du projet de texte sur le rapportage et le réexamen conformément à l’article 13 (paragraphe 14) de l’Accord de Paris : mise à disposition du soutien financier et technique aux pays en développement pour le rapportage et le renforcement des capacités (version du 20/11/2024 @16h55, 4 pages).

 

Comité de l’Accord de Paris

NEW : questions relatives au Comité pour la mise en œuvre et le respect de l’Accord de Paris (article 15), projet de décision proposé par le Président de la COP-29 (réf. version du 20/11/2024, 2 pages, FCCC/PA/CMA/2024/L.7).

 

Ces nouveaux textes ont été diffusés auprès des Parties pour examen et commentaires ce matin. Ils serviront de base aux négociations.

 

Programme de la 10e journée

 

Journées thématiques de la Présidence

En dehors des négociations officielles dans le cadre de la COP, de la CMA, de la CMP, du SBI et du SBSTA, la Présidence azerbaïdjanaise a organisé sept journées thématiques au cours de la Conférence de Bakou, du 14 au 21 novembre 2024 :

  • 21 novembre 2024: la 7e et dernière journée thématique est consacrée à la nature et à la biodiversité, aux peuples autochtones, à l’égalité des genres, ainsi qu’aux océans et aux zones côtières.

Voir le programme de cette 7e journée thématique de la Présidence azerbaïdjanaise

 

Consultations ministérielles de la Présidence

Les consultations ministérielles se poursuivront probablement jeudi 21 novembre, conformément au programme organisationnel défini par le Président de la COP-29. Pour rappel, les binômes ministériels et leurs sujets associés sont :

  • nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat pour 2025 (NCQG): Yasmine Fouad (Egypte) et Chris Bowen (Australie) ;
  • objectif mondial en matière d’adaptation: Eamon Ryan (Irlande) et Franz Tattenbach (Costa Rica) ;
  • article 6.2 et article 6.4: Grace Fu Hai Yen (Singapour) et Simon Watts (Nouvelle-Zélande) ;
  • atténuation : Tore Onsuus Sandvik (Norvège) et Dion Travers George (Afrique du Sud).

Pour plus d’informations, voir notre Journal de la COP-29 | Jour 7.

Voir la page du site de la COP-29 consacrée à l’ensemble de ces consultations.

 

Il reste deux jours avant la clôture officielle de la COP-29, vendredi 22 novembre 2024 à 18h heure locale (soit 15h heure de Paris). Les Parties sont désormais entrées dans la phase cruciale des négociations, leur dernière ligne droite en somme. Cependant, plusieurs sujets majeurs sont toujours en suspens, les divergences entre Parties demeurant très fortes, et notamment sur le sujet brûlant du projet de décision relatif au nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climat à partir de 2025. Ce sujet est le focus principal d’aujourd’hui, jeudi 21 novembre. Il faudra dégager rapidement un consensus sur le projet de texte en discussion sur ce sujet, mais aussi sur les projets de texte en discussion concernant les autres sujets contentieux :

  • les modalités du dialogue sur la mise en œuvre des résultats du Bilan mondial (Global Stocktake),
  • les éléments de procédure et de logistique du processus de déroulement du bilan mondial dans son ensemble,
  • le programme visant à renforcer l’ambition et la mise en œuvre de l’atténuation (MWP),
  • l’objectif mondial sur l’adaptation,
  • l’article 6.2 (échanges de crédits d’émission entre Etats à titre bilatéral ou multilatéral),
  • l’article 6.4 (mécanisme d’octroi de crédits d’émission),
  • le programme de travail sur la transition juste.

Le Citepa reviendra sur ces consultations dans la mise à jour de cet article « Retour sur la 10e journée » dans l’après-midi de vendredi 22 nov. 2024.

 

Dépassement ou pas dépassement…..that is the question ! 

La question que tout le monde se pose à Bakou et ailleurs est « La COP-29 va-t-elle se terminer à l’heure officielle de clôture, prévue à 18h heure locale (15h heure de Paris) vendredi 22 novembre 2024 ? ». Sur la base de la tendance observée depuis la COP 1 (1995) avec des COP de plus en plus longues, il y a de fortes chances qu’il y ait dépassement cette année. La COP-25 (Madrid) détient le record de la plus longue COP, avec un dépassement de 44h de l’heure de clôture prévue. La COP-27 (Charm el Cheikh) est la deuxième la plus longue, avec un dépassement de 39,5h. La COP-28 (Dubaï) a connu un dépassement de « seulement » près de 23 heures, soit la 13e COP la plus longue dans l’histoire des COP et la COP la plus courte depuis six ans.

Sur la base de cette tendance à la hausse depuis la COP-1 (1995), Carbon Brief estime que la COP-29 se terminera vers 3h25 dimanche matin (le 24 nov.).

Dépassement des COP-1 à 28 au-delà de 18h le jour de leur clôture officielle prévue

Source : Carbon Brief, 20 nov. 2024.

 

A noter que Carbon Brief a mis en ligne un « sweepstake » où vous pouvez parier sur l’heure de clôture de la COP-29 (sans prix néanmoins) ! 

 

Retour sur la 10e journée

 

En bref

L’avant-dernier jour (officiel) de la Conférence de Bakou a débuté avec une nouvelle version du texte de la Présidence de la COP-29 sur l’objectif collectif chiffré sur le financement climat (NCQG), désormais réduit à seulement 10 pages et étiqueté « texte de transition ». Avant même le démarrage des délibérations menées par la Présidence au format « Qurultay », les Parties faisaient part de leur déception, beaucoup déclarant que le texte ne faisait guère plus que réitérer des positions opposées. D’autres ont déploré que leurs propositions et même les zones d’atterrissage récemment identifiées aient été complètement éclipsées.

La Présidence de la COP-29 a fait circuler auprès des Parties de nouvelles versions de projets de texte sur d’autres sujets clés. Les groupes de négociation et les Parties à titre individuel ont été unanimes dans leur déception face à ces nouvelles versions. Les Ministres et les chefs de délégation ont échangé leurs points de vue généraux sur ces projets de texte, et ont également fait état de leurs options préférées.

 

Qurultay” à cadre unique

Pour permettre aux Parties d’examiner les nouveaux projets de texte et de faire part de leurs remarques, le Président de la COP-29 a convoqué à midi (heure de Bakou) un « Qurultay » à cadre unique, c’est-à-dire une réunion de consultation de haut niveau, en vue d’aplanir les différences de position et de les rapprocher vers une convergence. Il a invité les Parties à exprimer leurs points de vue sur le NCQG, le programme de travail pour une transition juste, le programme de travail sur l’atténuation (MWP), l’article 6, l’objectif mondial d’adaptation (GGA), ainsi que le dialogue sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial. Cette réunion a duré six heures.

Tour d’horizon rapide des remarques formulées par les groupes de négociation sur le projet de texte sur le NCQG :

Pour une explication des différents groupes de négociation, se reporter à l’annexe 3 de notre dossier de fond sur la COP-27 (p.65).

L’UE a jugé le texte du NCQG « décevant, déséquilibré, impraticable et irrecevable » et a souligné la nécessité pour toutes les Parties ayant la capacité de contribuer, de le faire, les pays développés continuant à jouer un rôle moteur. La déléguée s’est opposée à tout retour en arrière en matière d’ambition sur l’atténuation et a exhorté la Présidence à renforcer son leadership.

Le groupe Ombrelle a déploré que l’engagement sur la transition énergétique énoncé dans la décision 1/CMA.5 (§ 28(d)) sur le bilan mondial, adoptée à Dubaï, soient « réduits, minimisés ou cachés » dans le texte et a exhorté à les y refléter fièrement et de manière visible.

L’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS) a apprécié que « les contours du paquet » soient sur la table, précisant toutefois que beaucoup restait à faire pour parvenir à un équilibre, et qu’il faut éviter de revenir sur les décisions prises à Dubaï. Au sujet du NCQG, le délégué a appelé à un montant, a souligné la nécessité d’inclure un plancher d’allocation minimum pour les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA), et a rejeté un objectif d’investissement (préférant uniquement un objectif de mise à disposition de soutien financier).

Le groupe G-77/Chine (134 pays) a souligné que le NCQG n’est pas un objectif d’investissement, qu’il devrait refléter la différenciation et inclure un montant de 1 300 Md$/an d’ici 2030.

L’Alliance indépendante de l’Amérique latine et des Caraïbes (AILAC) a souligné que les pays en développement n’accepteront rien de moins que 1 300 Md$/an pour le montant du NCQG et a insisté sur le besoin de clarifier et à préciser les volets du financement public et de la mobilisation. 

Les pays en développement partageant la même vision (LMDC) ont rejeté la référence au soutien fourni à titre volontaire et l’élargissement de la base des contributeurs, arguant que c’était incompatible avec l’Accord de Paris. Ils ont également exhorté les pays industrialisés à s’engager sur la mise à disposition de 600 Md$/an (à base de subventions/dons) et sur la mobilisation de 1 300 Md$/an.

 

Consultations

Bilan mondial : éléments de procédure et de logistique du processus de déroulement du bilan mondial dans son ensemble

Lors des consultations informelles de la CMA, les co-facilitateurs Thureya Al Ali (Emirats arabes unis) et Patrick Spicer (Canada) ont rappelé l’accord des Parties de transmettre la note informelle sur ce sujet aux SB-62 pour un examen plus approfondi. En d’autres termes, les Parties ont décidé de renvoyer les négociations sur ce sujet à la prochaine session des SB, en juin 2025.

Voir note informelle sur le processus de déroulement du Bilan mondial dans son ensemble (version du 21/11/2024 @17h30, 7 pages). Voir versions précédentes : 4e version du projet de texte  (version du 19/11/2024 @ 13h30, 3 pages). Voir 3e version (version 16/11/2024 @16h00, 3 pages), 2e version (version 16/11/2024 @02h00, 3 pages) et première version (version 15/11/2024 @ 09h30, 4 pages).

Les co-facilitateurs ont présenté des conclusions formelles qui seront lues oralement lors de la séance plénière de clôture de la CMA. Toutes les Parties ont soutenu l’adoption de ces conclusions et la transmission de la note informelle.

 

Dans les coulisses

Selon plusieurs observateurs, les Parties se sont montrées frustrées et mécontentes vis-à-vis de la Présidence et de sa façon de gérer la COP-29 dans cette dernière ligne droite des négociations. Plusieurs Parties ont appelé la Présidence à renforcer son rôle de pilote décisif et de médiateur entre les différents camps et différentes positions. 

 

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 10e journée (21 novembre 2024) 

Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 10e journée

Voir tous les documents de la CCNUCC produits dans le cadre des négociations

Consultations ministérielles et consultations menées par la Présidence

Outil de suivi interactif de Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat. Il présente, au fur et à mesure des jours, des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociation à la COP-29. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge)

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

Journal de la COP-29 | Jour 9 : 20 novembre

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Tour d’horizon des nouveaux textes produits depuis hier matin (mardi 19 nov.), par volet de négociation :

 

Bilan mondial (Global Stocktake)

NEW : 4e version du projet de texte sur les modalités du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial (Global Stocktake) (version du 19/11/2024 @11h00, 6 pages). Cette nouvelle version comporte plusieurs options et il y a 19 paires de crochets, indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte.19 paires de crochets, Voir 3e version (version 15/11/2024 @21h30, 5 pages), 2e version (version du 14/11/2024 @23h00, 4 pages) et première version (version 13/11/2024 @ 21h30, 5 pages).

NEW : 4e version du projet de texte sur le processus de déroulement du Bilan mondial (Global Stocktake) dans son ensemble (version du 19/11/2024 @ 13h30, 3 pages). Voir 3e version (version 16/11/2024 @16h00, 3 pages), 2e version (version 16/11/2024 @02h00, 3 pages) et première version (version 15/11/2024 @ 09h30, 4 pages).

NEW : projet de texte sur le rapport sur le dialogue annuel sur le bilan mondial (rapport prévu par la décision 1/CMA.5, paragraphe 187(1)) (version du 20/11/2024 @08h00, 2 pages).

 

Financement 

NEW : projet de décision sur le dialogue de Charm el-Cheikh sur la portée de l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris, proposition du Président de la CMA-6 ((FCCC/PA/CMA/2024/L.5, 2 pages). Voir première version sous forme de projet de texte (version du 18/11/2024 @09h00, 1 page).

(1) La CMA demande aux Présidents des organes subsidiaires d’organiser un dialogue annuel sur le bilan mondial à partir de leur 60e  session (juin 2024) afin de faciliter le partage des connaissances et des bonnes pratiques sur la façon dont les résultats du bilan mondial éclairent la préparation des prochaines NDC des Parties, et demande également au Secrétariat de la CCNUCC d’établir un rapport pour examen par la CMA lors de sa session suivante. A ne pas confondre ce dialogue avec le dialogue annuel des Emirats arabes unis sur les résultats du Bilan mondial, prévu, lui, par les articles 97 et 98 de la décision 1/CMA.5.

 

Programme de la 9e journée

 

Journées thématiques de la Présidence

En dehors des négociations officielles dans le cadre de la COP, de la CMA, de la CMP, du SBI et du SBSTA, la Présidence azerbaïdjanaise a organisé sept journées thématiques au cours de la Conférence de Bakou, du 14 au 21 novembre 2024 :

  • 20 novembre 2024: la 6e journée thématique est consacrée à l’urbanisation, aux transports et au tourisme.

Voir le programme de cette 6e journée thématique de la Présidence azerbaïdjanaise

 

Plénière pour faire le point

Le Président de la COP-29 convoque une plénière à 10h30 heure locale (7h30 heure de Paris) pour faire le point sur l’avancement des trois axes de consultation (consultations ministérielles, consultations de la Présidence et consultations techniques). Suivre en direct.

 

Poursuite des consultations ministérielles

Si les consultations sur les quatre sujets de négociation non consensuels nécessitant un arbitrage politique, décidées par la Présidence de la COP-29 lundi 18 novembre 2024 (lire notre article) ne conduisent pas à leur achèvement mardi 19 novembre, comme l’a demandé le Président de la COP-29, les binômes ministériels devraient les poursuivre au cours de la journée de mercredi 20 novembre.

 

Poursuite des consultations techniques

Les consultations techniques, décidées par la Présidence de la COP-29 lundi 18 novembre (lire notre article), se poursuivront mercredi 20 novembre sur les sujets : atténuation, article 6.2, article 6.4, le bilan mondial, transition juste, transparence, plans nationaux d’adaptation.

L’objectif du Président de la COP-29 est de faire en sorte que toutes les consultations techniques s’achèvent avant 17h (heure locale, soit 14h heure de Paris) mercredi 20 novembre.

 

Poursuite des consultations de la Présidence

La Présidence de la COP-29 poursuivra les consultations qu’elle a lancées lundi 18 novembre (lire notre article), et notamment sur les questions de fond à intégrer dans la décision à adopter sur le bilan mondial (Global Stocktake ou GST). Dans ce cadre, il a spécifiquement demandé aux Parties d’axer leurs discussions sur la mise en œuvre concrète du paragraphe 186 de la décision 1/CMA.5.

 

 

Séquence de haut niveau (High Level Segment ou HLS) : Ministres

19 – 20 nov. 2024 : 2e partie de la séquence de haut niveau.

La 2e partie de la séquence de haut niveau se tiendra les 19-20 nov. 2024, avec la participation de 101 Parties (61 mardi 19 nov. et 40 mercredi 20 nov.) dont le Chef d’Etat ou de Gouvernement n’ont pas prononcé pas d’allocution nationale pendant la première partie de la séquence de haut niveau (lire notre Journal de la COP | Jour 2 et Jour 3). Voir liste finale des Parties qui vont participer, version du 19 nov. 2024.

Il s’agit de vice-Présidents, de Premiers Ministres adjoints, ou de Ministres chargés des négociations internationales sur le climat (selon les Etats : Ministres des Affaires étrangères, Ministres de du Climat et de l’Energie et/ou l’Environnement) ou des hauts fonctionnaires de ces 58 Parties à la CCNUCC qui prononceront une allocution nationale au nom de leur Chef d’Etat ou de Gouvernement. Plusieurs pays du G20 sont représentés (Chine, Allemagne, UE [le Commissaire européen à l’action climat], Corée du Sud, Afrique du Sud, Australie, Inde, Arabie saoudite, Japon, Mexique, Canada et France). Suite à la décision de la Ministre de la Transition écologique de ne pas se rendre à Bakou après le discours provocateur et accusateur du Président de l’Azerbaïdjan mercredi 13 novembre 2024 (lire notre article), La France est représentée par Kevin Magron, conseiller spécial climat auprès du Président de la République. 

Les allocutions des Ministres qui passent à la tribune mardi 19 novembre 2024 seront postées ici.

Les allocutions des Ministres qui passent à la tribune mercredi 20 novembre 2024 seront postées ici.

À l’issue des allocutions nationales, les organisations intergouvernementales et les organisations non gouvernementales accréditées vont prononcer une allocution.

Par ailleurs, aujourd’hui, mercredi 20 novembre 2024, dans le cadre de la séquence de haut niveau, se tiennent quatre tables rondes ministérielles :

 

Retour sur la 9e journée

 

Plénière pour faire le point, convoquée par la Présidence de la COP-29

Le Président de COP-29, Mukhtar Babayev, a rappelé aux Parties qu’elles avaient moins de trois jours pour finaliser les travaux et a invité les co-facilitateurs des consultations ministérielles et techniques à présenter l’état d’avancement des travaux réalisés depuis la mise en place de ces consultations, lundi 18 novembre 2024 (lire notre Journal de la COP-29 | Jour 7). Cette séance plénière a notamment révélé les fortes divergences qui persistent entre les Parties dans les négociations sur le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat (NCQG) qui constitue le principal résultat attendu de la Conférence de Bakou.

Suite à des rumeurs qui circulaient dans les couloirs selon lesquelles l’UE envisagerait de proposer un montant d’environ 200 à 300 Md$/an pour le NCQG après la publication par le site Politico d’un article sur le sujet lundi 18 novembre, ce montant, dont la proposition n’avait pas été confirmée par l’UE, a été fermement rejeté par les pays en développement et notamment les pays émergents.

S’exprimant lors de la séance plénière, le négociateur bolivien Diego Pacheco a déclaré au nom du groupe des pays en développement partageant la même vision (LMDC) – qui comprend de grands pays émergents comme la Chine et l’Inde – que ce chiffre était inacceptable. « Nous sommes incapables de comprendre ces 200 Md$ destinés à renforcer l’ambition des pays en développement », a déclaré M. Pacheco. « C’est inimaginable. Nous ne pouvons pas l’accepter » (propos rapportés par Climate Home News, 20 nov. 2024).

Le Président du groupe africain (groupe de négociations des pays d’Afrique), Ali Mohamed, a déclaré que, alors qu’ils espéraient avoir progressé à ce jour, il n’y a eu qu’un « silence radio » de la part des pays industrialisés. « C’est très frustrant et décevant », a-t-il déclaré aux journalistes (propos rapportés par Climate Home News, 20 nov. 2024).

Le négociateur bolivien a également réitéré le refus catégorique du groupe de négociation LMDC d’élargir la base des contributeurs au financement climat – ce que les pays industrialisés ont exigé – pour y intégrer la Chine et les pays du Golfe. « Il s’agit d’une ligne rouge absolue », a souligné M. Pacheco (propos rapportés par Climate Home News, 20 nov. 2024). D’où l’impasse politique totale sur ce point car l’élargissement de la base des contributeurs est une ligne rouge pour l’UE et d’autres pays industrialisés.

Sources : IISD, 20 nov. 2024 et Climate Home News, 20 nov. 2024.

 

Consultations ministérielles

Nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat (NCQG)

À partir des consultations ministérielles sur le NCQG, Yasmine Fouad (Égypte) a signalé qu’il existe encore des divergences sur la structure, toutes les Parties s’accordant sur la nécessité d’un montant concret pour le financement mobilisé, et certaines voyant également un rôle pour un objectif financier plus large, de l’ordre de plusieurs milliers de milliards, en provenance de toutes les sources (y compris privées).

S’agissant de la base des contributeurs, elle a noté que tous étaient d’accord pour dire que l’objectif ne modifiait pas l’article 9 de l’Accord de Paris (les pays développés ont l’obligation de fournir un financement climat aux pays en développement ; ils doivent être les moteurs de ce financement ; les autres Parties peuvent fournir un financement climat à titre volontaire). Chris Bowen (Australie) a souligné que les pays en développement s’attendaient à un objectif de mobilisation de 1,3 Md$/an, avec des propositions pour le montant de base mis à disposition par les pays industrialisés allant de 440 Md$/an à 600 Md$/an, voire à 900 Md$/an. Il a indiqué que d’autres ont évoqué un plancher de 100 Md$/an.

Il a également précisé aussi que certaines Parties veulent un montant unique pour la mise à disposition et la mobilisation.

 

Atténuation

Dion Travers George (Afrique du Sud) a indiqué que les consultations se sont concentrées sur ce que les Parties considèrent comme étant des résultats sur le sujet de l’atténuation et des messages politiques nécessaires de Bakou, et sur le point de savoir si ceux-ci devaient être placés dans le cadre du programme de travail pour renforcer l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation ou ailleurs (par exemple, dans la décision à adopter sur les modalités du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial (Global Stocktake) (version du 19/11/2024 @11h00, 6 pages).

 

Objectif mondial en matière d’adaptation (GGA)

Franz Tattenbach (Costa Rica) a fait état d’un consensus sur le fait que l’adaptation, y compris le financement de l’adaptation, nécessite une attention accrue. Eamon Ryan (Irlande) a fait état de divergences sur trois questions :

  • les indicateurs sur les moyens de mise en œuvre (dont le financement) ;
  • la question de savoir s’il faut inscrire le GGA à l’ordre du jour des SB de façon permanente (cf. paragraphe 38 de la décision 2/CMA.5) ; et
  • la définition et l’applicabilité de l’adaptation transformationnelle.

Il a indiqué que la question des indicateurs sur les moyens de mise en œuvre nécessiterait des consultations avec le volet des consultations ministérielles sur le financement (NCQG), tandis que les deux dernières questions précitées pouvaient être résolus au niveau technique.

 

Article 6

Article 6.2 : en ce qui concerne le registre international au titre de l’article 6.2, Grace Fu (Singapour) a fait état d’un terrain d’entente potentiel, comprenant un « système de registre à double couche » dans lequel le registre international formerait une « couche de comptabilisation » pour le suivi des crédits d’émissions (unités), tandis que le Secrétariat de la CCNUCC fournirait un service facultatif en dehors du registre avec des fonctions supplémentaires, notamment le transfert et la détention d’unités. Elle a fait état d’une convergence des points de vue sur le fait que le registre international n’aurait pas de fonction d’émettre des unités. Simon Watts (Nouvelle-Zélande) a parlé d’échanges constructifs sur d’autres questions.

 

Vers un paquet de décisions équilibré et à haute ambition ?

Le négociateur en chef de la COP-29, Yalchin Rafiyev, a expliqué que des consultations auraient lieu dans l’après-midi du mercredi 20 novembre 2024 pour parvenir à l’adoption d’un ensemble de décisions équilibré et à haute ambition.

 

Consultations techniques

Le négociateur en chef de la COP-29, Yalchin Rafiyev, a souligné que les négociateurs travaillant sur le dialogue sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial attendaient des consignes politiques.

Il a indiqué que tous les co-facilitateurs ministériels ont été priés de fournir, le mercredi 20 novembre, avant 17h, leurs propositions avec de nouvelles itérations de texte sur les travaux techniques en cours qui devaient être publiées le jeudi 21 novembre avant 7h, après quoi, les Parties devaient se réunir dans un « cadre unique » (comme une plénière).

 

 

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 9e journée (19 novembre 2024)

Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 9e journée

Voir tous les documents de la CCNUCC produits dans le cadre des négociations

Consultations ministérielles et consultations menées par la Présidence

Outil de suivi interactif de Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat. Il présente, au fur et à mesure des jours, des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociation à la COP-29. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge)

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

Journal de la COP-29 | Jour 8 : 19 novembre

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Tour d’horizon des nouveaux textes produits depuis hier matin (lundi 18 nov.), par volet de négociation :

 

Financement 

NEW : projet de texte sur le financement à long terme (version 18/11/2024 @12h00), 3 pages)

 

NEW : projet de texte sur le dialogue de Charm el-Cheikh sur l’article 2.1(c) (version 18/11/2024 @ 09h00, 1 page)

 

Adaptation

NEW : projet de texte sur les questions relatives au fonds d’adaptation (version 18/11/2024 @15h30, 3 pages)

 

Pertes et préjudices

NEW : projet de texte sur le rapport du fonds pertes et préjudices et recommandations de la CMA-6 au fonds (version 16/11/2024 à 12h00, 3 pages) + projet de texte sur le rapport du fonds pertes et préjudices et recommandations de la COP-29 au fonds (version 16/11/2024 à 12h00, 3 pages). Il s’agit du même texte de décision mais le premier est pour adoption par la CMA-6 et le deuxième par la COP-29. 

 

 

Programme de la 8e journée

Journées thématiques de la Présidence

En dehors des négociations officielles dans le cadre de la COP, de la CMA, de la CMP, du SBI et du SBSTA, la Présidence azerbaïdjanaise a organisé sept journées thématiques au cours de la Conférence de Bakou, du 14 au 21 novembre 2024 :

  • 19 novembre 2024: la 5e journée thématique est consacrée à l’alimentation, à l’agriculture et à l’eau.

Voir le programme de cette 5e journée thématique de la Présidence azerbaïdjanaise

 

Poursuite des négociations

Les trois organes de prise de décision de la CCNUCC (COP, CMA et CMP) vont poursuivre les négociations formelles sur les sujets non consensuels où il faut aplanir et rapprocher les divergences d’opinion.

 

Consultations 

Des consultations vont être menées par les binômes ministériels sur les nombreux volets de négociation non consensuels (voir plus haut). Le Citepa reviendra là-dessus dans la mise à jour de cet article « Retour sur la 8e journée » dans l’après-midi de mardi 19 nov. 2024.

 

Plénière pour faire le point

La Présidence de la COP-29 convoquera une plénière à 20h (heure locale, 17h heure de Paris) pour faire le point sur l’avancement des négociations sur les sujets non consensuels (au premier rang desquels le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat pour 2025, NCQG). Suivre en direct.

 

Séquence de haut niveau (High Level Segment ou HLS) : Ministres

19 – 20 nov. 2024 : 2e partie de la séquence de haut niveau.

La 2e partie de la séquence de haut niveau se tiendra les 19-20 nov. 2024, avec la participation de 101 Parties (61 mardi 19 nov. et 40 mercredi 20 nov.) dont le Chef d’Etat ou de Gouvernement n’ont pas prononcé pas d’allocution nationale pendant la première partie de la séquence de haut niveau (lire notre Journal de la COP | Jour 2 et Jour 3). Voir liste finale des Parties qui vont participer, version du 19 nov. 2024.

Il s’agit de vice-Présidents, de Premiers Ministres adjoints, ou de Ministres chargés des négociations internationales sur le climat (selon les Etats : Ministres des Affaires étrangères, Ministres de du Climat et de l’Energie et/ou l’Environnement) ou des hauts fonctionnaires de ces 58 Parties à la CCNUCC qui prononceront une allocution nationale au nom de leur Chef d’Etat ou de Gouvernement. Plusieurs pays du G20 sont représentés (Chine, Allemagne, UE [le Commissaire européen à l’action climat], Corée du Sud, Afrique du Sud, Australie, Inde, Arabie saoudite, Japon, Mexique, Canada et France). Suite à la décision de la Ministre de la Transition écologique de ne pas se rendre à Bakou après le discours provocateur et accusateur du Président de l’Azerbaïdjan mercredi 13 novembre 2024 (lire notre article), La France est représentée par Kevin Magron, conseiller spécial climat auprès du Président de la République. 

Les allocutions des Ministres qui passent à la tribune mardi 19 novembre 2024 seront postées ici.

Les allocutions des Ministres qui passent à la tribune mercredi 20 novembre 2024 seront postées ici.

À l’issue des allocutions nationales, les organisations intergouvernementales et les organisations non gouvernementales accréditées vont prononcer une allocution.

 

Evènement mandaté

19 nov. 2024 : Dialogue de haut niveau sur le financement de l’adaptation.

Les co-facilitateurs de cette table ronde ont formulé quatre questions en amont de l’évènement comme point de départ des discussions :

  • quelles actions sont nécessaires pour combler l’écart croissant entre les besoins réels en matière de financement de l’adaptation et le financement de l’adaptation fourni par les pays industrialisés et que peut-on faire pour assurer la prévisibilité et la clarté nécessaires dans la mise à disposition de financement de l’adaptation ?
  • que faut-il faire pour que les plans nationaux d’adaptation (NAP) puissent être financés et comment le financement peut-il être accru pour accélérer l’action en matière d’adaptation, y compris via la mise en œuvre des NAP ?
  • comment simplifier et accélérer l’accès au financement de l’adaptation ?
  • comment faire en sorte que le financement de l’adaptation profite aux pays en développement, notamment à ceux qui sont particulièrement vulnérables ?

Voir programme et message aux Parties de la part du Secrétaire exécutif de la CCNUCC (du 7 nov. 2024).

 

En savoir plus sur le Dialogue de haut niveau sur le financement de l'adaptation

En vertu de la décision 1/CMA.5 sur le bilan mondial, adoptée le 13 décembre 2023 au terme de la CMA-5 à Dubaï, décision qui établit formellement les résultats du bilan mondial (phase politique), la CMA a décidé de convoquer un dialogue ministériel de haut niveau, lors de la CMA-6 (à Bakou), sur le besoin urgent d’accroître le financement de l’adaptation, en prenant en compte les résultats du bilan mondial portant sur l’adaptation, et sur le besoin pour les pays industrialisés de respecter leur engagement en matière de financement de l’adaptation pris lors de la COP-26 à Glasgow, à savoir un doublement du financement de l’adaptation d’ici 2025 par rapport aux niveaux de 2019 [cf. § 99 de la décision 1.CMA.5].

 

L’objectif de doublement du financement pour l’adaptation et les efforts consentis vers sa réalisation

L’objectif de doublement du financement pour l’adaptation

Le Pacte de Glasgow pour le Climat, adopté le 13 novembre 2021 par la 3e réunion des Parties à l’Accord de Paris (CMA-3) dans la ville écossaise a exhorté les pays développés à au moins doubler, d’ici 2025, leur soutien financier collectif aux pays en développement pour leurs actions d’adaptation (par rapport aux niveaux de 2019), en s’efforçant de parvenir à un équilibre entre l’atténuation et l’adaptation (cf. paragraphe 18 de la décision 1/CMA.3). Cela correspond, en se basant sur le financement consacré à l’adaptation fourni par les pays industrialisés en 2019 (20,3 Md$ – source : OCDE, 16 nov. 2023, p.10) à environ 40,6 Md $ en 2025 (lire notre article). Pour rappel, l’article 9 de l’Accord de Paris demande aux Parties de parvenir à un équilibre entre atténuation et adaptation dans le financement climat.

Les résultats de la phase politique du premier Bilan mondial (Global Stocktake) de l’Accord de Paris débouchant sur la décision phare de la CMA-5, adoptée le 13 décembre 2023, ont réitéré l’appel au doublement (décision 1/CMA.1, paragraphe 86) et ont exhorté les pays développés à préparer un rapport en 2024 pour évaluer les progrès réalisés (décision 1/CMA.1, paragraphe 100).

 

Progrès réalisés vers la réalisation de l’objectif : bilan 2024 de l’OCDE

Le 29 mai 2024, l’OCDE a publié sa septième évaluation des progrès accomplis par les pays industrialisés en vue de la réalisation de l’objectif des 100 milliards de $ (Md$) par an avant 2020 pour aider les pays en développement à mettre en œuvre l’action climat (mesures d’atténuation et d’adaptation) (lire notre article).

Ce 7e bilan souligne Le financement total de l’adaptation fourni et mobilisé par les pays développés a augmenté depuis 2016, malgré une légère baisse en 2021, atteignant 32,4 Md$ en 2022 contre 10,1 Md$ en 2016. Ce montant total en 2022 comprend 28,9 Md$ provenant de sources publiques bilatérales et multilatérales. Le financement climat pour l’adaptation mobilisé auprès du secteur privé a également augmenté, passant de 0,4 Md$ en 2016 à 3,5 Md$ en 2022.

L’OCDE souligne que le montant du financement de l’adaptation mesuré par l’OCDE en 2019 sur la base des données déclarées par les fournisseurs bilatéraux et multilatéraux s’élevait à 18,8 Md$ (sur le total de 20,3 Md$ pour l’adaptation en 2019). Si l’on prend les chiffres du financement public publiés par l’OCDE comme référence, en 2022, à mi-chemin entre 2019 et 2025, les pays développés avaient à peu près réalisé la moitié de l’objectif de doubler le financement de l’adaptation. En outre, entre 2019 et 2022, le financement de l’adaptation mobilisé auprès du secteur privé a plus que doublé, passant de 1,5 Md$ à 3,5 Md$.

Pris dans son ensemble (c’est-à-dire toutes composantes confondues), le financement climat de l’adaptation en 2022 s’élevait à 32,4 Md$, soit un niveau à mi-chemin environ entre celui de 2019 et l’objectif pour 2025. Il reste donc trois ans pour atteindre cet objectif. A noter que les chiffres définitifs pour 2025 ne seront disponibles qu’en 2027 du fait du dispositif de rapportage du financement climat en place.

Financement de l’adaptation fourni et mobilisé en 2016-2022 par composante (en Md$)

Source : OCDE, 29 mai 2024 (pp.5-6).

 

Voir aussi le rapport publié le 4 nov. 2024 par le Gouvernement britannique (UK Foreign, Commonwealth and Development Office) pour le compte de la CCNUCC : « Doubling adaptation finance : efforts to respond to the call of the Glasgow Climate Pact ».

 

Les besoins réels en matière de financement de l’adaptation pour les pays en développement 

Deux rapports de référence publiés ces derniers jours quantifient des estimations concernant les besoins en termes de financement climat des pays en développement, et notamment pour l’adaptation.

Rapport sous la direction de Nicolas Stern

Le 14 novembre 2024, le Groupe d’experts indépendants de haut niveau sur le financement climat, (Independent High-Level Expert Group on Climate Finance ou IHLEG) a publié son 3e rapport sur le financement climat, qui s’intitule : « Accroître l’ambition et accélérer la mise à disposition du financement climat » (en anglais : « Raising ambition and accelerating delivery of climate finance »).

Ce groupe a été lancé en juillet 2022 par les Présidences de la COP-26 (Royaume-Uni) et de la COP-27 (Egypte) et il est co-présidé par l’économiste britannique Nicolas Stern.

Ce nouveau rapport met à jour les estimations précédentes en matière de besoins en investissements pour l’action climat et présente une feuille de route pour mobiliser et fournir le financement nécessaire dans les pays émergents et en développement (hors Chine).

Selon les projections de l’IHLEG dans son 3e rapport, les besoins d’investissement à l’échelle mondiale pour l’action climat seraient compris entre 6 300 Md$ et 6 700 Md$ par an d’ici 2030, dont 2 700-2 800 Md$ dans les économies avancées(1), 1 300-1 400 Md$ en Chine, et 2 300-2 500 Md$ (moyenne de 2 400 Md$/an donc) dans les pays émergents et en développement hors Chine.

Le financement externe provenant de toutes les sources, publiques et privées internationales et autres devra couvrir 1 000 Md$/an du besoin d’investissement total d’ici 2030 et environ 1 300 Md$/an d’ici 2035.

(1) terme utilisé par l’AIE qui englobe l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, la Corée du Sud, Israël, le Japon, la Turquie. Il s’agit plus précisément des pays membres de l’OCDE (Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, République tchèque, Danemark, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Israël, Italie, Japon, Corée du Sud, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Mexique, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Turquie, Royaume-Uni, Etats-Unis), ainsi que la Bulgarie, la Croatie, Chypre, Malte et la Roumanie.

Pour plus de détails, lire notre article. Consulter le communiqué | la synthèse | le rapport.

 

Rapport du PNUE : Estimation de l’écart entre les besoins réels et le financement fourni pour l’adaptation – entre 187 et 359 Md$/an

Le 7 novembre 2024, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a publié son rapport annuel sur l’adaptation Adaptation Gap Report (à l’instar de son rapport annuel sur les émissions de GES, Emissions Gap Report). Ce rapport évalue l’écart entre les efforts consentis par les Etats pour s’adapter au dérèglement climatique (dont les flux de financement fournis par les pays industrialisés aux pays en développement) et les besoins réels nécessaires des pays en développement pour y faire face. Parmi ses conclusions :

  • les flux publics multilatéraux et bilatéraux de financement de l’adaptation vers les pays en développement ont augmenté de 27% pour atteindre environ 28 Md$ en 2022 (contre 22Md$ en 2021). Il s’agit de la plus forte hausse interannuelle en termes absolus et relatifs depuis 2015, l’année d’adoption de l’Accord de Paris ;
  • cette évolution positive reflète la réalisation de progrès vers l’atteinte de l’objectif de doublement du financement climat en 2025 (base 2019) fixé par le Pacte de Glasgow pour le climat en 2021 ;
  • cependant, même si cet objectif est atteint, cela ne réduirait l’écart en matière de financement de l’adaptation d’environ 5%. Le PNUE estime cet écart dans une fourchette comprise entre 187 et 359 Md$/an sur la période 2021-2030 (voir note en bas de page n°13, p.49 du rapport intégral) ;
  • dans son Adaptation Gap Report précédent, publié le 2 nov. 2023 (lire notre article), le PNUE a estimé les coûts de l’adaptation pour les pays en développement dans une fourchette entre 215 et 387 Md$ par an au cours de la décennie 2021-2030. Une comparaison entre les besoins de financement de l’adaptation et les flux de financement public international de 2022 montre qu’il existe encore un très important écart (ou déficit) en matière de financement de l’adaptation. Toutefois, l’évaluation de ce déficit est limitée par l’insuffisance des données sur les flux financiers provenant de sources nationales publiques et privées, qui sont toutes deux d’importantes sources de financement de l’adaptation.

Voir rapport intégral | synthèse | messages clés | communiqué (en français)

 

Evènement spécial de la Présidence

Organisé par la Présidence de la COP-29 et le Ministère de l’Ecologie et des Ressources naturelles en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), cet évènement de haut niveau sera l’occasion pour lancer la déclaration sur la réduction de méthane provenant des déchets organiques (Declaration on Reducing Methane from Organic Waste ou ROW).

Le 17 septembre 2024, la Présidence de la COP-29 avait annoncé une série de 14 initiatives sectorielles et thématiques qu’elle comptait lancer officiellement à Bakou lors de la Conférence pour accélérer l’action climat, tant par les Parties que par les acteurs non-étatiques. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre de l’agenda de l’action (Action Agenda) qui s’adresse aux acteurs non-étatiques (Etats fédérés, provinces, régions, villes, secteur privé [entreprises, investisseurs, assureurs], ONG et société civile) et ce, en complément des négociations formelles menées dans le cadre de la CCNUCC. Ces initiatives avaient ainsi été présentées en détail dans une lettre transmise aux Parties le même jour.

Parmi ces 14 initiatives figuraient justement la déclaration de la COP-29 pour la réduction des émissions de CH4 issues des déchets organiques (COP-29 Declaration on Reducing Methane from Organic Waste) : cette déclaration vise à obtenir, dans le cadre des NDC, des engagements visant le secteur de la gestion des déchets qui soient alignés sur l’objectif de +1,5°C, y compris des objectifs chiffrés de réduction du CH4 dans ce secteur. A noter enfin que l’annexe12 de la lettre présente cette initiative en détail.

 

Retour sur la 8e journée

 

Consultations 

Des consultations ont été menées dans le cadre des trois axes décidés par la Présidence de la COP-29 : consultations ministérielles, consultations de la Présidence et consultations techniques (lire notre article) sur les nombreux volets de négociation non consensuels.

 

Nouvel objectif chiffré sur le financement climat pour 2025 (NCQG)

Les chefs de délégation se sont réunis dans le cadre d’un groupe de rédaction.

 

Bilan mondial : dialogue sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial

Lors des consultations informelles de la CMA, les co-facilitateurs Ricardo Marshall (Barbade) et Patrick Spicer (Canada) ont invité les Parties à faire part de leurs observations sur le projet de texte (version du 19/11/2024 @11h00, 6 pages) et ont souligné que c’était le dernier jour pour les travaux techniques sur ce sujet. Ils ont indiqué que d’autres propositions de texte devraient être soumises à la Présidence pour éclairer les consultations politiques.

 

Bilan mondial : éléments de procédure et de logistique du processus de déroulement du bilan mondial dans son ensemble

Lors des consultations informelles co-facilitées par Thureya Al Ali (EAU) et Patrick Spicer (Canada), les délégués ont continué d’exprimer leurs points de vue sur le projet de texte de décision de la CMA transmis par les SB (version du 19/11/2024 @ 13h30, 3 pages), principalement sur les sources de contribution, le calendrier du processus et les domaines thématiques de l’évaluation technique. La question cruciale est de savoir s’il faut formellement demander au Giec d’aligner le calendrier de publication de son 7e rapport d’évaluation avec le 2e bilan mondial (prévu en 2028 par l’article 14 de l’Accord de Paris). Lire notre article sur la 61e session du Giec, dans lequel le Citepa revient sur les fortes divergences d’opinion sur cette question).

Les co-facilitateurs ont indiqué qu’ils allaient élaborer une note informelle.

 

Atténuation : programme de travail pour renforcer l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (MWP)

Au cours des consultations informelles de la CMA, les co-facilitatrices Ursula Fuentes (Allemagne) et Maesela Kekana (Afrique du Sud) ont invité les Parties à faire part de leur avis sur la structure de la décision de la CMA, en se concentrant sur les rubriques et les principaux éléments. Voir la dernière version de la note informelle (2e version, 15/11/2024 @17h00, 10 pages).

 

Adaptation : objectif mondial en matière d’adaptation (GGA)

Lors des consultations informelles de la CMA, la co-facilitatrice Tina Kobilšek (Slovénie) a rappelé que les consultations ministérielles porteront sur :

  • les priorités de la COP 29,
  • le processus d’élaboration des indicateurs,
  • les moyens de mise en oeuvre,
  • l’adaptation transformationnelle.

Elle a souligné que l’objectif des discussions au niveau technique est de nettoyer le texte du projet de décision (version du 16/11/2024 @10h10, 9 pages) autant que possible afin de fournir aux Ministres des options claires pour examen.

Les discussions se poursuivront lors de réunions « informelles-informelles ».

 

Adaptation : Plans nationaux d’adaptation

Lors des consultations non informelles de la COP, la co-facilitatrice Meredith Ryder-Rude (États-Unis) a invité les Parties à rendre compte des consultations informelles. Il a été reconnu qu’il existait encore des divergences de points de vue sur plusieurs questions. Compte tenu du temps limité restant, les co-facilitateurs ont proposé de faire état des avancées accomplies dans les conclusions formelles et de poursuivre les débats de fond lors des 62èmes sessions des SB (juin 2025) sur la base du projet de décision élaboré à Bakou. En clair, le travail sur le fond est donc renvoyé à la prochaine session des SB. 

Les Parties ont accepté cette proposition. Les co-facilitateurs ont indiqué qu’ils allaient finaliser les conclusions formelles.

 

Autres points forts de la 8e journée

 

Fonds d’adaptation : l’Allemagne annonce une nouvelle contribution

Le 19 novembre 2024, le Ministère de l’Environnement (BMU) et le Ministère des Affaires étrangères de l’Allemagne ont conjointement annoncé qu’ils vont fournir chacune une contribution de 30 M€ au fonds d’adaptation, soit un total de 60 M€. Cette contribution s’ajoute aux autres contributions annoncées par neuf Parties lors de la 4e journée de la COP-29, le 14 novembre 2024, dans le cadre du dialogue des contributeurs de haut niveau (High-Level Contributor Dialogue) (lire notre article).

Voir communiqué du BME du 19 nov. 2024.

 

Sommet du G20 : absence d’impulsion politique des dirigeants du G20 sur l’objectif financement climat et sur la transition vers la sortie des énergies fossiles

Etant donné le peu de progrès concrets réalisés depuis le début de la Conférence de Bakou dans les négociations sur le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat pour 2025 (NCQG), il y avait de fortes attentes de la part des ONG, d’autres observateurs et de la société civile quant au sommet du G20 qui a lieu parallèlement à la COP-29, mais à Rio de Janeiro, sous Présidence brésilienne, les 18-19 novembre 2024. Ils espéraient que les dirigeants des 19 pays les plus puissants du monde (et de l’UE), qui représentent 77% des émissions mondiales de GES (source : PNUE, Emissions Gap Report 2024), allaient donner sinon des directives politiques, du moins une impulsion politique et diplomatique forte, d’une part, pour faire avancer les négociations sur le NCQG à Bakou et, d’autre part sur le sujet de la transition vers la sortie des énergies fossiles. Ironie du sort, alors que les négociateurs à Bakou doivent parvenir à un consensus sur le NCQG et surtout sur un montant, ce sont les dirigeants des pays du G20, réunis à Rio de Janeiro à quelque 11 900 km de Bakou, qui tiennent les cordons de la bourse.  

Dans un discours à Rio de Janeiro, le 17 novembre 2024, à l’attention des dirigeants du G20 à la veille de l’ouverture du sommet, le Secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, a exprimé sa préoccupation par l’état des négociations à la COP-29 sur le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat. Il l’a qualifié d’élément essentiel pour rétablir la confiance entre les pays développés et les pays en développement et pour inciter les pays en développement à élaborer leur NDC-3 à ambition renforcée en 2025. « J’en appellerai au sens des responsabilités de tous les pays du G20. Le moment est venu pour les plus grandes économies et les plus grands émetteurs de montrer l’exemple. L’échec n’est pas une option », a-t-il déclaré. Antonio Guterres a insisté sur le fait qu’un résultat positif est toujours à portée de main, mais qu’il nécessitera un leadership et un compromis de la part des pays du G20 [pour débloquer les négociations].

Or, les ONG et plusieurs autres observateurs s’accordent à reconnaître que les résultats obtenus à Rio de Janeiro sont loin d’être à la hauteur de ces attentes. Ainsi, les dirigeants du G20 n’ont pas envoyé de signal politique fort en direction de Bakou pour permettre de débloquer les négociations. Ils se sont limités, dans leur déclaration finale publiée au terme du sommet, à saluer et à souscrire au résultat du bilan mondial (c’est-à-dire la décision 1/CMA.5) sans pour autant reprendre ou faire référence explicitement à l’objectif du paragraphe 28(d) de cette décision (« assurer une transition pour sortir des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques d’une manière juste, ordonnée et équitable ») et ce, alors qu’ils reprennent d’autres objectifs de ce même paragraphe 28 (tripler les capacités mondiales en matière de production des énergies renouvelables, doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique,…). Ils s’engagent à « accélérer les transitions énergétiques propres, durables, justes, abordables et inclusives, conformément à l’Accord de Paris et aux résultats du premier bilan mondial (GST-1), adoptés [lors de la CMA-5] à Dubaï ». Selon Climate Home News (qui s’appuie sur un article paru le 18 novembre 2024 dans le New York Times), c’était surtout l’Arabie saoudite qui s’est fortement opposée à toute référence à « une transition vers la sortie des énergies fossiles » dans la déclaration finale du sommet G20 (source : Climate Home News, 19 nov. 2024).

Voir paragraphes 39, 48 et 49 de la déclaration finale.

En ce qui concerne le nouvel objectif de financement climat (NCQG), les dirigeants du G20 se sont limités à énoncer deux phrases courtes, en déclarant : « Nous espérons que les négociations sur le nouvel objectif collectif chiffré (NCQG) aboutiront à un résultat réussi à Bakou. Nous apportons notre soutien à la Présidence de la COP-29… ». Tout en reconnaissant « le besoin de mobiliser et d’accroître les investissements provenant de toutes les sources de financement pour combler l’écart [entre le financement climat fourni et les besoins réels des pays en développement] pour opérer les transitions énergétiques à l’échelle de la planète », ils ne précisent ni le montant, ni les contributeurs, ni les parts respectives de financement climat public et privé.

Ils soulignent néanmoins « la nécessité d’une collaboration et d’un soutien internationaux renforcés, notamment en vue d’accroître le financement et les investissements publics et privés en faveur du climat dans les pays en développement, d’accélérer l’innovation technologique largement accessible, de renforcer la résilience et les trajectoires bas-carbone, et de soutenir une planification et des stratégies industrielles vertes ambitieuses. Nous réaffirmons […] la nécessité d’augmenter rapidement et substantiellement le financement climat, en le faisant passer de plusieurs milliards à plusieurs milliers de milliards, toutes sources confondues ». Là encore, ils ne proposent ni le montant, ni les contributeurs, ni les parts respectives de financement climat public et privé.

Voir paragraphes 43, 47 et 49 de la déclaration finale.

Selon le cofondateur de l’ONG Global Citizen, Mick Sheldrick, « Les dirigeants [du G20 réunis à Rio de Janeiro] renvoient la balle à Bakou, mais le problème c’est que les personnes qui prennent les décisions sont en fait à Rio »  (propos rapportés par RFI, 19 nov. 2024).

 

Dans les coulisses

 

COP-31 : l’AOSIS soutient la région du Pacifique pour l’accueillir

[Mise à jour de notre article paru dans le Journal de la COP-29 | Jour 5]

Selon la rotation des cinq groupes régionaux de l’ONU (Afrique ; Amérique latine et Caraïbes ; Asie et région du Pacifique ; Europe de l’Ouest et autres [Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, USA, Israël,…] ; Europe centrale et orientale), la COP-31 (2026) se tiendra en Europe de l’Ouest et autres.

Le choix du pays hôte candidat de la COP-31 doit se faire par consensus au sein du groupe régional Europe de l’Ouest et autres, avant d’être soumis pour approbation formelle par l’ensemble des Parties à la COP, soit cette année à la COP-29 (le moment plus probable), soit au plus tard à la COP-30 (Belém, Brésil). A ce jour, deux pays ont informellement exprimé leur intérêt pour accueillir la COP-31 : Australie et Turquie. Le 14 octobre 2024, l’Etat d’Australie du Sud a ainsi proposé d’accueillir la COP-31.

La 5e journée de la COP-29, le 15 novembre 2024, a néanmoins vu l’émergence d’une impasse politique entre ces deux pays potentiellement candidats. Lors d’une réunion à Ankara entre les Ministres australien et turc chargés du Climat et de l’Energie sur le sujet de leurs éventuelles candidatures respectives, aucun des deux pays n’a semblé vouloir céder la place à l’autre. Dans un tweet posté sur X, le Ministre de l’Environnement turc, Murat Kurum, a déclaré : « Nous avons souligné la détermination de notre pays à accueillir la COP-31, que nous sommes prêts sur le plan logistique et que nous pouvons créer un pont entre les pays développés et les pays en développement ».

Selon Climate Home News, il est peu probable finalement qu’une décision sur le pays hôte de la COP-31 soit prise à Bakou, ce qui signifie qu’elle devra impérativement être prise lors de la COP-30 à Belém, Brésil en novembre 2025.

Source : tweet de Murat Kurum sur X, 15 nov. 2024 et Climate Home News, 16 nov. 2024.

Mardi 19 novembre 2024, l’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS) a exhorté le groupe régional Europe de l’Ouest et autres à donner la possibilité à la région du Pacifique (c’est-à-dire l’Australie) d’accueillir la COP-29. Cependant, la Turquie persiste et signe, indiquant sa détermination à proposer sa candidature (source : ECIU COP-29 Daily update – Day 9, 20 nov. 2024).

 

 

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 8e journée (19 novembre 2024) (à venir)

Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 8e journée

Voir tous les documents de la CCNUCC produits dans le cadre des négociations

Consultations menées par la Présidence

Outil de suivi interactif de Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat. Il présente, au fur et à mesure des jours, des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociation à la COP-29. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge)

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

Journal de la COP-29 | Jour 7 : 18 novembre

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Puisqu’il n’y a pas eu de négociations hier,  dimanche 17 novembre, il n’y aura pas de « retour sur la 6e journée » dans le journal de la COP du Citepa.

 

Tour d’horizon des nouveaux textes produits depuis samedi matin (16 nov.), par volet de négociation :

 Financement climat 

NEW : 4e version du projet de texte de décision sur le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement (NCQG) à partir de 2025 (version du 16 nov. 2024 @15h30, 25 pages) élaboré par les co-Présidents du programme de travail sur le NCQG. Ce texte contient toujours 44 options et 12 sous-options, et il y a 23 paires de crochets, indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte. Voir 3e version (version 15/11/2024 @18h30, 25 pages), 2e version (version du 13/11/2024 @21h00, 33 pages) et première version (version du 13/11/2024 @08h30, 34 pages. 

 

Adaptation

NEW : 3e version du projet de texte sur les plans nationaux d’adaptation (version 16/11/2024 @20h30, 5 pages). Voir 2e version (version 16/11/2024 @00h30, 4 pages) et première version (version du 15/11/2024 @09h00, 3 pages). Voir aussi projet de conclusions élaboré par le Président du SBI. Le SBI a ainsi convenu de renvoyer ce volet de négociations à la CMA-6 pour qu’elle reprenne les négociations sur la base de cette 3e version du projet de texte.

NEW : 2e version du projet de texte (version 16/11/2024 @10h10, 9 pages) sur l’objectif mondial en matière d’adaptation. Voir première version (version 14/11/2024 @ 21h21, 9 pages). Voir aussi projet de conclusions élaboré par les Président des SB. Le SBI et le SBSTA ont ainsi convenu de renvoyer ce volet de négociations à la CMA-6 pour qu’elle reprenne les négociations sur la base de cette 2e version du projet de texte qui n’avait pas fait l’objet d’un consensus lors des négociations au sein des SB.

 

Pertes et préjudices : 

NEW : 3e version du projet de décision sur les questions relative aux dispositions entre la COP, la CMA et le Conseil du Fonds pour les pertes et préjudices (projet de décision de la COP-29, 18 nov. 2024, 6 pages + projet de décision de la CMA-6, 18 nov. 2024, 6 pages. Il s’agit du même texte qui sera conjointement adopté par les deux organes). Voir 2e version (version du 15 nov. 2024 @08h00, 6 pages) et première version (version du 14 nov. 2024 @20h00, 6 pages).

 

Article 6

NEW : projet de conclusions du SBSTA élaboré par son Président sur les recommandations concernant les approches coopératives au titre de l’article 6.2. Le SBSTA a ainsi convenu de transmettre ce volet de négociation à la CMA-6 pour qu’elle reprenne les négociations sur la base de la 2e version du projet de texte (version 15/11/2024 @12h15, 19 pages) qui n’avait pas fait l’objet d’un consensus lors des négociations au sein du SBSTA. Voir aussi première version (version 14/11/2024 @ 13h00, 43 pages).

NEW : 4e version du projet de texte (version 18/11/2024 @05h30, 4 pages) sur les recommandations complémentaires sur les règles, modalités et procédures du mécanisme de l’article 6.4.

NEW : projet de conclusions du SBSTA élaboré par son Président sur les recommandations complémentaires sur les règles, modalités et procédures du mécanisme de l’article 6.4. Le SBSTA a ainsi convenu de transmettre ce volet de négociation à la CMA-6 pour qu’elle reprenne les négociations sur la base de la 3e version du projet de texte (version 16/11/2024 @08h00, 2 pages) qui n’avait pas fait l’objet d’un consensus lors des négociations au sein du SBSTA. Voir aussi 2e version (version du 14/11/2024 @13h00, 3 pages) et première version (version 14/11/2024 @ 13h00, 5 pages).

 NEW : projet de conclusions sur le programme de travail au titre de l’article 6.8 (approches non fondées sur le marché), proposées par le Président du SBSTA. Ces conclusions sont sous forme d’un projet de décision de la CMA-6. Voir 2e version (version 14/11/2024 @02h00, 7 pages) et première version (version du 13/11/2024 @11h00, 7 pages).

 

Bilan mondial (Global Stocktake)

NEW : 3e version du projet de texte (version 16/11/2024 @16h00, 3 pages) sur le processus de déroulement du Bilan mondial (Global Stocktake) dans son ensemble. Voir 2e version (version 16/11/2024 @02h00, 3 pages) et première version (version 15/11/2024 @ 09h30, 4 pages).

 

Transition juste

 NEW : projet de conclusions des SB-61 sur le programme de travail sur la transition juste. Le sujet est renvoyé à la CMA-6 faute de consensus entre les Parties. Voir première version du projet de texte de décision sur le programme de travail sur la transition juste qui n’a pas fait l’objet d’un consensus (version 15/11/2024 @18h10, 4 pages).

 

Programme de la 7e journée – lundi 18 novembre

 

Journées thématiques de la Présidence

En dehors des négociations officielles dans le cadre de la COP, de la CMA, de la CMP, du SBI et du SBSTA, la Présidence azerbaïdjanaise a organisé sept journées thématiques au cours de la Conférence de Bakou, du 14 au 21 novembre 2024 :

  • 18 novembre 2024: la 4e journée thématique est consacrée au développement humain, les enfants & la jeunesse, la santé et l’éducation.

Voir le programme de cette 4e journée thématique de la Présidence azerbaïdjanaise

 

Début de la deuxième semaine : les négociations vont entrer dans le dur…sous le pilotage de la Présidence

La journée du lundi 18 novembre marquera le début de la 2e semaine des négociations. Après la clôture (dimanche 17 novembre à 00h23) des négociations techniques par le SBSTA et le SBI, la Conférence entrera entrée dans sa phase décisive avec la participation des Ministres pour la prise de décision et les arbitrages politiques durant cette 2e semaine. Les Ministres doivent à la fois renforcer les quelques avancées de la première semaine et résoudre les importants points de blocage, tout en envoyant des signaux politiques forts, notamment sur :

  • le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat à partir de 2025,
  • l’article 6.2 (échanges de crédits d’émission entre Etats à titre bilatéral ou multilatéral),
  • les modalités du dialogue sur la mise en œuvre des résultats du Bilan mondial (Global Stocktake),
  • le programme visant à renforcer l’ambition et la mise en œuvre de l’atténuation (MWP),
  • l’objectif mondial sur l’adaptation.

 

Il reste officiellement cinq jours pour aboutir à un accord final sur les décisions relatives à ces sujets, et surtout sur le projet de décision sur le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat à partir de 2025 : outre l’accès au financement climat, aspect qui a connu des avancées, reste à trancher le montant, la base des contributeurs (pays et/ou d’autres sources, hors financement public), la période cible, le volet d’action climat ciblé (atténuation et adaptation ou bien atténuation, adaptation et pertes et préjudices, la qualité du financement climat (dons/subventions et/ou prêts (concessionnels ou non), etc. Les négociations sur ce sujet épineux risquent donc d’être âpres, voire très clivants dans les prochains jours. Quoi qu’il en soit, en ce début de la deuxième semaine des négociations, le sujet de ce nouvel objectif financement climat est clairement l’enjeu n°1 de la COP-29.

Malgré son expérience en diplomatie climat très limitée, l’Azerbaïdjan doit désormais pleinement assumer son rôle de Président de la Conférence, en pilotant habilement les négociations et les consultations politiques, tant formelles qu’informelles, en jouant un rôle de facilitateur, voire de médiateur auprès de toutes les Parties pour, d’une part, rapprocher les points de vue et positions divergents afin de dégager un consensus global sur les projets de décision et, d’autre part, rester à l’écoute des préoccupations, des situations nationales et des attentes de chaque Partie, sans pour autant défendre aucune position particulière.

 

Séances plénières

  • 5e séance plénière de la COP-29 (10h30, heure locale, soit 7h30 heure de Paris),
  • au terme de la plénière de la COP-29 : 5e séance plénière de la CMP-19,
  • au terme de la plénière de la CMP-19 : 5e séance plénière de la CMA-6,
  • séance plénière conjointe COP-29/CMP-19/CMA-6 pour les déclarations.

Suivre en direct.

 

Lors de ces plénières, le Président de la COP-29 devrait annoncer les binômes ministériels pour mener des consultations sur les sujets clés en suspens. Cette démarche, comme c’est de coutume lors des COP, lance le processus des négociations politiques pour identifier des « terrains d’entente » (« landing zones ») sur les éléments contentieux des sujets en suspens. Les Ministres devront ainsi donner une nouvelle impulsion politique aux négociations, après celle donnée par les Chefs d’Etat et de Gouvernement au début de la COP-29, en les guidant afin d’aboutir à un consensus entre les Parties sur ces éléments qui posent problème.

 

Poursuite des négociations

Les trois organes de prise de décision de la CCNUCC (COP, CMA et CMP) vont poursuivre les négociations formelles sur les sujets non consensuels où il faut aplanir et rapprocher les divergences d’opinion.

 

Consultations 

Des consultations vont être menées par les binômes ministériels sur les nombreux volets de négociation non consensuels (voir plus haut). Le Citepa reviendra là-dessus dans la mise à jour de cet article « Retour sur la 7e journée » dans l’après-midi de mardi 19 nov. 2024.

 

Evènements mandatés

Table ronde ministérielle de haut niveau sur l’ambition pré-2030

Voir programme et note de cadrage.

Cette 3e table ronde ministérielle de haut niveau sur l’ambition pré-2030, qui se tient au début de la deuxième semaine de la COP-29/CMA-6, a pour objectif de fournir aux Ministres un espace pour discuter des résultats attendus de la COP-29/CMA-6 en matière d’atténuation, d’entendre tous les points de vue et d’aborder les principales questions politiques pertinentes pour aboutir à un résultat ambitieux de la COP-29/CMA-6 en matière d’atténuation.

Les co-Présidents de cette table ronde ont formulé deux questions en amont de l’évènement comme point de départ des discussions :

  • Quels sont les éléments des résultats réalisables que vous attendez d’un paquet politique global sur l’atténuation lors de la COP-29 ?
  • Comment pouvons-nous exploiter les résultats des travaux pertinents pour façonner les résultats en matière d’atténuation lors de la COP-29 ?

 

En savoir plus sur la table ronde ministérielle de haut niveau sur l’ambition pré-2030

A Glasgow en novembre 2021, dans sa principale décision, le « Pacte de Glasgow pour le climat » (décision 1/CMA.3, § 31), la CMA a souligné le besoin urgent pour les Parties de redoubler leurs efforts pour réduire collectivement les émissions de GES par une accélération de la mise en œuvre de mesures nationales d’atténuation. Pour renforcer d’urgence l’ambition et la mise en œuvre des mesures d’atténuation au cours de cette décennie critique, la CMA a notamment décidé :

  • d’établir un programme de travail. Les deux organes subsidiaires (SBSTA et SBI) sont priés de recommander un projet de décision sur cette question pour examen et adoption par la CMA-4 de façon à compléter le bilan global (global stocktake) (paragraphe 27 de la décision 1/CMA.3) ;
  • de convoquer une table ronde ministérielle annuelle de haut niveau sur l’ambition pré-2030, à compter de la CMA-4 (nov. 2022) (paragraphe 31 de la décision 1/CMA.3).

La première table ronde ministérielle de haut niveau sur l’ambition pré-2030 s’est tenue le 22 novembre 2022 lors de la CMA-4 à Charm el Cheikh (Egypte). Voir le programme.

La 2e table ronde s’est tenue le 9 décembre 2023 à Dubaï lors de la CMA-5. Voir le programme.

 

Programme de travail sur la transition juste

L’objet de cette 2e table ronde est d’examiner comment atteindre les objectifs de l’Accord de Paris fixés par l’article 2.1 de l’Accord de Paris (objectifs de température [art. 2.1a, d’adaptation [art. 2.1b] et de flux financiers [art.2.1c]) de manière à faciliter un échange ciblé de points de vue, d’informations et d’idées afin de fournir des orientations et des recommandations pour le programme de travail sur la transition juste.

Les co-Présidents de ce programme de travail ont formulé deux questions en amont de l’évènement comme point de départ des discussions. Ces questions visent à mettre l’accent sur les priorités, les besoins et les défis auxquels les pays sont confrontés pour faire avancer la mise en œuvre des transitions justes qui permettront de maintenir les objectifs de l’Accord de Paris à portée de main, en s’appuyant sur les discussions qui ont eu lieu au cours des deux dialogues organisés cette année (voir ci-dessous) :

  • Comment les Parties peuvent-elles faire progresser leurs trajectoires de transition juste dans le contexte de la préparation et de la mise en œuvre de la prochaine série de NDC et de NAP (plans nationaux d’adaptation) ? Comment la coopération et le soutien internationaux sur l’ensemble des moyens de mise en œuvre peuvent-ils aider les Parties à progresser sur la trajectoire d’une transition juste dans le contexte des NDC et des NAP ?
  • Quelles sont les attentes des Parties en ce qui concerne le programme de travail sur la transition juste, et comment peut-il servir d’outil efficace pour aider les Parties à définir et à mettre en œuvre leurs NDC et NAP dans le contexte des trajectoires de transition juste qui favorisent le développement durable et l’éradication de la pauvreté ?

 

En savoir plus sur le Programme de travail sur la transition juste

 

Avancées à Charm el-Cheikh (nov. 2023)

Lors de la CMA-4 (à Charm el-Cheikh, Egypte, novembre 2022), les Parties avaient décidé de mettre en place un programme de travail sur la transition juste pour examiner les trajectoires visant à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (paragraphe 52 de la décision 1/CMA-4). Le SBI et le SBSTA avaient été chargés par la CMA-4 de soumettre un projet de décision pour examen et adoption lors de la CMA-5. La CMA-4 avait également décidé d’organiser tous les ans, dans le cadre de ce nouveau programme de travail, une table ronde ministérielle de haut niveau sur la transition juste, à compter de la CMA-5.

 

Avancées à Dubaï (déc. 2023)

A Dubaï, s’est tenue le 3 décembre 2023 la première table ronde ministérielle de haut niveau sur la transition juste. La décision 3/CMA.5 a été une des dernières décisions à être adoptée par la CMA-5 faute de consensus entre les Parties. Par ailleurs, 10 versions du projet de décision ont circulé avant que les Parties ne parviennent à un consensus.

De fortes divergences sur le périmètre du programme ont été soulevées : doit-il axer ses discussions sur la transition de la main d’œuvre du secteur des énergies fossiles (position des pays développés) ou doit-il suivre une vision plus multilatérale et moins axée sur l’atténuation (position des pays en développement) ? Les pays en développement ont insisté sur le fait qu’ils ont besoin d’un soutien pour réaliser une transition juste (pas uniquement financier mais aussi technique, etc.). En fait, les négociations au sein de cet axe n’étaient qu’un reflet des positions plus larges à la COP-28.

Finalement, à Dubaï, dans la décision 3/CMA.5, la CMA s’est mise d’accord sur un périmètre du programme de travail (baptisé désormais UAE Just Transition Work Programme ou JTWP), notamment sur la transition juste et équitable qui englobe des trajectoires qui intègrent les dimensions énergétiques, socio-économiques, main d’œuvre,… basées sur les priorités de développement définies au niveau national et qui incluent la protection sociale pour atténuer les impacts liés à la transition. Ce programme intègre aussi la question des potentialités, défis et entraves liés au développement durable et à l’élimination de la pauvreté. Le début de la mise en œuvre du programme de travail est prévu après la CMA-5.

Ce programme de travail sera mis en œuvre sous le pilotage du SBI et du SBSTA. Au moins deux dialogues se tiendront chaque année dans le cadre du programme de travail, l’un en amont des sessions SB en juin (à commencer par les SB-60, juin 2024) et l’autre en amont des sessions SB parallèlement aux COP en fin d’année (à commencer par les SB-61, nov. 2024).

Lors de la CMA-8 (2026), aura lieu un réexamen de l’efficacité du programme de travail et décision sur la poursuite des travaux ou non.

 

Avancées à Bonn (juin 2024)

Lors des SB-60 (3-13 juin 2024) à Bonn, le 1er dialogue dans le cadre du programme de travail des Emirats arabes unis sur la transition juste a eu lieu conjointement dans le cadre du SBI-60 et du SBSTA-60. Voir programme.

L’objet de ce 1er dialogue dans le cadre du programme de travail sur la transition juste était de mener des discussions sur la manière d’intégrer les transitions justes dans les NDC, les plans nationaux d’adaptation et les stratégies bas-carbone 2050.

Un groupe de travail restreint (contact group), co-présidé par Marianne Karlsen (Norvège) et Kishan Kumarsingh (Trinité et Tobago), s’est réuni à plusieurs reprises au cours des deux semaines des sessions SB-60.

Les divergences de position sur le focus du JTWP observées lors des sessions SB-58 (juin 2023 à Bonn) et SB-59 (déc. 2023, Dubaï) sont revenues dans les négociations à Bonn lors des sessions SB-60, et notamment la reproche du groupe de négociation G77+Chine, selon laquelle elles sont trop axées sur l’atténuation. Ainsi, lors de l’ouverture du premier dialogue, le Président du SBI, Nabeer Munir (Pakistan), a recadré la vision : « la transition juste ne concerne pas uniquement la réduction des émissions de GES, elle concerne la construction d’un avenir où la justice sociale et la durabilité environnementale vont de pair… » (propos rapportés par Third World Network (TWN), TWN Bonn Climate News Update No. 3, 5 juin 2024).

Un projet de texte a été présenté aux Parties le 5 juin 2024 par la co-Présidente du groupe de travail restreint qui a invité les Parties à exprimer leurs points de vue sur ce document qu’elle a rédigé. Les discussions ont rapidement donné lieu à des divergences d’opinion : d’un côté le groupe G77+Chine, soutenu par le groupe des pays africains et le groupe LMDC, a proposé qu’en plus d’un projet de décision, un plan de travail pour le JTWP soit élaboré ; de l’autre côté, l’UE, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada, l’Australie et le Japon se sont opposés à cette proposition, soutenant qu’il était trop tôt, sachant que le réexamen du JTWP interviendra en 2026.

Par ailleurs, les Parties ne sont parvenues à se mettre d’accord sur les modalités (plan global, calendrier, participants) du JTWP. Ces modalités doivent être concrétisées avant que les travaux techniques du JTWP ne puissent démarrer.

A plusieurs reprises à Bonn, les Parties ont rouvert des discussions sur des éléments qui avaient fait l’objet d’un consensus à Dubaï.

Le dernier jour des négociations, les Parties sont parvenues à un consensus sur un projet de conclusions et une note informelle. Celle-ci, rédigée sous la seule responsabilité des deux co-Présidents du groupe de travail restreint, comporte des éléments non consensuels et non exhaustifs qui visent à aider les Parties à faire avancer les discussions sur ce volet. Si le projet de conclusions ne fait aucune mention d’un plan de travail, la note informelle, elle, comporte un espace réservé (« placeholder ») pour le plan de travail.

Voir le projet de conclusions et la note informelle (les deux documents en date du 13 juin 2024).

Le 2e dialogue dans le cadre du programme de travail sur la transition juste a eu lieu les 2-3 octobre 2024 à Charm el-Cheikh. Voir programme et note de cadrage.

 

Retour sur la 7e journée

 

En bref

Alors que les négociations sont entrées dans leur deuxième semaine, et donc dans leur phase politique, tous les regards étaient tournés vers la Présidence pour qu’elle donne des consignes et lignes directrices claires sur les prochaines étapes. Les progrès réalisés au cours de la première semaine sont plutôt mitigés sur plusieurs sujets majeurs : le nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climat pour 2025 (NCQG), l’adaptation, l’atténuation – et Bakou a surtout vu un manque de progrès sur le sujet clivant de « la transition vers la sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques » (objectif ancré dans le paragraphe 28(d) de la décision phare de Dubaï sur les résultats du bilan mondial, décision 1/CMA.5).

Le Président de la COP-29 a donc présenté l’approche qu’il propose pour le déroulement des cinq derniers jours de la Conférence. Les négociations se sont ensuite poursuivies tout au long de la journée sous forme de consultations informelles, notamment sur le financement, l’atténuation, le bilan mondial et l’article 6.

 

Session plénière : adoption des rapports des SB-60 et SB-61

La COP-29, la CMP-19 et la CMA-6 ont pris note des rapports des deux organes subsidiaires : SBSTA-60 (FCCC/SBSTA/2024/7 et Add.1, juin 2024), SBSTA-61 (FCCC/SBSTA/2024/L.13, 11-16 nov. 2024), SBI-60 (FCCC/SBI/2024/13Add.1 et Add.2, juin 2024) et SBI-61 (FCCC/SBI/2024/L.15, 11-16 nov. 2024).

 

Session plénière : lancement des consultations ministérielles 

Lors d’une session plénière, le Président de la COP-29, Mukhtar Babayev, a appelé les Parties à accélérer le rythme de progrès.

Le Président Babayev a ensuite présenté sa feuille de route, c’est-à-dire le mode de travail pour la suite des négociations en cette 2e semaine décisive, qui s’articulent autour de trois axes :

  • consultations ministérielles qui seront centrées sur les sujets politiques clés en suspens en raison d’un manque de consensus (au premier rang desquels le projet de texte sur le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat pour 2025) et qui nécessitent donc une prise en main politique pour permettre d’opérer les arbitrages finaux des éléments non-consensuels,
  • consultations menées par la Présidence, et
  • poursuite des négociations techniques sur quelques sujets en suspens dans lesquels les consensus politiques à venir pourraient être intégrés.

 

Consultations ministérielles en binôme

Le Président Babayev a annoncé que les consultations ministérielles se poursuivront sur les sujets politiques avec les binômes de Ministres annoncés avant la COP (un/une Ministre d’un pays industriel et un/une Ministre d’un pays en développement), comme de coutume pour la 2e semaine des négociations lors des COP :

  • nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat pour 2025 (NCQG): Yasmine Fouad (Egypte) et Chris Bowen (Australie). Les consultations, qui seront menées lundi 18 et mardi 19 novembre auprès de tous les groupes de négociation, portent sur trois questions cruciales : le montant, la structure et la base des contributeurs. D’autres éléments tout aussi cruciaux restent également en suspens : les critères d’éligibilité, l’articulation avec le financement de l’adaptation et la question de savoir s’il faut fixer un sous-objectif pour les pertes et préjudices ;
  • adaptation: Eamon Ryan (Irlande) et Franz Tattenbach (Costa Rica) : les consultations portent sur l’objectif mondial en matière d’adaptation et le projet de texte sur ce sujet ;
  • article 6: Grace Fu Hai Yen (Singapour) et Simon Watts (Nouvelle-Zélande). Pour les sous-volets, articles 6.2 (approches coopératives) et 6.4 (mécanisme d’octroi de crédits d’émission), l’accent sera mis sur les fonctionnalités du registre international prévu à l’article 6.2, et la connexion des registres des Parties au registre du mécanisme établi à l’article 6.4 ;
  • atténuation : Tore Onsuus Sandvik (Norvège) et Dion Travers George (Afrique du Sud). Dans ce volet des consultations, l’accent sera mis sur ce à quoi pourrait ressembler un résultat final issu de ce volet de négociations et où il pourrait être placé (dans la décision à adopter sur le programme de travail MWP ou dans la décision à adopter sur les modalités de mise en œuvre des résultats du bilan mondial (Global Stocktake).

 

Ces consultations ont démarré tout de suite après la plénière de la COP-29 et le Président de la COP-29 a demandé aux quatre binômes ministériels qui les pilotent de rendre compte des avancées réalisées d’ici le soir du mardi 19 novembre 2024.

 

Soutien de la part de deux Présidences avec plus d’expérience en matière de diplomatie climat

Le Président de la COP-29 a ensuite indiqué avoir demandé au Royaume-Uni et au Brésil, en tant que, respectivement, Présidence précédente (COP-26, Glasgow, 2021) des pays industrialisés et future Présidence (COP-31, Belém, Brésil, 2025) des pays en développement, de soutenir et de conseiller la Présidence de la COP-29 afin de faire aboutir les négociations à un ensemble de décisions équilibré et à haute ambition. Cette démarche s’explique par le manque d’expérience de l’Azerbaïdjan en matière de diplomatie climat. En 2023, le pays hôte de la COP-28, les Emirats arabes unis, a bénéficié de la collaboration d’un expert de haut niveau, ancien Président du SBSTA et ancien chef de la délégation française, Paul Watkinson, qui a mis son expérience solide au service de la Présidence de la COP-28.

 

Consultations menées par la Présidence

Le Président de la COP-29 a déclaré que les consultations de la Présidence porteront notamment sur les questions de fond à intégrer dans la décision à adopter sur le bilan mondial (Global Stocktake ou GST). Dans ce cadre, il a spécifiquement demandé aux Parties d’axer leurs discussions sur la mise en œuvre concrète du paragraphe 186 de la décision 1/CMA.5 (adoptée à Dubaï au terme de la phase politique du GST), au titre duquel « la CMA invite les programmes de travail et les organes formels établi dans le cadre de l’Accord de Paris, ou au service de celui-ci, à intégrer les résultats pertinents du premier bilan mondial dans la planification de leurs travaux futurs, conformément à leur mandat ».

 

Le Président de la COP-29 a également indiqué qu’il mènera des consultations sur les éléments plus généraux du nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climat pour 2025.

 

Consultations techniques

Le Président de la COP-29 a ensuite annoncé le mode de travail sur la poursuite des travaux techniques en suspens, tant dans le cadre des programmes de travail de la COP-29, de la CMA-6 ou de la CMP-19, que sur la poursuite des discussions sur des sujets spécifiques transmis par les SB-61 aux trois organes de prise de décision précités :

 

Programmes de travail de la COP-29, de la CMA-6 ou de la CMP-19

Financement

En ce qui concerne les discussions techniques sur le nouvel objectif collectif chiffré en matière de financement climat (NCQG), le Président de la COP-29 a invité les Parties à les poursuivre sur des questions spécifiques pour lesquelles elles estiment que des progrès peuvent être réalisés sur le plan technique lundi 18 novembre et mardi 19 novembre. De plus amples informations sur la portée et les modalités de ces travaux devaient être fournies aux Parties dans le cadre d’une réunion avec les chefs de délégation prévue dans la journée de lundi 18 novembre.

Le Président de la COP-29 souhaite que les Parties achèvent leurs discussions sur les questions tant techniques, que politiques, qui sont encore en suspens, avant mardi 19 novembre au soir. Ainsi, l’objectif du Président de la COP-29 est de parvenir à produire et à présenter la première version du projet de texte sur le NCQG complet mercredi soir (20 nov. 2024).

En ce qui concerne les autres points de l’ordre du jour sur les questions de financement, le Président a demandé aux Parties de poursuivre leurs discussions lundi 18 et mardi 19 novembre, avec pour objectif de produire un projet de texte de décision d’ici mardi 19 novembre au soir.

 

Atténuation

En ce qui concerne le programme de travail pour renforcer l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (MWP), le Président de la COP-29 a nommé Ursula Fuentes Hutfilter (Allemagne) et Maesela Kekana (Afrique du Sud) pour piloter les discussions sur les éléments techniques du MWP.

 

Article 6

Article 6.2 : en ce qui concerne les questions techniques en suspens sur l’article 6.2, le Président de la COP-29 a demandé à Maria Jishi (Arabie saoudite) et à Peer Stiansen (Norvège) de piloter ces discussions et de lui fournir une nouvelle version propre du projet de texte de décision sur le meilleur résultat possible à Bakou d’ici mercredi 20 novembre, en tenant compte des consultations ministérielles.

 

Article 6.4 : en ce qui concerne les questions relatives à l’article 6.4, le Président de la COP-29 a demandé à Kate Hancock (Australie) et à Sonam Tashi (Bhoutan) de piloter ces discussions et de lui fournir une nouvelle version propre du projet de texte de décision sur le meilleur résultat possible à Bakou d’ici mercredi 20 novembre, en tenant compte des consultations ministérielles.

 

Bilan mondial (GST)

En ce qui concerne les questions liées au bilan mondial, le Président de la COP-29 a demandé :

  • à Thureya Al Ali (Émirats arabes unis) et à Patrick Spicer (Canada) de piloter les discussions sur l’amélioration des éléments de procédure et de logistique dans le cadre du processus du GST, et,
  • à Ricardo Marshall (Barbade) et à Patrick Spicer (Canada) de piloter les discussions sur le dialogue des Émirats arabes unis sur la mise en œuvre des résultats du GST.

 

Transition juste

En ce qui concerne le programme de travail sur la transition juste (JTWP), le Président de la COP-29 a demandé à Kishan Kumarsingh (Trinité-et-Tobago) et à Georg Borsting (Norvège) de continuer d’animer les discussions sur ce sujet.

 

Transparence

En ce qui concerne la transparence, le Président de la COP-29 a demandé à Ole-Kenneth Nielsen (Danemark) et à Sandra Motshwanedi (Afrique du Sud) de continuer de piloter les discussions techniques sur le soutien financier et technique aux pays en développement pour la mise en œuvre de l’article 13 de l’Accord de Paris.

 

Poursuite des discussions sur des sujets spécifiques transmis par les SB-61

En ce qui concerne les deux sujets spécifiques transmis par les SB-61, l’un porte sur les plans  nationaux d’adaptation (NAP). Le Président de la COP-29 a demandé à Antwi-Boasiako Amoah (Ghana) et à Meredith Ryder-Rude (États-Unis) de continuer à piloter les discussions sur ce sujet. 

 

Achèvement des consultations techniques

L’objectif du Président de la COP-29 est de faire en sorte que toutes les consultations techniques s’achèvent avant 17h (heure locale, soit 14h heure de Paris) mercredi 20 novembre.

 

Pas de décision chapeau cette année

Le Président de la COP-29 a tenu à clarifier une question importante qui a été soulevée : « Nous n’entamons pas de processus visant à élaborer une décision « chapeau ». D’après nos consultations et après mûre réflexion, nous estimons que les priorités des Parties peuvent et doivent être traitées dans le cadre des points prévus à l’ordre du jour COP-29, à celui de la CMA-6 et à celui de la CMP-19 » (source : lettre de la Présidence de la COP-29, 18 nov. 2024).

Ainsi, comme l’année dernière lors de la COP-28 (lire notre article), les deux semaines de négociation à Bakou ne donneront pas lieu à une décision politique dit « chapeau » (« cover decision ») , c’est-à-dire une décision à portée large qui établit une vision d’ensemble, en englobant tous les sujets de négociation clés, et en traçant la voie à suivre au cours de cette décennie cruciale pour « rectifier le tir » afin de rendre la trajectoire d’émissions de GES compatible avec l’objectif de +1,5°C. Lors de la COP-28 à Dubaï en décembre 2023, il n’y a pas eu non plus de décision chapeau de la COP/CMA puisque la décision de la CMA-5 sur le bilan mondial (Global Stocktake) faisait office de décision chapeau.

En revanche, lors de la COP-26 et la COP-27, les négociations ont débouché chacune sur une décision chapeau, respectivement le Pacte de Glasgow pour le climat (décision 1/CP.26 et décision 1/CMA.3) et le Plan de mise en œuvre de Charm el-Cheikh (décision 1/CP.27 et décision 1/CMA.4).décisions politiques dits « chapeaux » (« overarching cover decisions ») sans précédent, longues et à portée large, en faveur d’une réponse plus ambitieuse à la crise climatique 

 

Plénière pour faire le point

Enfin, le Président de la COP-29 a précisé qu’il convoquera une plénière dans la soirée de mardi 19 novembre pour faire le point sur les progrès accomplis dans l’ensemble des consultations.

Voir lettre de la Présidence transmise aux Parties le 18 novembre 2024 sur les prochaines étapes

Voir lettre de la Présidence transmise aux Parties le 16 novembre 2024 sur les prochaines étapes

Voir page sur le site de la CCNUCC consacrée aux consultations de la Présidence et aux consultations ministérielles.

 

Remarques du Secrétaire exécutif de la CCNUCC pendant la plénière

Simon Stiell, Secrétaire exécutif de la CCNUCC, a pris la parole pendant la plénière de la COP-29, lundi 18 novembre 2024. Il a été formel : « Nous ne pouvons pas perdre de vue la forêt parce que nous nous disputons à propos d’arbres isolés. Nous ne pouvons pas non plus nous permettre une flambée de « vous d’abord ». Avec des groupes de Parties qui se retranchent et refusent d’avancer sur une question, avant que d’autres s’engagent ailleurs. Une telle approche ne nous mènera littéralement nulle part. Et pourrait faire reculer les efforts mondiaux en matière de climat, au moment où nous devons aller de l’avant. Nous ne progresserons que si les Parties sont prêtes à avancer en parallèle, en nous rapprochant d’un terrain d’entente. Le bluff, la stratégie de la corde raide et les plans définis à l’avance font perdre un temps précieux et réduisent la bonne volonté nécessaire à la mise en place d’un ensemble de mesures ambitieux. Arrêtons donc le théâtre et passons aux choses sérieuses ».

Lire l’intégralité de ses remarques.

 

Consultations

Des consultations ont été menées dans le cadre de groupes de contact sur certains autres sujets, comme le dialogue sur la portée de l’article 2.1(c).

 

Adoption de décisions

La CMA a adopté plusieurs décisions déjà ayant fait l’objet d’un consensus, au premier rang desquelles une décision sur le programme de travail au titre du Cadre pour les approches non fondées sur le marché (article 6.8 de l’Accord de Paris), décision transmise à la CMA-6 par le SBSTA-61 (FCCC/SBSTA/2024/L.15/Add.1). Les autres décisions portent entre autres sur les questions administratives, financières et institutionnelles, les pays les moins avancés,

 

Vient de paraître

Carbone4 : Imported emissions: From co-dependence to co-operative action – A collective effort of G20 countries to reduce emissions “embodied” in trade can accelerate the decarbonisation of the global economy, 18 nov. 2024. Consulter le rapport (réalisé en collaboration avec l’European Climate Foundation). Lire également l’article sur le sujet paru dans Le Monde du 18 nov. 2024.

Carbon Brief : Mapped: How climate change affects extreme weather around the world, carte d’attribution sous forme de visualisation interactive des études scientifiques sur l’attribution des évènements météorologiques extrêmes (près de 750 évènements pris en compte à ce jour). Il s’agit d’une mise à jour d’une première carte réalisée et publiée en 2017. 18 nov. 2024. Lire également la fiche Questions/réponses de Carbon brief sur le sujet : Q&A: The evolving science of ‘extreme weather attribution’, 18 nov. 2024.

 

Dans les coulisses

Nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat pour 2025 (NCQG) : vers un compromis sur la question de la base des contributeurs ?

Selon Climate Home News, le Commissaire européen chargé de l’action climat, Wopke Hoekstra, a envoyé un signal positif à Bakou, en déclarant que l’UE serait ouverte à ce que les pays en développement qui sont devenus plus riches fassent des contributions financières volontaires, sans qu’ils soient obligés de changer leur catégorie économique officielle (qui date de 1992, Parties hors annexe I de la CCNUCC).

Il a toutefois fait remarquer que même une augmentation du montant des financements publics fournis par les Gouvernements nationaux ne suffirait pas à répondre aux besoins réels des pays en développement et qu’il faudrait également faire appel au secteur privé. Il faut donc « élargir l’espace des solutions », a déclaré M. Hoekstra (source : Climate Home News, 18 nov. 2024).

 

Atténuation

Samedi 16 novembre 2024, les négociations sur la décision à adopter par la CMA-6 sur le programme de travail pour renforcer l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (MWP) ont failli être reportées aux sessions SB-62 à Bonn en juin 2025 (voir le dernier projet de texte, version du 15/11/2024 @ 17h00). Tard dans la journée de samedi 16 novembre, les négociateurs ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur les prochaines étapes dans les négociations sur ce sujet majeur.

Une coalition de pays développés, de petits États insulaires, de pays les moins avancés (PMA) et de certains pays d’Amérique latine souhaitait discuter de la question de savoir comment faire avancer l’engagement phare pris l’année dernière dans le cadre de la décision 1/CMA.5 sur le bilan mondial (transition vers la sortie des combustibles fossiles) via le programme MWP, un volet des négociations établi lors de la COP-26 en 2021 dans le but d’intensifier les efforts de réduction des émissions de GES.

Selon les observateurs, ils ont fait pression pour mettre en place un « processus de facilitation et une plateforme » de réduction des émissions et « exhorter » les gouvernements à prendre des mesures telles que l’arrêt de la construction de nouvelles centrales électriques au charbon et l’élimination progressive (et non pas seulement, comme convenu précédemment, la réduction progressive) du charbon.

La coalition souhaitait fixer des objectifs chiffrés pour réduire les émissions de méthane, freiner la déforestation, augmenter le stockage de l’énergie et améliorer les réseaux afin de permettre le déploiement des énergies renouvelables.

Lors de la plénière de samedi soir, le 16 novembre, d’autres Parties se sont vigoureusement opposées à cette proposition : Arabie saoudite, Bolivie (qui parlait au nom du groupe de négociation LMDC, les pays partageant la même vision), Iran, Inde, etc.

En raison de ce clivage de positions sur l’objectif des négociations dans le cadre du programme MWP, leurs co-Présidents ont proposé de ne pas poursuivre les négociations sur l’atténuation au cours de la 2e semaine de Bakou, mais de les reporter de six mois jusqu’aux sessions SB-62 à Bonn en juin 2025. Cela aurait signifié la non-prise en compte de tous les travaux réalisés au cours de la première semaine de Bakou. Il n’a pas été possible pour les Parties de parvenir à un consensus sur la poursuite des négociations à Bakou.

Lundi 18 novembre, le Président de la COP-29, Mukhtar Babayev, a déclaré qu’il s’efforcerait d’empêcher l’échec des négociations, et il a nommé deux Ministres (Norvège et Afrique du Sud – voir section « Consultations ministérielles » plus haut) pour piloter les consultations politiques auprès des Parties sur la démarche à suivre dans le cadre de ce volet des négociations.

Lors d’une session plénière, plusieurs pays ont exprimé leur déception quant à l’état d’avancement des négociations sur l’atténuation, déclarant qu’un résultat fort sur les mesures de réduction des émissions était une priorité pour eux. Ils ont également refusé de reporter les discussions à l’année prochaine. Le groupe de négociation l’Alliance des petites îles insulaires (AOSIS) a déclaré qu’il ne quitterait pas Bakou sans « résultat solide en matière d’atténuation ». D’autres pays (Australie au nom du groupe de négociation Ombrelle) ont implicitement critiqué l’Arabie saoudite qui cherche constamment à bloquer tout progrès sur l’objectif de la transition vers la sortie des combustibles fossiles.

Certaines Parties ont proposé le dialogue des Emirats arabes unis sur la mise en œuvre du Bilan mondial comme espace pour assurer le suivi des efforts consentis par les Parties dans la transition vers la sortie des combustibles fossiles (dialogue non encore opérationnel). Cependant, le groupe de négociation LMDC (Chine et Inde en tête) s’y oppose, insistant sur le fait que ce volet des négociations devrait uniquement être axé sur le financement, comme la mise en place de ce dialogue a été placé dans la section consacrée au financement dans la  décision 1/CMA.5 adoptée à Dubaï.

L’UE a appelé la Présidence à prévoir un espace de discussion sur la manière de parvenir, en matière d’atténuation, à un résultat solide qui donne suite au bilan mondial.

Affaire à suivre….

Sources de ces informations : Climate Home News, 18 nov. 2024 et IISD, 18 nov. 2024.

 

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 7e journée (18 novembre 2024)

Voir tous les documents de la CCNUCC produits dans le cadre des négociations

Consultations menées par la Présidence

Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat, a publié le 8 novembre 2024 un outil de suivi interactif qui présente, au fur et à mesure des jours, des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociation à la COP-29. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge)

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

Journal de la COP-29 | Jour 6 : 16 novembre

Cet article a été mis à jour à 9h30 dimanche 17 nov. pour ajouter le retour sur la journée d’hier (samedi 16 nov.). Le Citepa reviendra demain matin (lundi 18 nov.) sur les autres temps forts de la journée d’hier

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

A noter que dimanche 17 novembre, il n’y aura pas de négociations. Les négociations formelles et informelles reprendront lundi 18 novembre.

 

Tour d’horizon des nouveaux textes produits depuis hier (vendredi 15 nov.), par volet de négociation :

Financement

 NEW : 3e version de la première itération du projet de texte de décision sur le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement à partir de 2025 (version 15/11/2024 @18h30, 25 pages, soit 8 pages en moins que la 2e version, version du 13/11/2024 @21h00) élaboré par les co-Présidents du programme de travail sur le NCQG. Ce texte contient 44 options et 12 sous-options, et il y a 24 paires de crochets, indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte.

 

Article 6

NEW : 3e version du projet de texte (version 16/11/2024 @08h00, 2 pages) élaboré par le Président du SBSTA : éléments d’un projet de décision sur les recommandations supplémentaires concernant les règles, modalités et procédures du mécanisme de l’article 6.4. Voir 2e version (version du 14/11/2024 @13h00, 3 pages) et première version (version 14/11/2024 @ 13h00, 5 pages).

 

Adaptation

NEW : 2e version du projet de texte sur les plans nationaux d’adaptation (version 16/11/2024 @00h30, 4 pages). Voir première version (version du 15/11/2024 @09h00, 3 pages).

 

Bilan mondial (Global Stocktake)

NEW : 2e version du projet de texte (version 16/11/2024 @02h00, 3 pages) sur le processus de déroulement du Bilan mondial (Global Stocktake) dans son ensemble. Voir première version (version 15/11/2024 @ 09h30, 4 pages).

NEW : 3e version de la note informelle (version 15/11/2024 @21h30, 5 pages) sur les modalités du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial (Global Stocktake). Voir 2e version (version du 14/11/2024 @23h00, 4 pages) et première version (version 13/11/2024 @ 21h30, 5 pages).

 

 

Programme de la 6e journée

 

Journées thématiques de la Présidence

En dehors des négociations officielles dans le cadre de la COP, de la CMA, de la CMP, du SBI et du SBSTA, la Présidence azerbaïdjanaise a organisé sept journées thématiques au cours de la Conférence de Bakou, du 14 au 21 novembre 2024 :

  • 16 novembre 2024: la 3e journée thématique est consacrée à la science, les technologies & l’’innovation, et la numérisation.

Voir le programme de cette 3e journée thématique de la Présidence azerbaïdjanaise

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) vont poursuivre les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le 11 novembre 2024 (lire notre article).

 

Consultations 

Des consultations vont être menées sur plusieurs volets de négociation. Le Citepa reviendra là-dessus dans la mise à jour de cet article « Retour sur la 6e journée ».

 

Plénières de clôture SBSTA et SBI (en fin de journée)

  • plénière conjointe des deux organes subsidiaires SBI et SBSTA pour entendre les déclarations finales (17h, heure locale, soit 14h, heure de Paris) – suivre en direct,
  • au terme de la plénière conjointe SBI/SBSTA : plénières de clôture du SBSTA/SBI – suivre en direct,
  • au terme des plénières de clôture SBSTA/SBI : plénière informelle pour faire le point sous l’égide du Président de la COP-29 – suivre en direct.

MRV/transparence : dispositif avant le régime de Paris (au sein du SBI)

 

Dispositif de MRV pour les pays industrialisés : évaluation multilatérale

Le 5e cycle de l’évaluation multilatérale (Multilateral Assessment ou MA – voir ci-dessous) des rapports biennaux (BR) des pays industrialisés dans le cadre du processus d’évaluation et d’analyse internationales (processus dit IAR ou International Assessment and Review) des pays industrialisés a démarré lors des sessions SB-59 lors de la COP-28, en décembre 2023. La 2e partie de ce 5e cycle a eu lieu lors des sessions SB-60 à Bonn en juin 2024 (lire notre article).

A Bakou, la 3e partie du 5e cycle de l’évaluation multilatérale a lieu en trois sessions, les 15-16 novembre 2024. Les rapports biennaux (Biennal Reports ou BR) de 14 Parties sont soumis à cet exercice (15 nov. : Australie, Belgique, Canada et Croatie ; 16 nov. : Hongrie, Islande, Japon, Kazakhstan, Liechtenstein, puis Luxembourg, Norvège, Pologne, Portugal et Suisse).

Concrètement, les cinquièmes rapports biennaux de ces 14 Parties vont être soumis à cet exercice d’évaluation multilatérale de leurs objectifs nationaux de réduction des émissions de GES et des progrès qu’ils ont accomplis vers leur réalisation. Après une courte présentation des efforts accomplis par les Parties visées, les autres Parties auront la possibilité de poser des questions directes.

Les cinquièmes rapports biennaux devaient être soumis entre le 15 avril et le 31 décembre 2022. Au moment de la COP-29, une seule Partie à l’Annexe I (sur 43) n’avait pas soumis son BR : Ukraine (voir liste des Parties).

 

En savoir plus sur les rapports biennaux et le processus d'évaluation et d'analyse internationales (IAR)

 

Au titre des lignes directrices établies à l’annexe I de la décision 1/CP.16 [adoptée à Cancún (COP-16) en 2010], les rapports biennaux à soumettre par les Parties à l’annexe I (pays industrialisés) doivent inclure les informations sur :

  • les tendances observées en matière d’émissions de GES,
  • les objectifs quantifiés de réduction des émissions de GES,
  • les progrès accomplis vers la réalisation de ces objectifs [actions de réduction et leurs impacts, estimations des réductions et absorptions d’émissions, recours aux crédits d’émission issus des mécanismes de flexibilité,…],
  • les projections d’émissions,
  • le soutien mis à disposition des pays en développement [financement, transfert technologique et renforcement des capacités].

 

Au titre de la décision 1/CP.16 (paragraphe 44), la COP a décidé d’établir, au sein de l’organe subsidiaire pour la mise en œuvre (SBI), un processus d’évaluation internationale des réductions d’émission réalisées par rapport aux objectifs de réduction. Cette évaluation doit être rigoureuse, robuste et transparente et tenir compte des circonstances nationales, en vue de favoriser la comparabilité des efforts des pays industrialisés pour atteindre leurs objectifs de réduction et de renforcer la confiance entre eux. Ce processus est devenu en 2011 le processus d’évaluation et d’analyse internationales [processus dit IAR ou International Assessment and Review].

 

La décision 2/CP.17 [adoptée à Durban (COP-17) en 2011] a fixé l’échéance pour les pays industrialisés pour soumettre leur premier rapport biennal : 1er janvier 2014. Par cette décision, les Parties ont également adopté des lignes directrices pour l’établissement des rapports biennaux (annexe I) et des modalités et procédures pour l’IAR (annexe II).

 

Au titre de l’annexe II de la décision 2/CP.17, le processus de l’IAR comprend deux étapes :

 

  • un examen technique (technical review) des rapports biennaux, le cas échéant en corrélation avec les inventaires nationaux annuels des émissions de GES et des communications nationales des pays industrialisés. Cet examen technique doit aboutir à la rédaction d’un rapport d’examen propre à chaque pays industrialisé,
  • une évaluation multilatérale (multilateral assessment ou MA) des progrès accomplis par les pays développés en matière de réduction et d’absorption des émissions de GES par rapport à leurs objectifs de réduction. L’évaluation multilatérale est composée de trois étapes: (i) période de trois mois pour les questions/réponses en amont de la MA ; (ii) la MA pendant une session du SBI ; et (iii) la finalisation d’un rapport de synthèse (summary report) pour chaque pays industrialisé ayant fait l’objet de la MA.

 

La décision 23/CP.19 (partie IV) [adoptée à Varsovie en 2013], a amélioré le processus de vérification des rapports biennaux des pays industrialisés avec l’adoption de lignes directrices pour l’examen technique de ces rapports.

 

Le processus de l’IAR a démarré en janvier 2014 avec la remise des premiers rapports biennaux [et des 6èmes communications nationales] des pays industrialisés et leur examen technique par les équipes internationales d’experts.

 

Au total, jusqu’ici, il y a eu quatre cycles d’IAR :

 

1er cycle (en trois parties) :

  • SBI-41 à Lima (lors de la COP-20) en 2014,
  • SBI-42 à Bonn en 2015,
  • SBI-43 à Paris en 2015 (lors de la COP-21).

 

2e cycle (en trois parties) :

  • SBI-45 à Marrakech (lors de la COP-22) en 2016,
  • SBI-46 à Bonn en 2017,
  • SBI-47 à Bonn (lors de la COP-23) en 2017.

 

3e cycle (en trois parties) :

  • SBI-49 à Katowice (lors de la COP-24) en 2018,
  • SBI-50 à Bonn en 2019,
  • SBI-51 à Madrid (lors de la COP-25) en 2019.

 

4e cycle (en trois parties) :

 

5e cycle (en trois parties) :

  • SBI-59 (lors de la COP-28) en déc. 2022,
  • SBI-60 à Bonn en juin 2024.

 

En savoir plus

Toutes les Parties de l’annexe I qui sont soumises à l’évaluation multilatérale

 

Retour sur la 6e journée

 

 

En bref

Les organes subsidiaires ont clôturé leurs sessions sans pour autant avoir réalisé de progrès notables sur les principaux volets de négociation. La poursuite des travaux sur plusieurs sujets (comité d’adaptation, pertes et préjudices, technologies,…) a été renvoyée aux sessions SB-62 en juin 2025. Faute de consensus entre les Parties sur des volets cruciaux des négociations – objectif mondial adaptation ; plans nationaux d’adaptation ; article 6.2 ; article 6.4 (recommandations complémentaires sur les règles, modalités et procédures pour le mécanisme de l’article 6.4) ; programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation ; programme de travail sur la transition juste – les derniers textes produits sur ces sujets non-consensuels par les Parties dans les consultations informelles et les groupes de contact au sein du SBSTA et du SBI ont été transmis à la CMA-6 pour qu’elle reprenne les négociations au niveau ministériel.

 

Consultations informelles et adoption des conclusions du SBSTA et du SBI 

Après avoir mené des consultations informelles sur certains sujets, le SBI et le SBSTA ont adopté des conclusions sur les différents volets de négociations qui leur avaient été confiés par leurs programmes de travail, adoptés le premier jour de la Conférence (lire notre article).

 

Nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat 2025

Dans le groupe de contact de la CMA, coprésidé par Zaheer Fakir (Emirats arabes unis), les Parties ont souligné les discussions constructives sur l’accès lors des consultations « informelles-informelles » de la veille au soir et du matin de samedi 16 novembre, et ont demandé plus de temps pour poursuivre les discussions dans ce format très informel.

Les discussions se sont poursuivies dans le cadre de réunions informelles-informelles. L’après-midi, le co-Président du groupe de contact, Zaheer Fakir, a indiqué que les co-Présidents transmettraient la 3e itération du projet de texte (version 15/11/2024 @18h30, 25 pages), corrigée de certaines inexactitudes mais sans aucun élément nouveau, à la Présidence de la COP-29 et informeraient celle-ci du résultat des discussions des Parties au cours des consultations informelles-informelles, précisant que leur résultat n’avait pas de statut officiel (projet de texte, projet de texte de négociation, etc.).

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) : Modalités du dialogue annuel sur les résultats du GST (SBI-61)

Dans les consultations informelles du SBI, les co-facilitateurs Ricardo Marshall (Barbade) et Patrick Spicer (Canada) ont attiré l’attention sur la note informelle révisée (3e version de la note informelle – version 15/11/2024 @21h30, 5 pages), en particulier le paragraphe d’introduction qui explique que la note n’a pas été approuvée, ne reflète pas un consensus, n’est pas exhaustive, n’a pas de statut officiel et est ouverte à la révision. Ils ont rappelé que les présidents des SB ont indiqué qu’il n’y aurait pas de conclusions écrites pour les questions de procédure, y compris la transmission des textes à la CMA-6. Ils ont demandé si les parties pouvaient convenir de transmettre ce texte sur la base de ces accords.

Lors de leur séance plénière de clôture, les SB ont convenu de transmettre ce sujet à la CMA 6 pour examen approfondi sur la base de cette note informelle précitée. 

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) : processus de déroulement du GST dans son ensemble – éléments de procédure et de logistique (SB-61)

Les SB ont convenu de transmettre ce sujet pour examen plus approfondi par la CMA-6 sur la base du projet de texte élaboré (3e version du projet de texte (version 16/11/2024 @16h00, 3 pages).

 

Atténuation : Programme de travail de Charm el-Cheikh pour renforcer le niveau d’ambition en matière d’atténuation et la mise en oeuvre des mesures correspondantes (Mitigation Work Programme ou MWP)

Lorsque ce sujet a été abordé lors de la séance plénière de clôture du SBI, son président a noté l’absence de consensus sur les prochaines étapes et a indiqué que, conformément aux règles 10(c) et 16 du règlement intérieur de la CCNUCC (règles de procédure), la question sera inscrite à l’ordre du jour de la SB 62. En clair, tout travail ultérieur est reporté à la prochaine session des SB, soit en juin 2025.

 

Article 6 : mécanismes fondés et non fondés sur le marché

Article 6.2

Le SBSTA a adopté des conclusions (FCCC/SBSTA/2024/L.14), convenant ainsi de transmettre ce volet de négociation à la CMA-6 pour qu’elle reprenne les négociations sur la base de la 2e version du projet de texte (version 15/11/2024 @12h15, 19 pages) qui n’avait pas fait l’objet d’un consensus lors des négociations au sein du SBSTA. Voir aussi première version (version 14/11/2024 @ 13h00, 43 pages).

 

Article 6.4

Au cours des consultations informelles du SBSTA, la co-facilitatrice Kate Hancock (Australie) a présenté la 3e version du projet de texte (éléments d’un projet de décision de la CMA) proposé par le Président du SBSTA (version 16/11/2024 @08h00, 2 pages). Elle a proposé que les Parties adoptent les conclusions du SBSTA pour transmettre ce projet de texte à la CMA pour qu’elle reprenne les négociations, au cours de la deuxième semaine, sur la base de ce projet de texte qui n’avait pas fait l’objet d’un consensus lors des négociations au sein du SBSTA. Voir aussi 2e version (version du 14/11/2024 @13h00, 3 pages) et première version (version 14/11/2024 @ 13h00, 5 pages).

La plupart des Parties ont convenu de procéder de cette manière, soulignant que le projet de texte ne représentait pas un consensus et contenait plusieurs éléments qui n’ont pas encore fait l’objet de discussions par les Parties, comme le registre du mécanisme.

Lors de sa séance plénière de clôture, le SBSTA a adopté des conclusions (FCCC/SBSTA/2024/L.16), recommandant à la CMA-6 d’examiner le projet de texte précité.

 

Article 6.8 : cadre pour les approches non fondées sur le marché 

Le SBSTA a adopté des conclusions (FCCC/SBSTA/2024/L.15) et a recommandé un projet de décision pour adoption par la CMA 6 (FCCC/SBSTA/2024/L.15/Add.1). Voir 2e version du projet de texte (version 14/11/2024 @02h00, 7 pages) et première version (version du 13/11/2024 @11h00, 7 pages).

 

Adaptation

Objectif mondial en matière d’adaptation (SB-61)

Lors des consultations informelles des SB, le co-facilitateur Lamin Dibba (Gambie) a invité les participants à donner leur avis sur une nouvelle version du projet de texte (2e version du projet de texte (version 16/11/2024 @10h10, 9 pages), soulignant qu’il a été considérablement simplifié et qu’il conservait des options pour divers paragraphes. Voir première version (version 14/11/2024 @ 21h21, 9 pages).

Les SB ont adopté des conclusions (FCCC/SB/2024/L.12), convenant ainsi de renvoyer ce volet de négociations à la CMA-6 pour qu’elle reprenne les négociations sur la base de cette 2e version du projet de texte qui n’avait pas fait l’objet d’un consensus lors des négociations au sein des SB.

 

Adaptation : Plans nationaux d’adaptation (SBI-61)

Ces consultations informelles du SBI ont été co-modérées par Antwi-Boasiako Amoah (Ghana) et Meredith Ryder-Rude (États-Unis). Les Parties ont examiné, paragraphe par paragraphe, la 2e version (version 16/11/2024 @00h30, 4 pages) du projet de texte sur les plans nationaux d’adaptation ), en proposant divers amendements. Elles ont réalisé certaines avancées, notamment lors de réunions « informelles-informelles » tenues tout au long de l’après-midi de samedi 16 novembre, mais n’ont pas réussi à parvenir à un consensus sur tous les éléments.

La Présidence de la COP-29 a indiqué qu’elle n’avait pas l’intention d’aborder ce sujet durant la deuxième semaine. Comme il s’agit d’une question qui ne concerne que le SBI, cela repousserait son examen approfondi à la SBI-62 (juin 2024). Divers groupes ont exprimé leur profonde déception face à la position de la Présidence de la COP-29, soulignant l’atmosphère constructive qui régnait dans la salle et le fait qu’un accord était en vue.

Une 3e version du projet de texte a été publiée dans la soirée (version 16/11/2024 @20h30, 5 pages).

Lors de sa séance plénière de clôture, le SBI a adopté des conclusions (FCCC/SBI/2024/L.18), convenant ainsi de renvoyer ce volet de négociations à la CMA-6 pour qu’elle reprenne les négociations sur la base de cette 3e version du projet de texte.

Voir première version du projet de texte (version du 15/11/2024 @09h00, 3 pages).

 

Transition juste

Dans le groupe de contact des SB, le co-Président Kishan Kumarsingh (Trinité-et-Tobago) a présenté un projet de texte de décision (version 15/11/2024 @18h10, 4 pages) élaboré par les co-Présidents pour éclairer les discussions ultérieures au titre de la CMA-6. Le groupe de négociation LMDC, soutenu par l’Oman et la Russie, ont refusé poursuivre les discussions sur la base de ce projet de texte des co-Présidents, déclarant qu’il n’intègre pas leurs points de vue sur plusieurs questions, notamment le droit des pays à déterminer au niveau national des trajectoires de transition justes en fonction de leurs capacités, et ont lu leur formulation suggérée pour la décision.

Lors de la séance plénière de clôture, les Présidents des SB ont noté que les SB n’avaient pas pu conclure leur examen du sujet faute de consensus entre les Parties. Le sujet est donc renvoyé à la CMA-6. Voir projet de conclusions des SB-61 sur ce sujet.

 

Clôtures des sessions SB-61

Le SBI et le SBSTA ont adopté leurs rapports (FCCC/SBI/2024/L.15 et FCCC/SBSTA/2024/L.13).

Le Président du SBI, Nabeel Munir, a appelé les Parties à franchir leurs lignes rouges « arbitraires » et à trouver un terrain d’entente au cours de la 2e semaine de la Conférence de Bakou.

Le Président du SBSTA, Harry Vreuls, a exhorté les Parties à aller de l’avant avec une détermination inébranlable et dans un esprit de collaboration.

La séance de clôture des SB-61 a pris fin à 00h23 (heure locale, soit 21h23, heure de Paris).

 

 

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 6e journée (16 novembre 2024) 

Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 6e journée

Voir tous les documents de la CCNUCC produits dans le cadre des négociations

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat, a publié le 8 novembre 2024 un outil de suivi interactif qui présente, au fur et à mesure des jours, des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociation à la COP-29. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge)

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

Journal de la COP-29 | Jour 5 : 15 novembre

Cet article a été mis à jour à 12h30 samedi 16 nov. pour compléter le retour sur la journée d’hier (vendredi 15 nov.).

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

NEW : 2e version du projet de texte sur les approches coopératives (article 6.2) (version 15/11/2024 @12h15, 19 pages, contre 43 pages dans la première version, version du 14/11/2024 @13h00).

 

Programme de la 5e journée

 

Journées thématiques de la Présidence

En dehors des négociations officielles dans le cadre de la COP, de la CMA, de la CMP, du SBI et du SBSTA, la Présidence azerbaïdjanaise a organisé sept journées thématiques au cours de la Conférence de Bakou, du 14 au 21 novembre 2024 :

  • 15 novembre 2024: la 2e journée thématique est consacrée à l’énergie, à la paix et à la relance.

Voir le programme de cette 2e journée thématique de la Présidence azerbaïdjanaise

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) vont poursuivre les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le 11 novembre 2024 (lire notre article).

 

Consultations 

Des consultations vont être menées sur plusieurs volets de négociation. Le Citepa reviendra là-dessus dans la mise à jour de cet article « Retour sur la 5e journée ».

 

MRV/transparence : dispositif avant le régime de Paris (au sein du SBI)

Dispositif de MRV pour les pays en développement : échange non-coercitif des points de vue

Le 15 novembre 2024, a lieu le 17e atelier sur « l’échange non coercitif des points de vue » (facilitative sharing of views ou FSV) dans le cadre de la démarche MRV (suivi, déclaration et vérification) des pays en développement. Ainsi, les rapports biennaux de mise à jour (Biennal Update Reports ou BUR) de quatre pays en développement sont soumis à cet exercice : Chili, Guatemala, Kirghizistan et Pérou.

 

En savoir plus sur les rapports de mise à jour biennaux et le processus de consultation et d'analyse internationales (ICA)

 

Au titre de la décision 1/CP.16 (paragraphe 60) adoptée à Cancún en 2010, en fonction de leurs capacités et du soutien fourni pour la communication d’informations, les PED doivent soumettre des rapports de mise à jour biennaux (Biennal update reports ou BUR). Ceux-ci doivent contenir :

  • des mises à jour des inventaires nationaux d’émissions de GES,
  • des informations sur les actions de réduction mises en œuvre,
  • des besoins en soutien international, et
  • le soutien international effectivement reçu.

La décision 2/CP.17, adoptée à la COP-17 à Durban en 2011, a fixé l’échéance pour les PED pour soumettre leur premier rapport de mise à jour biennal : 31 décembre 2014.

Au total, sur les 154 Parties hors annexe I de la CCNUCC (pays en développement), 94 ont soumis leur premier BUR [date limite : 31 décembre 2014], 39 leur 2e BUR [date limite : 31 décembre 2016], 27 leur 3e BUR [date limite : 31 décembre 2018], 12 leur 4e BUR [date limite : 31 décembre 2020] et 2 Parties (Singapour et Chili) leur 5e BUR [date limite : 31 décembre 2022]. Cela démontre notamment un manque de ressources financières et de capacités institutionnelles et techniques des pays en développement pour élaborer ces outils de MRV, d’où l’importance de la démarche du renforcement des capacités.

Voir liste des pays en développement ayant soumis leur premier, 2e, 3e et 4e BUR.

Par ailleurs, la décision 1/CP.16 (paragraphe 63) [adoptée à la COP-16 à Cancún en 2010] a lancé, au sein de l’organe subsidiaire pour la mise en œuvre (SBI) un processus de consultation et d’analyse internationales [processus dit ICA ou International Consultation and Analysis] des rapports de mise à jour biennaux de façon discrète, non punitive et dans le respect de la souveraineté nationale. L’ICA vise à accroître la transparence des actions de réduction et de leurs effets par le biais d’un examen réalisé par des experts techniques en concertation avec la Partie concernée, conduisant à l’élaboration d’un rapport de synthèse. La décision 2/CP.17 a défini les modalités et lignes directrices pour l’ICA (annexe IV).

Le processus ICA est composé de deux étapes :

Le processus ICA contribue au renforcement des capacités des PED, ce qui conduit à une amélioration de la qualité de leurs BUR.

Le FSV est organisé sous forme d’ateliers qui se déroulent sous l’égide du SBI.

Quatorze ateliers ont eu lieu avant les sessions SB-59 :

 

 

Dispositif de MRV pour les pays industrialisés : évaluation multilatérale

Le 5e cycle de l’évaluation multilatérale (Multilateral Assessment ou MA – voir encadré ci-dessous) des rapports biennaux (BR) des pays industrialisés dans le cadre du processus d’évaluation et d’analyse internationales (processus dit IAR ou International Assessment and Review) des pays industrialisés a démarré lors des sessions SB-59 lors de la COP-28, en décembre 2023. La 2e partie de ce 5e cycle a eu lieu lors des sessions SB-60 à Bonn en juin 2024 (lire notre article).

A Bakou, la 3e partie du 5e cycle de l’évaluation multilatérale a lieu en trois sessions, les 15-16 novembre 2024. Les rapports biennaux (Biennal Reports ou BR) de 14 Parties sont soumis à cet exercice (15 nov. : Australie, Belgique, Canada et Croatie ; 16 nov. : Hongrie, Islande, Japon, Kazakhstan, Liechtenstein, puis Luxembourg, Norvège, Pologne, Portugal et Suisse).

Concrètement, les cinquièmes rapports biennaux de ces 14 Parties vont être soumis à cet exercice d’évaluation multilatérale de leurs objectifs nationaux de réduction des émissions de GES et des progrès qu’ils ont accomplis vers leur réalisation. Après une courte présentation des efforts accomplis par les Parties visées, les autres Parties auront la possibilité de poser des questions directes.

Les cinquièmes rapports biennaux devaient être soumis entre le 15 avril et le 31 décembre 2022. Au moment de la COP-29, une seule Partie à l’Annexe I (sur 43) n’avait pas soumis son BR : Ukraine (voir liste des Parties).

 

En savoir plus sur les rapports biennaux et le processus d'évaluation et d'analyse internationales (IAR)

 

Au titre des lignes directrices établies à l’annexe I de la décision 1/CP.16 [adoptée à Cancún (COP-16) en 2010], les rapports biennaux à soumettre par les Parties à l’annexe I (pays industrialisés) doivent inclure les informations sur :

  • les tendances observées en matière d’émissions de GES,
  • les objectifs quantifiés de réduction des émissions de GES,
  • les progrès accomplis vers la réalisation de ces objectifs [actions de réduction et leurs impacts, estimations des réductions et absorptions d’émissions, recours aux crédits d’émission issus des mécanismes de flexibilité,…],
  • les projections d’émissions,
  • le soutien mis à disposition des pays en développement [financement, transfert technologique et renforcement des capacités].

 

Au titre de la décision 1/CP.16 (paragraphe 44), la COP a décidé d’établir, au sein de l’organe subsidiaire pour la mise en œuvre (SBI), un processus d’évaluation internationale des réductions d’émission réalisées par rapport aux objectifs de réduction. Cette évaluation doit être rigoureuse, robuste et transparente et tenir compte des circonstances nationales, en vue de favoriser la comparabilité des efforts des pays industrialisés pour atteindre leurs objectifs de réduction et de renforcer la confiance entre eux. Ce processus est devenu en 2011 le processus d’évaluation et d’analyse internationales [processus dit IAR ou International Assessment and Review].

 

La décision 2/CP.17 [adoptée à Durban (COP-17) en 2011] a fixé l’échéance pour les pays industrialisés pour soumettre leur premier rapport biennal : 1er janvier 2014. Par cette décision, les Parties ont également adopté des lignes directrices pour l’établissement des rapports biennaux (annexe I) et des modalités et procédures pour l’IAR (annexe II).

 

Au titre de l’annexe II de la décision 2/CP.17, le processus de l’IAR comprend deux étapes :

 

  • un examen technique (technical review) des rapports biennaux, le cas échéant en corrélation avec les inventaires nationaux annuels des émissions de GES et des communications nationales des pays industrialisés. Cet examen technique doit aboutir à la rédaction d’un rapport d’examen propre à chaque pays industrialisé,
  • une évaluation multilatérale (multilateral assessment ou MA) des progrès accomplis par les pays développés en matière de réduction et d’absorption des émissions de GES par rapport à leurs objectifs de réduction. L’évaluation multilatérale est composée de trois étapes: (i) période de trois mois pour les questions/réponses en amont de la MA ; (ii) la MA pendant une session du SBI ; et (iii) la finalisation d’un rapport de synthèse (summary report) pour chaque pays industrialisé ayant fait l’objet de la MA.

 

La décision 23/CP.19 (partie IV) [adoptée à Varsovie en 2013], a amélioré le processus de vérification des rapports biennaux des pays industrialisés avec l’adoption de lignes directrices pour l’examen technique de ces rapports.

 

Le processus de l’IAR a démarré en janvier 2014 avec la remise des premiers rapports biennaux [et des 6èmes communications nationales] des pays industrialisés et leur examen technique par les équipes internationales d’experts.

 

Au total, jusqu’ici, il y a eu quatre cycles d’IAR :

 

1er cycle (en trois parties) :

  • SBI-41 à Lima (lors de la COP-20) en 2014,
  • SBI-42 à Bonn en 2015,
  • SBI-43 à Paris en 2015 (lors de la COP-21).

 

2e cycle (en trois parties) :

  • SBI-45 à Marrakech (lors de la COP-22) en 2016,
  • SBI-46 à Bonn en 2017,
  • SBI-47 à Bonn (lors de la COP-23) en 2017.

 

3e cycle (en trois parties) :

  • SBI-49 à Katowice (lors de la COP-24) en 2018,
  • SBI-50 à Bonn en 2019,
  • SBI-51 à Madrid (lors de la COP-25) en 2019.

 

4e cycle (en trois parties) :

 

5e cycle (en trois parties) :

  • SBI-59 (lors de la COP-28) en déc. 2022,
  • SBI-60 à Bonn en juin 2024.

 

En savoir plus

Toutes les Parties de l’annexe I qui sont soumises à l’évaluation multilatérale

 

Retour sur la 5e journée

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) ont poursuivi les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le 11 novembre 2024 (lire notre article).

 

Consultations

Des consultations ont été menées sur plusieurs sujets, parmi lesquels :

 

Nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025 (NCQG)

Lors des consultations informelles dans le cadre de la CMA, la co-facilitatrice Fiona Gilbert (Australie) a présenté la 3e version du projet de texte de décision (version 15/11/2024 @18h30, 25 pages), élaboré par les co-Présidents du programme de travail sur le NCQG. Elle a précisé que les co-facilitateurs ont pris en compte les suggestions des Parties de fusionner leurs propres options et se sont efforcés de rationaliser le texte, notamment sur la transparence et l’accès. Cette 3e version comporte 8 pages en moins que la 2e version (version du 13/11/2024 @21h00) et 44 options et 12 sous-options, et il y a 24 paires de crochets (contre 187 dans la 2e version), indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte. A noter surtout que cette 3e version laisse pleinement ouvertes les questions cruciales (montant de l’objectif, base des contributeurs et critères d’éligibilité).

Les co-facilitateurs ont demandé aux Parties de fournir une mise à jour pour 07h00 samedi matin.

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) : Modalités du dialogue annuel sur les résultats du GST (SBI-61)

Dans les consultations informelles du SBI, le co-facilitateur Ricardo Marshall (Barbade) a demandé aux Parties si la note informelle révisée (version du 14/11/2024 @23h00, 4 pages) pouvait être envoyée au CMA pour examen la semaine prochaine. Les discussions ont fait ressortir des divergences d’opinion entre les différents groupes de négociation sur certains éléments.

Les co-facilitateurs ont indiqué que la note informelle ne représentait pas un consensus et ont demandé aux Parties de fournir des « corrections chirurgicales » par écrit.

Sur la base de ces contributions, les co-facilitateurs ont rédigé une 3e version de la note informelle qui a été diffusée dans la soirée du 15 novembre 2024 (version 15/11/2024 @21h30, 5 pages). A noter que ce texte ne mentionne pas une seule fois la transition vers la sortie des combustibles fossiles, un des principaux objectifs du paragraphe 28 de la décision 1/CMA.5 sur les résultats du Bilan mondial adoptée à Dubaï. L’option 2 de la section « scope » (champ d’application) mentionne « la transition énergétique ».

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) : processus de déroulement du GST dans son ensemble (SB-61)

Les co-facilitateurs Thureya Al Ali (EAU) et Patrick Spicer (Canada) ont mené des consultations informelles des SB et ont présenté la première version d’un projet de texte de décision de la CMA (version du 15/11/2024 @°9h30, 2 pages) qui cherche à prendre en compte la convergence des points de vue.

Les Parties ont ensuite fait part de leurs premières réflexions, précisant qu’elles n’avaient pas eu suffisamment de temps pour examiner le texte et soulignant que certains éléments sans crochets ne reflétaient pas un consensus. 

Les points de vue sont restés divergents sur la nécessité d’un suivi des résultats du Bilan mondial, ainsi que sur la composition du comité de haut niveau chargé d’examiner les résultats du Bilan mondial. 

Les co-facilitateurs ont indiqué qu’ils allaient rédiger une 2e version du texte et ont encouragé les Parties à poursuivre les discussions entre elles. Ils ont rédigé cette 2e version qui a été diffusée dans la soirée du 15 novembre 2024 (version 16/11/2024 @02h00, 3 pages).

 

Atténuation : Programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre (MWP) (SBI-61)

Au cours des consultations informelles des SB-61, les co-facilitateurs Ursula Fuentes (Allemagne) et Maesela John Kekana (Afrique du Sud) ont présenté une note informelle aux Parties pour examen et commentaires (version du 14/11/2024 @09h00, 5 pages).

Les groupes de négociation LMDC (pays en développement partageant la même vision), le groupe arabe, ainsi que la Russie, l’ont rejetée comme plateforme de discussion, soulignant qu’elle tente de réécrire le mandat du groupe et, qu’à la place, elle se concentre sur le suivi du Bilan mondial. Le groupe africain et l’Inde ont également déclaré que le texte dépassait le mandat du programme de travail.

Pour une explication des différents groupes de négociation, se reporter à l’annexe 3 de notre dossier de fond sur la COP-27 (p.65).

Les co-facilitateurs ont exhorté les Parties à poursuivre l’examen de la note informelle et à dialoguer entre elles. Ils consulteront les présidents des SB et demanderont un créneau horaire supplémentaire pour les discussions de samedi.

Les co-facilitateurs ont rédigé une 2e version de la note informelle sur la base des discussions menées vendredi 15 novembre 2024 et l’ont diffusé en fin de journée (version du 15/11/2024 @17h00, 10 pages).

 

Adaptation : objectif mondial en matière d’adaptation (SB-61)

Lors des consultations informelles des SB, co-facilitées par Tina Kobilšek (Slovénie), les Parties ont examiné un projet de texte (version 14/11/2024 @21h21, 9 pages) comprenant 70 paragraphes affichant diverses options et présentant des propositions d’amendements et de rationalisation supplémentaires.

Les co-facilitateurs ont indiqué qu’ils allaient réviser le projet de texte.

 

Adaptation : Plans nationaux d’adaptation (SBI-61)

 

En savoir plus sur les Plans nationaux d'adaptation

Le processus des Plans nationaux d’adaptation (NAP) a été établi en vertu du cadre de Cancún pour l’adaptation (cf. Accords de Cancún, décision 1/CP.16, adoptés lors de la COP-16 (2010). Il s’agit d’un processus continu, progressif et itératif qui vise à faciliter la planification des mesures d’adaptation par les pays en développement. Ils constituent une forme d’opérationnalisation du volet « adaptation » de plus en plus intégré aux NDC des Parties, qui leur permet de définir les priorités et objectifs nationaux en matière d’adaptation. Le but des PNA est d’identifier les besoins et priorités en matière d’adaptation et de gestion des risques climatiques à moyen et à long terme et d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies et plans pour répondre à ces besoins.

La décision 1/CMA.5, issue de la phase politique du bilan mondial (Global Stocktake ou GST), adoptée le 12 décembre 2023 à Dubaï, appelle les Parties qui ne l’ont pas encore fait à mettre en place leurs plans, politiques et processus nationaux de planification en matière d’adaptation d’ici 2025 et à avoir avancé dans leur mise en œuvre d’ici 2030 (cf. décision 1/CMA.5,§ 59).

Au 12 juillet 2024, 58 des 155 Parties hors annexe I (PED), soit 37%, avaient soumis leur PNA (voir liste des NAP soumis).

L’enjeu de la Conférence de Bakou (CMA-6) est de renforcer le soutien à l’élaboration et à la mise en œuvre des NAP, en mettant l’accent sur l’assistance financière et technique.

 

Lors des consultations informelles au sein du SBI, la co-facilitatrice Meredith Ryder-Rude (États-Unis) a invité les Parties à faire part de leurs points de vue sur la première version (version du 15/11/2024 @09h00, 3 pages) d’un projet de texte qui vise à simplifier la note élaborée en amont de Bakou sur ce sujet (en date du 4 nov. 2024). La session a été brièvement suspendue pour permettre aux groupes de se coordonner. Lorsque les consultations ont repris, le groupe de négociation G77/Chine (134 pays) a rejeté le texte, le considérant comme déséquilibré. Le groupe a déploré, entre autres, l’absence de formulation sur les obligations des pays développés de fournir des moyens de mise en œuvre (financement, transfert de technologies et renforcement des capacités) et s’est opposé aux références au secteur privé dans la mobilisation de ressources pour la formulation et la mise en œuvre des NAP.

Les co-facilitateurs ont indiqué qu’ils allaient rédiger une 2e version du texte comportant des options. Ils ont rédigé cette 2e version du texte sur la base des discussions menées vendredi 15 novembre 2024 et l’ont diffusé en fin de soirée (version 16/11/2024 @00h30, 4 pages).

 

Autres temps forts de la 5e journée

 

Appel à la réforme du processus des COP : lettre de 22 experts de haut niveau

Le 15 novembre 2024, une lettre ouverte signée par 22 experts de haut niveau, dont Ban Ki-moon (ancien Secrétaire général de l’ONU), Christina Figueres (ancienne Secrétaire exécutive de la CCNUCC), Connie Hedegaard (ancienne Commissaire européenne à l’action climat), Mary Robinson (ancienne Présidente de l’Irlande) et Bertrand Piccard (Président de la Fondation Solar Impulse), a été transmise aux Parties à la CCNUCC, à Simon Stiell (Secrétaire exécutif de la CCNUCC) et à Antonio Guterres (Secrétaire général de l’ONU).

Dans cette lettre, les signataires réitèrent leur appel, initialement lancé dans leur lettre ouverte au Secrétaire général de l’ONU et au Secrétaire exécutif de la CCNUCC, en date du 23 février 2024. Ils formulent sept propositions de mesure pour réformer le processus des COP :

  1. Améliorer le processus de sélection pour les présidences de la COP

Nous avons besoin de critères d’éligibilité stricts pour exclure les pays qui ne soutiennent pas l’élimination progressive/la transition vers l’abandon des énergies fossiles. Les pays hôtes doivent démontrer leur haut niveau d’ambition pour soutenir les objectifs de l’Accord de Paris.

 

  1. Rationaliser pour gagner en rapidité et en ampleur

Une fois la carte politique mondiale entièrement élaborée, la COP doit passer des négociations à la mise en œuvre d’actions concrètes. Les réunions de la COP doivent être transformées en réunions plus petites, plus fréquentes et axées sur les solutions, où les pays rendent compte des progrès accomplis, sont tenus de rendre des comptes conformément aux dernières données scientifiques et discutent de solutions importantes en matière de financement, de technologie et d’équité. Ce travail doit être complété par l’évaluation comparative des progrès nationaux à l’aide des rapports sur les lacunes des Nations unies. Cette approche accélérera l’action et permettra des ajustements opportuns en fonction des nouvelles découvertes scientifiques et de l’évolution de la situation mondiale.

 

  1. Améliorer la mise en œuvre et la redevabilité (accountability)

Le processus de la COP doit être renforcé par des mécanismes permettant de tenir les pays responsables de leurs objectifs et de leurs engagements en matière de climat. Bien que le cadre de Paris ait été conçu pour fonctionner en mode « livraison », il ne fonctionne pas car les gouvernements ne sont pas tenus de rendre des comptes pour s’assurer que les plans d’action nationaux s’alignent sur les dernières données scientifiques. Le processus du Bilan mondial (Global Stocktake) est un début important, mais il doit être renforcé par une amélioration des rapports et des analyses comparatives, des processus rigoureux d’examen par les pairs, une supervision scientifique indépendante et un suivi transparent des promesses et des actions.

 

  1. Assurer un suivi rigoureux du financement climat

Une part croissante des promesses de financement climat est aujourd’hui versée sous forme de prêts à intérêt, ce qui aggrave le fardeau de la dette pour les nations vulnérables au dérèglement climatique. Nous avons besoin de définitions et de critères normalisés pour déterminer ce qui est considéré comme du financement climat, ainsi que de cadres communs de rapportage et de mécanismes de suivi pour vérifier les flux de financement climat. Toutes ces mesures sont essentielles pour rétablir la confiance et la redevabilité et pour mobiliser les ressources nécessaires.

 

  1. Amplifier la voix de la science qui fait autorité

Si la COP climat s’appuie sur le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et d’autres organes connexes, tels que l’organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA), elle ne dispose pas de son propre organe consultatif scientifique permanent qui fasse officiellement partie de la structure de la COP. Nous partageons les préoccupations croissantes selon lesquelles les COP climat n’intègrent pas suffisamment les dernières données scientifiques ou n’en tiennent pas suffisamment compte. La COP de la Convention internationale sur la biodiversité dispose de son propre organe consultatif scientifique permanent, qui lui a fourni une base technique et scientifique. Il pourrait en être de même au sein de la COP climat.

 

  1. Reconnaître les interdépendances entre la pauvreté, les inégalités et l’instabilité planétaire

Les nouvelles recherches de la Commission de la Terre et de Earth4All confirment les liens importants entre les processus de changement écologique et social. Pour que la COP climat ait plus d’impact, elle doit reconnaître que le rythme actuel de perte de la nature (par exemple, la pénurie d’eau douce, la dégradation des terres et des sols, le déclin de la pollinisation, la pollution des océans) affecte la stabilité de la planète. En outre, la stabilité de la planète, aujourd’hui gravement menacée, est impossible sans une action décisive en faveur de l’égalité, de la justice et de la réduction de la pauvreté. C’est pourquoi nous demandons la création d’un poste d’Envoyé politique pour le climat et la pauvreté afin de garantir que ces liens critiques soient ancrés dans les négociations et les actions de mise en œuvre, notamment par le biais d’espaces dédiés aux communautés vulnérables pour qu’elles puissent plaider en faveur de ces liens.

 

  1. Renforcer la représentation équitable

Malgré les nouvelles règles de transparence de la COP climat, un nombre record de 2 456 lobbyistes spécialisés dans les énergies fossiles ont eu accès à la COP-28, soit près de quatre fois plus que lors de la COP-27. Le fait qu’il y ait eu beaucoup plus de lobbyistes des combustibles fossiles que de représentants officiels d’institutions scientifiques, de communautés autochtones et de nations vulnérables reflète un déséquilibre systémique dans la représentation de la COP. L’amélioration de la gestion des intérêts des entreprises dans le cadre des procédures de la COP nécessitera des règles plus strictes en matière de transparence et de divulgation, ainsi que des lignes directrices claires obligeant les entreprises à démontrer l’adéquation entre leurs engagements en matière de climat, leur modèle d’entreprise et leurs activités de lobbying.

 

Moins de représentants du secteur des énergies fossiles présents à Bakou qu’à Dubaï

Le 15 novembre 2023, l’ONG Global Witness a publié, comme tous les ans désormais, son analyse du nombre de représentants du secteur de la production des combustibles fossiles (à l’origine du réchauffement climatique) qui participent à la COP-29 et ce, sur la base de la liste officielle provisoire des participants établie par le Secrétariat de la CCNUCC (document PDF présentant le total et fichier excel présentant le détail).

Selon l’estimation qui a nécessité un travail de vérification approfondie et minutieuse par toute une équipe de chargés d’études, de décodeurs et d’analystes de données, cette année (2024), l’autorisation à participer à la Conférence a été accordée à 1 773 représentants du secteur des combustibles fossiles (lobbyistes ou non), soit 28% de moins que l’année dernière lors de la COP-28 (2 456 – lire notre article) mais presque trois plus qu’en 2022 lors de la COP-27 (636 – lire notre article).

Même si le nombre total pour la COP-29 est moindre que le nombre record de l’année dernière lors la COP-28, l’analyse que si ces 1 773 représentants devaient constituer une délégation, elle serait la quatrième plus grande après celle du pays hôte de la COP-29, l’Azerbaïdjan (2 229), celle du pays hôte de la COP-30, le Brésil (1 914) et celle de la Turquie (1 862). Par ailleurs, selon l’analyse 2024 de Global Witness, il y a plus de représentants du secteur de la production des combustibles fossiles à Bakou que tous les délégués réunis des 10 pays africains les plus vulnérables (au total 1 033), pays en première ligne face aux impacts du dérèglement climatique.

Lire le communiqué de Global Witness (du 15 nov. 2024) qui comporte une section sur la méthodologie appliquée pour réaliser cette analyse.

 

Dans les coulisses

Appel à Donald Trump de ne pas retirer les Etats-Unis de l’Accord de Paris…..de la part de la Russie

Le 15 novembre 2024, selon ECIU (COP-29 Daily update, Day 6, 16 nov. 2024) et le Financial Times (15 nov. 2024), la Russie a exhorté le Président élu des Etats-Unis, le climatosceptique assumé Donald Trump, à ne pas retirer son pays de l’Accord de Paris, comme il s’est engagé à le faire dans son programme électoral et comme il l’avait déjà fait lors de son premier mandat en 2017. Ainsi, affirme le Financial Times, Boris Titov, envoyé spécial pour la coopération internationale sur le développement durable auprès du Président Poutine, a déclaré être certain que « ce n’est pas la bonne décision pour les pays, tels les Etats-Unis et l’Argentine, de se retirer de l’Accord de Paris…Nous devons travailler dans le cadre de l’Accord de Paris….nous ne pouvons pas sortir de [l’Accord de] Paris mais nous pouvons le rendre plus efficace ».

Sélection d’articles de presse spécialisée et généraliste sur l’éventuel impact de la réélection de Donald Trump sur la politique climat internationale et les émissions de GES :

Le Monde : L’élection de Donald Trump, un « jour noir pour le climat », 7 novembre 2024

The Guardian : ‘A wrecking ball’: experts warn Trump’s win sets back global climate action. Election of a ‘climate denier’ to US presidency poses ‘major threat to the planet’, environmentalists say, 6 nov. 2024

Carbon Brief : Experts: What does a Trump presidency mean for climate action?, 7 novembre 2024

Climate Home News : Legal experts say Trump could quit Paris pact – but leaving UNFCCC much harder, 4 novembre 2024.

 

COP-31 : blocage politique quant au choix du futur pays hôte

Selon la rotation des cinq groupes régionaux de l’ONU (Afrique ; Amérique latine et Caraïbes ; Asie et région du Pacifique ; Europe de l’Ouest et autres [Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, USA, Israël,…] ; Europe centrale et orientale), la COP-31 (2026) se tiendra en Europe de l’Ouest et autres.

Le choix du pays hôte candidat de la COP-31 doit se faire par consensus au sein du groupe régional Europe de l’Ouest et autres, avant d’être soumis pour approbation formelle par l’ensemble des Parties à la COP, soit cette année à la COP-29 (le moment plus probable), soit au plus tard à la COP-30 (Belém, Brésil). A ce jour, deux pays ont informellement exprimé leur intérêt pour accueillir la COP-31 : Australie et Turquie. Le 14 octobre 2024, l’Etat d’Australie du Sud a ainsi proposé d’accueillir la COP-31.

La 5e journée de la COP-29, le 15 novembre 2024, a néanmoins vu l’émergence d’une impasse politique entre ces deux pays potentiellement candidats. Lors d’une réunion à Ankara entre les Ministres australien et turc chargés du Climat et de l’Energie sur le sujet de leurs éventuelles candidatures respectives, aucun des deux pays n’a semblé vouloir céder la place à l’autre. Dans un tweet posté sur X, le Ministre de l’Environnement turc, Murat Kurum, a déclaré : « Nous avons souligné la détermination de notre pays à accueillir la COP-31, que nous sommes prêts sur le plan logistique et que nous pouvons créer un pont entre les pays développés et les pays en développement ».

Selon Climate Home News, il est peu probable finalement qu’une décision sur le pays hôte de la COP-31 soit prise à Bakou, ce qui signifie qu’elle devra impérativement être prise lors de la COP-30 à Belém, Brésil en novembre 2025.

Source : tweet de Murat Kurum sur X, 15 nov. 2024 et Climate Home News, 16 nov. 2024.

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 5e journée (15 novembre 2024) (à venir)

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

Journal de la COP-29 | Jour 4 : 14 novembre

Cet article a été mis à jour à 15h vendredi 15 nov. pour compléter le retour de la journée d’hier (jeudi 14 nov.).

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Programme de la 4e journée

 

Journées thématiques de la Présidence

En dehors des négociations officielles dans le cadre de la COP, de la CMA, de la CMP, du SBI et du SBSTA, la Présidence azerbaïdjanaise a organisé sept journées thématiques au cours de la Conférence de Bakou, du 14 au 21 novembre 2024 :

  • 14 novembre 2024: la première journée thématique est consacrée au financement, aux investissements et aux échanges commerciaux.

Voir le programme de cette première journée thématique de la Présidence azerbaïdjanaise

 

6e dialogue ministériel de haut niveau sur le financement climat

La Présidence de la COP-29 consacre la journée du 14 novembre 2024 à la question du financement climat (voir plus haut). Le financement des actions climat des pays en développement par les pays industrialisés constitue le « nerf de la guerre » des négociations au sein de la CCNUCC. Il est indispensable pour rétablir la confiance entre les pays du Nord et les pays du Sud. Il joue également un rôle crucial dans le renforcement de l’ambition des pays en développement et surtout cette année, c’est le principal focus de la COP-29 puisque l’enjeu n°1 de cette Conférence est de parvenir à un accord des Parties sur un nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025.

Dans ce cadre aura lieu le 6e dialogue ministériel de haut niveau sur le financement climat (High-level Ministerial Dialogue on Climate Finance). Voir programme. A l’occasion de ce 6e Dialogue ministériel biennal, le Comité permanent sur le financement (SCF) de la CCNUCC a présenté son 2e rapport sur les progrès réalisés dans la mobilisation conjointe de financement climat pour atteindre l’objectif des 100 Md$/an. (Voir synthèse et rapport technique).

 

En savoir plus sur le programme de travail sur le financement à long terme

 

Dispositif sur le financement à long terme pré-2020

En 2013, lors de la COP-19, la décision 3/CP.19 avait défini un programme de travail sur le financement à long terme apportant davantage de clarté sur la mobilisation du financement à long terme par les pays industrialisés pour soutenir les actions de réduction et d’adaptation mises en œuvre par les pays en développement.

Les pays industrialisés devaient accroître la transparence de la communication de leurs efforts d’augmenter le financement climat [faire preuve de plus de transparence sur la provenance des fonds]. Les discussions sur le financement climat à long terme ont été axées sur trois éléments de base pour la période 2014-2020 : des soumissions biennales par les pays développés sur leurs approches et stratégies actualisées pour augmenter le financement climatique ; des ateliers annuels en session ; et des dialogues ministériels biennaux de haut niveau sur le financement climat.

Concrètement, ils devaient élaborer des synthèses biennales sur une mise à jour de leurs stratégies pour amplifier le financement sur la période 2014-2020. Le Secrétariat de la CCNUCC était chargé de vérifier tous les deux ans jusqu’en 2020 les informations sur le montant du financement fourni, les sources (publiques et/ou privées) et la part des sommes consacrées à l’adaptation et à l’atténuation (en vue d’assurer un équilibre entre les deux).

Le Secrétariat de la CCNUCC était également chargé d’organiser des ateliers entre autres sur les besoins des pays en développement en matière de soutien financier sur la période 2014-2020 et sur les stratégies pour accroître le financement climat.

Un dialogue ministériel sur le financement de l’action climat (à l’instar de celui qui a eu lieu, pour la 1ère fois, à Varsovie, le 20 novembre 2013) a été mis en place et devait se réunir tous les deux ans entre 2014 et 2020. Le Dialogue ministériel de haut niveau a centré ses discussions sur les progrès réalisés dans la mobilisation du financement climat à long terme pour respecter l’objectif des 100 Md$/an à partir de 2020, y compris les efforts consentis par les pays développés pour augmenter leurs contributions :

 

 

 

Dispositif sur le financement à long terme post-2020 : dialogues ministériels

En vertu de la décision 4/CP.26, adoptée à Glasgow en 2021, dans la prolongation des quatre dialogues ministériels de haut niveau sur le financement climat à long terme menés précédemment (dont le quatrième à Glasgow – voir ci-dessus), des dialogues ministériels biennaux de haut niveaux sur le financement climat devaient être organisés en 2022, en 2024 et en 2026 (paragraphe 20). La Présidence égyptienne de la COP-27 est priée de centrer le dialogue de 2022 sur les progrès réalisés par les pays développés pour atteindre l’objectif des 100 Md$/an. 

Enfin, la COP-26 a décidé que ses discussions sur le sujet du financement à long terme se termineront en 2027 (portant sur les chiffres de 2025 donc), ce qui implique que c’est la CMA qui prendra le relais pour suivre les progrès vers la réalisation du nouvel objectif post-2025

 

Il existe un deuxième dialogue sur le financement climat….mais dans le cadre de l’Accord de Paris, et non de la CCNUCC : transparence sur le financement ex-ante

Le Dialogue ministériel biennal de haut niveau précité n’est pas à confondre avec le dialogue ministériel sur la question du financement climat post-2020 qui a été établi au titre de l’Accord de Paris (et non au titre de la CCNUCC). Ainsi, au titre de la décision 12/CMA.1 – Identification des informations à fournir par les Parties sur le financement ex ante (adoptée dans le cadre des règles de mise en œuvre à Katowice en décembre 2018), la CMA a établi un Dialogue ministériel biennal de haut niveau sur le financement climat à convoquer à partir de 2021 (à l’instar de celui mis en place sur la période 2014-2020 dans le cadre de la CCNUCC).  La décision 12/CMA.1 a reconnu l’importance de la prévisibilité et la clarté des informations sur le soutien financier que les pays industrialisés prévoient de fournir aux pays en développement.

Dans cette décision, la CMA a établi les modalités post-2020 qui s’appuient sur les modalités existantes pour la période 2014-2020 sur le financement climat à long terme :

  • des communications biennales contenant des informations quantitatives et qualitatives sur le soutien que les pays industrialisés prévoient de fournir (projections), à soumettre à la CCNUCC tous les deux ans, dont la première en 2020 (puis en 2022, en 2024, etc.) ;
  • un portail dédié en ligne pour consigner les communications biennales ;
  • une compilation et une synthèse des informations contenues dans les communications biennales que doit élaborer le Secrétariat de la CCNUCC à partir de 2021. Celui-ci a publié le 1er juin 2021 la première compilation-synthèse des premières communications biennales ;
  • des ateliers biennaux à organiser par le Secrétariat de la CCNUCC [lors des sessions des organes subsidiaires et/ou de la COP] à compter de l’année suivant la remise de la première communication biennale [2021 donc], et d’élaborer un rapport de synthèse sur chaque atelier. La CMA a décidé d’examiner les compilations, les synthèses et les rapports de synthèse à compter de sa 4e réunion (CMA-4). Le premier atelier a été organisé lors des sessions du SBSTA-SBI de mai-juin 2021, le 11 juin 2021. Le Secrétariat de la CCNUCC a publié le 10 septembre 2021 le rapport de synthèse de ce premier atelier ;
  • la mise en place, à partir de 2021, d’un Dialogue ministériel biennal de haut niveau sur le financement climat, à l’instar de celui mis en place sur la période 2014-2020). Il est à éclairer, notamment par les rapports de synthèse sur les ateliers biennaux et par les communications biennales. La première réunion de ce Dialogue s’est tenue à Glasgow, le 8 novembre 2021 et la 2e réunion à Dubaï le 8 décembre 2023.

Voir page du site de la CCNUCC consacrée aux informations ex ante sur le financement climat.

 

 

 

Réunion ministérielle de la coalition des Ministres des Finances pour l’action climat

Organisée conjointement avec la Présidence de la COP-29, la réunion ministérielle de la coalition des Ministres des Finances pour l’action climat se concentrera sur les défis et les bonnes pratiques en matière d’allocation et de financement pour une mise en œuvre réussie des NDC.

 

En savoir plus sur la coalition des Ministres des Finances pour l'action climat

Le 9 décembre 2019, lors de la COP-25, une coalition des Ministres des Finances pour l’action climat créée le 13 avril 2019 (voir plaquette et communiqué de la Banque mondiale), a lancé le Plan d’actions de Santiago. La mission de cette coalition est d’être moteurs d’action climat au niveau national conformément aux principes de Helsinki, désormais avalisés par 64 pays (dont la France) et soutenu par 25 partenaires institutionnels (dont la Banque européenne pour la reconstruction et le développement [BERD], la Commission européenne, la Banque asiatique de développement [ADB],…) (voir note d’explication). Ces principes définissent les actions clés pour concrétiser les engagements des Ministres qui sont membres de la coalition (par exemple, aligner les politiques et pratiques avec les objectifs de l’Accord de Paris ; prendre en compte le changement climatique dans les politiques macroéconomiques, la planification fiscale, la fixation des budgets, la gestion des investissements publics et les marchés publics ; mobiliser des sources privées de financement climat en facilitant les investissements,…). Le Plan d’actions, lancé lors d’un événement de la Présidence chilienne (voir note de cadrage)fixe les priorités de travail pour 2020 qui marquait le début de la mise en œuvre des principes de Helsinki.

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) vont poursuivre les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le 11 novembre 2024 (lire notre article).

 

Consultations

Des consultations vont être menées sur plusieurs sujets, parmi lesquels :

  • nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025 (NCQG),
  • questions relatives au bilan mondial : éléments de procédure et de logistique du processus du bilan mondial dans son ensemble,
  • questions relatives au Comité chargé de faciliter la mise en œuvre et de promouvoir le respect de l’Accord de Paris (PAICC),
  • programme de travail au titre du cadre pour les approches non fondées sur le marché (art. 6.8),
  • programme de travail sur la transition juste.

 

Retour sur la 4e journée

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) ont poursuivi les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le 11 novembre 2024 (lire notre article).

 

Consultations

Des consultations ont été menées sur plusieurs sujets, parmi lesquels :

 

Nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025 (NCQG)

Lors des consultations informelles dans le cadre de la CMA, le co-Président du programme de travail sur le NCQG, Zaheer Fakir (Emirats arabes unis), a présenté un projet de texte révisé de 33 pages (soit une page de moins que la version précédente présentée la veille – lire notre article). Il a souligné que certaines sections pourraient bénéficier de travaux supplémentaires, mais que supprimer les doublons dépasserait le mandat des co-Présidents. Le groupe de négociation G-77/Chine (134 pays) a demandé aux co-Présidents de consulter les groupes de négociation pour procéder une rationalisation supplémentaire du projet de texte avant de s’engager dans de nouvelles discussions de fond dans le cadre de consultations informelles.

La réunion a été suspendue pour laisser au groupe de négociation G-77/Chine le temps de se coordonner. Aucun nouveau projet de texte n’a été produit jeudi 14 novembre 2024.

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) : Modalités du dialogue annuel sur les résultats du GST (SBI-61)

L’enjeu pour la CMA-6 est de définir et d’adopter les modalités (éléments pratiques) du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial pour le rendre opérationnel afin que les négociations techniques sur ce sujet puissent démarrer début 2025. Ce dialogue annuel se déroulera sur quatre ans (2025-2028). Il s’agit de donner des suites concrètes aux résultats finaux actés à Dubaï, issus de la phase politique du Bilan mondial (décision 1/CMA.5, adoptée à Dubaï par la CMA-5) et notamment à la concrétisation de ce dialogue annuel mis en place par cette décision phare de Dubaï (§ 97 et 98), c’est-à-dire de traduire les nombreux engagements pris au titre de cette décision phare en actions et résultats concrets dans l’économie mondiale, et notamment les objectifs du § 28 :

  • § 28(e) : assurer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques,
  • § 28(a) : tripler la capacité mondiale de production des énergies renouvelables et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030,
  • § 28(f) : accélérer une réduction forte des émissions de GES hors CO2, en particulier les émissions de CH4.

Lors des consultations informelles menées dans le cadre du SBI-61, co-animées par Patrick Spicer (Canada), les Parties ont continué de réagir à la note informelle produite la veille, mercredi 13 novembre 2024 (version 13/11/2024 @21h30) décrivant la portée et les modalités potentielles du dialogue.

Au terme des discussions, les co-facilitateurs ont indiqué qu’ils allaient réviser leur note informelle et produire une nouvelle version.

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) : processus de déroulement du GST dans son ensemble (SB-61)

Le 2e enjeu pour Bakou sur le sujet Bilan mondial est de mener des discussions, dans la perspective du 2e Bilan mondial qui aura lieu en 2028, sur l’éventuelle amélioration du processus de déroulement du bilan mondial (procédures et logistique) en vue d’adopter une décision à Bakou.

Lors des consultations informelles du SBSTA, co-animées par Thureya Al Ali (Emirats arabes unis) et Patrick Spicer (Canada), les Parties ont réagi à la note informelle simplifiée, produite la veille, mercredi 13 novembre 2024 (version 13/11/2024 @00h30), contenant une liste d’éléments pour intégration dans le projet de décision.

Sur la base des négociation menées jeudi 14 novembre 2024, les co-facilitateurs ont rédigé un nouveau document, cette fois-ci, sous forme de projet de texte (draft text), publié en début de matinée du 15 novembre 2024 : version 15/11/2024 @ 09h30.

 

Adaptation : Plans nationaux d’adaptation (SBI-61)

 

En savoir plus sur les Plans nationaux d'adaptation

Le processus des Plans nationaux d’adaptation (NAP) a été établi en vertu du cadre de Cancún pour l’adaptation (cf. Accords de Cancún, décision 1/CP.16, adoptés lors de la COP-16 (2010). Il s’agit d’un processus continu, progressif et itératif qui vise à faciliter la planification des mesures d’adaptation par les pays en développement. Ils constituent une forme d’opérationnalisation du volet « adaptation » de plus en plus intégré aux NDC des Parties, qui leur permet de définir les priorités et objectifs nationaux en matière d’adaptation. Le but des PNA est d’identifier les besoins et priorités en matière d’adaptation et de gestion des risques climatiques à moyen et à long terme et d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies et plans pour répondre à ces besoins.

La décision 1/CMA.5, issue de la phase politique du bilan mondial (Global Stocktake ou GST), adoptée le 12 décembre 2023 à Dubaï, appelle les Parties qui ne l’ont pas encore fait à mettre en place leurs plans, politiques et processus nationaux de planification en matière d’adaptation d’ici 2025 et à avoir avancé dans leur mise en œuvre d’ici 2030 (cf. décision 1/CMA.5,§ 59).

Au 12 juillet 2024, 58 des 155 Parties hors annexe I (PED), soit 37%, avaient soumis leur PNA (voir liste des NAP soumis).

L’enjeu de la Conférence de Bakou (CMA-6) est de renforcer le soutien à l’élaboration et à la mise en œuvre des NAP, en mettant l’accent sur l’assistance financière et technique.

 

Lors des consultations informelles au sein du SBI, le co-facilitateur Antwi-Boasiako Amoah (Ghana) a noté que la dernière session s’était terminée dans une impasse, marquées par une telle discorde que cela a poussé le Président du SBI, Nabeel Munir (Pakistan), à intervenir pour exhorter les délégués à parvenir à un accord sur cet article crucial. Après une réunion, le groupe de négociation G-77/Chine a convenu de charger les co-facilitateurs de ces négociations de produire un projet de texte de décision basé sur la note informelle élaborée lors de la SBI 60 (juin 2024), tout en demandant :

  • des références explicites aux obligations des pays développés de fournir des moyens de mise en œuvre pour la formulation et la mise en application des NAP,
  • la reconnaissance du déficit important en matière de financement de l’adaptation, et
  • aucune référence au rôle du secteur privé en tant que pourvoyeur de financement en matière d’adaptation.

Ainsi, les Parties ont fini par accepter d’examiner un nouveau texte sur les NAP qui sera rédigé par les co-facilitateurs – bien que les points de vue sur les éléments précis du contenu de ce texte soient toujours diamétralement opposés.

Les co-facilitateurs ont indiqué qu’ils allaient produire un projet de texte.

 

Atténuation : Programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre (MWP) (SBI-61)

 

En savoir plus sur le Programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre

Le principal enjeu pour la CMA-6 sur le sujet atténuation est de renforcer l’ambition des Parties dans le contexte de la remise prochaine des NDC mises à jour ou NDC nouvelles. Les Parties vont reprendre les négociations dans le cadre du programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (MWP). Les négociations avancent très lentement en raison de fortes divergences observées à Dubaï (décembre 2023) et à Bonn (juin 2024), surtout entre pays industrialisés et pays en développement sur le mandat même de ce programme de travail et sur la question de savoir si le projet de décision à adopter à Bakou devrait être de nature strictement procédurale ou s’il devait comporter des objectifs concrets. Les Parties devront surmonter leurs fortes divergences pour faire aboutir les négociations sur une décision à la hauteur des enjeux de l’atténuation. In fine, il s’agira pour la CMA-6 de faire déboucher le programme MWP sur des résultats concrets en matière de réduction collective des émissions qui soient compatibles avec les objectifs de +2°C et de +1,5°C.

Pour une vue d’ensemble détaillée du sujet de l’atténuation et des travaux dans le cadre du MWP (contexte, historique des négociations et avancées), consultez notre guide des enjeux de la COP-28 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Lors de consultations informelles menées jeudi 14 novembre 2024 dans le cadre des organes subsidiaires (SB), les co-facilitatrices Ursula Fuentes (Allemagne) et Maesela John Kekana (Afrique du Sud) ont sollicité des avis sur la note informelle qu’elles avaient élaborée sur la base de consultations bilatérales et diffusée auprès des Parties en début de matinée (version du 14/11/2024 @9h00).

Les consultations informelles se sont poursuivies dans la soirée.

 

Négociations dans les groupes de contact

Des négociations ont été menées dans plusieurs groupes de contact sur des sujets clés, parmi lesquels :

 

Programme de travail sur la transition juste (JTWP) (SBI-61)

A Bakou, l’enjeu sur le sujet de la transition juste est de faire avancer les négociations dans le cadre du 2e dialogue du programme de travail sur la transition juste (JTWP) pour définir et adopter les modalités de mise en œuvre du JTWP (plan, calendrier, participants,…). Ces modalités doivent être concrétisées, puis adoptées par la CMA-6 avant que les travaux techniques du JTWP ne puissent démarrer en 2025.

En savoir plus sur le Programme de travail sur la transition juste

Lors de la CMA-4 (à Charm el-Cheikh, Egypte, novembre 2022), les Parties avaient décidé de mettre en place un programme de travail sur la transition juste pour examiner les trajectoires visant à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (paragraphe 52 de la décision 1/CMA-4). Le SBI et le SBSTA avaient été chargés par la CMA-4 de soumettre un projet de décision pour examen et adoption lors de la CMA-5. La CMA-4 avait également décidé d’organiser tous les ans, dans le cadre de ce nouveau programme de travail, une table ronde ministérielle de haut niveau sur la transition juste, à compter de la CMA-5.

A Dubaï, s’est tenue le 3 décembre 2023 la première table ronde ministérielle de haut niveau sur la transition juste. La décision 3/CMA.5 a été une des dernières décisions à être adoptée par la CMA-5 faute de consensus entre les Parties. Par ailleurs, 10 versions du projet de décision ont circulé avant que les Parties ne parviennent à un consensus.

De fortes divergences sur le périmètre du programme ont été soulevées : doit-il axer ses discussions sur la transition de la main d’œuvre du secteur des énergies fossiles (position des pays développés) ou doit-il suivre une vision plus multilatérale et moins axée sur l’atténuation (position des pays en développement) ? Les pays en développement ont insisté sur le fait qu’ils ont besoin d’un soutien pour réaliser une transition juste (pas uniquement financier mais aussi technique, etc.). En fait, les négociations au sein de cet axe n’étaient qu’un reflet des positions plus larges à la COP-28.

Finalement, à Dubaï, dans la décision 3/CMA.5, la CMA s’est mise d’accord sur un périmètre du programme de travail, notamment sur la transition juste et équitable qui englobe des trajectoires qui intègrent les dimensions énergétiques, socio-économiques, main d’œuvre,… basées sur les priorités de développement définies au niveau national et qui incluent la protection sociale pour atténuer les impacts liés à la transition. Ce programme intègre aussi la question des potentialités, défis et entraves liés au développement durable et à l’élimination de la pauvreté. Le début de la mise en œuvre du programme de travail est prévu après la CMA-5.

Ce programme de travail sera mis en œuvre sous le pilotage du SBI et du SBSTA. Au moins deux dialogues se tiendront chaque année dans le cadre du programme de travail, l’un en amont des sessions SB en juin (à commencer par les SB-60, juin 2024) et l’autre en amont des sessions SB parallèlement aux COP en fin d’année (à commencer par les SB-61, nov. 2024).

Lors de la CMA-8 (2026), aura lieu un réexamen de l’efficacité du programme de travail et décision sur la poursuite des travaux ou non.

Lors des SB-60 (3-13 juin 2024), le 1er dialogue dans le cadre du programme de travail sur la transition juste a eu lieu le 3 juin 2024 (voir programme). Le 2e dialogue a eu lieu les 2-3 octobre 2024 à Charm el-Cheikh (voir programme).

 

Dans un groupe de contact du SBI, le co-facilitateur Kishan Kumarsingh (Trinité-et-Tobago) a invité les Parties à faire connaître leurs points de vue sur la note informelle diffusée aux Parties la veille, mercredi 13 novembre 2024 (version 13/11/2024 @15h10). 

 

Pertes et préjudices : dispositions entre la COP, la CMA et le Conseil du Fonds pour les pertes et préjudices (COP)

La veille, mercredi 13 novembre 2024, dans le groupe de contact de la COP (lire notre article), co-présidé par José Delgado (Autriche), les Parties avaient fait part de leur volonté d’approuver les propositions de dispositions recommandées par le Comité permanent sur le financement (Standing Committee on Finance ou SCF) dans son rapport publié le 24 octobre 2024 (réf. CP/2024/6/Add.8, CMA/2024/8/Add.8). Les co-Présidents ont indiqué qu’ils allaient élaborer un projet de texte de décision visant à adopter ces dispositions dans le cadre de la COP et, étant donné qu’aucune observation supplémentaire n’a été formulée, dans celui de la CMA.

Les co-Présidents ont diffusé un projet de texte (draft text) sur ce sujet dans la soirée du 14 novembre 2024 (version du 14/11/2024 @20h00).

 

Autres temps forts de la 4e journée (14 novembre 2024)

 

Report du lancement du Fonds d’action pour le financement climat (initiative de la Présidence azerbaïdjanaise)

La Présidence azerbaïdjanaise avait annoncé, dans sa première lettre et dans sa 2e lettre transmises aux Parties respectivement le 24 juillet (lire notre article) et le 17 septembre 2024 qu’elle comptait lancer 14 initiatives lors de la COP-29, au premier rang desquelles un nouveau fonds, baptisé fonds d’action pour le financement climat (Climate Finance Action Fund ou CFAF). L’objet de ce Fonds, qui serait alimenté par des contributions volontaires des Etats et entreprises productrices de combustibles fossiles, est de servir de catalyseur aux secteurs public et privé dans les domaines de l’atténuation, de l’adaptation, de la recherche et du développement. Selon la Présidence, le Fonds pourrait également fournir un financement à des conditions très favorables et sous forme de subventions afin de faire face rapidement aux conséquences des catastrophes naturelles dans les pays en développement qui en ont besoin. Le fonds pourrait devenir opérationnel après le premier cycle de constitution du fonds pour lequel l’objectif fixé est de lever 1 milliard de $ et d’atteindre un nombre de 10 pays qui s’engagent à en devenir actionnaires. Pour plus de précisions, voir annexe 3 de la lettre du 24 juillet 2024 de la Présidence.

La création de ce fonds soulève la question de savoir comment il va s’articuler avec le fonds vert pour le climat (Green Climate Fund ou GCF), fonds créé en 2009 dans le cadre de la CCNUCC (pour des éléments de contexte sur le GCF, lire notre article).

Le 14 novembre 2024, à l’occasion de la journée thématique consacrée au financement, le Président de COP-29 avait prévu de lancer ce fonds d’action pour le financement climat dans le cadre d’un évènement de haut niveau mais il n’a finalement pas vu le jour. Selon Climate Home News, la Présidence a décidé de mettre le lancement de ce fonds en veilleuse car il risquait d’entraver les négociations en cours sur le nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025. La Présidence a mis en place un groupe de travail pour élaborer un concept qui serait réalisable et acceptable pour les pays donateurs désireux d’adhérer à l’initiative.

 

Adaptation : annonces de financement pour le fonds d’adaptation

Lors de la 4e journée de la COP-29, le 14 novembre 2024, dans le cadre du dialogue des contributeurs de haut niveau (High-Level Contributor Dialogue) au fonds d’adaptation, 9 Parties ont annoncé des engagements en matière de contributions :

  • région de Wallonie (Belgique) : 7,4 M$,
  • région de Bruxelles (Belgique) : 2,1 M$,
  • Danemark : 7,3 M$
  • Espagne : 19 M$,
  • Suède : 12,1 M$,
  • Irlande : 6,5 M$,
  • Islande : 617 000 $,
  • Norvège : 2 M$,
  • Corée du Sud : 932 000 $,
  • Suisse : 3,3 M$.

Par ailleurs, l’Allemagne devrait annoncer un engagement financier pendant la COP-29.

A noter que le total des engagements annoncés pour 2024, soit environ 61 M$, ne représente que 20% de l’objectif de mobilisation de ressources que le fonds s’est fixé pour la fin de la COP-29 (300 M$). Ce total pour 2024 est plus de trois fois moins que le total des contributions annoncées lors de la COP-28 à Dubaï en nov. 2023 (191,7 M$).

Engagements de contribution des Etats au fonds d’adaptation, 2021-2024 (en M$ US)

(Sources : Adaptation Fund, 15 nov. 2024 et NRDC, outil de suivi des engagements financiers pour les fonds climat de la CCNUCC, état au 15 nov. 2024).

 

En savoir plus sur le fonds d'adaptation

Le Fonds d’adaptation a été créé en 2001 pour financer des projets d’adaptation dans les pays vulnérables. Il a été financé par 2% des recettes de la vente des crédits d’émission (URCE ou en anglais : certified emission reduction credits, CER) issues de la mise en œuvre de projets MDP (art. 12 du Protocole de Kyoto) et par 2% de la vente des crédits d’émission (AAU) issus du marché carbone international (art. 17 du Protocole de Kyoto). Au titre des décisions 13/CMA.1 et 1/CMP.14 (adoptees à Katowice en 2018), la COP et la CMA ont décidé que le Fonds d’adaptation devait server l’Accord de Paris à partir de 2019 et que le Fonds d’adaptation continuerait à recevoir la part des recettes, si elles sont disponibles, provenant des activités menées au titre des articles 6, 12 et 17 du Protocole de Kyoto.

L’article 6.6 de l’Accord de Paris prévoit que “la CMA veille à ce qu’une part des fonds provenant de projets menés au titre du [MDD (donc art. 6.4)] soit utilisée pour aider les pays vulnérables à financer le coût de l’adaptation. Dans le cadre des règles de mise en oeuvre de l’Accord de Paris, conformément à la décision 3/CMA.3 (adoptée lors de la CMA-2 à Glasgow, en nov. 2021), au titre de l’article 6.4, une part obligatoire de 5% des recettes issues des échanges sera prélevée pour alimenter le Fonds d’adaptation pour aider les pays en développement à couvrir les coûts d’adaptation.

Les contributions volontaires représentent une part croissante des ressources du fonds d’adaptation. Au 30 juin 2024, les recettes cumulées du Fonds fiduciaire du fonds comprenaient : 215,83 M$ provenant de la monétisation des unités URCE du MDP, de 1 489,88 M$ provenant des contributions volontaires et de 121,43 M$ provenant des revenus d’investissement générés par le solde du fonds fiduciaire (source : CCNUCC).

Voir le site consacré au fonds d’adaptation.

Voir la liste des 28 gouvernements nationaux et infranationaux, ainsi que l’UE, qui ont contribué au fonds d’adaptation.

 

Vient de paraître

 

Besoins d’investissements en matière de financement climat

Jeudi 14 novembre 2024, le Groupe d’experts indépendants de haut niveau sur le financement climat, (Independent High-Level Expert Group on Climate Finance ou IHLEG) a publié son 3e rapport sur le financement climat, qui s’intitule : « Accroître l’ambition et accélérer la mise à disposition du financement climat » (en anglais : « Raising ambition and accelerating delivery of climate finance »).

Ce groupe a été lancé en juillet 2022 par les Présidences de la COP-26 (Royaume-Uni) et de la COP-27 (Egypte) et il est co-présidé par l’économiste britannique Nicolas Stern.

Le premier rapport (intitulé « Finance for Climate Action : Scaling up investment for climate and development » [Financement pour l’action climat : accélérer et accroître l’investissement en faveur du climat et du développement]) a été établi à la suite de la demande conjointe des deux Présidences (voir lettre du 19/07/2022). Il a été publié le 8 novembre 2022 lors de la COP-27 (lire notre article). Le 2e rapport de l’IHLEG a été publié sous forme de synthèse le 30 novembre 2023 lors de la COP-28.

 

Objet et contenu du 3e rapport

Le nouveau rapport met à jour les estimations précédentes en matière de besoins en investissements pour l’action climat et présente une feuille de route pour mobiliser et fournir le financement nécessaire dans les pays émergents et en développement (hors Chine).

Le rapport examine :

  • les besoins en investissement pour l’action climat et les possibilités qui en découlent ;
  • les trajectoires pour augmenter le financement climat afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris ;
  • la façon d’accélérer la mise en œuvre du financement climat (du déblocage des investissements à grande échelle à la gestion de la dette en passant par une plus grande mobilisation des banques multilatérales de développement) ; et
  • l’importance du suivi et de l’évaluation de la mise en œuvre du financement climat.

 

Ce 3e rapport affine l’approche utilisée précédemment par l’IHLEG et fournit des estimations actualisées des besoins d’investissement nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de Paris dans cinq domaines cruciaux :

  • transition énergétique propre,
  • adaptation et résilience,
  • pertes et préjudices,
  • capital naturel,
  • transition juste.

 

Messages clés du 3e rapport

Selon les projections de l’IHLEG dans son 3e rapport, les besoins d’investissement à l’échelle mondiale pour l’action climat seraient compris entre 6 300 Md$ et 6 700 Md$ par an d’ici 2030, dont 2 700-2 800 Md$ dans les économies avancées(1), 1 300-1 400 Md$ en Chine, et 2 300-2 500 Md$ (moyenne de 2 400 Md$/an donc) dans les pays émergents et en développement hors Chine.

Besoins en investissements pour les pays émergents et en développement hors Chine (en 1 000 Md$/an en 2030, incrément par rapport à la valeur actuelle entre parenthèses)

Source : synthèse du 3e rapport IHLEG, 14 nov. 2024 (p.6).

 

(1) terme utilisé par l’AIE qui englobe l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, la Corée du Sud, Israël, le Japon, la Turquie. Il s’agit plus précisément des pays membres de l’OCDE (Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, République tchèque, Danemark, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Israël, Italie, Japon, Corée du Sud, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Mexique, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Turquie, Royaume-Uni, Etats-Unis), ainsi que la Bulgarie, la Croatie, Chypre, Malte et la Roumanie.

Consulter le communiqué | la synthèse | le rapport.

 

Taxation mondiale pour la solidarité : rapport d’étape du groupe de travail France-Barbade-Kenya

Le groupe de travail sur la taxation mondiale pour la solidarité (Global Solidarity Levies Task Force), dont la création avait été annoncée lors de la COP-28 par le Président de la République (voir encadré ci-dessous), a rendu son rapport d’étape présentant des options politiques pour les contributions de solidarité et ce, conformément que le mandat que lui avait été confié par la COP-28.

En savoir plus sur le groupe de travail sur la taxation mondiale pour la solidarité

La création d’une Task force sur la taxation mondiale a été annoncée par le Président de la République lors de son allocution le 1er décembre 2023 à Dubaï. Ainsi, avec la Barbade et le Kenya, la France a lancé une Task force internationale qui devra conclure ses travaux lors de la COP-30 (Belém, nov. 2025). Dirigé par la Barbade, le Kenya et la France, le groupe de travail a été créé pour combler une lacune importante dans le financement du climat et du développement, car de larges pans de l’économie émettent des GES mais contribuent peu aux finances publiques, au développement et à l’atténuation des effets du changement climatique. Sa mission est donc d’instaurer des prélèvements réalisables, modulables et équitables sur les secteurs à fortes émissions, afin que les industries qui contribuent le plus au changement climatique paient une part équitable de l’action en faveur du climat et du développement durable.

L’objectif de la Task Force est de se mettre d’accord sur des propositions concrètes pour mettre en place une taxation internationale (des prélèvements internationaux) et ce, afin de lever de ressources financières nouvelles et innovantes pour financer la lutte contre les inégalités et le changement climatique. Ces propositions pourront ensuite être négociées par les institutions idoines (OCDE, G20, ONU,…). Les options avancées sont : les recours à des taxes sur le transport aérien/maritime international, sur les transactions financières, ou les énergies fossiles. L’idée avait précédemment été évoquée lors du sommet pour un nouveau pacte financier mondial (Paris, 22-23 juin 2023).

Depuis sa création, la Task Force a entrepris un travail technique approfondi et a constitué une coalition de pays désireux de mettre en œuvre des taxes climatiques au niveau mondial. Cette coalition s’est élargie à 17 pays et organisations partenaires/observateurs : France, Kenya, Barbade, Antigua & Barbuda, Sénégal, Iles Marshall, Colombie, Espagne, Danemark, Sierra Leone, Zambie, les Iles Fidji, Djibouti et la Somalie, ainsi que la Commission européenne (observateur), l’Union africaine (observateur) et l’Allemagne (observateur). A noter premièrement que cinq nouveaux pays ont rejoint la Task Force lors de la COP29 (Sierra Leone, Zambie, Iles Fidji, Djibouti et Somalie) et deuxièmement qu’outre la France, seuls deux autres pays industrialisés ont rejoint la coalition : Danemark et Espagne.

Lire notre article sur la création de cette Task Force.

 

Le rapport d’étape de la Task Force met en lumière les étapes essentielles de la constitution de coalitions, des évaluations d’impact et de la recherche technique concernant les possibilités de taxation internationale de solidarité. Ainsi, le rapport d’étape présente une série d’options politiques pour des taxes sur le transport maritime et aérien, les combustibles fossiles, les transactions financières et la tarification du carbone. Elle a également annoncé qu’elle étudierait des options supplémentaires, telles que des prélèvements sur les crypto-monnaies afin de réduire les émissions de GES dues à l’exploitation minière, et la production de matières plastiques, et qu’elle pourrait coordonner une norme minimale d’imposition effective pour les personnes ultra-riches, ce qui est actuellement envisagé par le G20.

Le rapport d’étape présent une série d’options politiques identifiées dans le cadre des travaux de la Task Force :

  • Taxe sur l’aviation : Les options politiques envisagées comprennent une taxe sur le kérosène, y compris une taxe coordonnée sur le kérosène privé, et des taxes sur les billets de luxe et les grands voyageurs. Ces mesures pourraient générer entre 19 Md$ et 164 Md$ s par an, en fonction de leur conception et de leur périmètre.
  • Taxe sur les combustibles fossiles : Une combinaison de prélèvements sur l’extraction des combustibles fossiles, les bénéfices exceptionnels, une augmentation du taux minimum de l’impôt sur les sociétés multinationales ou un instrument de prélèvements mixtes variant selon les pays, afin de satisfaire à une norme internationale minimale.  
  • Taxe sur les transactions financières : Les options comprennent la relance des efforts de l’UE pour concevoir un prélèvement mondial en mobilisant une coalition de pays désireux d’adopter des mesures sur les actions, les obligations et les produits dérivés, en vue d’une harmonisation mondiale des prélèvements sur les transactions financières. Il pourrait s’agir d’un taux de 0,1% sur les actions et les obligations et d’un taux de 0,01% sur les transactions de produits dérivés. 
  • Taxe sur le transport maritime : Le groupe de travail soutient les travaux ambitieux de l’Organisation maritime internationale en vue d’introduire une taxe maritime. Une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre provenant du transport maritime international pourrait rapporter jusqu’à 127Md$ par an, sur la base d’une taxe de 150$-300$ par tonne de CO2e.

Outre les domaines de prélèvement principaux, le groupe de travail définit également des secteurs supplémentaires qui pourraient faire l’objet d’un prélèvement afin de relever de multiples défis environnementaux et sociaux :

  • Taxe sur la production de matières plastiques : Une taxe sur la production de polymères primaires, fixée à 60$-90$ par tonne, pourrait rapporter 25 Md$-35 Md$ par an, ce qui permettrait de soutenir les actions de lutte contre la pollution plastique.
  • Taxe sur les crypto-monnaies : Compte tenu de la forte demande énergétique du minage de crypto-monnaies, une taxe de 0,045$ par kWh pourrait réduire les émissions tout en générant 5,2 Md$ de recettes.
  • Impôt sur les particuliers très fortunés : Un impôt minimum coordonné de 2% sur les milliardaires, récemment discuté au G20, pourrait rapporter 200 Md$-250 Md$, favorisant un paysage fiscal mondial plus équitable.

Des évaluations d’impact et des consultations seront menées avant que des propositions politiques concrètes ne soient présentées lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale en avril 2025.

Consulter le communiqué (en français) | le rapport d’étape

 

Lancement d’une coalition pour les contributions de solidarité

Lors de la séquence de haut niveau à la COP-29, le 12 novembre 2024, la France, le Kenya et la Barbade ont lancé une coalition pour les contributions de solidarité (Coalition for Solidarity Levies). Cette nouvelle coalition, dirigée par, vise à garantir un financement durable des actions en faveur du climat et du développement en instaurant des taxes sur les industries à forte intensité de carbone, sur la base du principe du pollueur-payeur.

La coalition pour les contributions de solidarité indique qu’elle propose aux pays intéressés un nouveau forum pour faire valoir leurs intérêts, sans avoir à attendre un alignement géopolitique plus large lorsque certains pays s’opposent au principe.

 

Climate Action Tracker : mise à jour des projections de réchauffement basées sur les objectifs actuels

Le 14 novembre 2024, le centre de réflexion international Climate Action Tracker (CAT) (voir encadré ci-dessous) a publié une mise à jour de ses projections de réchauffement planétaire d’ici 2100 sur la base des objectifs et engagements 2030 et 2050. L’analyse de CAT fournit des précisions sur les émissions de GES, les projections de réchauffement, les objectifs 2030 inscrits dans les NDC, les objectifs zéro émission nette pour 2050, ainsi que des profils pays.

En savoir plus sur Climate Action Tracker (CAT)

Climate Action Tracker (CAT) est un consortium international indépendant d’analyse scientifique composé de deux instituts de recherche Climate Analytics et New Climate InstituteLa mission de CAT est de suivre et d’évaluer l’action climat des pays au regard de leurs objectifs climat nationaux, notamment à l’horizon 2030 et 2050 (fixés conformément à l’article 4 de l’Accord de Paris) et des objectifs mondiaux de +2°C, de +1,5°C d’ici 2100 (fixés par l’article 2 de l’Accord de Paris) et de neutralité climatique à l’horizon 2050 (article 4).

 

Selon la nouvelle mise à jour de CAT, malgré l’aggravation de la crise climatique, marquée par des incendies de forêt, des tempêtes, des inondations et des sécheresses sans précédent, leur mise à jour annuelle du réchauffement planétaire montre que les projections pour 2100 stagnent, sans aucune amélioration depuis 2021. L’effet cumulé des politiques actuelles place le monde sur la trajectoire d’un réchauffement de +2,7°C.

CAT souligne que cette stagnation de trois ans met en évidence un décalage important entre la réalité du changement climatique et l’urgence que les gouvernements accordent aux politiques nécessaires pour réduire les émissions de GES, qui entraînent un réchauffement à un rythme proche de +0,3 °C par décennie.

En termes d’ambition des objectifs climat, 2024 a été une année marquée par des progrès minimes, avec presque aucun nouvel objectif climat national (NDC) ou engagement zéro émission nette, même si les gouvernements ont accepté de renforcer (de toute urgence) leurs objectifs 2030 et de les aligner sur l’objectif de +1,5 °C de l’Accord de Paris. Par conséquent, les projections de réchauffement de CAT ont en fait légèrement augmenté à la fois dans le cadre des objectifs 2030 et des scénarios optimistes (objectifs 2050), passant respectivement de +2,5°C à +2,6°C et de +1,8°C à +1,9°C.

 

Projections en matière de réchauffement d’ici 2100 selon les différents scénarios de CAT

Source : CAT, 14 nov. 2024.

 

Projections de réchauffement : trajectoires jusqu’en 2100 selon les différents scénarios de CAT

Source : CAT, 14 nov. 2024.

Consulter le communiqué | le rapport.

 

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 4e journée (14 novembre 2024) 

Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 4e journée

Voir tous les documents de la CCNUCC produits dans le cadre des négociations

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat, a publié le 8 novembre 2024 un outil de suivi interactif qui présente, au fur et à mesure des jours, des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociation à la COP-29. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge)

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

Journal de la COP-29 | Jour 3 : 13 novembre

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Programme de la 3e journée

Séquence de haut niveau (High Level Segment ou HLS) : Chefs d’Etat et de Gouvernement)

12 – 13 nov. 2024 : 1ère partie de la séquence de haut niveau.

Au cours de cette séquence, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de 77 Parties à la CCNUCC (sur les 197) doivent prononcer leur allocution nationale. Au total, selon la liste provisoire mise à jour le 10 novembre 2024, 47 dirigeants passent à la tribune le 12 novembre et 30 le 13 novembre (contre respectivement 51 et 46 selon la liste provisoire précédente en date du 3 novembre 2024)

Voir programme de la séquence de haut niveau les 12 et 13 novembre 2024

Voir allocutions des Chefs d’Etat et de Gouvernement prononcées mercredi 13 nov. 2024.

 

12-13 novembre 2024 : Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat (World Leaders’ Climate Action Summit ou WCAS), organisé à l’initiative de la Présidence azerbaïdjanaise et qui se déroulera également sur les deux jours parallèlement à la séquence de haut niveau).

Voir programme du Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat, les 12 et 13 novembre 2024

Voir les modalités de déroulement de ce Sommet

Dans le cadre du Sommet, trois tables rondes sont programmées :

  • table ronde de haut niveau sur l’énergie : faire avancer l’action sur l’atténuation (mardi 12 nov.),
  • table ronde sur la mobilisation du financement pour le climat (mardi 12 nov.),
  • table ronde sur la traduction de l’ambition en action : accroître le financement de l’adaptation pour atteindre l’objectif mondial sur l’adaptation (mercredi 13 nov.).

Voir les notes de cadrage pour chacune des trois tables rondes.

 

Par ailleurs, toujours dans le cadre de la séquence de haut niveau, une série de grands évènements de haut niveau (High-Level Special Events) aura lieu, parmi lesquels :

  • lancement de haut niveau du dialogue de haut niveau sur la coordination et complémentarité pour les modalités de financement des pertes et préjudices,
  • « des engagements à l’action : opérationnalisation intégrale du fonds pertes et préjudices »,
  • Sommet de la COP-29 sur le méthane,
  • Sommet des dirigeants des petits Etats insulaires en développement.

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) vont poursuivre les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le 11 novembre 2024 (lire notre article).

 

Consultations 

Des consultations vont être menées par la Présidence sur plusieurs sujets. Le Citepa reviendra là-dessus dans la mise à jour de cet article « Retour sur la 3e journée ».

 

Comité permanent sur le financement (SCF)

Le 13 novembre 2024, le Comité permanent sur le financement (Standing Committee on Finance ou SCF), organe formel (constituted body) au sein de la CCNUCC, présentera quatre rapports qu’il a réalisés en 2024 et publiés le 18 octobre 2024 :

 

Ces rapports seront lancés lors d’un évènement parallèle (side event) le 13 novembren2024. Ils visent à éclairer, d’une part, les négociations sur les sujets liés au financement à l’ordre du jour de la COP-29 et de la CMA-6, et d’autre part, le dialogue ministériel de haut niveau sur le financement climat en général (prévu le 14 novembre 2024).

 

Retour sur la 3e journée

 

13 nov. 2024 : 1ère partie de la séquence de haut niveau – suite (2e jour)

Au cours de cette séquence, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de 28 Parties à la CCNUCC (sur les 197) ont prononcé leur allocution nationale, selon la liste finale du 13 novembre 2024.

 

Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat

 

Annonces clés

Brésil

Le Brésil, pays hôte de la COP-30 (nov. 2025 à Belém), a présenté sa NDC 3.0 qui fixe un objectif de réduction des émissions de GES de tous les secteurs émetteurs compris entre 59% et 67% d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 2005, en grande partie via l’absorption du CO2 par son puits forestier. Par ailleurs, la NDC 3.0 fixe un objectif de zéro déforestation d’ici 2035. Dans sa première NDC, mise à jour et soumise le 27 octobre 2022, le Brésil avait fixé un objectif de réduction de 48,4% en 2025 (base 2005) et de 53,1% en 2030 (base 2005).

Après l’annonce de la NDC 3.0 renforcée du Royaume-Uni au 2e jour de la COP-29 (lire notre article), cette initiative du Brésil contribue à une nouvelle dynamique politique des pays émetteurs moteurs d’une action climat plus ambitieuse visant à inciter les autres pays grands émetteurs à soumettre leur NDC 3.0 avec des objectifs plus ambitieux.

 

Coalition à haute ambition

A Bakou, le 13 novembre 2024, le 3e jour de la COP-29 a vu la réapparition de la Coalition à haute ambition (High Ambition Coalition ou HAC) : des Chefs d’Etat et de Gouvernement, Ministres ou autres hauts fonctionnaires de 25 Etats (dont la France) ont publié une déclaration conjointe. Les signataires s’engagent collectivement à s’efforcer de maintenir et de renforcer l’ambition en matière de financement climat, d’atténuation et d’adaptation.

 

En savoir plus sur la Coalition à haute ambition

La COP-21 (Paris, décembre 2015) a vu émerger une « grande coalition » de plus de 100 Parties : l’UE et 79 Etats rassemblés au sein du groupe ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique), soit au total 107 pays [ou, avec l’UE en tant qu’organisation régionale à intégration économique, 108 Parties à la CCNUCC sur 197]. A l’initiative des Iles Marshall, ils se sont unis dans le cadre d’une coalition non officielle dite à haute ambition (High Ambition Coalition) pour souligner leur engagement partagé à trouver un accord mondial ambitieux et contraignant. Ils se sont mis d’accord sur les exigences suivantes :

  • l’accord devait être juridiquement contraignant, inclusif [qui implique toutes les Parties], équitable, ambitieux, durable et dynamique,
  • il devait établir un mécanisme de révision dans le cadre duquel les pays se réunissent tous les cinq ans pour évaluer les progrès accomplis vers la réalisation de cet objectif et pour renforcer les efforts collectifs et individuels en conséquence,
  • il devait mettre en place un système de transparence, de comptabilisation et de responsabilisation pour suivre les progrès accomplis vers le respect des engagements nationaux et partager les meilleures pratiques.

Le 9 décembre 2015, les Etats-Unis ont rejoint cette Coalition, suivis d’autres pays (Canada, Australie et Brésil). Depuis l’élection du Président américain climatosceptique, Donald Trump, le 8 novembre 2016, les Etats-Unis ne font plus partie de cette coalition.

La COP-24 a vu la réémergence de la coalition à haute ambition (HAC) : le 12 décembre 2018, une déclaration a été signée par 24 pays.

Les membres de cette Coalition font partie de différents groupes de négociation officiels et leurs points de vue divergent sur plusieurs questions clés mais ils étaient unis dans leur exigence d’un accord à haute ambition.

Lors de la COP-25 (sous Présidence chilienne en 2019 à Madrid), la coalition à haute ambition a de nouveau été active dans les discussions (lire notre article).

 

Les allocutions des dirigeants ne sont pas encore en ligne sur le site de la COP-29. Elles devraient être postées ici dans les jours qui viennent.

 

Comité permanent sur le financement (SCF)

Le 13 novembre 2024, le Comité permanent sur le financement (Standing Committee on Finance ou SCF), organe formel (constituted body) au sein de la CCNUCC, a présenté quatre rapports qu’il a réalisés en 2024 et publiés le 18 octobre 2024 :

 

Ces rapports ont été lancés lors d’un évènement parallèle (side event) le 13 novembre 2024. Ils visent à éclairer, d’une part, les négociations sur les sujets liés au financement à l’ordre du jour de la COP-29 et de la CMA-6, et d’autre part, le dialogue ministériel de haut niveau sur le financement climat en général (prévu le 14 novembre 2024).

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) vont poursuivre les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le 11 novembre 2024 (lire notre article).

 

Consultations

Des consultations ont été menées sur plusieurs sujets, parmi lesquels :

 

Nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025 (NCQG)

Ces consultations informelles dans le cadre de la CMA ont été co-facilitées par Fiona Gilbert (Australie). Ces consultations se sont d’abord appuyées sur le document de neuf pages présentant un cadre concret (substantive framework) d’un projet de texte de négociation élaboré en amont de la CMA-6 (sur la base des progrès réalisés dans les discussions menées en 2024 dans le cadre du programme ad hoc sur le NCQG).

Mardi 12 novembre 2024, les Parties avaient demandé aux co-facilitateurs de compléter ce document en rajoutant des options envisagées préalablement. Un nouveau projet de texte de 34 pages (non encore disponible sur le site de la COP-29) a donc été diffusé aux Parties à 8h30 mercredi 13 novembre 2024. Si les Parties ont accueilli favorablement ce document comme base de discussion, elles ont toutefois demandé aux co-facilitateurs de le rationaliser d’ici jeudi matin, le 14 novembre 2024, en supprimant les doublons et répétitions, tout en conservant toutes les options et idées.

Selon Climate Home News, ce nouveau texte sur le NCQG devrait présenter les mêmes options que les deux précédents en ce qui concerne la structure de l’objectif. La première option est un objectif chiffré (montant), composé de financements publics fournis par les gouvernements et de financements privés mobilisés par l’argent public.

La deuxième option est un objectif chiffré (montant de financement public fourni et mobilisé), plus un objectif d’investissement plus large qui inclut les financements privés, nationaux, philanthropiques ou de taxes mondiales. Cet objectif étant « multicouche », il a été comparé à un oignon (structure « en oignon » du financement climat à partir de 2025, avec en son coeur les financements publics sous forme de subventions/dons ou de prêts à taux préférentiels, puis des couches périphériques composées de financements privés, nationaux, philanthropiques ou de taxes mondiales).

Le dernier texte de 34 pages diffusé mercredi 13 novembre 2024 (voir plus haut) contient plusieurs propositions différentes concernant le montant de l’objectif de financement public : au moins 100 Md$, au moins 1 000 Md$, au moins 1 100 Md$, au moins 1 300 Md$ ou 2 000 Md$. Le groupe de négociation G77+Chine (134 pays) fait conjointement pression pour un montant d’au moins 1 300 Md$.

Le texte de mercredi matin comporte également de nouvelles propositions spécifiques concernant les montants minimaux à verser aux pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires en développement (PIED). Ainsi, il propose des options pour 220 Md$ pour les PMA et 39 Md$ pour les PEID en termes d’équivalents-subventions chaque année.

(Source : Climate Home News, 13 nov. 2024).

Voir aussi communiqué de la Présidence de la COP-29

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) : Modalités du dialogue annuel sur les résultats du GST (SBI-61)

L’enjeu pour la CMA-6 est de définir et d’adopter les modalités (éléments pratiques) du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial pour le rendre opérationnel afin que les négociations techniques sur ce sujet puissent démarrer début 2025. Ce dialogue annuel se déroulera sur quatre ans (2025-2028). Il s’agit de donner des suites concrètes aux résultats finaux actés à Dubaï, issus de la phase politique du Bilan mondial (décision 1/CMA.5, adoptée à Dubaï par la CMA-5) et notamment à la concrétisation de ce dialogue annuel mis en place par cette décision phare de Dubaï (§ 97 et 98), c’est-à-dire de traduire les nombreux engagements pris au titre de cette décision phare en actions et résultats concrets dans l’économie mondiale, et notamment les objectifs du § 28 :

  • § 28(e) : assurer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques,
  • § 28(a) : tripler la capacité mondiale de production des énergies renouvelables et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030,
  • § 28(f) : accélérer une réduction forte des émissions de GES hors CO2, en particulier les émissions de CH4.

Lors des consultations informelles menées dans le cadre du SBI-61, le co-facilitateur Ricardo Marshall (Barbade) a fait état des divergences de points de vue sur la portée et a suggéré que cette session se concentre sur les modalités, en prenant comme base la note informelle produite au terme des sessions SB 60 (juin 2024).

Sur la base des discussions dans le cadre de ces consultations informelles, les deux co-facilitateurs ont rédigé une note informelle (version 13/11/2024 @21h30).

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) : processus de déroulement du GST dans son ensemble (SB-61)

Le 2e enjeu pour Bakou sur le sujet Bilan mondial est de mener des discussions, dans la perspective du 2e Bilan mondial qui aura lieu en 2028, sur l’éventuelle amélioration du processus de déroulement du bilan mondial (procédures et logistique) en vue d’adopter une décision à Bakou.

Sur la base des discussions dans le cadre des consultations informelles, les deux co-facilitateurs ont rédigé une note informelle (version 13/11/2024 @00h30).

 

Article 6.2 : approches coopératives (SB-61)

L’article 6.2 de l’Accord de Paris prévoit des approches coopératives (transferts de réduction directs [crédits carbone] entre pays à titre bilatéral ou multilatéral, connus sous l’acronyme anglais ITMO). La Présidence de la COP-29 s’est engagée à accorder la deuxième priorité de la Conférence de Bakou (après la première, le NCQG) à la finalisation de l’opérationnalisation de l’article 6, une fois pour toutes, neuf ans après l’adoption de l’Accord de Paris (2015) et six ans après l’adoption de la quasi-totalité de ses règles de mise en œuvre (Rulebook, Katowice, CMA-1, 2018). Les règles sur l’article 6.4 (mécanisme d’octroi de crédits d’émission) ont été adoptées lors de la session d’ouverture de la CMA-6, le 11 novembre 2024 (lire notre article).

L’enjeu pour la CMA-6 est donc de régler les questions en suspens en vue de finaliser les règles de mise en œuvre de l’article 6.2, à savoir :

  • intégrité environnementale,
  • protection des droits humains,
  • transparence (et surtout la question des clauses de confidentialité des informations rapportées par les Parties après les échanges d’ITMO, qui empêcheraient la vérification de ces informations).

Pour une vue d’ensemble détaillée du sujet de l’article 6 (contexte, historique des négociations et avancées), consultez notre guide des enjeux de la COP-28 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

Mercredi 13 novembre 2024, des consultations informelles ont été menées, co-facilitées par Peer Stiansen (Norvège) et Maria Al Jishi (Arabie saoudite). Les Parties ont examiné et proposé des possibilités de rationaliser le projet de texte de la SBSTA 60 (projet de conclusions du Président du SBSTA sur l’article 6.2, en date du 13 juin 2024).

Les Parties ont mandaté les co-facilitateurs pour élaborer une nouvelle version du texte sur la base des discussions menées dans ces consultations.

 

Adaptation : objectif mondial en matière d’adaptation (SB-61)

Le premier enjeu pour la CMA-6 sur le sujet adaptation est de faire aboutir les négociations pour définir et adopter les modalités de mise en œuvre du programme de travail biennal Emirats-Belém (2025-2026), dont la mise en place a été décidée à Dubaï lors de la CMA-5 (décision 2/CMA.5,§39). L’objectif de ce programme sera d’identifier et d’élaborer des indicateurs et éléments chiffrés pour mesurer les progrès accomplis dans la réalisation, d’ici 2030, des sept objectifs qualitatifs thématiques fixés par le cadre des Emirats pour la résilience climatique mondiale (décision 2/CMA.5,§6 à 11) : eau ; agriculture et agroalimentaire ; écosystèmes et biodiversité ; santé ; infrastructures et villes ; élimination du pauvreté ; patrimoine culturel.

La CMA-6 doit donc approuver ces modalités (plan, calendrier, participants, etc.) à Bakou pour que les Parties puissent démarrer début 2025 les discussions techniques de fond.

Les consultations informelles des SB sur ce sujet ont été co-animées par Lamin Dibba (Gambie). Ils ont indiqué qu’ils allaient élaborer un projet de texte.

Pour une vue d’ensemble détaillée du sujet de l’adaptation (contexte, historique des négociations et avancées), consultez notre guide des enjeux de la COP-28 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Adaptation : Plans nationaux d’adaptation (SBI-61)

 

En savoir plus sur les Plans nationaux d'adaptation

Contexte

Le processus des Plans nationaux d’adaptation (NAP) a été établi en vertu du cadre de Cancún pour l’adaptation (cf. Accords de Cancún, décision 1/CP.16, adoptés lors de la COP-16 (2010). Il s’agit d’un processus continu, progressif et itératif qui vise à faciliter la planification des mesures d’adaptation par les pays en développement. Ils constituent une forme d’opérationnalisation du volet « adaptation » de plus en plus intégré aux NDC des Parties, qui leur permet de définir les priorités et objectifs nationaux en matière d’adaptation. Le but des PNA est d’identifier les besoins et priorités en matière d’adaptation et de gestion des risques climatiques à moyen et à long terme et d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies et plans pour répondre à ces besoins.

La décision 1/CMA.5, issue de la phase politique du bilan mondial (Global Stocktake ou GST), adoptée le 12 décembre 2023 à Dubaï, appelle les Parties qui ne l’ont pas encore fait à mettre en place leurs plans, politiques et processus nationaux de planification en matière d’adaptation d’ici 2025 et à avoir avancé dans leur mise en œuvre d’ici 2030 (cf. décision 1/CMA.5,§ 59).

Au 12 juillet 2024, 58 des 155 Parties hors annexe I (PED), soit 37%, avaient soumis leur PNA (voir liste des NAP soumis).

L’enjeu de la Conférence de Bakou (CMA-6) est de renforcer le soutien à l’élaboration et à la mise en œuvre des NAP, en mettant l’accent sur l’assistance financière et technique.

 

Lors des consultations informelles au sein du SBI, la co-facilitatrice Meredith Ryder-Rude (États-Unis) a présenté une mise à jour annotée et codée par couleur de la note informelle élaborée lors de la SBI 60 (juin 2024). Les discussions ont fait ressortir des divergences d’opinion entre, d’une part, le groupe de négociation G77+Chine et, d’autre part, l’UE, la Norvège et les Etats-Unis. Les co-facilitateurs ont conclu que les discussions étaient dans l’impasse et ont exhorté les Parties à se consulter de manière informelle.

 

Atténuation : Programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre (MWP) (SBI-61)

 

En savoir plus sur le programme de travail MWP

Contexte

Le principal enjeu pour la CMA-6 sur le sujet atténuation est de renforcer l’ambition des Parties dans le contexte de la remise prochaine des NDC mises à jour ou NDC nouvelles. Les Parties vont reprendre les négociations dans le cadre du programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (Mitigation Ambition and Implementation Work Programme ou MWP). Les négociations avancent très lentement en raison de fortes divergences observées à Dubaï (décembre 2023) et à Bonn (juin 2024), surtout entre pays industrialisés et pays en développement sur le mandat même de ce programme de travail et sur la question de savoir si le projet de décision à adopter à Bakou devrait être de nature strictement procédurale ou s’il devait comporter des objectifs concrets. Les Parties devront surmonter leurs fortes divergences pour faire aboutir les négociations sur une décision à la hauteur des enjeux de l’atténuation. In fine, il s’agira pour la CMA-6 de faire déboucher le programme MWP sur des résultats concrets en matière de réduction collective des émissions qui soient compatibles avec les objectifs de +2°C et de +1,5°C.

Pour une vue d’ensemble détaillée du sujet de l’atténuation et des travaux dans le cadre du MWP (contexte, historique des négociations et avancées), consultez notre guide des enjeux de la COP-28 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

A la suite de consultations informelles menées mardi 12 novembre 2024, les co-facilitateurs ont rédigé une note informelle version qui a diffusée auprès des Parties (version du 14/11/2024 @9h00).

 

 

Négociations dans les groupes de contact

Des négociations ont été menées dans plusieurs groupes de contact sur des sujets clés, parmi lesquels :

 

Article 6.8 : approches non fondées sur le marché (CMA-6)

L’article 6.8 prévoit des approches non fondées sur le marché pour renforcer les liens et créer des synergies entre atténuation, adaptation, financement, transfert de technologies et renforcement des capacités.

Les co-facilitateurs ont indiqué qu’ils allaient élaborer une nouvelle version du projet de texte sur la base des discussions menées dans ce groupe de contact. Cette nouvelle version du projet de texte a été publiée dans la nuit du mercredi à jeudi (version du 14/11/2024 @02h00).

 

Article 2.1(c) 

Sur le sujet financement climat, le 2e enjeu pour la CMA-6 à Bakou (après celui de la fixation d’un nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025) est de réaliser des avancées concrètes dans le cadre des discussions du dialogue de Charm el-Cheikh sur l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris. Cet article fixe l’objectif de rendre les flux financiers compatibles avec une trajectoire d’émissions bas-carbone et résilient aux changements climatiques. Ce dialogue a été mis en place par la décision 1/CMA-4 (Charm el-Cheikh, 2022).

Dans le groupe de contact de la CMA-6, co-présidé par Elena Pereira Colindres (Honduras) et Ben Abraham (Nouvelle-Zélande), les Parties ont cherché à identifier les éléments d’un projet de décision. Les co-Présidents vont élaborer un projet de décision.

 

Programme de travail sur la transition juste (JTWP) (SBI-61)

A Bakou, l’enjeu sur le sujet de la transition juste est de faire avancer les négociations dans le cadre du 2e dialogue du programme de travail sur la transition juste (JTWP) pour définir et adopter les modalités de mise en œuvre du JTWP (plan, calendrier, participants,…). Ces modalités doivent être concrétisées, puis adoptées par la CMA-6 avant que les travaux techniques du JTWP ne puissent démarrer en 2025.

 

En savoir plus sur le programme de travail MWP

Contexte

Lors de la CMA-4 (à Charm el-Cheikh, Egypte, novembre 2022), les Parties avaient décidé de mettre en place un programme de travail sur la transition juste pour examiner les trajectoires visant à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (paragraphe 52 de la décision 1/CMA-4). Le SBI et le SBSTA avaient été chargés par la CMA-4 de soumettre un projet de décision pour examen et adoption lors de la CMA-5. La CMA-4 avait également décidé d’organiser tous les ans, dans le cadre de ce nouveau programme de travail, une table ronde ministérielle de haut niveau sur la transition juste, à compter de la CMA-5.

A Dubaï, s’est tenue le 3 décembre 2023 la première table ronde ministérielle de haut niveau sur la transition juste. La décision 3/CMA.5 a été une des dernières décisions à être adoptée par la CMA-5 faute de consensus entre les Parties. Par ailleurs, 10 versions du projet de décision ont circulé avant que les Parties ne parviennent à un consensus.

De fortes divergences sur le périmètre du programme ont été soulevées : doit-il axer ses discussions sur la transition de la main d’œuvre du secteur des énergies fossiles (position des pays développés) ou doit-il suivre une vision plus multilatérale et moins axée sur l’atténuation (position des pays en développement) ? Les pays en développement ont insisté sur le fait qu’ils ont besoin d’un soutien pour réaliser une transition juste (pas uniquement financier mais aussi technique, etc.). En fait, les négociations au sein de cet axe n’étaient qu’un reflet des positions plus larges à la COP-28.

Finalement, à Dubaï, dans la décision 3/CMA.5, la CMA s’est mise d’accord sur un périmètre du programme de travail, notamment sur la transition juste et équitable qui englobe des trajectoires qui intègrent les dimensions énergétiques, socio-économiques, main d’œuvre,… basées sur les priorités de développement définies au niveau national et qui incluent la protection sociale pour atténuer les impacts liés à la transition. Ce programme intègre aussi la question des potentialités, défis et entraves liés au développement durable et à l’élimination de la pauvreté. Le début de la mise en œuvre du programme de travail est prévu après la CMA-5.

Ce programme de travail sera mis en œuvre sous le pilotage du SBI et du SBSTA. Au moins deux dialogues se tiendront chaque année dans le cadre du programme de travail, l’un en amont des sessions SB en juin (à commencer par les SB-60, juin 2024) et l’autre en amont des sessions SB parallèlement aux COP en fin d’année (à commencer par les SB-61, nov. 2024).

Lors de la CMA-8 (2026), aura lieu un réexamen de l’efficacité du programme de travail et décision sur la poursuite des travaux ou non.

Lors des SB-60 (3-13 juin 2024), le 1er dialogue dans le cadre du programme de travail sur la transition juste a eu lieu le 3 juin 2024 (voir programme). Le 2e dialogue a eu lieu les 2-3 octobre 2024 à Charm el-Cheikh (voir programme).

 

A la suite des discussions menées mardi 12 novembre 2024 dans un groupe de contact, co-facilité par Kishan Kumarsingh (Trinité et Tobago) et Georg Børsting (Norvège), ceux-ci ont rédigé une note informelle (version 13/11/2024 @15h10).

 

Autres temps forts de la 3e journée

 

Les données 2024 du Global Carbon Project

Le 13 novembre 2024, le Global Carbon Project (GCP – voir encadré ci-dessous) a publié la mise à jour 2024 de son analyse annuelle des tendances d’émissions mondiales de CO2 (émissions historiques, projections d’émissions et de concentrations pour 2021). Il s’agit de la 19e édition d’une mise à jour annuelle du budget carbone mondial qui a débuté en 2006. Le Citepa reviendra sur cette publication dans un prochain article.

 

En savoir plus sur le Global Carbon Project

Le Global Carbon Project

Le Global Carbon Project (GCP) fait partie du réseau mondial de scientifiques Future Earth et il est un partenaire du programme mondial de recherche sur le climat (WCRP). C’est un consortium international de 95 instituts de recherche scientifique répartis dans 17 pays qui a été créé en 2001 afin d’aider la communauté scientifique à établir une base de connaissance commune pour servir d’appui aux politiques de réduction d’émissions de GES. Le projet s’est fixé pour objectif d’élaborer une vision complète du cycle global du carbone (flux naturels et anthropiques). Les travaux du GCP sont revus par les pairs à l’instar de ceux du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Parmi les principaux partenaires du GCP figure le climatologue français Philippe Ciais du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE). Le GCP est hébergé depuis mai 2022 par l’université d’Exeter (sud-ouest de l’Angleterre), avec la création d’un bureau dédié, le Global Carbon Budget Office (GCBO).

 

Selon cette mise à jour 2024, les émissions mondiales de CO2 ont atteint un nouveau record de37,4 Gt CO2e en 2024 (hors UTCATF), soit une hausse de 0,8% par rapport au niveau de 2023. Si les émissions/absorptions de CO2 liées au secteur UTCATF sont prises en compte (4,2 Gt CO2e en 2023), les émissions mondiales totales nettes de CO2 s’élèvent à 41,6 Gt CO2e (contre 40,6 Gt CO2e en 2023), soit une hausse de 2,5% par rapport au niveau de 2023.

Les chercheurs du GCP soulignent que malgré la nécessité urgente de réduire fortement les émissions de CO2 pour atténuer le dérèglement climatique, il n’y a toujours aucun signe qu’elles aient atteint leur pic.

Voir communiquéinfographie | messages clésarticle scientifique (Global Carbon Budget 2024) publié le 13 nov. 2024 dans Earth System Science Data.

 

Retrait anticipé de la délégation argentine sur ordre du gouvernement argentin

Dans une démarche inattendue et inédite, le gouvernement du Président de l’Argentine, Javier Milei, a décidé de retirer de façon anticipée la délégation argentine présente à la COP-29 de Bakou et leur a ordonnés de quitter les lieux, selon la journaliste argentine, Tais Gadea Lara, spécialiste des questions climatiques. C’est le sous-Secrétariat du Ministère de l’Environnement argentin qui lui a confirmé cette information, également relayée le 13 novembre 2024 par le quotidien espagnol El País. Selon la liste provisoire de participants à la COP-29, publiée par la CCNUCC le 12 novembre 2024, la délégation des négociateurs d’Argentine compte 21 délégués. Si aucune raison officielle n’a été avancée par le gouvernement argentin, selon certains observateurs (ECIU, Climate Home News), estiment que cette décision est liée au fait que le Président Milei est un climatosceptique.

 

A la suite des propos provocateurs du Président azerbaïdjanais, la Ministre française de la Transition écologique annule son déplacement à la COP-29

La Ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé mercredi 13 novembre 2024 qu’elle ne se rendrait pas à la COP-29 à Bakou après les propos provocateurs du Président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, dans son discours prononcé lors du sommet des dirigeants sur les petits Etats insulaires qui s’est tenu mercredi 13 novembre 2024 dans le cadre de la séquence de haut niveau.

Dans un discours accusateur, le Président Aliyev a déclaré : « On n’aurait pas fait le tour des crimes de la France dans ses soi-disant territoires d’outre-mer si l’on ne mentionnait pas les récentes violations des droits de l’homme…. Le régime du Président Macron a tué 13 personnes et en a blessé 169 […] lors de manifestations légitimes du peuple kanak en Nouvelle-Calédonie », a-t-il ajouté.

La Ministre française a répliqué en annonçant qu’elle annulait sa participation aux négociations de la 2e semaine pour protester contre le discours « déplorable » du Président Aliyev : « Les propos tenus contre la France et l’Europe par le président Aliyev à l’occasion de […] la COP-29 sont inacceptables. Les attaques directes contre notre pays, ses institutions et ses territoires, sont injustifiables. L’Azerbaïdjan instrumentalise la lutte contre le dérèglement climatique pour un agenda personnel indigne. Ces attaques constituent une violation flagrante du code de conduite de la CCNUCC [pour le déroulement des Conférences de l’ONU sur le climat]. Elles ne resteront pas sans réponse. Après échange et en accord avec le Président de la République et le Premier ministre, je ne me rendrai pas à Bakou la semaine prochaine. Les équipes de négociations françaises ne ménageront pas leurs efforts, avec mon appui à distance et en lien avec nos partenaires européens, pour protéger la planète et nos populations » (source : tweet sur X de la Ministre française de la Transition écologique, 13 nov. 2024).

Au-delà de cette polémique diplomatique, à l’échelle des seules négociations au sein de la COP-29, même si l’équipe française de négociation sur place à Bakou (une quarantaine de délégués des Ministères de la Transition écologique, des Affaires étrangères et de l’Economie) reste mobilisée, l’absence de la Ministre, lorsque les négociations entreront dans leur dernière ligne droite les derniers jours de la Conférence, pourrait se faire sentir dans la capacité de la France à peser politiquement. Selon Lola Vallejo, conseillère spéciale Climat au sein de l’Iddri, « Quand un Ministre est là, sa voix est plus écoutée car quand les débats techniques sont dans l’impasse, on a besoin que les Ministres se parlent  pour essayer de [trouver] des compromis de haut niveau. Pour faire bouger les lignes, on a besoin de la présence d’un Ministre. Plus on a de Ministres engagés [autour de la table de négociations] pour faire changer quelque chose, plus on peut avoir des changements par rapport aux positions qui sont déjà exprimées depuis plusieurs mois » (propos rapportés au journal de 19h sur France Inter, le 14 nov. 2024). C’est la première fois que la France ne sera représentée lors d’une COP ni par un Chef de Gouvernement, ni par un(e) Ministre (source : France Inter d’après Iddri). 

Pour l’instant, le MTE n’a pas publié de communiqué officiel sur ce sujet.

Sources :

 

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 3e journée (13 novembre 2024)

Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 3e journée

Consultations de la Présidence

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

 

Journal de la COP-29 | Jour 2 : 12 novembre

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Programme de la 2e journée

Séquence de haut niveau (High Level Segment ou HLS) : Chefs d’Etat et de Gouvernement ; Ministres)

12 – 13 nov. 2024 : 1ère partie de la séquence de haut niveau.

Au cours de cette séquence, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de 77 Parties à la CCNUCC (sur les 197) doivent prononcer leur allocution nationale. Au total, selon la liste finale du 11 novembre 2024, 48 dirigeants passent à la tribune le 12 novembre et 29 le 13 novembre (contre respectivement 51 et 46 selon la liste provisoire précédente en date du 3 novembre 2024).

Même si la COP-29 est une COP charnière, surtout concernant l’enjeu prioritaire de fixer un nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025, les dirigeants mondiaux semblent lui accorder un profil politique plus faible que celui de la COP-27 et de la COP-28, à en juger par le nombre plus faible de Chefs d’Etat et de Gouvernement qui ont répondu présent à la séquence de haut niveau à Bakou (95 donc, contre 137 présents lors de la COP-28 à Dubaï en déc. 2023 et 100 lors de la COP-27 à Charm el-Cheikh en nov. 2022).

A noter l’absence des dirigeants des deux premiers pays émetteurs au monde : le Président Xi Jinping de la Chine et le Président Joe Biden des Etats-Unis, ainsi que l’absence du Président de la République (une première depuis sa non-venue à la COP-25, à Madrid en 2019, en raison des tensions diplomatiques entre la France et l’Azerbaïdjan (conflit avec l’Arménie sur le Haut-Karabakh et droits humains notamment), du Premier Ministre du Canada (Justin Trudeau), de celui de l’Australie (Anthony Albanese), de celui du Japon (Shigeru Ishiba), de celui de l’Inde (Narendra Modi), du Président sud-africain (Cyril Ramaphosa), du Président de l’Indonésie, 6e pays émetteur de GES, source : ClimateWatch/WRI (Prabowo Subianto), de la Présidente de la Commission européenne (Ursula von der Leyen), du chancelier allemand, Olaf Scholz (bien que celui-ci ait prévu de participer à la séquence de haut niveau, la situation politique intérieure lui a fait revenir sur sa décision), du Premier Ministre néerlandais, Dick Schoof (de même, bien qu’ayant initialement confirmé sa présence, suite aux violences à Amsterdam autour du match de football Ajax-Israël, le 7 novembre 2024, il a décidé d’annuler sa venue à Bakou). Enfin, le Président du Brésil, Inacio Lula da Silva a annulé sa venue à Bakou pour des raisons de santé. Il sera remplacé par le vice-Président du Brésil, Geraldo Alckmin.

Sur les 20 membres du groupe de pays G20 (19 pays + l’UE dans son ensemble), seuls les dirigeants de quatre pays (Brésil, Italie, Royaume-Uni et Turquie) et l’UE, soit un quart, participent à la séquence de haut niveau, alors que l’ensemble des pays du G20 représentent 77% des émissions de GES en 2023 (source : PNUE, Emissions Gap Report 2024, 26 oct. 2024, p.V).

Participation des dirigeants des pays G20 lors des 3 dernières COP et participation prévue à la COP-29 (au 18 oct. 2024)

A noter que depuis la publication de cet article, le chancelier allemand a annoncé qu’il annulait sa participation à la COP-29 (voir plus haut). Idem pour le Président du Brésil. Le Premier Ministre du Japon ne figure pas sur la liste provisoire des dirigeants qui participeront.

Source : Climate Home News, 21 oct. 2024, d’après CCNUCC

Ces allocutions sont en général l’occasion pour les dirigeants mondiaux de présenter les politiques climat nationales, de témoigner directement des impacts du dérèglement climatique subis, de s’engager à fournir un soutien financier et de critiquer, voire montrer du doigt des pays n’ayant pas respecté leurs engagements précédents.

L’objet de cette séquence de haut niveau, avec la présence de ces dirigeants mondiaux, est surtout de donner une forte impulsion politique avant le lancement des négociations sur les différents sujets à l’ordre du jour de la COP-29, de la CMA-6, de la CMP-19, du SBI-61 et du SBSTA-61.

A noter enfin que le Ministre des Affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée Justin Tkatchenko, a annoncé le 31 octobre 2024 que son pays ne participera pas à la COP-29, au motif que la conférence de l’ONU sur le climat ne serait qu’une « perte de temps totale…Il ne sert à rien d’y aller si nous nous endormons à cause du décalage horaire, parce que nous ne ferons rien ». Justin Tkatchenko a indiqué qu’il parle également « au nom des petits États insulaires dont la situation est pire que celle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ils n’ont bénéficié d’aucune attention ni d’aucune reconnaissance » (sources : Reporterre, 31 oct. 2024 et Le Monde, 31 oct. 2024).

Voir programme de la séquence de haut niveau les 12 et 13 novembre 2024

Voir allocutions des Chefs d’Etat et de Gouvernement prononcées mardi 12 nov. 2024.

 

12-13 novembre 2024 : Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat (World Leaders’ Climate Action Summit ou WCAS), organisé à l’initiative de la Présidence azerbaïdjanaise et qui se déroulera également sur les deux jours parallèlement à la séquence de haut niveau).

Voir programme du Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat, les 12 et 13 novembre 2024

Voir les modalités de déroulement de ce Sommet

Dans le cadre du Sommet, trois tables rondes sont programmées :

  • table ronde de haut niveau sur l’énergie : faire avancer l’action sur l’atténuation (mardi 12 nov.),
  • table ronde sur la mobilisation du financement pour le climat (mardi 12 nov.),
  • table ronde sur la traduction de l’ambition en action : accroître le financement de l’adaptation pour atteindre l’objectif mondial sur l’adaptation (mercredi 13 nov.).

Voir les notes de cadrage pour chacune des trois tables rondes.

 

Par ailleurs, toujours dans le cadre de la séquence de haut niveau, une série de grands évènements de haut niveau (High-Level Special Events) aura lieu, parmi lesquels :

  • lancement de haut niveau du dialogue de haut niveau sur la coordination et complémentarité pour les modalités de financement des pertes et préjudices,
  • « des engagements à l’action : opérationnalisation intégrale du fonds pertes et préjudices »,
  • Sommet de la COP-29 sur le méthane,
  • Sommet des dirigeants des petits Etats insulaires en développement.

 

A noter que la 2e partie de la séquence de haut niveau se tiendra les 19-20 nov. 2024, avec la présence de Ministres chargés des négociations internationales sur le climat (selon les Etats : Ministres de l’Environnement, du Climat et de l’Energie, des Affaires étrangères, etc.) de 58 Parties, selon la liste provisoire en date du 18 octobre 2024.

 

Retour sur la 2e journée

 

12 – 13 nov. 2024 : 1ère partie de la séquence de haut niveau

Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat  

Au cours de la première journée de cette séquence, le 12 novembre 2024, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de 48 Parties à la CCNUCC (sur les 197) sont passés à la tribune en présentiel pour prononcer leur allocution nationale (selon la liste provisoire mise à jour le 10 novembre 2024). Des messages en vidéo ont également été prononcés par des dirigeants et décideurs de quatre autres Etats : Xuexiang Ding (vice-Premier Ministre de la Chine), Hashim Sumitro Djojohadikusum (envoyé spécial du Président de l’Indonésie), Cho Hong Sik (envoyé spécial du Président de la Corée du Sud) et John Podesta (envoyé spécial du Président des Etats-Unis pour la politique climat internationale).

 

Discours du Président de l’Azerbaïdjan

En ouvrant le bal, dans son discours, le Président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a tenu à préciser que l’Azerbaïdjan n’est pas un « pétro-Etat », comme la presse l’a baptisé puisque le pays représente moins de 1% de la production mondiale de pétrole et de gaz (source : Climate Home News, 12 nov. 2024). Ce qu’il n’a pas précisé, c’est que

  • le pétrole et le gaz sont à l’origine de plus de 98% de son approvisionnement en énergie (source : AIE),
  • en 2021, le secteur pétro-gazier représentait deux tiers (64%) de son PIB, soit plus que les Emirats arabes unis (52%) (source : Climate Home News, 10 déc. 2023 d’après Carbon Tracker, 11 février 2021),
  • en 2021, 90% des recettes d’exportations provenaient du secteur pétro-gazier (source : AIE, juin 2021).

Selon Carbon Tracker (données reprises par Climate Home News, 12 nov. 2024), l’Azerbaïdjan est le 9e pays le plus dépendant des énergies fossiles :

Part des énergies fossiles dans le PIB des 10 premiers pays les plus dépendants du pétrole et du gaz

Source : Climate Home News, 12 nov. 2024 (d’après Carbon Tracker).

En outre, le Président azerbaïdjanais a réaffirmé ce qu’il avait déjà déclaré lors de la 15e réunion du Dialogue de Petersberg sur le climat, à Berlin les 25-26 avril 2024 : que les gisements de pétrole et de gaz dans son pays sont « un cadeau de Dieu » (« a gift from God ») et qu’il faut être réaliste…

Selon le site Politico, les discours d’ouverture des COP contiennent rarement des attaques politiques aussi franches et directes, ni des défenses aussi ouvertes des combustibles fossiles – surtout pas de la part du pays hôte.

 

Discours du Secrétaire général de l’ONU

Ensuite, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a pris la parole. Dans son discours, il a rappelé que pour limiter le réchauffement à +1,5°C, « nous devons réduire les émissions mondiales [de GES] de 9% par an » et que « d’ici 2030, elles doivent être réduites de 43% par rapport aux niveaux de 2019 » (données du 6e rapport d’évaluation du Giec).

Guterres a exhorté les Etats à se focaliser sur trois priorités :

  • Réduction des émissions

Guterres a poursuivi : « D’ici la prochaine COP, vous devez soumettre des NDC couvrant les émissions de tous les secteurs économiques. Vous vous êtes mis d’accord que vos NDC nouvelles s’aligneront sur l’objectif de +1,5°C. Elles doivent mettre en œuvre les objectifs de tripler la capacité de production des énergies renouvelables, de doubler l’efficacité énergétique et de mettre fin à la déforestation d’ici 2030. Elles doivent réduire la production et la consommation de combustibles fossiles de 30% d’ici 2030. Tout ça doit être réalisé conformément au principe de responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives. Chaque pays doit faire sa juste part. Mais les pays du G20 doivent être les moteurs de ces actions. Ce sont les plus grands émetteurs ayant les capacités et les responsabilités les plus importantes ».

  • Adaptation

Ensuite Guterres a évoqué l’adaptation et l’écart entre les besoins et le financement fourni en matière d’adaptation qui pourrait s’élever à 359 milliards par an d’ici 2030, en ajoutant que les NDC nouvelles doivent recenser les besoins en matière de financement de l’adaptation.

  • Financement

« Un accord à Bakou [sur le nouvel objectif collectif chiffré] est un impératif ». Guterres a évoqué les cinq éléments indispensables pour y parvenir :

  • premièrement, une augmentation significative des financements publics concessionnels,
  • deuxièmement, une indication claire de la manière dont ces fonds publics mobiliseront les milliers de milliards de dollars dont les pays en développement ont besoin,
  • troisièmement, la mobilisation de sources innovantes, en particulier des taxes sur le transport maritime, l’aviation et l’extraction de combustibles fossiles, fondées sur le principe du pollueur-payeur,
  • quatrièmement, un cadre pour une plus grande accessibilité, transparence et responsabilité – donnant aux pays en développement l’assurance que l’argent se matérialisera,
  • cinquièmement, le renforcement des capacités de prêt des banques multilatérales de développement, ce qui nécessite une recapitalisation majeure. Et des réformes de leurs modèles d’entreprise afin qu’elles puissent mobiliser beaucoup plus de financements privés.

 

Annonces clés des dirigeants

Parmi les annonces clés des dirigeants, le nouveau Premier Ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé un nouvel objectif national de réduction des émissions de GES pour son pays, 21e émetteur mondial (source : ClimateWatch/WRI) : une réduction de 81% d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 1990, contre l’objectif d‘au moins -68% (base 1990) actuellement en vigueur et inscrit dans la NDC-2 du Royaume-Uni, soumise le 22 septembre 2022. Cet objectif, recommandé le 26 octobre 2024 par la Commission sur le changement climatique (Climate Change Committee ou CCC), sera inscrit dans la NDC 3.0 que soumettra le Royaume-Uni en 2025. Keir Starmer a exhorté les autres dirigeants d’emboîter le pas, en soumettant des objectifs de réduction nationaux plus ambitieux avant l’échéance officielle du 10 février 2025 et ce, pour créer une dynamique forte en amont de la COP-30 (Belém, Brésil, nov. 2025).

 

Voir liste finale des dirigeants en date du 11 novembre 2024.

Les allocutions des dirigeants ne sont pas encore en ligne sur la page du site de la COP-29 consacrée à la séquence de haut niveau.

 

Tables rondes  

Le 12 novembre 2024, ont eu lieu deux des trois tables rondes prévues dans le cadre de la séquence de haut niveau :

  • table ronde de haut niveau sur l’énergie : faire avancer l’action sur l’atténuation (voir note de cadrage),
  • table ronde sur la mobilisation du financement pour le climat (voir note de cadrage).

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) ont poursuivi les négociations de fond formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le 11 novembre 2024 (lire notre article).

Nouvel objectif collectif chiffré pour le financement à partir de 2025 (New collective quantified goal on finance ou NCQG)

Le co-Président du programme de travail ad hoc sur le NCQG, Zaheer Fakir (Emirats arabes unis) a démarré les travaux du groupe de contact établi sur ce sujet par la Présidence de la COP-29 2024 (lire notre article), déclarant que l’objectif était de produire, au cours de la première semaine, un texte qui résolve les problèmes techniques et synthétise les options pour examen et adoption par les Ministres. Le Groupe des 77+Chine (134 pays) a rejeté le cadre concret d’un projet de texte de négociation (que les co-Présidents du Programme de travail ad hoc sur le NCQG avaient élaboré et publié le 15 octobre 2024, FCCC/PA/CMA/2024/9/Add.1voir encadré ci-dessous), en soulignant qu’ils ne pouvaient pas l’accepter comme base de négociation.

 

En savoir plus sur le Cadre concret d’un projet de texte de négociation

Le 15 octobre 2024, les deux co-Présidents du programme de travail ad hoc sur le NCQG ont publié un rapport de synthèse des discussions techniques menées en 2024, pour examen et adoption par la CMA-6. Ce rapport comporte une annexe (addendum) présentant un cadre concret (substantive framework) d’un projet de texte de négociation synthétisant les progrès réalisés dans les discussions en 2024, pour examen par la CMA-6. Ce cadre concret présente :

  • plusieurs options pour le montant global : au moins 1 000 / 1 100 / 1 200 / 1 300 Md$ par an en subventions/dons,
  • plusieurs options pour l’année cible : 2025-2029 / 2025-2030 / 2025-2035 / 2026-2035 / d’ici 2030,
  • une proposition d’objectif pour les pays industrialisés : au moins 441 Md$/an en subventions/dons. Ce chiffre très précis vient de la contribution du groupe des pays arabes soumise à la CCNUCC le 6 août 2024 dans le cadre des négociations sur ce sujet. Selon leur proposition, les pays développés doivent mobiliser 1 100 Md$/an aux pays en développement sur la période 2025-2029, en fournissant un minimum de 441 Md$/an.

Tous ces chiffres et toutes ces propositions sont entre crochets dans le texte, ce qui indique des éléments non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte.

 

Force est de constater que les négociations de la 2e journée sur ce sujet qui constitue l’enjeu prioritaire de Bakou ont été caractérisées par les prises de position des groupes de Parties déjà bien établies, connues et répétées à plusieurs reprises en amont de la CMA-6 :

  • les pays industrialisés ne sont pas prêts à mettre des propositions de montant sur la table de négociation,
  • les pays en développement (les grands pays émergents en tête) ne sont pas prêts à faire évoluer leur position en ce qui concerne la nature et le périmètre des pays contributeurs tant que les pays industrialisés n’auront pas proposé de montant.

 

Alors que jusque-là, plusieurs pays en développement et groupes de négociations ont soumis différentes propositions, selon Climate Home News, l’ensemble des pays en développement parle désormais d’une seule et unique voix.

En ce qui concerne le montant (quantum en anglais) du NCQG, le G77+Chine propose 1 300 Md$/an, avec des sous-objectifs pour l’atténuation, l’adaptation et les pertes et préjudices.

Les pays développés veulent ainsi un seul objectif visant, d’une part, le financement climat à fournir par les pays industrialisés et, d’autre part les capitaux du secteur privé que peuvent mobiliser ceux-ci. Ils rejettent l’idée d’un 2e objectif pour des investissements climat plus larges, ce que préfèrent les pays industrialisés pour alléger la pression qu’ils subissent.

Par ailleurs, le G77 s’oppose fermement à l’élargissement de la base des contributeurs à des pays émergents (Arabie saoudite, Chine,…). Les pays en développement sont formels : ils ne négocieront même pas sur un texte prévoyant l’élargissement de cette base comme option.

Les pays développés, quant à eux, indiquent qu’ils ne veulent pas s’engager à fournir plus de 100 Md$/an si la base des contributeurs n’est pas élargie, et qu’ils veulent inclure un objectif d’investissement plus large.

Les co-Présidents du programme de travail ont indiqué qu’ils comptaient rédiger un nouveau projet de texte pour examen mercredi 13 novembre 2024.

(Source : Climate Home News, 12 nov. 2024).

 

Les autres sujets ayant fait l’objet de négociations au sein de groupes de contact au cours de la 2e journée

  • programme de travail au titre du cadre pour les approches non fondées sur le marché (article 6.8)

 

Consultations informelles 

Des consultations informelles ont été menées sur plusieurs sujets : 

  • dialogue sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial (Global Stocktake ou GST),
  • éléments de procédure et de logistique du processus du bilan mondial dans son ensemble,
  • programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (Mitigation Ambition and Implementation Work Programme ou MWP),
  • recommandations sur les approches coopératives au titre de l’article 6.2,
  • règles, modalités et procédures s’appliquant au mécanisme au titre de l’article 6.4 : autorisation des unités de réduction A6.4ER, registre du mécanisme et son articulation avec des registres internationaux, etc.,
  • questions relatives à l’objectif mondial en matière d’adaptation,
  • questions relatives au Comité chargé de faciliter la mise en œuvre et de promouvoir le respect de l’Accord de Paris (Paris Agreement Implementation and Compliance Committee ou PAICC). Lors des consultations informelles de la CMA, les Parties ont soutenu la recommandation du PAICC de reporter l’examen de ses modalités et procédures à 2027, en raison de l’expérience limitée du Comité, à ce jour, dans leur mise en œuvre. 

 

 

Autres points forts de la 2e journée

 

Fonds pertes et préjudices : annonces de contributions

Le 12 novembre 2024, lors de la séquence de haut niveau, la Suède s’est engagée à fournir 200 M SEK (18,4 M$) au fonds pour les pertes et préjudices. Alors qu’en 2023, des contributions totalisant 674,5 M$ ont été annoncées, elles ne s’élèvent pour l’instant qu’à 46,6 Md$ en 2024 (10 M€ [10,8 M$] d’Autriche, annoncés le 22 février 2024), 1 M€ [1,1 M$] de la Belgique, 8 M€ [8,9 M$] du Luxembourg, 7 M$ de la Corée du Sud, annoncés le 12 novembre 2024 (source : NRDC, outil de suivi, état au 11 nov. 2024).

 

Financement climat par les banques multilatérales de développement : déclaration à Bakou

Le 12 novembre 2024, les banques multilatérales de développement (BMD ou MDB en anglais) ont publié une déclaration commune précisant le financement climat qu’ils projettent de fournir d’ici 2030 en guise de soutien aux pays en développement pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Dans leur communiqué conjoint, les BMD estiment que d’ici 2030, leur financement collectif annuel pour les pays à revenu faible et intermédiaire atteindra 120 Md$/an, dont 42 Md$/an pour l’adaptation, et que les BMD visent à mobiliser 65 Md$/an auprès du secteur privé.

Pour les pays à revenu élevé, ce financement collectif annuel devrait atteindre 50 Md$/an, dont 7 Md$/an pour l’adaptation.

Selon ce communiqué, les BMD ont dépassé leurs projections de financement climat pour 2025 établies en 2019, avec une augmentation de 25% du financement climat direct et une mobilisation pour les efforts climatiques qui a doublé au cours de l’année écoulée.

Voir communiqué conjoint des MDB, rapport des MDB et communiqué de la Banque mondiale.

 

La Conférence de Bakou : en passe de devenir la 2e COP avec le plus grand nombre de participants

Le 12 novembre 2024, le site d’information britannique spécialisé sur le climat, Carbon Brief, a publié une analyse de la taille des différentes délégations à la COP-29 qui se base sur la liste provisoire des participants établie par la CCNUCC et publiée le 11 novembre 2024 (document PDF présentant le total + fichier excel présentant le détail en présentiel et celui présentant le détail en virtuel).

Dans un souci de transparence, pour la 2e fois dans l’histoire des COP (après l’année dernière), chaque participant est désormais nommément cité. Les années précédentes, les listes comportaient une ligne « overflow » par laquelle les Parties et observateurs pouvaient désigner des participants en nombre sans citer nommément ces personnes sur leurs listes officielles.

Pour rappel, selon la liste provisoire des participants de la CCNUCC, au total 66 778 participants se sont inscrits à la COP-29, dont 33 158 délégués nationaux, 13 386 représentants d’organisations ayant le statut d’observateurs (y compris 9 881 représentants d’ONG, 294 « invités du pays hôte » [Azerbaïdjan]), ainsi que 3 575 journalistes. Par ailleurs, un total de 3 975 personnes se sont inscrites pour participer à distance (via visio-conférence), dont 157 délégués nationaux et 3 818 représentants d’organisations ayant le statut d’observateurs.

Sur la base de ce total provisoire de 66 778 participants à Bakou, la COP-29 serait la 2e COP ayant accueilli le plus grand nombre de participants après le record de la COP-28 à Dubaï (83 884 en présentiel et 2 089 en virtuel, source : CCNUCC, 22 déc. 2023). Viennent ensuite en 3e place la COP-27 (Charm el-Cheikh, nov. 2022, 49 703 participants), puis en 4e place la COP-26 à Glasgow (38 457 participants), en 5e place la COP-21 avec 30 372 participants (Paris, 2015) et en 6e place la COP-15 avec 27 301 participants (Copenhague, 2009) (sources : CCNUCC ; Carbon Brief, 1er déc. 2023). A titre de comparaison, la toute première COP, la COP-1 (Berlin, 1995) a réuni 3 969 participants.

La délégation la plus importante à la COP-29 est sans surprise celle de l’Azerbaïdjan (2 229 délégués), suivie du Brésil (pays hôte de la COP-30 en novembre 2025, 1 914), de la Turquie (qui a informellement exprimé son souhait d’être le pays hôte de la COP-31 en 2026, 1 862), des Émirats arabes unis (1 011) et de la Chine (969).

Nombre de participants par COP (de la COP-1 à la COP-29)

Remarques : nombre total par COP (délégations officielles, observateurs et médias), tel que publié par la CCNUCC. Données COP-1-COP-28 : chiffres définitifs, données pour la COP-29 (barre rouge) : chiffres provisoires.

Source : Carbon Brief, 12 novembre 2024.

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 2e journée (12 novembre 2024)

Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 2e journée

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou

Message du Secrétaire exécutif, Simon Stiell, aux Parties et aux observateurs : les enjeux de la COP-29 (daté du 6 nov . 2024)

Page du site de la COP-29 consacrée aux consultations présidentielles

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

 

Journal de la COP-29 | Jour 1 : 11 novembre

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

La Présidence émiratie de la COP-28 prend fin à l’ouverture de la COP-29. L’Azerbaïdjan détiendra la Présidence jusqu’à l’ouverture de la COP-30 (prévue au 10 novembre 2025).

 

Programme de la première journée

11 novembre 2024 : ouverture de la Conférence

Plénières d’ouverture des organes de prise de décision :

 

Plénières d’ouverture des 61èmes sessions des deux organes subsidiaires (dits SB) de la Convention Climat :

Voir note de cadrage informelle pour les sessions SB-61 rédigée par les co-Présidents du SBSTA et du SBI (publiée le 25 octobre 2024). Cette note propose la démarche et la méthode pour les travaux techniques à réaliser lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme).

 

Retour sur la première journée

 

La première journée est toujours en très grande partie à caractère cérémonial et procédural. Ainsi, après la cérémonie d’ouverture, ont suivi les discours d’ouverture entre autres par les Présidents de la COP-28, Sultan Ahmed Al Jaber d’Egypte, et de la COP-29, Mukhtar Babayev, et le Secrétaire exécutif de la CCNUCC, Simon Stiell (lire son discours).

Les trois organes de prise de décision (COP, CMA et CMP), et les deux organes subsidiaires (SBSTA et SBI) ont ensuite tenu leurs réunions plénières d’ouverture respectives. La toute première tâche de ces cinq organes consistait à adopter chacun leur programme de travail respectif et ce, par consensus (comme toutes les décisions adoptées au sein de la CCNUCC). 

Au terme des plénières d’ouverture de ces cinq organes précités, s’est tenue une réunion plénière conjointe COP-CMP-CMA-SBSTA-SBI.

Voir les discours prononcés lors des plénières d’ouverture.

 

Adoption des programmes de travail des cinq organes en session

La séance plénière d’ouverture de la COP-29 a dû être suspendue à peine une heure après son début pour permettre de mener des consultations supplémentaires auprès des Parties sur les programmes de travail des cinq organes (Agendas ou ordres du jour respectifs de la COP-29, de la CMA-6, de la CMP-16, du SBSTA-61 et du SBI-61).

Le Président Babayev a présenté un compte rendu des consultations menées avec les Parties avant l’ouverture de la COP-29 qui se sont poursuivies jusqu’à 3 heures du matin, lundi, journée d’ouverture et plus de sept heures après la cérémonie d’ouverture. Il a proposé d’adopter les ordres du jour provisoires supplémentaires sans intégrer les sujets supplémentaires proposés pour ajout par les Parties et en contrepartie elle mènerait des consultations sur ces sujets supplémentaires.

 

Consultations de la Présidence

La Présidence de la COP-29 a indiqué qu’elle convoquerait des consultations sur :

  • les montagnes, avec un événement de haut niveau organisé par la présidence à la COP 29,
  • les besoins et circonstances particuliers de l’Afrique,
  • le septième examen du mécanisme financier, et
  • les mesures unilatérales restrictives pour le commerce liées au climat, en coordination avec les présidents des organes subsidiaires (SB) Ce sujet avait été proposé par le groupe de négociation BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine), mené par la Chine, et vise tout particulièrement le mécanisme d’ajustement de carbone aux frontières (CBAM), mis en place par l’UE. L’UE s’est bien évidemment opposée à l’inclusion de ce sujet dans le programme de la COP-29. Le groupe BASIC a accepté la non-inclusion de ce sujet suite à la proposition de compromis de la Présidence : que ce sujet fasse l’objet de consultations de la Présidence.

 

Le point de blocage majeur qui a retardé l’adoption des programmes de travail

Le principal point de blocage qui a empêché une adoption rapide des cinq programmes de travail respectifs était la question de savoir quelle suite à donner aux résultats de la phase politique du premier Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) qui s’est déroulée lors de la CMA-5 à Dubaï et qui a abouti à la décision chapeau 1/CMA.5 (lire notre article).

Au titre de cette décision phare de la CMA-5, la CMA a décidé d’établir un dialogue sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial et ce, à partir de la CMA-6 (nov. 2024) sur quatre ans, les travaux devant s’achever en 2028, lors de la CMA-10 [§ 97 et 98]. Les résultats du bilan mondial sont nombreux et de grande portée, notamment les objectifs fixés par le paragraphe 28 de la décision, au premier rang desquels :

  • [§ 28a] tripler la capacité mondiale de production des énergies renouvelables et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030,
  • [§ 28b] accélérer les efforts en vue de la réduction progressive de l’électricité produite à partir du charbon sans captage/stockage du CO2,
  • [§ 28d] assurer une transition pour s’éloigner [transitioning away from] des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable,
  • [§ 28e] accélérer les technologies à zéro émission nette ou à faibles émissions, y compris les énergies renouvelables, le nucléaire, les technologies de réduction et d’élimination, comme le captage et le stockage du CO2, en particulier dans les secteurs où il est difficile de réduire les émissions, et la production d’hydrogène à faible teneur en carbone, et
  • [§ 28f] accélérer une réduction forte des émissions de GES hors CO2, en particulier les émissions de méthane, d’ici 2030.

La mise en place de ce dialogue [§ 97 et 98] a été placée dans la partie I de la section C de la décision 1/CMA.5 consacrée aux moyens de mise en œuvre et soutien financement. Cette partie I est consacrée au financement. Ce choix d’emplacement a engendré un débat sur la portée du nouveau dialogue. S’agit-il de la mise à disposition de financements pour mettre en œuvre le bilan mondial ? Ou s’agit-il de suivre la mise en œuvre de la décision 1/CMA sur le bilan mondial de manière plus générale et plus large?

L’enjeu pour la COP-29 est de mettre en œuvre ces objectifs du paragraphe 28 de la décision 1/CMA.5 fixés à Dubaï alors qu’il n’y a pas d’espace formel dans le processus des négociations où les Parties peuvent discuter de ses objectifs et notamment de la transition énergétique (et surtout la transition vers la sortie des combustibles fossiles) et donc de faire avancer les négociations sur ce sujet.

Hier, le 11 novembre 2024, lors de la première journée de la COP-29 à Bakou, les Parties ont été incapables de se mettre d’accord sur « l’origine » de ces deux paragraphes [§ 97 et 98] et, par conséquent, ne sont pas parvenues à s’entendre sur la démarche à suivre. La Présidence a fait la navette entre les réunions bilatérales avec les coalitions de négociation et les Parties tout au long de la journée, en proposant de placer le sujet du dialogue sous la rubrique Financement (section 11 du programme de la CMA-6), avec une note de bas de page indiquant que ce placement ne porte pas préjudice à la portée du dialogue.

Cette situation de blocage le premier jour de la Conférence n’est pas sans rappeler les problèmes rencontrés lors des sessions SB-58 à Bonn (5-15 juin 2023), où les Parties ont mis neuf jours (sur les 10 jours de ces sessions) à adopter leurs programmes de travail respectifs (lire notre article). En revanche, lors de la COP-28/CMA-5, l’adoption des programmes de travail des cinq organes n’a été qu’une formalité (lire notre article).

Le soir du 11 novembre 2024, les Parties ont enfin fini par trouver un accord : le sujet du dialogue sur les résultats du bilan mondial a été inséré au paragraphe (j) de la section 11 (questions relatives au financement) du programme de la CMA-6, avec une note de bas de page : « l’insertion de ce sous-sujet (sub-item) dans le programme de la CMA-6 ne préjuge pas des résultats sur les modalités du dialogue faisant l’objet de discussions au sein du SBI ». Par ailleurs, il a été acté que la plupart des sujets supplémentaires proposés pour ajout par les Parties seront abordés lors des consultations de la Présidence.

A noter toutefois que plusieurs groupes de négociation (UE, l’Alliance des petits Etats insulaires [AOSIS], le groupe Ombrelle, le Groupe d’intégrité environnementale [GIE], les pays les moins avancés [PMA], et l’Alliance indépendante de l’Amérique latine et des Caraïbes (AILAC) ont accepté la proposition, tout en exprimant leurs réserves quant aux tentatives de limiter l’objectif du dialogue sur la mise en œuvre du bilan mondial au sujet financement. Le but de l’inclusion de la note de bas de page à l’initiative du Président de la COP-29 était de tenter d’apaiser ces réserves. Cette inclusion laisse la porte ouverte pour mener des discussions dans le cadre de ce dialogue sur le sujet brûlant de la transition vers la sortie des combustibles fossiles.

La plupart des Parties ont souligné qu’il faut donner suite à tous les mandats de la décision 1/CMA.5 et ont affirmé qu’ils comprennent qu’un espace de discussion adéquat sera prévu pendant la CMA 6 pour ces discussions.

Pour leur part, les pays en développement partageant la même vision (LMDC), le Groupe africain et le Groupe arabe ont souligné que le seul objectif du dialogue est le financement. Le groupe LMDC a souligné que le dialogue doit se concentrer sur le soutien financier des pays développés aux pays en développement et sur le suivi de la mise en œuvre du nouvel objectif collectif chiffré sur le financement à partir de 2025 (NCQG).

Pour une explication des différents groupes de négociation, se reporter à l’annexe 3 de notre dossier de fond sur la COP-27 (p.65).

 

Adoption finale des programmes de travail

Après s’être mises d’accord sur la question de la suite à donner au dialogue sur les résultats du Bilan mondial et sa place dans les négociations, la COP, la CMA, la CMP, le SBSTA et le SBI ont ensuite adopté, leurs programmes respectifs :

 

Adoption de la décision sur l’article 6.4

A Bakou, le premier jour de la Conférence, le Président de la COP-29 a présenté sa proposition de projet de décision établissant les lignes directrices (guidelines) concernant le mécanisme créé par l’article 6.4 de l’Accord de Paris, mécanisme de développement durable qui viendra prendre le relais du mécanisme pour le développement propre (MDP), établi par l’article 12 du Protocole de Kyoto. Cet article permettra la mise en place d’un marché carbone international centralisé.

Ce projet de décision renvoie directement aux normes adoptées par l’organe de supervision de l’article 6.4 (Art. 6.4 Supervisory Body) lors de sa 14e réunion (du 5 au 9 octobre 2024 à Bakou). Cet organe technique a été créé par la décision 3/CMA.3 relative aux règles, modalités et procédures applicables au mécanisme établi en vertu de l’article 6.4 de l’Accord de Paris (décision adoptée lors de la CMA-3 à Glasgow, 2021). Cet organe de supervision est désormais connu sous le nouvel acronyme SBM. Voir rapport de la réunion (réf. réunion SBM014).

En savoir plus sur les avancées réalisées par l’organe de supervision de l’article 6.4 en 2024

Contexte : 

Contre toute attente, cette 14e réunion du SBM a débouché sur une grande avancée vers la mise en place d’un marché carbone mondial. Le SBM a examiné les 2 projets de version révisée des recommandations, l’un pour les absorptions de CO2 et l’autre sur les méthodologies. Plutôt que d’attendre l’approbation par les diplomates lors de la CMA-6 (à Bakou, nov. 2024) dans le cadre du processus formel en vertu de l’Accord de Paris, le SBM a directement adopté, lui-même, ces deux projets de version révisée des exigences sous forme de deux normes SBM :

Ces deux normes sont entrées en vigueur le 9 octobre 2024. Le SBM a demandé à la CMA-6 à Bakou d’avaliser cette démarche, de fournir toute recommandation complémentaire et d’acter le fait que le SBM mette en œuvre ces normes.

Il s’agit d’une démarche inédite pour le SBM qui ne souhaitait pas prendre le risque de voir ses recommandations rejetées à Bakou, pour la 3e année consécutive, ce qui aurait constitué une entrave majeure à l’opérationnalisation concrète du mécanisme de l’article 6.4, désormais baptisé mécanisme d’octroi de crédits d’émission au titre de l’Accord de Paris (Paris Agreement Crediting Mechanism, PACM).

Les 12 membres du SBM ont donc pris les devants, en décidant de passer outre, sans passer par la CMA, évitant ainsi des négociations lourdes et complexes, et sans attendre le feu vert de la CMA – stratégie un peu risqué « à prendre ou à laisser ». Le but de cette démarche était évidemment d’accélérer le processus qui a traîné trop longtemps, de permettre ainsi une opérationnalisation rapide du mécanisme de l’article 6.4, de permettre au SBM de réexaminer, de mettre à jour et d’améliorer ces normes en fonction du développement du marché, et donc de permettre au PACM de rester dynamique et évolutif.

Les porteurs de projets vont pouvoir s’appuyer sur ces normes pour définir et soumettre des méthodologies pour étayer leurs projets en vue de les faire enregistrer dans le cadre du mécanisme PACM

 

A l’instar de la démarche suivie à Dubaï le 30 novembre 2023 par le Président de la COP-28 Sultan Al Jaber (qui a fait adopter les modalités de fonctionnement du fonds pour les pertes et préjudices via une décision de la COP-28 et une décision de la CMA-5, dès le début de la COP-28 – lire notre article), le projet de décision sur l’article 6.4 a été adopté par la CMA-6 lors de la plénière d’ouverture sans remise en cause, sans blocage, sans réouverture à la négociation : réf. FCCC/PA/2024/L.1. Ainsi, neuf ans après l’adoption de l’Accord de Paris et six ans après l’adoption de la quasi-totalité de ses règles de mise en œuvre, les règles de mise en œuvre de l’article 6.4 ont été finalisées une fois pour toutes. Le Président de la COP-29 avait souligné dans une lettre transmise aux Parties le 24 juillet 2024 (lire notre article) que la 2e priorité de cette Conférence était l’opérationnalisation intégrale de l’article 6 (après celle de la fixation d’un nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025).

A noter que si la CMA-6 approuve les deux normes adoptées par l’organe de supervision de l’article 6.4, elle rappelle celui-ci à l’ordre en lui imposant l’obligation de rendre compte à la CMA des progrès réalisés dans l’application de ces normes dans le rapport qu’il doit soumettre chaque année (cf. décision 3/CMA.3, annexe, §24d). La CMA-6 rappelle également à l’organe de supervision que c’est la CMA qui est tenue de lui donner des orientations en cas de besoin et que l’organe de supervision supervise le mécanisme de l’article 6.4 sous l’autorité de la CMA et conformément aux orientations que celle-ci pourra lui donner et qu’il est pleinement responsable devant la CMA.

Après l’adoption de la décision, le négociateur de Tuvalu a déclaré ne pas être à l’aise avec cette tendance d’adopter des décisions lors de la plénière d’ouverture sans consultation préalable par les organes de prise de décision (en l’occurrence la CMA).

Reste désormais à finaliser les règles de mise en œuvre de l’article 6.2 (transferts de réduction directs [crédits carbone] entre pays à titre bilatéral ou multilatéral, ITMO).

 

Organisation du travail dans le cadre de la COP-29

Il a été décidé que des groupes de contact (c’est-à-dire des groupes de travail restreints) se réuniront notamment sur :

  • le financement à long terme ;
  • le Comité permanent du financement (CPF) ;
  • le rapport et les recommandations du Fonds vert pour le climat (FVC) ;
  • le rapport et les recommandations du Fonds pour les pertes et préjudices ;
  • les dispositions et modalités entre la COP, la CMA et le Conseil d’administration du fonds pour les pertes et préjudices ; et
  • l’examen périodique de l’objectif mondial à long terme au titre de la Convention et des progrès collectifs accomplis pour y parvenir (Pour plus d’informations sur ce sujet, lire notre article).

 

Les consultations de la Présidence se tiendront sur :

  • les dates et lieux des futures sessions (et notamment ceux de la COP-31 en 2026) ;
  • l’autorité et les recommandations de la COP sur le mécanisme international de Varsovie (WIM) dans le cadre du volet pertes et préjudices ;
  • le 7e examen du mécanisme financier ; et
  • la prise de décision dans le cadre du processus de la CCNUCC.

 

Organisation du travail dans le cadre de la CMA-6

Il a été décidé que des groupes de contact se réuniront notamment sur :

  • le programme de travail au titre du cadre pour les approches non fondées sur le marché (article 6.8 de l’Accord de Paris) ;
  • le nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025 (NOQC) ;
  • les questions relatives au Comité permanent sur le financement ;
  • le rapport et les recommandations du fonds vert pour le climat ;
  • le rapport et les recommandations du Fonds pour les pertes et préjudices ;
  • les dispositions et modalités entre la COP, la CMA et le Conseil d’administration du fonds pour les pertes et préjudices ;
  • les questions relatives au Fonds d’adaptation ;
  • le dialogue sur la portée de l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris et sa complémentarité avec l’article 9 ;
  • le rapport sur l’objectif de doublement du financement pour l’adaptation d’ici 2025 (par rapport à 2019).

 

Des consultations informelles se tiendront sur :

  • le rapport sur le dialogue annuel sur les résultats du bilan mondial ;
  • des orientations supplémentaires sur les éléments des NDC ; et
  • les questions relatives au comité pour faciliter la mise en œuvre et promouvoir le respect des dispositions de l’Accord de Paris (PAICC).

 

Organisation du travail dans le cadre du SBSTA-61 et du SBI-61

Des consultations informelles conjointes se tiendront notamment sur :

  • les éléments procéduraux et logistiques du processus global du bilan mondial ;
  • les questions relatives à l’objectif mondial d’adaptation ;
  • le rapport du Comité d’adaptation ;
  • l’examen des progrès, de l’efficacité et de la performance du Comité d’adaptation ;
  • l’examen de 2024 du mécanisme international de Varsovie ;
  • le programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation.

 

 

Début des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) ont démarré les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le même jour, le 11 novembre 2024.

 

 

Nombre de participants inscrits

 

Le Secrétariat de la CCNUCC a publié le 11 novembre 2024 la liste provisoire des participants à la Conférence de Bakou sur le climat : au total 66 778 participants, dont 33 158 délégués nationaux, 13 386 représentants d’organisations ayant le statut d’observateurs (y compris 9 881 représentants d’ONG, 294 « invités du pays hôte » [Azerbaïdjan]), ainsi que 3 575 journalistes. Par ailleurs, un total de 3 975 personnes se sont inscrites pour participer à distance (via visio-conférence), dont 157 délégués nationaux et 3 818 représentants d’organisations ayant le statut d’observateurs.

Sur la base de ce total provisoire de 66 778 participants à Bakou, la COP-29 serait la 2e COP ayant accueilli le plus grand nombre de participants après le record de la COP-28 à Dubaï (83 884 en présentiel et 2 089 en virtuel, source : CCNUCC, 22 déc. 2023). Viennent ensuite en 3e place la COP-27 (Charm el-Cheikh, nov. 2022, 49 703 participants), puis en 4e place la COP-26 à Glasgow (38 457 participants), en 5e place la COP-21 avec 30 372 participants (Paris, 2015) et en 6e place la COP-15 avec 27 301 participants (Copenhague, 2009) (sources : CCNUCC ; Carbon Brief, 1er déc. 2023). A titre de comparaison, la toute première COP, la COP-1 (Berlin, 1995) a réuni 3 969 participants.

La CCNUCC publiera le nombre définitif de participants à la COP-29 après clôture de la Conférence.

 

Autres points forts de la première journée

 

Vient de paraître : Etat du climat 2023 (OMM)

Ce 11 novembre 2024, l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) a publié son bilan provisoire sur l’état du climat mondial en 2024. Les conclusions sont formelles : 2024 devrait être l’année la plus chaude jamais observée après une longue série de températures moyennes mensuelles exceptionnellement élevées à l’échelle du globe. Le rapport met en exergue cinq messages clés :

  • la température moyenne mondiale de janvier à septembre 2024 dépasse de +1,54°C les valeurs de la période de référence préindustrielle (1850-1900),
  • le réchauffement à long terme mesuré sur plusieurs décennies reste inférieur à +1,5°C,
  • les 10 dernières années sont les plus chaudes jamais enregistrées et le contenu thermique des océans augmente,
  • l’étendue de la banquise antarctique atteint son deuxième plus bas niveau jamais enregistré et la disparition des glaciers s’accélère,
  • Les phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes génèrent des pertes économiques et humaines considérables.

« Alors que le réchauffement mensuel et annuel dépasse temporairement l’objectif de +1,5 °C, il est important de souligner que cela ne signifie PAS que nous n’avons pas réussi à atteindre l’objectif de l’Accord de Paris, à savoir maintenir l’augmentation de la température moyenne à long terme à la surface du globe nettement en dessous de +2°C par rapport aux niveaux préindustriels et continuer d’œuvrer à la limiter à +1,5°C », a déclaré la Secrétaire générale de l’OMM, Mme Celeste Saulo.

« Les anomalies de température mondiale enregistrées à l’échelle journalière, mensuelle et annuelle sont sujettes à d’importantes variations, en partie à cause de phénomènes naturels tels que El Niño et La Niña. Elles ne doivent pas être mises sur le même pied que l’objectif de température à long terme fixé dans l’Accord de Paris, lequel fait référence à des niveaux de température moyenne mondiale maintenus sur plusieurs décennies », a-t-elle précisé.

« Cependant, il est essentiel de reconnaître que chaque fraction de degré de réchauffement compte. Que ce soit à un niveau inférieur ou supérieur à +1,5°C de réchauffement, chaque augmentation supplémentaire accentue les extrêmes climatiques, les impacts et les risques », a-t-elle fait remarquer.

L’écart de température en °C par rapport à la période de référence 1850-1900

Source : OMM, 11 nov. 2024.

 

Le rapport provisoire de l’OMM sur l’état du climat mondial vise à appuyer les négociations de la COP 29 à Bakou. La version définitive du rapport et les rapports régionaux connexes seront publiés au cours du premier semestre de 2025.

Voir rapport intégral de l’OMM.

 

Déclaration des Etats-Unis (administration Biden)

John Podesta, conseiller en chef sur la politique climat internationale auprès du Président américain sortant, Joe Biden, a donné une conférence de presse à Bakou le premier jour, le 11 novembre 2024. Il a tenu à rassurer les participants de la COP-29 qu’un changement de cap dans l’administration fédérale du pays ne signifie pas que le secteur privé ou les administrations locales cesseront leurs efforts en faveur de l’expansion des énergies propres. Il a ajouté que « la lutte contre le dérèglement climatique est plus importante qu’une élection, un cycle politique dans un pays ». Soit, mais c’est ce cycle qui compte pour maintenir l’objectif de +1,5°C « à portée de main », disent certains observateurs.

Lire le discours de John Podesta.

 

 

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la première journée (11 novembre 2024)

Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 1ère journée

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Regarder la session d’ouverture en direct

Message du Secrétaire exécutif, Simon Stiell, aux Parties et aux observateurs : les enjeux de la COP-29 (daté du 6 nov . 2024)

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

Guide du Citepa des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

La Conférence de l’ONU sur le Climat se tient du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, Azerbaïdjan. La COP-29, qui fait partie de cette Conférence, est une COP à forts enjeux où la priorité absolue sera de parvenir à un accord solide sur le nouvel objectif collectif chiffré post-2025 en matière de financement climat. L’accent sera également mis sur l’atténuation et l’adaptation et la finalisation, une fois pour toutes, des règles de mise en œuvre de l’article 6 (mécanismes de marché).

Rappel de l’articulation des différents organes de la CCNUCC

Les organes subsidiaires SBSTA et SBI sont des organes techniques mis à disposition de la COP, de la CMP et de la CMA.

 

COP-28 à Dubaï : rappel en bref des principaux résultats 

Au terme de deux semaines de négociations intenses, la Conférence de Dubaï sur le Climat (qui englobait notamment la COP-28, la CMP-18 [la 18e réunion des Parties au Protocole de Kyoto] et la CMA-5 [5e réunion des Parties à l’Accord de Paris]) s’est achevée le 12 décembre 2023. Les négociations ont surtout abouti, dans les dernières heures de la Conférence, à un accord sur une décision sur le Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) dont la phase politique s’est déroulée à Dubaï dans le cadre des négociations de la CMA-5 (décision 1/CMA.5). Ainsi, la COP-28 a marqué une étape importante pour la mise en œuvre dynamique de l’Accord de Paris avec la conclusion de ce premier Bilan mondial, même si la décision finale de la CMA-5 est un texte de compromis basé sur le consensus entre les 195 Parties. Les attentes étaient très fortes en amont de Dubaï (plus de 100 Parties, les ONG, la communauté scientifique, la société civile) pour que le résultat du GST envoie un signal politique fort en faveur de la sortie progressive des énergies fossiles. La décision sur le GST fixe des objectifs collectifs pour la transition énergétique dans les sept prochaines années (au cours de cette décennie « cruciale ») autour de trois piliers : énergies renouvelables, efficacité énergétique et transition hors des combustibles fossiles. La COP-28 a donné lieu à une décision qualifiée d’« historique » puisqu’elle lève un tabou en intégrant pour la première fois en 28 ans de COP une référence explicite aux combustibles fossiles dans leur ensemble (pétrole, gaz et charbon), dont la combustion est à l’origine du dérèglement climatique [même si la décision ne comporte que deux mentions, § 28(d) et § 28(h)].

La Conférence de Dubaï a permis une deuxième avancée majeure : l’adoption, par la COP-28 et la CMA-5, des modalités de fonctionnement du fonds pertes et préjudices (décision 1/CP.28 et décision 5/CMA.5) et ce, à peine deux heures après l’ouverture de la Conférence. Cette décision permet donc l’opérationnalisation de ce fonds, dont le principe avait été acté lors de la CMA-4 en novembre 2022 à Charm el-Cheikh.

En revanche, le bilan est mitigé sur quatre volets clés :

  • adaptation : la décision 2/CMA.5 sur l’objectif mondial est peu ambitieuse. Elle n’a pas réussi à donner de signaux forts alors que cette question était cruciale pour les pays africains ;
  • atténuation : peu d’avancées concrètes dans le programme de travail sur l’atténuation (MWP) ;
  • mécanismes de marché (articles 6.2 et 6.4) : toujours pas d’accord sur l’intégralité des règles techniques encadrant les échanges de « crédits carbone », huit ans après l’adoption de l’Accord de Paris ;
  • financement et notamment financement de l’adaptation. Malgré les nombreuses annonces de contributions aux divers fonds (fonds d’adaptation, fonds vert et nouveau fonds pertes et préjudices), on est loin du compte par rapport aux besoins réels des pays en développement vulnérables (petit Etats insulaires et pays les moins avancés, mais pas uniquement…). La Conférence de Dubaï a débouché sur peu d’avancées concrètes sur la définition d’un nouvel objectif collectif chiffré post-2025 : la plupart des pays industrialisés ne sont pas disposés à se mettre d’accord sur le fond du sujet (c’est-à-dire de chiffrer l’objectif) avant l’échéance de la COP-29. On note toujours de fortes divergences et tensions entre pays en développement et pays industrialisés, surtout sur ce sujet de financement.

Lire notre article sur les résultats de la Conférence de Dubaï « COP-28 : malgré un premier pas vers la sortie des combustibles fossiles et l’adoption des règles sur le fonds pertes et préjudices, le bilan global est mitigé », publié le 14 février 2024.

 

Le Citepa vous propose un guide pour comprendre où en étaient restées, avant l’ouverture de la Conférence de Bakou sur le Climat, les négociations sur les sujets à forts enjeux, en particulier le financement climat ; les mécanismes de marché (article 6) ; les pertes et préjudices ; l’adaptation ; l’atténuation ; et le bilan mondial.

 

1)     Financement climat (article 9)

Le financement des actions climat des pays en développement par les pays industrialisés, sujet très controversé, voire clivant, constitue le « nerf de la guerre » des négociations au sein de la CCNUCC et surtout une source de tensions vives, voire de blocages lors des négociations depuis de très nombreuses années, surtout entre pays du Sud et pays du Nord.

Les négociations à Bakou vont se dérouler sur fond de l’atteinte, toutefois avec deux ans de retard, de l’objectif des 100 Md$ par an, fixé en 2009 et confirmé en 2010. La non-atteinte de l’objectif des 100 Md$ en son année cible de 2020 et en 2021 a eu pour conséquence d’éroder sérieusement la confiance des pays en développement vis-à-vis des pays industrialisés et de freiner les progrès dans les autres axes de négociation (notamment l’atténuation). Pour rétablir la confiance entre les pays du Sud et les pays du Nord, ces derniers devraient faire preuve d’efforts renforcés pour accroître le financement climat public et privé et ce, sous forme de dons (subventions) plutôt que des prêts pour ne pas alourdir davantage le fardeau de la dette des pays bénéficiaires.

Le financement climat joue également un rôle crucial dans le renforcement de l’ambition des pays en développement. Ceux-ci ne manqueront pas de soulever, lors de la COP-29, l’atteinte tardive de l’objectif et notamment le déséquilibre persistant entre atténuation et adaptation, et de critiquer vivement le manque d’ambition des pays industrialisés en termes de financement climat.

 

Contexte : historique de l’objectif de 100 Md$ par an en 2020

Lors de la COP-15 (2009 à Copenhague), les pays industrialisés s’étaient mis d’accord sur un objectif collectif : ils s’étaient engagés à mobiliser et à fournir, avant 2020, 100 milliards de $ US par an, à partir de sources publiques et privées, bilatérales et multilatérales, pour répondre aux besoins des pays en développement (PED) en matière d’atténuation et d’adaptation. Cet engagement avait été inscrit dans le paragraphe 8 de l’Accord de Copenhague (décision 2/CP.15) et formalisé dans le cadre des Accords de Cancún adoptés lors de la COP-16 (2010) et plus précisément au paragraphe 98 de la décision 1/CP.16. Une part appréciable de ce financement doit être acheminée via le Fonds vert [de Copenhague] pour le climat (Green Climate Fund ou GCF), établi également par l’Accord de Copenhague (paragraphe 10).

Lors de la COP-21 (2015 à Paris), l’objectif collectif avait été réitéré et prolongé jusqu’en 2025 (cf. paragraphe 53 de la décision 1/CP.21 accompagnant l’Accord de Paris). Au titre de l’article 9 paragraphe 4 de l’Accord de Paris, les Parties doivent viser à parvenir à un équilibre pour le financement climat des deux volets de l’action climat (atténuation et adaptation).

Pour les pays en développement, la concrétisation intégrale de l’engagement des 100 Md$/an par les pays industrialisés est considérée comme une condition sine qua non pour rétablir la confiance entre les deux catégories de pays. Ainsi, le dossier financement climat constitue depuis près de 20 ans une véritable pierre d’achoppement des négociations climat dans le cadre de la CCNUCC. Le sujet financement est crucial lors des COP car il constitue un préalable à toute avancée sur les autres sujets de négociation. Même si les experts s’accordent à reconnaître que les besoins financiers réels des pays en développement sont bien plus élevés que 100 Md$ par an, cet objectif sert surtout à démontrer un principe de solidarité qui constitue la clé d’un engagement collectif à agir. Il convient de garder à l’esprit que cet objectif de 100 Md$/an est symbolique car c’est un chiffre purement politique, négocié et adopté à la COP-15 à Copenhague en 2009. Il ne se base sur aucune évaluation technique des besoins financiers réels des pays en développement pour s’adapter au changement climatique et faire face à ses impacts irréversibles (pertes et préjudices). Ce chiffre de 100 Md$/an avait initialement été proposé en amont de la COP-15 par le Premier Ministre du Royaume-Uni de l’époque, Gordon Brown dans un discours intitulé « le chemin vers Copenhague » (The Road to Copenhagen), prononcé le 29 juin 2009.

Le montant de 100 Md$/an représenterait au bas mot un dixième du montant réel nécessaire (voir plus loin).

 

Les rapports d’évaluation de l’OCDE au regard de l’objectif des 100 Md$/an

Depuis 2015, l’OCDE produit, à la demande des pays donateurs, des analyses des progrès accomplis dans la réalisation de l’objectif des 100 milliards de $. Ces analyses reposent sur un cadre comptable robuste, conforme aux conclusions de la COP-24 convenues par toutes les Parties à l’Accord de Paris en ce qui concerne les sources de financement et les instruments financiers permettant de comptabiliser les ressources financières fournies et mobilisées par des interventions publiques (cf. décision 18/CMA.1). Les chiffres de l’OCDE rendent compte de quatre composantes distinctes du financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés :

  • le financement climat public bilatéral fourni par les institutions des pays développés, notamment les agences d’aide bilatérale et les banques de développement,
  • le financement climat public multilatéral fourni par les banques multilatérales de développement et les fonds multilatéraux pour le climat, attribué aux pays développés,
  • les crédits à l’exportation liés au climat bénéficiant d’un soutien public fournis par les agences officielles de crédit à l’exportation des pays développés, et
  • le financement climat privé mobilisé par les financements climat publics bilatéraux et multilatéraux, attribués aux pays développés.

L’OCDE a publié précédemment plusieurs rapports sur le thème financement climat :

Cette 5e évaluation présentait les chiffres définitifs, tant pour 2020, année cible de l’objectif, que pour l’ensemble de la période 2013-2020 et permet donc d’évaluer définitivement l’atteinte ou non de l’objectif des 100 Md$ (lire notre article). Ainsi, selon ce rapport, en 2020, le financement climat total fourni et mobilisé par les pays développés pour les pays en développement n’a pas atteint 100 Md$ mais s’est élevé à 83,3 Md$. L’OCDE pointe très clairement un écart de 16,7 Md$ entre le résultat 2020 et l’objectif 2020 de 100 Md$, lequel n’a donc pas été atteint à son échéance.

 

Le plan de mise en œuvre pour accélérer la réalisation de l’objectif 2020

Lors de la réunion ministérielle informelle à Londres, convoquée les 25-26 juillet 2021 par la Présidence britannique de la COP-26, celle-ci a mandaté Jochen Flasbarth, alors Secrétaire d’État à l’Environnement de l’Allemagne, et Jonathan Wilkinson, alors Ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, pour établir un plan clarifiant la façon dont les pays développés pourraient collectivement intensifier leurs efforts pour atteindre l’objectif des 100 Md $ par an jusqu’en 2025. Cette démarche a été jugée très importante pour regagner la confiance des pays en développement, pays bénéficiaires du soutien international.

Résultat : le 25 octobre 2021, la Présidence britannique de la COP-26 a publié un plan de mise en œuvre (delivery plan) établi par MM. Flasbarth et Wilkinson conformément à leur mandat. Ce plan clarifie « quand et comment les pays développés atteindront l’objectif des 100 Md $ ». Le plan s’appuie sur des scénarios prospectifs du financement climat fourni par les pays développés sur la période 2021-2025, élaborés par l’OCDE et publiés le 25 octobre 2021 dans une note technique. Ces scénarios montrent que, si les engagements annoncés par les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux sont respectés, cet objectif [des 100 Md $] devrait être atteint en 2023 et surpassé dans la période jusqu’à 2025. Sur cette base, l’analyse des deux Ministres « fournit la confiance que l’objectif serait atteint en 2023 », soit trois ans après son échéance et 13 ans après avoir été fixé.

Rapport d’étape de ce plan de mise en œuvre : le 28 octobre 2022, le Ministère canadien de l’environnement et du changement climatique et le Ministère allemand de l’Environnement ont publié un rapport d’étape (progress report). Le rapport conclut entre autres que bien que des progrès significatifs aient été réalisés depuis le lancement du Plan de mise en œuvre du financement climat en amont de la COP-26, des efforts supplémentaires sont encore nécessaires pour améliorer l’ampleur, l’efficacité et l’accès au financement climat, et pour atteindre l’objectif de 100 Md$. Le rapport d’étape visait à contribuer à faire avancer le débat lors de la COP-27 et au-delà, alors que l’attention se porte d’ores et déjà sur l’objectif post-2025 pour le financement du climat.

Enfin, dans une lettre ouverte des deux Ministres actuels de l’Environnement de l’Allemagne et du Canada (respectivement Jennifer Morgan et Stephen Guilbeault) en date du 15 septembre 2023, ceux-ci se sont montrés confiants que l’objectif sera atteint cette année, soit avec trois ans de retard.

 

Le 6e bilan de l’OCDE sur les progrès vers la réalisation de l’objectif 2020 : objectif toujours non atteint

Le 16 novembre 2023, l’OCDE a publié sa sixième évaluation des progrès accomplis par les pays industrialisés en vue de la réalisation de l’objectif des 100 milliards de $ (Md$) par an avant 2020 pour aider les pays en développement à mettre en œuvre l’action climat (mesures d’atténuation et d’adaptation). En 2021, une année après l’année cible initiale de l’objectif de 100 Md$ dans le cadre de la CCNUCC, le financement climat total fourni et mobilisé par les pays développés pour les pays en développement s’est élevé à 89,6 Md$ (somme des quatre composantes) et donc n’a toujours pas atteint l’objectif de 100 Md$ initialement prévu pour 2020. Ce montant est néanmoins en hausse de 6,3 Md$ (+7,6%) par rapport aux 83,3 Md$ de 2020. Cette hausse de 7,6% est par ailleurs supérieure à la hausse de 4% entre 2019 et 2020 et à celle entre 2018 et 2019 (+2%). Cependant, ces deux dernières hausses contrastent nettement avec la progression de 10% entre 2017 et 2018 et de 21,5% entre 2016 et 2017.

Malgré les hausses d’ampleur différente entre 2016 et 2021, l’OCDE pointait très clairement un écart de 10,4 Md$ entre le résultat 2021 et l’objectif 2020 de 100 Md$, lequel n’a donc pas été atteint à son échéance.

 

Le 7e bilan de l’OCDE sur les progrès vers la réalisation de l’objectif 2020 : objectif enfin atteint

Le 29 mai 2024, l’OCDE a publié sa septième évaluation des progrès accomplis par les pays industrialisés en vue de la réalisation de l’objectif des 100 milliards de $ (Md$) par an avant 2020. En 2022, deux ans après l’année cible initiale de l’objectif, le financement climat total fourni et mobilisé par les pays développés pour les pays en développement s’est élevé à 115,9 Md$ (somme des quatre composantes). Selon l’OCDE, les pays industrialisés ont ainsi atteint pour la première fois leur objectif annuel collectif de 100 Md$ initialement prévu pour 2020. Ce montant est en hausse de 26,3 Md$ (+30%) par rapport aux 89,6 Md$ de 2021. Cette réalisation intervient certes deux ans après l’année cible initiale de 2020, mais un an plus tôt que selon les projections établies par l’OCDE avant la COP-26, fondées sur les engagements et estimations des fournisseurs publics bilatéraux et multilatéraux de financement de la lutte contre le changement climatique. En raison de la hausse très importante (la plus forte hausse observée à ce jour d’une année sur l’autre (+26,3 Md$, soit +30% de plus qu’en 2021), le total pour 2022 a atteint un niveau qui, selon les projections de l’OCDE, n’était pas attendu avant 2025 (source : Scénarios prospectifs du financement climat fourni et mobilisé par les pays développés en 2021-2025, note technique de l’OCDE, 25 octobre 2021).

Ce 7e bilan a montré également :

  • que même si le financement privé a connu une hausse de 7,5 Md$ entre 2021 et 2022 (+52%) après plusieurs années de relative stagnation, sa part dans le total fourni reste faible (19% en 2022) ;
  • que, malgré l’intensification de la crise de l’endettement de nombreux pays en développement, la plus grande partie du financement climat public demeure sous forme de prêts (69%). Quant aux dons (subventions), ils représentent 28%, tandis que les volumes de prises de participation (dans des entreprises, projets et fonds) sont restés modestes (4%). Entre 2016 et 2022, le niveau annuel des subventions a augmenté de près de 13,4 Md$, en passant de 12,3 Md$ à 25,6 Md$ (soit plus du double) avec une croissance de 109%, dépassant la croissance de 91% des prêts publics, qui ont augmenté de 30,3 Md$ ;
  • que le déséquilibre du soutien financier apporté par les pays industrialisés aux pays en développement entre l’atténuation (60% du total fourni) et l’adaptation (28%) persiste alors que l’adaptation représente pour les pays en développement, et notamment les pays vulnérables (petits Etats insulaires et pays les moins avancés en tête), un enjeu beaucoup plus important que l’atténuation.

 

Financement climat pour les pays en développement : quels sont les besoins réels ?

Deux rapports de référence, l’un publié lors de la COP-27 à Charm el-Cheikh (Egypte) fin 2022 et l’autre, plus récent, publié le 2 novembre 2023 quantifient des estimations concernant les besoins en termes de financement climat des pays en développement.

Rapport commandé par les Présidences de la COP-26 et de la COP-27 : 1 000 Md $ par an en 2030

Le 8 novembre 2022, un rapport intitulé « Finance for Climate Action : Scaling up investment for climate and development » [Financement pour l’action climat : accélérer et accroître l’investissement en faveur du climat et du développement] a été publié par le Groupe d’experts indépendants de haut niveau sur le financement climat, (Independent High-Level Expert Group on Climate Finance). Ce groupe a été lancé en juillet 2022 par les Présidences de la COP-26 (Royaume-Uni) et de la COP-27 (Egypte) et il est co-présidé par l’économiste britannique Nicolas Stern. Ce rapport a été établi à la suite de la demande conjointe des deux Présidences (voir lettre du 19/07/2022).

Le rapport, qui vise à fournir un cadre pour le financement de l’action climat, conclut notamment :

  • que l’action actuelle est trop lente et trop faible, et que retarder l’action est dangereux,
  • que le monde a besoin d’une nouvelle feuille de route sur le financement climat qui soit en mesure de mobiliser les 1 000 Md$/an nécessaires en 2030 pour aider les pays en développement et émergents (hors la Chine qui n’est pas prise en compte dans cette analyse),
  • que les politiques publiques et les mesures gouvernementales ont un rôle important à jouer pour stimuler les investissements,
  • que le secteur privé, les banques multilatérales de développement et les institutions financières internationales ont également un rôle complémentaire à jouer,
  • qu’à la différence du chiffre des 100 Md$/an, qui a été négocié lors de la COP-15 à Copenhague et qui ne se basait pas sur des analyses du montant réellement nécessaire, le chiffre de 1 000 Md$/an est le montant nécessaire pour permettre aux pays en développement de s’adapter au changement climatique et de faire face à ses impacts irréversibles (pertes et préjudices), montant basé sur une analyse des investissements et actions climat nécessaires et sur le financement national potentiellement disponible.

Lire notre article sur ce sujet.

Rapport du PNUE : Estimation des coûts annuels de l’adaptation d’ici 2030 – entre 160 et 340 Md$

Le 2 novembre 2023, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a publié son rapport annuel sur l’adaptation Adaptation Gap Report (à l’instar de son rapport annuel sur les émissions de GES, Emissions Gap Report). Ce rapport évalue l’écart entre les efforts consentis par les Etats pour s’adapter au dérèglement climatique (dont les flux de financement fournis par les pays industrialisés aux pays en développement) et les besoins réels nécessaires des pays en développement pour y faire face. Parmi ses conclusions :

  • l’estimation des coûts actualisés de l’adaptation pour les pays en développement se situe dans une fourchette centrale plausible entre 215 à 387 milliards de dollars (Md$) par an au cours de la décennie 2021-2030;
  • les besoins de financement pour l’adaptation des pays en développement sont 10 à 18 fois plus importants que les flux de financement public international en 2021, soit en hausse de plus de 50% par rapport à la fourchette d’estimation précédente (flux de financement international en 2020 estimés à 5 à 10 inférieurs aux besoins réels, voir p.32 de notre dossier de fond sur la COP-27)
  • les flux publics multilatéraux et bilatéraux de financement de l’adaptation vers les pays en développement ont diminué de 15% pour atteindre environ 21 Md$ en 2021. Cette baisse, jugée inquiétante par le PNUE, intervient malgré l’objectif fixé en novembre 2021 de doubler le soutien financier à l’adaptation en 2019 pour atteindre environ 40 Md$ par an d’ici à 2025 (dans le cadre du Pacte de Glasgow pour le climat, adopté lors de la CMA-3, décision 1/CMA.3, §18) ;
  • en raison de l’augmentation des besoins de financement de l’adaptation et de l’affaiblissement des flux, l’estimation du déficit actuel de financement de l’adaptation est désormais comprise entre 194 et 366 Md$ par an.

Voir rapport intégral | synthèse | messages clés.

Enfin, selon le Secrétaire général de l’OCDE, Matthias Cormann, d’ici 2025, il est estimé que les pays en développement auront des besoins d’investissements liés à l’action climat d’environ 1 000 Md$, et que ce chiffre passera à environ 2 400 Md$ par an entre 2026 et 2030 (source : avant-propos du 6e bilan de l’OCDE, publié le 16 novembre 2023).

 

Enjeu n° 1 : Nouvel objectif collectif chiffré à partir de 2025 en matière de financement climat

La COP-29 a d’ores-et-déjà été qualifiée de « COP du financement climat » car c’est à la COP-29, ou plutôt à la CMA-6, que les Parties doivent se mettre d’accord sur un nouvel objectif collectif quantifié pour le financement climat à partir de 2025. La nouvelle évaluation de l’OCDE, publiée le 29 mai 2024 montrant que l’objectif des 100 Md$ par an en 2020, fixé en 2009, a enfin été atteint en 2022, toutefois avec deux années de retard (lire notre article), devrait donner une nouvelle impulsion à ces négociations sur le nouvel objectif à partir de 2025 et rétablir une certaine confiance des pays en développement vis-à-vis des pays industrialisés.

L’enjeu prioritaire n°1 pour la Présidence est d’obtenir un accord solide des Parties sur un nouvel objectif collectif chiffré 2025 qui est indispensable pour rétablir la confiance entre pays du Sud et pays du Nord qui a été sérieusement érodée, en partie puisque les pays du Nord ont atteint l’objectif des 100 Md$/an avec deux ans de retard. Le manque à gagner pour les deux ans où l’objectif n’a pas été atteint : 2020 (16,7 Md$) et 2021 (10,4 Md$) risque d’être soulevé par les pays en développement.

Un accord solide sur ce dossier est un préalable pour débloquer les négociations afin d’avancer dans les autres axes de négociation (atténuation en tête). Le financement climat joue un rôle crucial dans le renforcement de l’ambition des pays en développement (notamment en matière de transition énergétique). Il faut créer une dynamique forte sur le financement climat dans la perspective des NDC 3.0

 

Contexte

Conformément à la décision 1/CP.21 (paragraphe 53), la Réunion des Parties à l’Accord de Paris (CMA) doit fixer, avant 2025, un nouvel objectif collectif chiffré post-2025 (New collective quantified goal [NCQG] on climate finance) en matière de financement des actions climat à partir d’un niveau plancher de 100 milliards de $ par an. Ce niveau correspond à l’objectif initial fixé en 2009, sachant que celui-ci n’a pas été atteint en son année cible (2020).

 

Organisation et structure des discussions sur le nouvel objectif post-2025

Conformément à la décision 14/CMA-1, adoptée par la CMA à Katowice, en Pologne en décembre 2018 dans le cadre des règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris, les « discussions » (à noter, le choix du mot « discussions » [« deliberations » en anglais], moins fort que « négociations ») sur le nouvel objectif post-2025 ont été lancées lors de la CMA-3 (qui s’est tenue en parallèle à la COP-26, à Glasgow, en novembre 2021). Par la décision 9/CMA.3, adoptée lors de la CMA-3, les Parties se sont mises d’accord sur l’organisation et la structure des discussions sur le nouvel objectif post-2025. Elles s’articulent autour :

  • d’un programme de travail ad hoc (ad hoc working group ou ADWG) sur une période de trois ans 2022-2024 sous l’égide de la CMA, pour encadrer les discussions techniques,
  • de contributions à soumettre par les Parties et les parties prenantes non-étatiques (régions, villes, secteur privé,…),
  • des dialogues ministériels de haut niveau sur la période 2022-2024, et
  • des bilans et des lignes directrices élaborées par la CMA.

Dialogues techniques d’experts (TED)

Dans le cadre du programme de travail ad hoc, la CMA a décidé d’organiser quatre dialogues techniques d’experts (Technical Expert Dialogues ou TED) par an (cf. décision 9/CMA.3, § 5), soit 12 en tout au cours des trois ans 2022-2024. L’un de ces dialogues doit se tenir en même temps que la première session des organes subsidiaires de l’année et un autre à l’occasion de la session de la CMA, et les deux dialogues restants seront organisés dans des régions distinctes en vue de faciliter une participation géographique inclusive et équilibrée.

La première réunion de ce Dialogue technique d’experts (TED 1) a eu lieu les 24-25 mars 2022 au Cap (Afrique du Sud). La 2e réunion (TED 2) a eu lieu à Bonn les 13-14 juin 2022. La 3e réunion (TED 3) s’est tenue à Mandaluyong, Metro Manila (Philippines) du 6 au 9 septembre 2022. La 4e réunion (TED 4) s’est tenu à Charm el-Cheikh le 5 novembre 2022. La 5e réunion (TED 5) a eu lieu du 8 au 10 mars 2023 à Vienne (Autriche) (voir note de synthèse des résultats rédigée par les deux co-présidents du programme de travail). La 6e réunion (TED 6) a eu lieu les 12-13 juin 2023 à Bonn (voir note de synthèse des résultats rédigée par les deux co-présidents), la 7e réunion (TED 7) s’est tenue du 30 sept. au 2 oct. à Genève (voir note de synthèse des résultats rédigée par les deux co-présidents). La 8e réunion (TED 8) a eu lieu le 28 novembre 2023 à Dubaï, deux jours avant l’ouverture de la COP-28/CMA-5.Voir programme et note de synthèse des résultats. La 9e réunion (TED 9) a eu lieu à Cartagena (Colombie) les 23-24 avril 2024. Voir programme et note de synthèse des résultats. La 10e réunion (TED 10) a eu lieu à Bonn le 3 juin 2024. Voir programme et note de synthèse des résultats. La 11e réunion (TED 11) a eu lieu à Bakou (Azerbaïdjan) du 9 au 12 septembre 2024  – il s’agit du dernier cycle de négociations techniques avant la CMA-6 à Bakou. Voir programme. La synthèse des résultats n’est pas encore disponible.

 

Réunions du groupe de travail ad hoc (ADWG)

La 1ère réunion du programme de travail ad hoc (MADWP1) a eu lieu les 25-26 avril 2024 à Cartagena. Voir programme et note de synthèse des résultats. La 2e réunion (MADWP2) a eu lieu lors des sessions SB-60 à Bonn les 5,6,8 et 10 juin 2024. Voir programme et note de synthèse des résultats. La 3e réunion (MADWP3) a eu lieu à Bakou du 9 au 12 sept. 2024.

 

Dialogue ministériel de haut niveau 

La première réunion du dialogue ministériel de haut niveau a eu lieu le 9 novembre 2022 à Charm el-Cheikh lors de la CMA-4, lançant ainsi le processus pour définir, d’ici fin 2024, le nouvel objectif collectif chiffré sur le financement climat pour la période post-2025 (voir programme et note de synthèse des résultats rédigée par le Président de la CMA-4). La 2e réunion du dialogue ministériel de haut niveau a eu lieu le 3 décembre 2023 à Dubaï lors de la CMA-5. Voir programme et note de synthèse des résultats rédigée par le Président de la CMA-5. La 3e réunion du dialogue ministériel de haut niveau a eu lieu à Bakou le 9 octobre  2024. Voir programme. La synthèse des résultats n’est pas encore disponible.

Voir la page du site de la CCNUCC consacrée au nouvel objectif collectif chiffré post-2025 sur le financement.

 

Avancées à Charm el-Cheikh lors de la CMA-4

A Charm el Cheikh, dans une décision purement procédurale, la CMA-4 a confirmé que les discussions en cours sur le nouvel objectif chiffré collectif sur le financement post-2025 devront déboucher sur la définition de ce nouvel objectif en 2024 (paragraphe 8 de la décision 5/CMA.4 sur le nouvel objectif). Les discussions sur ce sujet ont été difficiles et plusieurs Parties ont souligné qu’il était encore trop tôt pour parler « chiffres », c’est-à-dire quantifier le futur objectif. Les discussions ont donc peu avancées sur le fond de ce sujet crucial lors de la CMA-4.

 

Avancées à Dubaï lors de la CMA-5

A Dubaï, lors de la CMA 5, les Parties ont adopté la décision 8/CMA.5 sur le nouvel objectif. Ils ont décidé de passer à un mode de travail permettant l’élaboration d’éléments de base d’un projet de texte de négociation à examiner par la CMA 6 (Bakou, Azerbaïdjan, 11-22 novembre 2024). Les Parties ont également demandé aux co-Présidents du programme de travail ad hoc d’élaborer et de publier avant mars 2024 un plan de travail pour 2024, en tenant compte des soumissions qui seront faites par les Parties. En outre, le CMA-5 a demandé aux co-Présidents de mener au moins trois dialogues techniques entre les experts en 2024 pour permettre des discussions techniques approfondies sur les éléments du nouvel objectif post-2025, parallèlement à trois réunions en 2024 dans le cadre du programme de travail ad hoc. Enfin, la CMA-5 a demandé aux co-Présidents du programme de travail d’élaborer les grandes lignes d’un projet de texte de négociation qui doit reprendre les progrès réalisés jusque-là et ce, pour examen par la CMA-6 (qui aura lieu en parallèle à la COP-29).

 

Avancées à Bonn lors des SB-60 (juin 2024)

A Bonn, les discussions sur ce volet des négociations ont été axées sur la 2e réunion du programme de travail ad hoc (qui a eu lieu les 12-13 juin 2024). Ces travaux sont destinés à produire un texte constituant la base de négociation lors de la CMA-6 à Bakou (Azerbaïdjan). En amont de Bonn, trois groupes de Parties avaient soumis leurs contributions écrites présentant leurs positions – souvent très divergentes – sur ce sujet (pays arabes, alliance des petits Etats insulaires, pays les moins avancés). S’appuyant sur ces contributions et les discussions menées lors de la première réunion du groupe de travail ad hoc (23-26 avril, Cartagena, Colombie), ses deux co-Présidents (Zaheer Fakir, Emirats arabes unis, et Fiona Gilbert, Australie) ont élaboré un document de synthèse pour alimenter les discussions de cette 2e réunion (synthèse des contributions ou input paper du 24 mai 2024 (63 p.). Ce document visait à représenter toute la diversité des points de vue des Parties. Au cours de la première semaine, les Parties ont demandé aux deux co-Présidents de resserrer et rationaliser le texte, ce qui a donné lieu, le 7 juin 2024, à une première mise à jour de ce document (45 p.). Suite à de nouvelles contributions, une 2e mise à jour a été diffusée le 9 juin 2024 (35 p.). Malgré la réduction de son volume, cette 2e mise à jour restait une synthèse de l’ensemble des propositions soumises, parmi lesquelles plusieurs qui étaient en flagrante contradiction les unes avec les autres. Lors de la dernière session de négociations sur ce sujet, ce document a été qualifié de « déséquilibré » par certains négociateurs (source : Climate Home News, 11 juin 2024).

Les discussions ont fait ressortir de profondes divergences d’opinion entre les Parties, et surtout entre pays en développement et pays développés, sur plusieurs questions clés. Ces divergences d’opinion entre ces deux catégories de pays, où chacune campait fermement sur ses positions, ont entravé toute possibilité de progrès.

Une des principales pierres d’achoppement entre les Parties était le montant de l’objectif de soutien financier à fournir aux pays en développement par les pays développés. Plusieurs évaluations des besoins réels en termes de financement climat pour les pays en développement (voir encadré plus haut « Financement climat pour les pays en développement : quels sont les besoins réels ?) chiffrent le montant nécessaire à 1 000 Md$ par an d’ici 2030. Les contributions soumises en amont de Bonn proposaient les montants suivants :

  • l’Inde : 1 000 Md$/an essentiellement sous forme de subventions et de financement à des taux préférentiels (cf. contribution de l’Inde soumise à la CCNUCC le 13 février 2024 , en amont de la 1ère réunion du programme de travail ad hoc),
  • le groupe de négociation des pays arabes (« groupe arabe ») : 441 Md$/an en subventions publiques dans le cadre d’un montant global de 1 100 Md$/an à fournir sur 2025-2029 par les pays industrialisés, le solde devant provenir d’autres sources (prêts à des taux préférentiels,…) (cf. contribution du groupe arabe soumise à la CCNUCC le 6 mai 2024),
  • le groupe de négociation des pays en développement ayant une vision similaire (Like-Minded Developing Countries ou LMDC) : 1 000 Md$/an (contribution du groupe LMDC soumise à la CCNUCC en amont de la 2e réunion du programme de travail ad hoc).

 

Certaines Parties ont appelé les pays développés à honorer le montant non fourni en 2020 (soit 16,7 Md$) et en 2021 (soit 10,4 Md$) par rapport à l’objectif des 100 Md$/an (à savoir les années où celui-ci n’a pas été respecté. Total fourni en 2020 : 83,3 Md$ ; total fourni en 2021 : 89,6 Md$ – lire notre article).

A l’autre extrême, les pays développés ont refusé jusque-là de parler « chiffres », c’est-à-dire de quantifier le futur objectif sous forme de proposition chiffrée (appelée en anglais le « quantum » ou montant), soulignant le fait qu’il soit trop tôt encore, alors qu’en réalité, il leur reste désormais à peine cinq mois pour fixer le montant. Ils insistent sur l’importance de se mettre d’accord sur les éléments structurels qui sous-tendent l’objectif avant de fixer le montant lui-même.

Malgré ces profondes divergences, les opinions des Parties ont pu se rapprocher sur certaines questions, comme par exemple, le besoin d’améliorer l’accès des pays en développement au financement et de mettre à jour le cadre de transparence renforcée pour réaliser le rapportage sur le financement climat fourni et reçu (modalités de suivi de ce financement).

 

Où en est-on dans les négociations sur le nouvel objectif à la veille de la CMA-6 ?

De nombreuses options sont sur la table mais en même temps, les négociations de 2024 dans les TED et le groupe de travail ad hoc ont fait ressortir de profondes divergences d’opinion entre pays développés et pays en développement, sur plusieurs questions clés où chacun de ces deux catégories campe fermement sur ses positions. Cette situation de blocage a entravé toute possibilité de progrès concrets lors des négociations techniques en 2024 et donc il n’y a toujours pas de consensus sur ces questions clés :

  • quel montant (quantum) de l’objectif ? A la différence de l’objectif de 100 Md$ (dont le montant est le résultat de négociations politiques), l’objectif post-2025 doit se baser sur une évaluation technique et scientifique des besoins réels :
    • pour l’instant, aucun pays industrialisé n’a soumis de proposition chiffrée,
    • plusieurs pays en développement ont proposé que le montant soit au moins 1 000 Md$/an,
    • à moins d’une semaine avant la COP-29 et après trois ans de négociations techniques, on n’a pas la moindre idée du montant que les pays industrialisés vont proposer à Bakou.
  • qui va contribuer ?
    • les pays développés souhaitent élargir la base des pays contributeurs (contributor base) pour inclure les pays à revenu élevé : grands pays émergents (Chine, Corée du Sud,…) et pays du Golfe,…. Ils préconisent une approche équitable basée non seulement sur la responsabilité historique, mais aussi sur les capacités financières actuelles des pays. Ils veulent régler cette question avant de se mettre d’accord sur un montant ;
    • cette question renvoie directement à la division binaire du monde en deux catégories établie par la Convention Climat en 1992 (et confirmé en 1997 par le Protocole de Kyoto), basée sur la croissance économique des pays en 1992 (il y a 32 ans donc) et au principe des responsabilités communes mais différenciées(CBDR, cf. article 3.1 de la Convention). Or, aujourd’hui, certains des pays en développement, notamment les grands pays émergents (Chine, Brésil, Arabie saoudite,…) ont un PIB plus élevé et sont de grands émetteurs de GES ;
    • les pays en développement ne soutiennent cette option et les grands pays émergents visés, soutenus par le groupe arabe et Singapour, s’y opposent fermement, en soulignant que l’Accord de Paris oblige les pays développés à fournir un financement climat aux pays en développement pour l’atténuation et l’adaptation (§9.1) et à continuer d’être les moteurs du financement climat (§9.3). Il invite les pays émergents et en développement à fournir un financement climat mais à titre volontaire (§9.2).
  • quelles sources de financement ?
    • les pays en développement préconisent d’axer l’objectif sur le financement public international alors que les pays développés sont d’avis qu’en plus du financement public international, il faut élargir la base des sources contributrices pour inclure le secteur privé, le financement philanthropique, le financement national, le financement issu de la réforme des banques multilatérales de développement, et les taxes mondiales (transport aérien et maritime international, énergies fossiles, transactions financières, superprofits…) afin de lever des ressources financières nouvelles et innovantes. Compte tenu de la crise sans précédent de la dette publique des économies de l’OCDE, leur capacité à augmenter fortement l’aide bilatérale est incertaine ; ce contexte accroît la pression en faveur de l’élargissement de la base des contributeurs pour inclure le secteur privé ;
  • quel volet de l’action climat financer ?
    • selon les pays en développement, le nouvel objectif doit viser l’atténuation, l’adaptation et intégrer un sous-objectif formel pour les pertes et préjudices tandis que les pays développés sont formels : l’objectif doit voiser uniquement l’atténuation et l’adaptation au motif que le financement des pertes et préjudices ne relève pas du mandat du NCQG. Puisque le financement fourni par les pays industrialisés au titre du fonds pertes et préjudices (à ce jour : 661,9 M$ issus de 18 pays et de l’UE dans son ensemble, source : NRDC, juin 2024) est bien en deçà des besoins réels, les pays en développement exigent un sous-objectif formel pour le financement climat consacré aux pertes et préjudices ;
  • quelles catégories de pays seront bénéficiaires du financement climat au titre du nouvel objectif ?
    • les pays en développement estiment que les pays en développement dans leur ensemble doivent être bénéficiaires alors que les pays développés souhaitent restreindre le financement aux pays en développement particulièrement vulnérables (pour reprendre la formulation de la décision 2/CP.27 et de la décision 2/CMA.4) actant la création du fonds pertes et préjudices). Les pays industrialisés souhaitent que le soutien financier soit attribué sur la base de la vulnérabilité. Cependant, il n’existe pas de définition claire et précise de cette notion. Il faudrait donc surtout définir des critères de vulnérabilité ;
  • quelle période cible ? Sur quelle période le nouvel objectif s’appliquera-t-il ?  5 ans ? 10 ans ?
  • qualité du financement fourni : le soutien financier serait-il apporté sous forme de dons (subventions) plutôt que des prêts ? Quelle sera la part de ces deux types de financement ? Les pays en développement (PMA et AOSIS en tête), ainsi que les ONG, insistent sur l’importance de privilégier la première option pour ne pas alourdir davantage le fardeau de la dette des pays bénéficiaires ;
  • quelles modalités de transparence pour assurer le suivi et l’évaluation des contributions ? Il faut mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation pour garantir que les fonds promis sont bien versés ;
    • cette question soulève un problème majeur : il n’existe aucune définition précise consensuelle et formellement reconnue du financement climat. Aujourd’hui, les pays développés utilisent des métriques différentes pour mesurer le montant de financement qu’ils fournissent, ce qui a suscité une grande méfiance de la part des pays en développement qui ont critiqué la méthodologie appliquée par l’OCDE pour établir son bilan annuel;
    • la plupart des pays en développement font pression pour qu’une définition commune, ainsi que des règles strictes de comptabilisation, soient intégrées dans le dispositif à adopter à Bakou sur le nouvel objectif post-2025, afin que les données soient précises, fiables, comparables et cohérentes.

 

Les dernières évolutions et les prochaines étapes

Le 9 octobre 2024, lors de la 3e réunion du dialogue ministériel de haut niveau à Bakou, quelques progrès ont été enregistrés avec une convergence progressive des positions des Parties sur la structure de l’objectif : beaucoup de Parties sont d’accord que l’objectif devrait intégrer la mise à disposition de financements publics (« couche intérieure ») et la mobilisation de financements privés (« couche extérieure), soit en un objectif chiffré unique, soit en deux objectifs chiffrés distincts.

En raison des fortes divergences de position sur les questions clés (voir plus haut) et puisque les négociateurs techniques ne peuvent pas trancher à leur niveau, il faudra une prise en main politique des négociations. La première semaine de la COP-29, dans le cadre des sessions SB-61, les négociateurs techniques devront donc réduire les nombreuses options sur la table pour soumettre aux négociateurs politiques de la 2e semaine un projet de décision proposant un cadre concret assorti d’un nombre limité d’options claires, précises et viables pour chaque question clé en vue de faciliter les arbitrages politiques finaux.

Voir rapport de synthèse du Président de la COP-29, publié le 10 nov. 2024.

A noter enfin que le 15 octobre 2024, les deux co-Présidents du programme de travail ad hoc sur le NCQG ont publié un rapport de synthèse des discussions techniques menées en 2024, pour examen et adoption par la CMA-6. Ce rapport comporte une annexe (addendum) présentant un cadre concret (substantive framework) d’un projet de texte de négociation synthétisant les progrès réalisés dans les discussions en 2024, pour examen par la CMA-6. Ce cadre concret présente :

  • plusieurs options pour le montant global : au moins 1 000 / 1 100 / 1 200 / 1 300 Md$ par an en subventions/dons,
  • plusieurs options pour l’année cible : 2025-2029 / 2025-2030 / 2025-2035 / 2026-2035 / d’ici 2030,
  • une proposition d’objectif pour les pays industrialisés : au moins 441 Md$/an en subventions/dons. Ce chiffre très précis vient de la contribution du groupe des pays arabes soumise à la CCNUCC le 6 août 2024 dans le cadre des négociations sur ce sujet. Selon leur proposition, les pays développés doivent mobiliser 1 100 Md$/an aux pays en développement sur la période 2025-2029, en fournissant un minimum de 441 Md$/an.

Tous ces chiffres et toutes ces propositions sont entre crochets dans le texte, ce qui indique des éléments non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte.

Enjeu prioritaire n°1 de la Conférence de Bakou (CMA-6) : obtenir un accord solide des Parties sur un nouvel objectif collectif chiffré 2025 (montant et structure : les pays qui y contribuent, les pays qui en bénéficient, les sources de financement, la période cible, les volets de l’action climat auxquels le financement sera destiné, la forme du financement [subventions/dons et/ou prêts], les modalités de rapportage) ; obtenir des pays industrialisés des engagements concrets en termes de financement climat.

 

Enjeu n° 2 : Nouveaux engagements financiers

Le 2e enjeu pour la CMA-6 sur le sujet financement est d’obtenir des pays industrialisés de nouveaux engagements concrets et ambitieux des Etats en matière de financement climat international pour les pays en développement, via le Fonds vert pour le climat ou non, et ce, pour rétablir la confiance entre pays du Sud et pays du Nord. Cela constituerait la véritable clé pour faire avancer les négociations sur les autres sujets problématiques (atténuation en tête).

 

Enjeu n° 3 : Article 2.1(c)

Le 3e enjeu pour la CMA-6 sur le sujet financement est de réaliser des avancées concrètes dans le cadre des discussions du dialogue de Charm el-Cheikh sur l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris : rendre les flux financiers compatibles avec une trajectoire d’émissions bas-carbone et résilient aux changements climatiques.

Contexte

L’article 2.1 de l’Accord de Paris fixe trois objectifs à long terme :

  • (a) température: contenir la hausse de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels et en poursuivant l’action menée pour atteindre 1,5°C,
  • (b) adaptation : renforcer les capacités d’adaptation et promouvoir la résilience à ces changements et un développement à faible émission de gaz à effet de serre,
  • (c) financement : rendre les flux financiers compatibles avec une trajectoire d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques.

 

Dialogue de Charm el-Cheikh et ses ateliers

A Charm el-Cheikh, lors de la première journée de la COP-27 et de la CMA-4, l’UE avait demandé (sans succès) que le sujet de l’article 2.1(c) soit ajouté à leur ordre du jour formel. Les Parties ont toutefois convenu que ce sujet fasse l’objet de consultations informelles pendant la Conférence. Ces consultations informelles ont abouti à un consensus parmi les Parties réunies au sein de la CMA-4 : celle-ci a décidé de lancer le dialogue de Charm el-Cheikh entre les Parties, organisations et autres parties prenantes sur l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris (paragraphe 68 de la décision 1/CMA-4).

Par ailleurs, les banques multilatérales de développement et les institutions financières internationales (Banque mondiale, FMI,…) ont été invitées à réformer leurs pratiques et à redéfinir leurs priorités, à aligner leurs financements avec l’objectif de l’article 2.1(c) et à accroître leur financement climat (paragraphes 61 et 62 de la décision 1/CMA-4).

La mission du dialogue de Charm el-Cheikh est d’échanger les points de vue et de mieux comprendre l’article 2.1(c). Le Secrétariat de la CCNUCC a été chargé, sous le pilotage de la Présidence de la COP-27, d’organiser deux ateliers (workshops) en 2023 et d’élaborer un rapport pour la CMA-5 sur les résultats de ces deux ateliers (paragraphe 68 de la décision 1/CMA-4).

Le premier atelier a eu lieu les 19-20 juillet 2023 à Bangkok, Thaïlande. Son objectif était de donner un aperçu des travaux antérieurs et existants qui ont été réalisés en rapport avec l’article 2.1(c), dans le cadre du processus intergouvernemental et en dehors de celui-ci, ainsi que de recueillir les avis, les perspectives et les expériences des Parties et des organisations et parties prenantes concernées sur le champ d’application de l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris et sur sa complémentarité avec l’article 9 de l’Accord de Paris (portant sur le financement). Voir ordre du jour.

Le 2e atelier a eu lieu les 3-4 octobre 2023 à Genève. Son objectif était de s’appuyer sur les discussions du premier atelier et de faire progresser la compréhension du champ d’application de l’article 2.1(c) et de sa complémentarité avec l’article 9 de l’Accord de Paris. L’atelier visait à tirer parti d’un ensemble diversifié de points de vue des secteurs financiers public, privé et non gouvernemental.

Un rapport de synthèse des discussions menées lors des deux ateliers a été élaboré par le Secrétariat de la CCNUCC sous la direction de la Présidence de la COP-27. Il a été publié le 20 novembre 2023.

Le 3e atelier dans le cadre du dialogue sur l’article 2.1(c) a eu lieu les 12-13 juin 2024. Voir programme et message des co-Présidents de ce dialogue (du 9 mai 2024). Il a été axé sur les investissements pour l’adaptation et la compatibilité des flux financiers avec une trajectoire de développement résiliente au climat. Les discussions ont fait ressortir les aspects suivants :

  • les approches intégrant les risques climatiques ne devraient pas accroître le coût du capital pour les pays jugés à haut risque ;
  • les banques centrales ont un rôle à jouer dans la promotion de l’intégration des aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la prise de décision financière ;
  • le recours à des incitations directes dans le cadre de la participation ESG des acteurs corporatifs, par exemple pour soutenir l’agroforesterie et les cultures intercalaires ;
  • la non-mise en œuvre de cadres politiques tels que la Déclaration des dirigeants de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres, adoptée le 2 novembre 2021 lors de la COP-26 à Glasgow (lire notre dossier de fond sur la COP-26, p.17). ;
  • le réinvestissement des recettes de la fiscalité carbone en soutien à la transition de l’industrie et pour minimiser les remises en cause de la politique climat ;
  • le recours au financement mixte, notamment pour mobiliser des financements privés.

Puisque les pays développés n’ont pas encore proposé de chiffres concrets pour le nouvel objectif financement climat à partir de 2025 et, plus précisément, en l’absence de propositions chiffrées en matière de financement public, les pays en développement sont réticents à s’engager sur d’autres aspects de l’objectif, en particulier sur l’alignement des flux financiers au titre de l’article 2.1(c).

Le 4e atelier dans le cadre du dialogue sur l’article 2.1(c) a eu lieu les 6-7 octobre 2024. Voir programme. Il a été principalement axé sur le rôle du système financier international et des différents acteurs au sein et en dehors de l’Accord de Paris, ainsi que sur la transparence et la crédibilité, en mettant l’accent sur la prévention de l’écoblanchiment et de la mal-adaptation. L’atelier s’est appuyé sur des exemples concrets et des actions entreprises et visait à faciliter le partage d’expériences et de bonnes pratiques entre les différentes parties prenantes.

 

Dialogue de Charm el-Cheikh : les avancées réalisées à Dubaï (déc. 2023)

A Dubaï en décembre 2023, la CMA-5 a adopté la décision 9/CMA.5 qui porte sur les questions relatives au Comité permanent sur le financement (Standing Committee on Finance ou SCF). Dans cette décision, la CMA-5 décide de poursuivre et de renforcer le dialogue de Charm el-Cheikh sur l’article 2.1(c) sur la période 2024-2025 (paragraphe 8). Deux co-Présidents, chargés d’animer ce dialogue, seront nommés, l’un devant provenir d’un pays industrialisé et l’autre d’un pays en développement (paragraphe 9).

En outre, le Secrétariat de la CCNUCC est chargé d’organiser deux ateliers par an (sur la période 2024-2025) et d’élaborer un rapport sur les résultats de chacun des quatre ateliers (paragraphe 10). Les deux co-Présidents du dialogue sont également chargés d’élaborer un rapport sur les discussions (« déliberations » en anglais, terme moins fort que « negotiations ») en 2024 et 2025 dans le cadre du dialogue de Charm el-Cheikh et ce, pour examen par la CMA-6 (11-22 novembre 2024 à Bakou, Azerbaïdjan) (paragraphe 13).

Enfin, les deux co-Présidents du dialogue sont chargés d’élaborer, dans le cadre de leur rapport de 2025, une synthèse de l’ensemble des travaux réalisés au titre du dialogue de Charm el-Cheikh et ce, pour examen par la CMA-7 (fin 2025) pour que celle-ci prenne une décision sur les prochaines étapes concernant les discussions sur ce sujet.

Par lettre du 20 février 2024, le Président de la COP-28, Sultan Al Jaber a nommé les deux co-Présidents : Gabriela Blatter (Suisse) et Mohamed Ibrahim Nasr Salem (Egypte).

 

2)     Mécanismes fondés sur le marché (article 6)

Le 2e enjeu pour Bakou affiché par la Présidence est d’aboutir à la finalisation définitive des règles de mise en œuvre de l’article 6 (et notamment les sous-volets article 6.2 et article 6.4), presque 10 ans après l’adoption de l’Accord de Paris (2015) et quatre ans après l’adoption de la quasi-totalité de ses règles de mise en œuvre (lors de la CMA-1 en 2018 à Katowice).

 

Contexte

En vertu de l’article 6 de l’Accord de Paris, les Parties peuvent décider de coopérer sur une base volontaire dans la mise en œuvre de leurs NDC pour relever le niveau d’ambition de leurs mesures d’atténuation et d’adaptation via des approches dites « coopératives ». Ainsi, l’article 6.4 prévoit la mise en place d’un nouveau mécanisme de marché pour contribuer à la réduction des émissions de GES et qui prend le relais du mécanisme pour un développement propre ou MDP (établi par l’article 12 du Protocole de Kyoto) : le mécanisme de développement durable ou MDD (ou Sustainable Development Mechanism [SDM]). Ce volet très important de l’Accord de Paris est donc le seul qui fait participer le secteur privé à l’action climat.

L’article 6 comporte trois sous-volets :

  • 6.2 : approches coopératives (transferts de réduction directs [crédits carbone] entre pays à titre bilatéral ou multilatéral, connus sous l’acronyme anglais ITMO),
  • 6.4 : mécanisme de développement durable ou MDD (marché carbone centralisé),
  • 6.8 : approches non fondées sur le marché (pour renforcer les liens et créer des synergies entre atténuation, adaptation, financement, transfert de technologies et renforcement des capacités).

En particulier, l’article 6 établit donc la base juridique d’un nouveau mécanisme de flexibilité pour que les pays qui le souhaitent puissent atteindre une partie de leurs objectifs de réduction en fournissant un soutien financier dans le cadre de projets de réduction d’émissions dans d’autres pays (sur une base volontaire donc) et ce, à l’instar des mécanismes établis par le Protocole de Kyoto (mécanisme pour un développement propre [MDP] et mise en œuvre conjointe [MOC]). Les principes du nouveau « mécanisme pour contribuer à l’atténuation des émissions de GES et promouvoir le développement durable » (mécanisme de développement durable ou MDD) sont ainsi posés.

 

Adoption des règles de mise en œuvre : pas de consensus à Katowice (2018), ni à Madrid (2019)

Ce volet (article 6) des règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris dans le cadre du manuel des règles d’application (Rulebook), adopté à Katowice en 2018 lors de la CMA-1, y est resté en suspens (faute de consensus sur les modalités techniques complexes et en raison de l’opposition du Brésil), puis une nouvelle fois à la COP-25 de Madrid (en raison des profondes divergences politiques entre les Parties et surtout du blocage du Brésil de nouveau, mais aussi de l’Australie et de l’Arabie saoudite) et ce, alors que le régime de Paris a formellement démarré le 1er janvier 2021.

 

Adoption des règles de mise en œuvre : consensus à Glasgow (2021)

Après d’intenses et longues négociations lors de la COP-26 à Glasgow (Ecosse, novembre 2021), les Parties de la CMA-3 ont enfin pu parvenir à un accord sur la finalisation de ces règles sur les modalités pour recourir aux marchés carbone via trois décisions :

  • décision 2/CMA.3 relative aux approches coopératives visées à l’article 6.2 de l’Accord de Paris. Les lignes directrices sur les approches coopératives adoptées sont établies à l’annexe de la décision,
  • décision 3/CMA.3 relative aux règles, modalités et procédures applicables au mécanisme établi en vertu de l’article 6.4 de l’Accord de Paris,
  • décision 4/CMA.3 relative au programme de travail dans le cadre des approches non fondées sur le marché visées à l’article 6.8 de l’Accord de Paris.

Les règles adoptées évitent notamment l’écueil du double comptage des crédits d’émission. Les crédits d’émission issus des projets menés au titre du Protocole de Kyoto enregistrés après le 1er janvier 2013 peuvent être transférés dans le mécanisme de Paris. Ces crédits doivent être identifiés comme étant des « réductions d’émission pré-2020 ». Ils peuvent être utilisés pour contribuer à atteindre les objectifs uniquement de la première NDC.

Au titre de l’article 6.4, une part obligatoire de 5% des recettes issues des échanges sera prélevée pour alimenter le Fonds d’adaptation pour aider les pays en développement à couvrir les coûts d’adaptation, tandis qu’au minimum 2% des crédits d’émission devront être annulés afin d’assurer une « atténuation globale des émissions mondiales » (overall mitigation of global emissions ou OMGE). Un « organe de supervision » (Supervisory body) de l’article 6.4 est établi et devait commencer à travailler en 2022 via deux réunions, au cours desquelles il devait commencer à élaborer des méthodologies et des exigences administratives pour le marché.

 

Comité de Glasgow sur les approches non fondées sur le marché (cf. article 6.8)

Le Comité de Glasgow sur les approches non fondées sur le marché (Glasgow Committee on Non-Market Approaches ou GCNMA) a été créé par la décision 4/CMA.3 (cf. chapitre III de l’annexe, paragraphes 4 et 5) pour mettre en œuvre le cadre des approches non fondées sur le marché et le programme de travail associé, en offrant aux Parties des possibilités de coopération non fondée sur le marché pour la mise en œuvre des mesures d’atténuation et d’adaptation prévues dans leurs NDC.

Le Comité de Glasgow est convoqué par le Président du SBSTA et fonctionne conformément aux procédures applicables aux groupes de contact et sous la direction du Président. Il se réunit au moment de la tenue des deux sessions annuelles du SBSTA (en juin et lors de la COP/CMA en novembre ou décembre de chaque année), la première réunion devant avoir lieu en même temps que la 56e session du SBSTA (juin 2022).

Première réunion (GCNMA-1) (Bonn juin 2022) | Deuxième réunion (GCNMA-2) (Charm el-Cheikh, nov. 2022) | Troisième réunion (GCNMA-3) (Bonn, juin 2023) | Quatrième réunion (GCNMA-4) (Dubaï, déc. 2023).

Voir aussi Plateforme sur les approches non fondées sur le marché.

 

Adoption des règles de mise en œuvre : avancées à Charm el-Cheikh (2022) sur la finalisation des derniers détails techniques

Même si avec ces trois décisions, qui ont constitué une avancée majeure à Glasgow, les règles d’application de l’article 6 sont arrêtées dans leur ensemble, il restait néanmoins à peaufiner certains détails et à étoffer certains éléments lors les sessions suivantes du SBSTA (SBSTA-57 et après) pour que l’article 6 soit intégralement opérationnel et pour que les échanges puissent véritablement démarrer sur la base de règles robustes, d’où la poursuite des travaux sur l’article 6 lors de la session SBSTA-56 à Bonn (juin 2022). Ainsi, des consultations informelles ont été menées à Bonn sur les sujets confiés au SBSTA pour lesquels la CMA avait demandé (via la décision 3/CMA.3) d’élaborer des recommandations, parmi lesquels les règles, modalités et procédures applicables au MDD.

Lors de la CMA-4 (Charm el-Cheikh, nov. 2022), les négociations au titre de l’article 6 se sont poursuivies discrètement en arrière-plan pendant les deux semaines et sont parvenues, via trois nouvelles décisions, à fournir un certain nombre de recommandations et orientations qui devraient contribuer à opérationnaliser les trois volets de l’article 6.

  • article 6.2 : la décision 6/CMA.4 précise entre autres les grandes lignes du rapport à soumettre par les Parties. Elle prévoit la possibilité pour ces informations rapportées de revêtir un caractère confidentiel. Ainsi, elle laisse aux Etats la liberté de décider de garder ces informations confidentielles ou non, avec l’option pour eux de fournir des explications motivant leur choix, ce qui a engendré de vives critiques de la part des ONG en raison du manque de transparence et du manque de redevabilité (accountability) ;
  • article 6.4: la décision 7/CMA.4 établit des lignes directrices relatives au MDD. La CMA-4 n’a pas entériné les recommandations de l’organe de supervision de l’article 6 (A 6.4 Supervisory Body), publiées le 6 novembre 2022, au terme de sa 3e réunion (éligibilité des activités anthropiques portant sur l’absorption de CO2 (et le stockage dans des réservoirs géologiques [donc le captage et stockage du CO2], terrestres ou océaniques) à des crédits d’émission à échanger sur le marché international. Elles ont été vivement critiquées par les ONG qui craignent qu’elles ne nuisent à l’intégrité de l’Accord de Paris, tout en pointant leur manque de protection des droits humains et de l’environnement. Plusieurs Parties se sont également opposées à ces recommandations. La CMA-4 a donc demandé à l’organe de supervision de reprendre le dossier et de retravailler leurs recommandations initialement proposées, afin de soumettre de nouvelles propositions de recommandations pour examen et adoption par la CMA-5 (déc. 2023) ;
  • article 6.8 : la décision 8/CMA.4 demande au Comité de Glasgow sur les approches non fondées sur le marché (Glasgow Committee on Non-Market Approaches [NMAs]), établi par la décision 4/CMA.3, de poursuivre la mise en œuvre des activités du programme de travail prévues par la décision 4/CMA.3 ( annexe, chapitre V) sur 2023-2026 en deux phases (2023-2024, puis 2025-2026). Le Secrétariat de la CCNUCC est également prié de développer et de rendre opérationnelle la plateforme web de la CCNUCC destinée à enregistrer et à échanger les informations sur les approches non fondées sur le marché. La décision définit la finalité de cette plateforme web.

 

Adoption des règles de mise en œuvre : avancées à Dubaï (2023) sur la finalisation des derniers détails techniques

Même si les règles d’application de l’article 6 ont été arrêtées dans leur ensemble lors de la CMA-3 à Glasgow en nov. 2021, il restait néanmoins à peaufiner certains détails techniques (définitions, procédures, logistique,…) et à étoffer certains éléments pour que l’article 6 soit intégralement opérationnel et pour que les échanges puissent donc véritablement démarrer sur la base de règles robustes (art. 6.4 : autorisation des unités de réduction A6.4ER ; interconnexion entre registres art. 6.2 et 6.4 ; éligibilité des projets qui évitent les émissions et améliorent la conservation de la nature,…). L’article 6 n’était donc plus un sujet politique prioritaire.

A Dubaï, le projet de décision 6.2 et le projet de décision 6.4 sont restés bloqués faute de consensus entre les Parties et n’ont pas pu donc être adoptés. Les négociations ont été renvoyées aux sessions SB-60 à Bonn (juin 2024).

Article 6.2 – approches coopératives : Les négociations à Dubaï ont fait ressortir un désaccord total entre, d’une part, l’UE, les pays africains et latino-américains et, d’autre part, les Etats-Unis sur des questions clés : l’intégrité environnementale et la protection des droits humains, ainsi que la transparence (surtout la question des clauses de confidentialité des informations rapportées par les Parties après les échanges d’ITMO, qui empêcheraient la vérification de ces informations). Alors que les Etats-Unis voulaient à tout prix mettre en œuvre le plus rapidement possible une approche minimaliste et basique (« light-touch, no frills »), s’appuyant sur le marché volontaire, l’autre camp avait une vision diamétralement opposée : des règles robustes avec vérification renforcée.

 

Article 6.4 – mécanisme de développement durable : à Dubaï, la CMA-5 n’a pas entériné les recommandations finalisées le 27 nov. 2023 par l’organe de supervision de l’art. 6.4 (Art. 6.4 Supervisory Body) sur les exigences pour l’élaboration et l’évaluation de méthodologies et pour les activités liées à l’absorption de CO2. Leur approbation est essentielle pour l’opérationnalisation du marché. Ces deuxièmes versions des recommandations ont été rejetées par les Parties en raison de leur manque d’ambition et de robustesse (tout comme les premières versions à Charm el-Cheikh où la CMA-4 avait demandé à l’organe de supervision de revoir sa copie).

Ce résultat décevant a envoyé un signal très négatif aux acteurs du marché carbone de l’art 6.4, ce qui a pour conséquence de laisser ce marché dans un état d’incertitude et d’instabilité persistant. Cependant, ce non-résultat a évité l’adoption de règles insuffisantes et évité de reproduire les erreurs des marchés carbone volontaires (cf. polémique sur le certificateur de crédits carbone Verra en 2023). En effet, une absence d’accord reste mieux qu’un mauvais accord selon plusieurs observateurs, dont l’ONG Carbon Market Watch. L’opérationnalisation du marché carbone de l’art. 6.4 subira donc probablement un retard supplémentaire d’au moins 12 mois. Un effet pervers de cet échec (selon Carbon Market Watch, source : Climate Home News, 20 déc. 2023) est le risque que les acteurs du marché volontaire en profitent pour saisir l’opportunité de combler le vide juridique concernant les règles de l’art. 6.2 et 6.4. Cela devrait dans tous les cas doper le marché volontaire.

Sur les articles 6.2 et 6.4, les négociations ont donc repris à Bonn en juin 2024 (lire notre article).

 

Article 6.8 – approches non fondées sur le marché : en revanche, un consensus a pu être trouvé à Dubaï sur ce sous-volet de l’article 6. La décision 17/CMA.5 adoptée reste une décision plutôt procédurale qui encourage les Parties à continuer à identifier des possibilités pour concevoir et mettre en œuvre des approches non fondées sur le marché.

Voir la page du site de la CCNUCC sur les approches fondées et non fondées sur le marché.

Voir la page du site de la CCNUCC sur la mise en œuvre coopérative (article 6).

 

Adoption des règles de mise en œuvre : avancées à Bonn (2024) sur la finalisation des derniers détails techniques

Lors des consultations informelles dans le cadre des sessions SB-60 à Bonn (3-13 juin 2024), les co-facilitateurs Maria Al-Jishi (Arabie Saoudite) et Peer Stiansen (Norvège) ont présenté une note informelle rédigée par le Président du SBSTA, Harry Vreuls, en amont de sessions SB-60 (en date du 29 mai 2024). Cette note reflétait les différents points de vue exprimés par les Parties dans les négociations du SBSTA-59 à Dubaï sur les sous-volets article 6.2 et article 6.4. Ils ont expliqué que le mandat du groupe était d’élaborer un projet de texte de décision pour chacun de ces deux sous-volets, à soumettre à la CMA-6 à Bakou, et de se concentrer sur les « questions cruciales », y compris les autorisations, les registres et le format électronique.

La Présidence azerbaïdjanaise a indiqué très clairement qu’une des priorités de la COP-29 (et de la CMA-6) serait de régler une fois pour toutes les questions techniques des articles 6.2 et 6.4. Dans son discours sur la vision et la stratégie de la Présidence azerbaïdjanaise de la COP-29 pour Bakou, le négociateur en chef de la COP-29, Yalchin-Rafiyev, s’est fixé comme objectif de la Présidence de rendre l’article 6 pleinement opérationnel à Bakou.

Malgré cette ambition forte, les négociations techniques ont progressé lentement et ont globalement débouché sur peu de résultats concrets.

Des avancées significatives ont néanmoins été enregistrées sur deux questions spécifiques :

  • les activités qui évitent des émissions: la question était de savoir si de telles activités peuvent compter pour générer des crédits d’émission pour échange au titre de l’article 6.2 et de l’article 6.4 (par exemple, si une entité n’entreprend pas une activité émettrice de GES (telle que l’extraction de combustibles fossiles), elle pourrait se voir octroyer des crédits d’émission). Malgré l’opposition des Philippines, dans leur ensemble, les Parties se sont accordées à reconnaître que cette option ne devrait pas être retenue. A Bonn, après des discussions intenses, les Parties se sont mises d’accord sur le fait que ces activités ne doivent pas générer des crédits au titre des articles 6.2 et 6.4.

Le SBSTA a décidé de poursuivre l’examen de cette question à sa 68e session (2028). Le SBSTA a noté qu’en l’absence de nouvelles recommandations de la part de la CMA, les recommandations actuelles s’appliquent, sachant que l’option de compter les émissions évitées n’est pas incluse dans les recommandations actuelles (cf. paragraphe 6 du projet de conclusions adopté à Bonn sur ce sous-volet, en date du 13 juin 2024). Par conséquent, cette question a été supprimée de l’ordre du jour de la CMA-6 en amont de Bakou, renvoyant ainsi un signal clair aux marchés.

  • la question de la confidentialité des informations rapportées par les Parties après les échanges d’ITMO sans qu’il n’y ait besoin pour celles-ci de justifier leur décision. Les négociations à Bonn ont pu avancer sur cette question. Ainsi, le SBSTA a demandé au Secrétariat de la CCNUCC d’élaborer, de publier et de mettre en œuvre les procédures administratives nécessaires, y compris un code de conduite spécifique pour les équipes d’experts techniques de l’article 6, pour le traitement et l’examen des informations identifiées comme confidentielles par les Parties participantes. A noter toutefois que ce code de conduite devra être approuvé par l’ensemble des Parties, ce qui est loin d’être acquis à ce stade.

Si ces avancées ne permettent pas une rapide opérationnalisation de l’article 6, elles contribueront néanmoins à garantir son intégrité environnementale. Elles pourront aider les Parties à se concentrer sur les questions cruciales, telles que les modalités d’autorisation du transfert des réductions d’émission en vertu de l’article 6.2 ou la question de savoir si les pays qui ne disposent pas de registres nationaux pourront utiliser le registre international pour enregistrer et transférer leurs réductions d’émission.

Voir le projet de conclusions du Président du SBSTA sur l’article 6.2 (en date du 13 juin 2024).

Voir le projet de conclusions du Président du SBSTA sur l’article 6.4 (en date du 13 juin 2024).

 

Adoption des règles de mise en œuvre : avancées réalisées par l’organe de supervision de l’article 6.4 en 2024

En amont de la CMA-6 à Bakou, des travaux supplémentaires sur l’Article 6.4 ont été réalisés. L’organe de supervision de l’article 6.4 (Article 6.4 Supervisory Body), chargé de rendre opérationnel le nouveau marché mondial du carbone dans le cadre de l’Accord de Paris, s’est réuni deux fois avant les négociations à Bakou, pour finaliser les recommandations sur les méthodologies et les absorptions d’émissions.

Enfin, l’organe de supervision de l’article 6.4 visait également à finaliser un outil de développement durable (Sustainable Development Tool) en amont de la CMA-6, afin d’établir des garanties environnementales et sociales dans le cadre des échanges qui seront effectués sur le marché mondial du carbone.

Ainsi, du 5 au 9 octobre 2024 a eu lieu à Bakou (Azerbaïdjan), : 14e réunion de l’organe de supervision de l’article 6.4 (Art. 6.4 Supervisory Body), organe technique créé par la décision 3/CMA.3 relative aux règles, modalités et procédures applicables au mécanisme établi en vertu de l’article 6.4 de l’Accord de Paris (décision adoptée lors de la CMA-3 à Glasgow, 2021). Cet organe de supervision est désormais connu sous le nouvel acronyme SBM. Voir rapport de la réunion (réf. réunion SBM014).

Résultats 

1ère avancée : les normes SBM. Contre toute attente, cette réunion à Bakou a débouché sur une grande avancée vers la mise en place d’un marché carbone mondial. Le SBM a examiné les 2 projets de version révisée des recommandations, l’un pour les absorptions de CO2 et l’autre sur les méthodologies. Plutôt que d’attendre l’approbation par les diplomates lors de la CMA-6 (à Bakou, nov. 2024) dans le cadre du processus formel en vertu de l’Accord de Paris, le SBM a directement adopté, lui-même, ces deux projets de version révisée des exigences sous forme de deux normes SBM :

Ces deux normes sont entrées en vigueur le 9 octobre 2024. Le SBM a demandé à la CMA-6 à Bakou d’avaliser cette démarche, de fournir toute recommandation complémentaire et d’acter le fait que le SBM mette en œuvre ces normes.

Il s’agit d’une démarche inédite pour le SBM qui ne souhaitait pas prendre le risque de voir ses recommandations rejetées à Bakou, pour la 3e année consécutive, ce qui aurait constitué une entrave majeure à l’opérationnalisation concrète du mécanisme de l’article 6.4, désormais baptisé mécanisme d’octroi de crédits d’émission au titre de l’Accord de Paris (Paris Agreement Crediting Mechanism, PACM).

Les 12 membres du SBM ont donc pris les devants, en décidant de passer outre, sans passer par la CMA, évitant ainsi des négociations lourdes et complexes, et sans attendre le feu vert de la CMA – stratégie un peu risqué « à prendre ou à laisser ». Le but de cette démarche était évidemment d’accélérer le processus qui a traîné trop longtemps, de permettre ainsi une opérationnalisation rapide du mécanisme de l’article 6.4, de permettre au SBM de réexaminer, de mettre à jour et d’améliorer ces normes en fonction du développement du marché, et donc de permettre au PACM de rester dynamique et évolutif.

Les porteurs de projets vont pouvoir s’appuyer sur ces normes pour définir et soumettre des méthodologies pour étayer leurs projets en vue de les faire enregistrer dans le cadre du mécanisme PACM

 

2e avancée : l’outil de développement durable. Lors de sa 14e réunion, le SBM a également approuvé un nouvel outil de développement durable (le Sustainable Development Tool ou SD Tool). Son objectif est de garantir que les projets qui seront menés au titre de l’article 6.4 favorisent le développement durable et n’induisent pas d’impacts socio-environnementaux négatifs. L’outil prévoit une approche structurée pour permettre aux porteurs de projets de démontrer qu’ils ont rempli les obligations pour identifier et minimiser les risques et éventuels impacts socio-environnementaux de leurs projets. Par le biais d’une évaluation des risques (eau, sols, droits humains, santé,…), ils devront préciser comment ils prévoient d’éviter ces impacts, ou à défaut préciser les mesures qu’ils comptent mettre en œuvre pour les réduire. Les porteurs de projet devront en outre préciser les procédures qu’ils comptent mettre en place pour suivre la mise en œuvre de leurs projets et pour rapporter les résultats obtenus. Enfin, les évaluations des risques seront soumises à un audit par des auditeurs externes.

Prochaines étapes : lors de la Conférence de Bakou, la CMA-6 pourrait rejeter intégralement les nouvelles normes SBM en vigueur ou bien elle pourrait tout simplement demander au SBM d’apporter de modifications complémentaires.

Enjeu prioritaire n°2 de la Conférence de Bakou (CMA-6) :

  • article 6.2 : régler les questions en suspens en vue de finaliser les règles de mise en œuvre (intégrité environnementale, protection des droits humains et transparence) et adopter le code de conduite spécifique pour les équipes d’experts techniques
  • article 6.4 : approuver les deux normes adoptées le 9 octobre 2024 par l’organe de supervision de l’article 6.4, évitant ainsi de rouvrir la boîte de Pandore…
  • article 6.8 : poursuivre les discussions pour identifier des possibilités pour concevoir et mettre en œuvre de telles approches.

 

 

3)     Pertes et préjudices (article 8)

 

Enjeu n° 1 : Modalités de fonctionnement du fonds pertes et préjudices

Le principal enjeu pour la CMA-6 (et pour la COP-29) sur le sujet pertes et préjudices est d’approuver conjointement les modalités définitives de fonctionnement du fonds pertes et préjudices adoptées par son Conseil d’administration (Board) lors de sa 3e réunion, et notamment les modalités d’hébergement et d’administration du fonds (auprès de la Banque mondiale pour une durée provisoire de quatre ans). L’approbation de ces modalités de fonctionnement constituera une étape clé pour l’opérationnalisation concrète du fonds, afin qu’il puisse verser ses premiers financements en 2025.

La CMA-6 et la COP-29 doivent également conjointement examiner et adopter le rapport du Conseil d’administration du fonds à la CMA.

 

Contexte et enjeux généraux

Le sujet des pertes et préjudices (en anglais Loss and damage ou L&D), très clivant entre pays du Nord et pays du Sud, constitue le troisième volet de l’action climat, après l’atténuation et l’adaptation. Il se réfère aux pertes et dommages irréversibles induits par le changement climatique qui dépassent les capacités des sociétés et des écosystèmes à s’y adapter, ainsi qu’aux impacts socio-économiques qui en résultent. Parfois, ce sujet est appelé les « réparations climatiques ».

Ce sujet est étroitement lié, d’une part, à la question très controversée de la responsabilité historique des émissions de GES qui incombe en premier lieu aux pays industrialisés, et d’autre part, à la justice climatique. Le sujet des pertes et préjudices est très cher aux pays vulnérables (dont les petits Etats insulaires et les pays les moins avancés) qui sont les moins responsables du changement climatique (ils y ont contribué le moins), qui sont en première ligne face aux impacts du changement climatique et qui sont les moins bien équipés pour y faire face.

Quant aux pays industrialisés, ils s’opposent depuis plusieurs années à accorder une grande attention politique sur cette question dans le cadre des négociations de la CCNUCC, craignant, d’une part, des actions en justice qui les tiendraient pour responsables de leurs contributions historiques au changement climatique et, par extension, de ces pertes et préjudices déjà subis, et d’autre part, de se voir contraints à verser des indemnisations financières aux pays vulnérables. Il faut néanmoins garder à l’esprit que la décision 1/CP.21 (paragraphe 51), qui accompagnait l’Accord de Paris, précise que l’article 8 « ne peut donner lieu, ni servir de fondement à aucune responsabilité, ni indemnisation ». Jusque-là, les pays industrialisés ont toujours refusé de céder aux demandes de financement des pays vulnérables pour les pertes et dommages, demandes qui vont croissant. En effet, depuis plusieurs années, les pays en développement et les ONG demandent aux pays industrialisés de faire preuve de solidarité internationale en mettant en place un mécanisme de financement spécifique pour canaliser les ressources financières pour les pertes et dommages, dispositif qui serait distinct du financement de l’adaptation (financement nouveau et additionnel donc). La question des pertes et préjudices cristallise l’important écart qui demeure entre la position des pays du Nord et celle des pays du Sud. Au lieu d’être comblé ces dernières années, il n’a fait que s’agrandir.

Le rapport de référence ( « Finance for Climate Action : Scaling up investment for climate and development ») publié lors de la COP-27 à Charm el-Cheikh, le 8 novembre 2022, par le Groupe d’experts indépendants de haut niveau sur le financement climat (Independent High-Level Expert Group on Climate Finance) quantifie des estimations concernant les besoins en termes de financement climat des pays en développement. Selon ce rapport, les estimations visant quantifier en termes monétaires les pertes et préjudices futurs sont sujettes à de fortes incertitudes mais des événements récents suggèrent qu’elles pourraient atteindre 150 à 300 Md$ d’ici 2030 pour faire face aux impacts immédiats et à la reconstruction ultérieure.

Si la toute première référence au sujet des pertes et préjudices dans les négociations climat internationales remonte à….1991, soit un an avant l’adoption de la Convention Climat, il fallait attendre 2013 pour le début des travaux concrets en la matière au sein de la CCNUCC, avec le lancement du mécanisme international de Varsovie sur les impacts associés au changement climatique (Warsaw International Mechanism ou WIM) (cf. décision 2/CP.19). Ce mécanisme promeut la mise en œuvre d’approches pour faire face aux pertes et dommages. Le sujet a été juridiquement formalisé dans l’article 8 de l’Accord de Paris mais cet article n’oblige pas les Parties (pays industrialisés ou non) à fournir un soutien financier pour aider les pays en développement (vulnérables ou non) à faire face aux pertes et préjudices.

La décision 2/CMA.2 (adoptée à Madrid en 2019) a établi, dans le cadre du WIM, le réseau de Santiago pour la prévention, la réduction et la prise en compte des pertes et dommages, afin de catalyser l’assistance technique des organisations, organes, réseaux et experts compétents pour la mise en œuvre d’approches pertinentes aux niveaux local, national et régional dans les pays en développement qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes du changement climatique. Malgré ces avancées ces dernières années, le volet pertes et dommages n’a pas bénéficié d’autant d’attention technique ou politique dans le cadre des négociations de la CCNUCC que les deux autres volets (surtout l’atténuation et, dans une moindre mesure, l’adaptation).

A Glasgow, le Pacte de Glasgow sur le climat (cf. décision 1/CMA.3) a défini les fonctions du réseau de Santiago et a lancé un processus pour concrétiser ses modalités institutionnelles et opérationnelles. Les Parties, réunies au sein de la CMA, ont décidé que le réseau de Santiago recevrait des ressources financières afin de soutenir l’assistance technique aux pays en développement pour éviter, minimiser et traiter les pertes et dommages. La CMA a exhorté les pays développés à fournir des ressources financières pour le fonctionnement de ce réseau.

Par ailleurs, toujours via la décision 1/CMA.3 (§ 73), la CMA a décidé d’établir le Dialogue de Glasgow entre les Parties, les organisations et parties prenantes pertinentes pour discuter des modalités de financement des activités pour éviter, minimiser et traiter les pertes et dommages liés aux effets néfastes du changement climatique. Ce Dialogue, comme son nom l’indique, n’est pas investi de pouvoirs de prise de décision. Il doit se tenir lors des sessions inter-COP du SBI (et non pendant les sessions de la CMA) et terminer ses travaux lors de sa 3e réunion (en juin 2024 lors des sessions SBI-60). Sa première réunion a eu lieu à Bonn, les 7, 8 et 11 juin 2022 (dans le cadre du SBI-56 – lire notre article).

Au titre de la décision 2/CMA.4, adoptée à Charm el-Cheikh lors de la CMA-4, les Parties avaient décidé que le 2e réunion du Dialogue de Glasgow s’appuierait sur la première réunion, et que cette 2e réunion serait axée :

  • sur la mise en place des nouvelles modalités de financement (pour aider les pays en développement qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes du changement climatique à traiter les pertes et préjudices, et à mobiliser des ressources nouvelles et additionnelles) et du nouveau fonds pour les pertes et préjudices,
  • sur l’optimisation du soutien apporté par les modalités de financement en place, notamment pour faire face aux pertes économiques, aux phénomènes qui se manifestent lentement et aux phénomènes météorologiques extrêmes.

La 2e réunion du Dialogue a eu lieu du 8 au 10 juin 2023 à Bonn lors des sessions SBI-58, et non pas pendant la CMA-4. Les discussions se sont concentrées sur le soutien aux différentes phases des pertes et préjudices, et les préférences respectives des Parties pour un fonds autonome ou une approche « en mosaïque ». Sur ce dernier point, selon Carbon Brief, les discussions ont fait ressortir une divergence d’opinions entre, d’une part, les Parties qui préfèrent mettre l’accent sur les « modalités de financement » en dehors du nouveau fonds dédié (les pays industrialisés) et, d’autre part, les Parties qui souhaitent cibler les discussions sur le fonds dédié lui-même (les pays en développement en tête). Les pays en développement souhaitent voir la mise en place du fonds spécifique pour les pertes et préjudices comme une entité fonctionnant sous l’égide de la CCNUCC, financé par des contributions des pays industrialisés et fournissant des dons et/ou des subventions plutôt que des prêts. Parmi la mosaïque de solutions préconisée lors de la COP-27 par l’UE et les Etats-Unis (lire notre article), figurent notamment le financement des banques multilatérales de développement, des régimes d’assurance, et des organisations humanitaires.

Les Parties ont également réfléchi à la question de savoir comment il pourrait y avoir une coopération entre, d’une part, les nouvelles modalités de financement et le nouveau fonds et, d’autre part, les acteurs non étatiques, y compris le secteur privé.

Lors des discussions en sous-groupes le deuxième jour (9 juin 2023), les Parties ont échangé leurs points de vue sur les capacités des institutions existantes à répondre aux pertes et aux préjudices et sur la meilleure façon dont il convient de traiter les pertes et préjudices pour que le financement ne réponde pas seulement aux besoins immédiats mais aussi aux besoins de reconstruction et de redressement des communautés locales à moyen et à long terme, et pour que ce financement n’alourdisse pas le fardeau de la dette des pays en développement.

Enfin, des discussions ont été menées sur les nouvelles sources de financement (dites les « sources innovantes de financement ») pour compléter le financement qui serait issu du nouveau fonds, à savoir d’éventuelles taxes sur le transport maritime et aérien international, les combustibles fossiles et les transactions financières.

Voir compte rendu de la 2e réunion du Dialogue de Glasgow.

Dans le cadre de la session SBI-60 à Bonn, les 6-7 juin 2024, a eu lieu la 3e et dernière réunion du dialogue de Glasgow sur les pertes et préjudices (réunion dite GD3). Voir programme. Les Parties ont mené des discussions sur les modalités de coordination du fonds pertes et préjudices, elles ont évalué les progrès accomplis et formulé de nouvelles recommandations.

 

Modalités de financement des pertes et préjudices : le fonds pertes et préjudices et sa mise en place

 

Fonds pertes et préjudices : avancées à Charm el-Cheikh (2022)

Les attentes sur le dossier du financement des pertes et préjudices étaient très fortes en amont de la COP-27 et de la CMA-4 (Charm el-Cheikh, Egypte, novembre 2022) puisque c’était le continent africain qui l’accueillait. L’avancée la plus importante issue de cette conférence concernait incontestablement le sujet pertes et préjudices. Ainsi, la COP-27 et la CMA-4 ont décidé de mettre en place de « nouvelles modalités de financement » pour aider les « pays en développement particulièrement vulnérables », en fournissant et en aidant à mobiliser des ressources nouvelles et additionnelles (paragraphe 2 de la décision 2/CP.27 et paragraphe 2 de la décision 2/CMA.4).

Dans ce contexte, la COP-27 et la CMA-4 ont établi un fonds spécifique dédié aux pertes et préjudices, et un comité de transition pour rendre ce fonds opérationnel. Ce comité a été chargé de formuler des recommandations en ce sens pour examen et adoption lors de la COP-28 et de la CMA-5 (30 nov.-13 déc. 2023) (paragraphes 3 et 4 de la décision 2/CP.27 et paragraphes 3 et 4 de la décision 2/CMA.4). Selon le paragraphe 3 du cahier des charges (terms of reference) du comité de transition), établi à l’annexe de ces deux décisions, les travaux dudit comité devaient s’achever avec l’adoption au plus tard lors de la COP-28 et de la CMA-5 d’une décision relative aux nouvelles modalités de financement des pertes et préjudices. L’objectif était donc que le fonds spécifique dédié aux pertes et préjudices soit opérationnel à la COP-28/CMA-5.

Le comité de transition était composé de 24 membres qui devaient être nommés avant le 15 décembre 2022 (cf. annexe de la décision 2/CP.27 et de la décision 2/CMA.4). La répartition des membres de ce comité, définie en annexe de la décision 2/CP.27 et de la décision 2/CMA.4, était la suivante :

  • 14 des pays en développement (PED)
  • 3 membres du groupe régional Afrique de l’ONU (dont 1 représentant de la COP-27),
  • 3 membres du groupe régional Asie-Pacifique (dont 1 représentant de la COP-28),
  • 3 membres du groupe régional Amérique latine et Caraïbe,
  • 2 membres des petits Etats insulaires,
  • 2 membres des pays les moins avancés, et
  • 1 membre d’un pays en développement n’entrant pas dans une des catégories précitées [en l’occurrence l’Arménie] ;
  • 10 des pays industrialisés.

 

Le comité était donc composé d’une majorité de PED.

 

La décision 2/CP.27 et la décision 2/CMA.4 adoptées à Charm el-Cheikh ont établi en annexe le cahier des charges du nouveau comité de transition. Ainsi, le comité devait se réunir au moins trois fois en 2023 et achever ses travaux de préparation du fonds dédié aux pertes et préjudices à la COP-28/CMA-5. L’objectif affiché était donc que le fonds soit opérationnel à la COP-28/CMA-5. Le principal enjeu pour ce comité était de concrétiser l’opérationnalisation du nouveau fonds afin qu’il ne reste pas une coquille vide car au terme de la COP-27, il y avait tout simplement un accord de principe sur la création du fonds pour les pertes et préjudices conclu au terme de la COP-27 : tout restait à construire.

 

Fonds pertes et préjudices : les réunions du comité de transition

La première réunion du comité de transition (dite TC 1) s’est tenue à Louxor du 27 au 29 mars 2023 (lire notre article). La composition du Comité, qui devait être décidée avant le 15 décembre 2022, a pris du retard en raison de la nomination tardive des trois membres provenant du groupe régional Asie-Pacifique des pays membres de l’ONU. Sur les cinq groupes régionaux, celui d’Asie-Pacifique a été le dernier à nommer ses membres en raison d’un manque de consensus entre les différents pays d’Asie sur le choix des 3 membres représentant leur région. Ils ont fini par trouver un compromis mi-mars 2023, en nommant des représentants de six pays qui se partageront la participation aux trois réunions prévues du comité en 2023 : l’Inde, les Philippines et l’Arabie saoudite partagent un siège alors que la Chine, la Corée du Sud et le Pakistan partagent l’autre. Le 3e membre de ce groupe, un représentant de la Présidence de la COP-28 (Emirats arabes unis), n’a pas fait l’objet du désaccord entre les pays de la région.

Voir liste complète des 24 membres, dont Jean-Christophe Donnellier de la France.

Lors de cette première réunion, les deux co-Présidents du comité ont été élus : Richard Sherman (Afrique du Sud) et Outi Honkatukia (Finlande). Par ailleurs, les modalités de travail (voir note des co-Présidents du 28 mars 2023) et le programme de travail ont été adoptés (voir note des co-Présidents du 29 mars 2023). Selon Mohamed Nasr, négociateur en chef du gouvernement égyptien, il y avait une ambiance constructive et les membres du comité ont fait preuve de coopération, d’entente et de responsabilité (source : Climate Home News, 31 mars 2023). Les discussions ont fait ressortir une certaine convergence sur une feuille de route en vue de la mise en place du Fonds.

Face à la perspective de manquer de temps pour faire aboutir les travaux sur des résultats concrets, le comité a décidé de programmer une 4e réunion (TC 4) du 17 au 20 octobre 2023.

Les positions des pays n’avaient pas changé depuis la COP-27 et la CMA-4. Les discussions à Louxor ont surtout fait ressortir des divergences sur les deux questions clés :

  • quels pays doivent bénéficier du Fonds : les pays en développement « particulièrement vulnérables » ou tous les pays en développement ?
  • qui va contribuer au Fonds ?

Voir note de synthèse des résultats.

La 2e réunion du comité a eu lieu à Bonn du 25 au 27 mai 2023. Voir note de synthèse des résultats.

La 3e réunion s’est tenue du 29 août au 1er septembre 2023 à Santo Domingo, République dominicaine. Voir note de synthèse des résultats.

La 4e réunion s’est tenue du 17 au 20 octobre 2023 à Aswan, Egypte. Voir note de synthèse des résultats.

Le matin du dernier jour de cette 4e réunion, le 20 octobre 2023, les deux co-Présidents ont remis aux membres du comité un projet de texte de négociation c(draft negotiating text) de 17 pages pour examen :

  • la partie I de ce projet de texte de négociation porte sur les questions relatives à la localisation (à l’hébergement) du fonds : quatre options ont été proposées :
  • option 1 : la Banque mondiale,
  • option 2 : la Banque mondiale (assortie de conditions),
  • option 3 : nouvelle institution autonome
  • option 4 : procédure ouverte et transparente pour sélectionner une institution internationale appropriée pour héberger le fonds.
  • la partie II constitue le projet de cahier des charges sur la gouvernance du fonds.

En raison des fortes divergences surtout entre pays du Sud et pays du Nord et faute de temps pour examiner en détail le projet de texte de négociation, les membres du comité de transition ne sont pas parvenus à un consensus pour l’avaliser en vue de le soumettre à la COP-28 et à la CMA-5 pour examen et adoption.

Première grande divergenceAuprès de quel organisme le fonds sera-t-il hébergé et donc qui va le contrôler ?

Les Etats-Unis ont proposé que le fonds soit hébergé auprès de la Banque mondiale mais les pays en développement s’y sont fermement opposés, soulignant que le fonds ne sera pas indépendant de la Banque mondiale sur les plans juridique ou opérationnel et que donc les Etats-Unis, son plus grand actionnaire (et donc les pays industrialisés), auront la mainmise sur le fonds. En outre, selon les pays en développement, la Banque mondiale est trop lente, inefficace et inadaptée à leurs besoins. Elle n’est pas adaptée à garantir un accès rapide et direct au financement du type nécessaire pour faire face aux pertes et préjudices. Une question clé était de savoir comment, sous l’égide de la Banque mondiale, le fonds pourrait rendre des comptes à la COP et à la CMA. Les pays en développement craignent notamment que le processus de prise de décision soit dominé par les grands contributeurs au fonds pertes et préjudices et non par les pays touchés en première ligne (pays en développement), que l’accès au financement soit difficile, voire impossible pour les pays non-membres de la Banque mondiale et que les prêts soient privilégiés par rapport aux subventions (ou dons). En outre, les frais d’hébergement et de gestion du fonds pourrait se chiffrer à plus de 20% du revenu qu’il génèrerait (source : Climate Home News, 3 nov. 2023). Pour ces raisons, les pays en développement ont préconisé que le fonds relève d’une nouvelle structure indépendante ou qu’il soit établi dans le cadre du mécanisme financier de la CCNUCC.

Deuxième grande divergence – A quels pays accorder la priorité pour bénéficier du fonds ?

Cette question renvoie directement à la définition des pays « particulièrement vulnérables » pour reprendre la formulation des deux décisions de la COP-27 et de la CMA-4 (décision 2/CP.27 et la décision 2/CMA.4). Les pays industrialisés souhaitent que le fonds soit attribué sur la base de la vulnérabilité, mais il n’existe pas de définition claire et précise de cette notion. Il faudrait surtout définir des critères de vulnérabilité (niveaux d’exposition, de sensibilité et de capacité d’adaptation). Si ces critères devaient s’appliquer, le fonds ne pourrait sans doute pas répondre aux besoins des pays à revenu intermédiaire, comme le Pakistan ou la Libye qui ont connu d’importantes inondations en 2023. Les pays en développement craignent qu’en pratique tout critère de vulnérabilité se limite aux pays les moins avancés et aux petits Etats insulaires.

Enfin, les pays en développement se sont prononcés pour la fixation d’un objectif chiffré sous forme de somme plancher du fonds ou d’engagement minimum : atteindre 100 Md$ par an d’ici 2030 pour alimenter le fonds (cf. proposition des membres du comité de transition provenant des pays en développement, soumise le 23 août 2023).

Malgré ces divergences, les membres du comité de transition ont pu néanmoins se mettre d’accord sur la composition du Conseil (Board) du fonds :

  • 14 des pays en développement (PED)
  • 3 membres du groupe régional Afrique de l’ONU,
  • 3 membres du groupe régional Asie-Pacifique,
  • 3 membres du groupe régional Amérique latine et Caraïbe,
  • 2 membres des petits Etats insulaires,
  • 2 membres des pays les moins avancés, et
  • 1 membre d’un PED n’entrant pas dans une des catégories précitées ;
  • 12 des pays industrialisés.

 

Ainsi, les pays contributeurs au fonds (pays industrialisés) pourront siéger au Conseil, qui est toutefois composé d’une majorité de PED.

Etant donné le retard accusé dans l’avancement des discussions lors de la 4e réunion du comité de transition, les ses membres ont convenu de tenir une 5e réunion d’urgence les 3-4 novembre 2023 à Abu Dhabi, Emirats arabes unis. Le principal objet de cette réunion supplémentaire était d’adopter le rapport final du comité avant de le soumettre à la COP-28 et à la CMA-5 pour examen et adoption. Ce rapport devrait intégrer la version finale du projet de texte de négociation précité, une fois avalisée par les membres du comité de transition.

La 5e réunion a ainsi eu lieu les 3-4 nov. 2023 à Abu Dhabi. Elle a vu resurgir de fortes dissensions entre pays du Sud et du Nord, mais aussi entre pays du Nord eux-mêmes. Ainsi, alors que les Etats-Unis et le Japon campaient sur leur position ferme (aucune obligation de contribution), l’Allemagne, la France, la Norvège et le Canada ont adopté une position plus ouverte et constructive. Après d’âpres discussions, les membres du comité sont parvenus à un pré-accord sur les modalités de mise en place du comité et ce, malgré les réserves des Etats-Unis et de plusieurs pays en développement. Une version révisée du projet de texte de négociation rédigée par les deux co-présidents du comité (17 pages) a été soumis tard dans la soirée du 4 novembre 2023 à ses membres. Ils ont fini par l’avaliser. Il devait être soumis pour examen et adoption formelle par la COP-28/CMA-5. Il s’agissait d’un texte de compromis fragile adopté à contre-cœur des pays en développement qui ont fait d’importantes concessions : il restait bien en deçà de leurs attentes et bien loin de l’ambition nécessaire, étant donné l’urgence climatique :

  • dans un premier temps (période provisoire de quatre ans), le fonds sera hébergé par la Banque mondiale : les pays en développement ont accepté ce compromis mais sous conditions (ainsi, par exemple, les Parties à la CCNUCC et à l’Accord de Paris qui ne sont pas membres de la Banque mondiale pourront avoir accès au fonds sans que soit nécessaire une décision ou une franchise de la part du Conseil d’administration de la Banque mondiale à l’égard de décisions de financement prises à titre individuel – paragraphe 20(g)). En clair, selon les pays en développement, les pays du Nord conserveront le contrôle du fonds, du moins pendant cette période provisoire;
  • la contribution au fonds est basée sur le volontariat : aucune obligation de contribution au fonds ne figure dans le texte de compromis sous la pression des Etats-Unis et du Japon, alors que les pays en développement défendaient une contribution obligatoire des pays industrialisés en vertu de leur responsabilité historique. Les pays industrialisés sont simplement « invités» à fournir en premier des contributions financières au fonds (cf. paragraphe 13 de la version révisée du projet de texte de négociation). Les pays industrialisés sont également « exhortés » [« urged »] à continuer de fournir du soutien pour les pertes et préjudices (paragraphe 12) ;
  • la version finale du projet de texte de négociation ne spécifie pas quelles catégories de pays pourraient être bénéficiaires du fonds mais elle précise que le conseil du fonds élaborera un système d’attribution des ressources (resource allocation system) qui devra prendre en compte notamment les priorités et besoins des pays en développement particulièrement vulnérables et l’ampleur des impacts des épisodes climatiques spécifiques en lien avec les circonstances nationales, tout en garantissant un plancher minimum d’attribution (en pourcentage) pour les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires ( annexe I, section IX, paragraphe 59). Ce sera donc le conseil et non les pays donateurs qui décideront quels pays seraient bénéficiaires du fonds (paragraphe 12);
  • aucun objectif chiffré sur le montant du fonds à terme n’a été fixé, aucun chiffre n’a été avancé sur les éventuelles contributions des pays donateurs ;
  • aucune échéance n’a été fixée pour alimenter le fonds ;
  • il n’y a pas de précisions sur les sources de financement, la version finale du projet de texte de négociation se limitant à préciser que « le fonds peut recevoir des contributions d’une grande variété de sources » ( paragraphe 20(i)) ;
  • il n’y a pas de capitalisation immédiate, ni de plan de capitalisation clair ;
  • aucune stratégie de sortie du giron de la Banque mondiale n’est définie.

 

Les pays industrialisés souhaitaient élargir la base des donateurs au secteur privé, s’appuyant sur une « mosaïque » de solutions en termes de sources de financement, pour reprendre le terme utilisé par l’ancien vice-Président de la Commission européenne, Frans Timmermans lors de la COP-27. Pour leur part, les pays en développement insistaient sur l’importance de privilégier le financement à base de subventions ou de dons (plutôt que des prêts) pour ne pas alourdir davantage le fardeau de leurs dettes.

 

Même si le fonds sera hébergé auprès de la Banque mondiale pendant la période provisoire de quatre ans, le fonds sera géré par un Secrétariat nouveau, indépendant dédié (cf. paragraphe 3). La version finale du projet de texte de négociation prévoit, en attendant l’installation de ce Secrétariat, la mise en place d’un Secrétariat provisoire du Fonds pour fournir un soutien administratif et logistique au conseil du fonds. Les Secrétariats de la CCNUCC, du Fonds vert pour le climat et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) sont priés de constituer conjointement ce Secrétariat provisoire (cf. paragraphe 26).

 

Le fonds devra rendre des comptes à la COP et à la CMA et fonctionner sous l’égide de ces deux organes (cf. paragraphe 4). Le Conseil (Board) doit soumettre des rapports annuels à la COP et à la CMA pour examen (cf. annexe I, section IV.B(c)). Sa première réunion devra se tenir au plus tard le 31 janvier 2024 (paragraphe 10).

 

Le fonds fera l’objet d’une reconstitution (replenishment) tous les quatre ans, à l’instar de la période quadriennale de reconstitution du Fonds vert pour le climat (lire notre article), mais pourra recevoir des contributions financières sur une base permanente (cf. annexe I, section VIII, paragraphe 54).

 

Enfin, les modalités de fonctionnement définitives du Fonds devront être approuvées lors de la COP-29 et de la CMA-6 (novembre 2024) (cf. paragraphe 5), et non lors de la COP-28/CMA-5.

Même si le projet de texte issu des cinq réunions est loin d’être parfait, il représentait le meilleur compromis auquel les membres du comité pouvaient parvenir. Il constituait donc, pour les Parties réunies à Dubaï, une base de discussion, voire une base d’une décision finale à adopter par la COP-28 et la CMA-5.

Pour rappel, il a fallu cinq ans pour rendre opérationnel le Fonds vert pour le climat (GCF) qui a été formellement créé à Cancún en 2010 et a été opérationnel en 2015. Par conséquent, l’objectif de rendre opérationnel le fonds pertes et préjudices au bout d’un an est très ambitieux.

A noter enfin que le Secrétariat de la CCNUCC a été chargé d’organiser deux ateliers en 2023 pour éclairer le travail du comité de transition destiné à élaborer les recommandations (paragraphe 7(a) de la décision 2/CP.27 et paragraphe 7(a) de la décision 2/CMA.4). Le premier atelier a eu lieu à Bonn les 29-30 avril 2023 (voir rapport des résultats) et le 2e atelier a eu lieu les 15-16 juillet 2023 à Bangkok (voir rapport des résultats).

 

Fonds pertes et préjudices : les avancées à Dubaï (2023)

Après la première grande avancée de la Conférence de Dubaï sur le climat, et plus précisément de la CMA-5 (la décision 1/CMA.5 sur le Bilan mondial), la 2e grande avancée, a été l’adoption, lors de la plénière d’ouverture, environ deux heures après le début de la Conférence, et contre toute attente, de la décision 1/CP.28 et de la décision 5/CMA.5 concrétisant les modalités de fonctionnement du fonds spécifique pour les pertes et préjudices. Ainsi, les Parties ont adopté tel quel le projet de texte, préalablement approuvé par le comité de transition, sans remise en cause, sans blocage, sans réouverture à la négociation. Cette avancée majeure, dès le début de la COP-28, a été reçue par des applaudissements et une ovation debout par les délégués réunis dans la salle. C’est la première fois qu’une décision de fond a été adoptée lors d’une plénière d’ouverture d’une COP. Les points clés des modalités sont les suivants :

  • pendant une période provisoire de 4 ans, le fonds sera hébergé par la Banque mondiale,
  • la contribution au fonds est basée sur le volontariat : aucune obligation pour les pays industrialisés de fournir une contribution, sous pression surtout des Etats-Unis et du Japon, alors que les pays en développement défendaient l’obligation faite aux pays industrialisés en vertu de leur responsabilité historique,
  • le fonds est administré et supervisé par un Conseil d’administration (Board) composé de 26 membres (14 membres des pays en développement + 12 membres des pays industrialisés) – il doit rendre compte de ses activités à la CMA,
  • la Banque mondiale est priée de prendre les mesures nécessaires pour rendre le fonds opérationnel en tant que fonds d’intermédiation financière et de soumettre au Conseil d’administration du fonds au plus tard le 12 août 2024 les modalités d’hébergement approuvées par le Conseil de la Banque mondiale.

La 3e grande avancée de la Conférence de Dubaï sur le climat, et plus précisément de la CMA-5, a été plusieurs annonces d’engagements pour alimenter le nouveau fonds constituent une troisième avancée de la COP-28. Après l’adoption de la décision phare sur les modalités de fonctionnement du fonds, le Président de la COP-28 a annoncé que les Emirats seraient le premier pays à fournir une contribution : 100 M$. D’autres Parties leur ont emboîté le pas : Allemagne (100 M$), Royaume-Uni (40 M£), UE [en tant que Partie représentant l’UE-27 dans son ensemble] (25 M€) ; Etats-Unis (17,5 M$, sous réserve d’approbation par le Congrès, ce qui est peu probable), Japon (10 M$). A noter l’écart quantitatif entre les deux premières contributions et les quatre autres. La contribution des Etats-Unis, deuxième émetteur de GES au monde, est presque six fois moins que celle des Emirats arabes unis.

Au 26 septembre 2024, 23 Parties (dont la France) avaient annoncé des contributions au fonds pertes et préjudices totalisant 702,01 M$. Voir la liste des pays contributeurs et le montant de leur contribution annoncée.

 

Fonds pertes et préjudices : les réunions du Conseil d’administration du fonds en 2024

1ère réunion du Conseil d’administration, 29 avril-2 mai 2024, à Abu Dhabi. Voir ordre du jour. Lors de cette 1ère réunion, les membres du Conseil d’administration ont élu ses 2 co-Présidents : Jean-Christophe Donnellier (France) et Richard Sherman (Afrique du Sud) pour un mandat d’un an. Le Conseil d’administration a demandé aux co-Présidents de préparer un programme de travail pour 2024 assorti d’un calendrier, pour examen et adoption lors de la 2e réunion du Conseil. Voir décisions adoptées

2e réunion du Conseil d’administration, 9-12 juillet 2024, à Songdo-Incheon (Corée du Sud). Voir ordre du jour. Les membres du Conseil d’administration ont choisi le pays hôte de celui-ci parmi les pays candidats (Antigua et Barbuda, Arménie, Bahamas, Barbade, Eswatini, Kenya, Philippines, Togo) : Philippines. Il s’agissait d’une étape importante car avec cette décision le Conseil est devenu une entité juridique et il était désormais en mesure de conclure un accord formel avec la Banque mondiale sur les modalités d’hébergement.

Le Conseil d’administration a également adopté son programme de travail pour 2024-2025 (cf. annexe VII de la synthèse des décisions) et le cahier des charges et le processus de sélection du directeur exécutif du fonds (voir cahier des charges, annexes IV et V de la synthèse des décisions). La décision devait être actée lors de la 3e réunion du Conseil. Voir synthèse des décisions adoptées

3e réunion du Conseil d’administration, 18-20 sept. 2024 à Bakou. Voir ordre du jour. Le Conseil d’administration a choisi le directeur exécutif du fonds : Ibrahima Cheikh Diong, Sénégalais/Américain avec plus de 30 ans d’expérience dans le domaine du changement climatique, du financement et du développement. La durée de son mandat est de quatre ans à partir du 1er nov. 2024.

Le Conseil d’administration a également :

  • approuvé l’accord formel avec la Banque mondiale sur les modalités d’hébergement et d’administration du fonds (auprès de la Banque mondiale pour une durée provisoire de quatre ans),
  • adopté des règles de fonctionnement supplémentaires (pour le Conseil d’administration),
  • adopté le projet de rapport du Conseil d’administration du fonds à soumettre à la COP-29 et à la CMA-6 pour examen et adoption,

Synthèse des décisions adoptées non encore disponible sur le site de la CCNUCC.

Les résultats de ces 3 premières réunions, et surtout la 3e, constituent des étapes clés pour l’opérationnalisation du fonds, en jetant les bases pour que le fonds verse ses premiers financements en 2025.

Enjeu prioritaire n°3 de la Conférence de Bakou (CMA-6) : adopter une décision de la COP/CMA sur les modalités de fonctionnement définitives du fonds spécifique dédié aux pertes et préjudices pour le rendre opérationnel ; obtenir des pays industrialisés des engagements concrets en termes de contributions financières pour alimenter et capitaliser ce fonds.

 

4)     Adaptation (article 7)

 

Enjeu n° 1 : Objectif mondial en matière d’adaptation

Le premier enjeu pour la CMA-6 sur le sujet adaptation est de faire aboutir les négociations pour définir et adopter les modalités de mise en œuvre du programme de travail biennal Emirats-Belém (2025-2026), dont la mise en place a été décidée à Dubaï lors de la CMA-5 (décision 2/CMA.5,§39). L’objectif de ce programme sera d’identifier et d’élaborer des indicateurs et éléments chiffrés pour mesurer les progrès accomplis dans la réalisation, d’ici 2030, des sept objectifs qualitatifs thématiques fixés par le cadre des Emirats pour la résilience climatique mondiale (décision 2/CMA.5,§6 à 11) : eau ; agriculture et agroalimentaire ; écosystèmes et biodiversité ; santé ; infrastructures et villes ; élimination du pauvreté ; patrimoine culturel.

La CMA-6 doit donc approuver ces modalités (plan, calendrier, participants, etc.) à Bakou pour que les Parties puissent démarrer début 2025 les discussions techniques de fond.

 

Contexte

Le sujet de l’adaptation est désormais placé sur le même rang d’importance que l’atténuation depuis l’Accord de Paris.

L’article 7.1 de l’Accord de Paris prévoit la fixation d’un objectif mondial en matière d’adaptation (Global Goal on Adaptation, GGA) consistant à renforcer les capacités d’adaptation, à accroître la résilience aux changements climatiques et à réduire la vulnérabilité à ces changements. Si le principe d’un objectif mondial est ainsi énoncé dans l’Accord de Paris, il incombe aux Parties de le définir concrètement. Or, depuis la COP-21, la concrétisation de cet objectif n’avait pas figuré parmi les sujets prioritaires des CMA et n’avait donc pas fait l’objet de discussions plus poussées et ce, malgré les demandes des pays en développement, les pays africains en tête. Le groupe de négociation des pays africains (African Group) avait proposé dès 2013, soit deux ans avant l’adoption de l’Accord de Paris, une démarche pour quantifier un objectif mondial.

S’il existe des méthodologies bien établies pour suivre et évaluer les émissions de GES et les efforts et actions menés pour les réduire, il est plus difficile de définir des paramètres communs pour l’adaptation, et plus précisément de définir, de mesurer, de suivre, d’évaluer et de financer les actions d’adaptation. Ces difficultés ont eu pour conséquence de freiner les progrès en la matière, alors qu’en même temps, les risques climatiques s’accélèrent et s’intensifient. En amont de la Conférence de Glasgow sur le Climat (COP-26 et CMA-3, novembre 2021), les seules références à l’adaptation dans l’ordre du jour provisoire de la CMA concernaient le Fonds d’adaptation et le Comité d’adaptation. Le sujet de l’objectif global a été ajouté à l’ordre du jour de la CMA-3 le premier jour de la Conférence, sous la pression des pays africains notamment. Depuis plusieurs années, les pays africains (qui consacrent déjà une part importante de leur PIB à l’adaptation, entre 2 et 9% selon les pays, source : PNUD, 2017) font pression lors des négociations de la CCNUCC pour qu’un objectif quantitatif et qualitatif concret sur l’adaptation soit adopté.

 

Concrétisation de l’objectif mondial adaptation : avancées réalisées à Glasgow (2021)

Ce n’est qu’à Glasgow (lors de la CMA-3) en 2021 que les Parties se sont mises d’accord pour renforcer l’action sur l’adaptation. La décision 7/CMA.3, adoptée au terme de la CMA-3 à Glasgow, a chargé le SBI et le SBSTA de déterminer conjointement les finalités et les modalités d’un objectif mondial en matière d’adaptation.

En soulignant le besoin de renforcer l’action sur l’adaptation, les Parties de la CMA-3 ont reconnu l’importance de l’objectif mondial en matière d’adaptation pour la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris, et se sont mises d’accord pour lancer un programme de travail de deux ans (2022-2023) dit « Glasgow-Charm el-Cheikh sur l’objectif mondial en matière d’adaptation » (Glasgow-Charm el-Cheikh Work Programme on the Global Goal on Adaptation) (cf. paragraphes 11 et 12 de la décision 1/CMA.3) et ce, sous l’égide conjointe du SBSTA et du SBI. La mise en œuvre de ce programme de travail a commencé après la CMA-3. Le programme de travail vise notamment à améliorer la compréhension de l’objectif mondial en matière d’adaptation (définition et choix de métriques, de méthodologies, d’indicateurs et de données,..) et, sur ces bases, à mieux quantifier les progrès accomplis par les Parties.

Dans le cadre de ce programme de travail, quatre ateliers par an ont été prévus, soit au total, huit sur les deux années du programme. En 2022, quatre ateliers ont ainsi été programmés : le premier les 8-9 juin 2022 à Bonn lors des sessions de négociation intermédiaires du SBSTA-56 et du SBI-56, le deuxième en virtuel les 30-31 août 2022, le troisième en virtuel les 17-18 octobre 2022 et le quatrième le 5 novembre 2022 lors de la CMA-4 à Charm el-Cheikh. Voir synthèse des résultats des quatre ateliers de 2022. En 2023, quatre ateliers ont également été programmés : le 5e atelier, 20-22 mars 2023 à Malé, Maldives – voir synthèse des résultats, le 6e atelier, 4-5 juin 2023 à Bonn – voir synthèse des résultats, le 7e atelier, 31 juillet-2 août 2023 à Buenos Aires, Argentine – voir synthèse des résultats, et le 8e et dernier atelier, 27-29 septembre 2023 à Gabarone, Botswana – voir synthèse des résultats.

Sous la pression des pays en développement lors des sessions intermédiaires de négociation à Bonn (juin 2022 – lire notre article), les Parties sont parvenues à un accord pour inscrire le sujet à l’ordre du jour formel de la CMA-4 à Charm el-Cheikh (cf. voir ordre du jour provisoire en date du 26 août 2022, agenda item 6(c)). Ceci a constitué une avancée non négligeable en amont de cette Conférence.

 

Concrétisation de l’objectif mondial adaptation : avancées réalisées à Charm el-Cheikh (2022)

A Charm el Cheikh (nov. 2022), la CMA-4 avait décidé de lancer un cadre (framework) pour l’objectif mondial sur l’adaptation à mettre en œuvre en 2023 au sein du programme de travail Glasgow-Charm el-Cheikh. Ce cadre devait être adopté à Dubaï lors de la CMA-5. Il vise à aider les Parties à atteindre l’objectif mondial et à évaluer les progrès collectifs accomplis à cet effet (paragraphe 8 de la décision 3/CMA.4).

 

Concrétisation de l’objectif mondial adaptation : avancées réalisées à Dubaï (2023)

A Dubaï (déc. 2023) lors de la CMA-5, dans les négociations sur la concrétisation du cadre de l’objectif mondial, les deux questions les plus épineuses soulevées par les pays en développement étaient le financement de l’adaptation, ainsi que le principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives.

Dans ce contexte, conformément à ce que demandait la décision 3/CMA.4, § 8) la décision adoptée à Dubaï sur l’adaptation (décision 2/CMA.5) établit le cadre des Emirats arabes unis pour la résilience climatique mondiale (UAE Framework for Global Climate Resilience) [§ 6].

Ce cadre vise à orienter la réalisation de l’objectif mondial et l’évaluation des progrès pour l’atteindre [§ 7]. Il vise à orienter et renforcer les efforts consentis pour réduire la vulnérabilité et à accroître la capacité adaptive et la résilience, le bien-être collectif de l’humanité, la protection des économies, la préservation et la régénération de la nature [§ 8].

Le cadre fixe sept objectifs qualitatifs thématiques non assortis d’échéances :

  • eau,
  • agriculture et agroalimentaire,
  • santé,
  • écosystèmes et biodiversité,
  • infrastructure et villes,
  • élimination de la pauvreté,
  • patrimoine culturel [§ 9].

Il précise aussi un dispositif de gouvernance, avec la planification, mise en œuvre, suivi et évaluation des efforts d’adaptation d’ici 2030 [§ 10 et 11].

Les observateurs ont souligné des lacunes et insuffisances dans cette décision sur l’adaptation : un langage faible sur les objectifs qualitatifs thématiques ; une absence d’objectifs quantitatifs [cf. version du 5 déc.2023 : maintenir, améliorer ou restaurer au moins 30% des écosystèmes], avec uniquement des objectifs qualitatifs ; un report de plusieurs échéances du dispositif de gouvernance de 2025 à 2030.

Dans la décision 2/CMA.5 adoptée à Dubaï, la CMA a décidé de conclure le programme de travail Glasgow-Charm el-Cheikh [§ 5] ; et de lancer un nouveau programme de travail de deux ans (2025-2026) (UAE-Belém work programme) sur les indicateurs pour mesurer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs, en vue d’identifier et d’élaborer des indicateurs et des éléments quantifiés pour ces objectifs [§ 39], c’est-à-dire des mesures pertinentes pour suivre et évaluer les actions d’adaptation mises en œuvre (superficie des terres destinées à la culture des produits alimentaires, nombre de morts liés au dérèglement climatique,…).

Ce programme de travail sera mené conjointement par les deux organes subsidiaires SBSTA et SBI [§ 40].

Plusieurs indicateurs ont déjà été définis et mis en œuvre dans d’autres contextes hors CCNUCC mais le défi dans le cadre de la CCNUCC sera d’identifier et d’approuver un ensemble d’indicateurs qui pourront s’appliquer au niveau mondial dans le cadre du GGA.

 

Concrétisation de l’objectif mondial adaptation : avancées réalisées à Bonn (juin 2024)

Lors des 60èmes sessions du SBSTA et du SBI à Bonn du 3 au 13 juin 2024, les Parties ont repris les négociations sur la concrétisation de l’objectif mondial en matière d’adaptation (Global Global on Adaptation ou GGA), et plus particulièrement concernant l’organisation du futur travail sur les indicateurs. A Bonn, la question du financement de l’adaptation était omniprésente et a engendré de vives tensions entre pays en développement et pays industrialisés. Comme à Dubaï en décembre 2023, le groupe des 77+Chine (134 pays en développement et pays émergents) a insisté à Bonn sur la nécessité d’intégrer un volet financement de l’adaptation dans le GGA.

Un des axes majeurs des négociations sur l’adaptation à Bonn portait sur le programme de travail Emirats-Belém sur les indicateurs (2025-2026), et plus spécifiquement sur ses modalités de mise en œuvre (plan global, calendrier, participants,…). Ces éléments de base doivent être approuvés par la CMA-6 à Bakou avant que les Parties ne puissent entamer les travaux techniques dans le cadre de ce programme.

 

Les questions qui ont donné lieu à des divergences de position

  • le financement de l’adaptation: les pays en développement exigent qu’il constitue un des indicateurs clés. Le Président du groupe 77+Chine, Adonia Ayebare (Ouganda) était formel : « sans financement, rien ne peut se passer du point de vue d’un pays en développement. C’est dans l’Accord de Paris. Nous nous sommes mis d’accord sur cela. Nous devrions le faire » (source : Carbon Brief, 14 juin 2024). Les pays en développement insistent sur le fait que traiter l’adaptation est indissociable du besoin urgent d’investissements pour renforcer l’adaptation. Selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) qui évalue l’écart entre les efforts consentis par les Etats pour s’adapter au dérèglement climatique (dont les flux de financement fournis par les pays industrialisés aux pays en développement) et les besoins réels nécessaires de ces derniers pour y faire face, les besoins de financement pour l’adaptation des pays en développement sont 10 à 18 fois plus importants que les flux de financement public international en ce sens en 2021 (source : PNUE, Adaptation Gap Report, 2 novembre 2023).
  • quel organisme doit être chargé de recenser et décrire les indicateurs existants ? Les pays industrialisés ont indiqué leur préférence pour le Comité d’adaptation au sein de la CCNUCC mais les pays du groupe G77+Chine souhaitaient voir la mise en place d’un nouveau groupe d’experts mandaté pour le faire. Dans le projet de conclusions issu de Bonn, les Parties sont parvenus à un compromis : la note en bas de page n°4 indique que les négociateurs examineront les deux options lors de la prochaine session.

 

In fine, les Parties ont pu se mettre d’accord pour :

  • lancer des travaux de fond visant à définir des indicateurs efficaces, transparents et fondés sur les connaissances scientifiques pour chacun des sept objectifs qualitatifs thématiques fixés par la décision 2/CMA.5 (paragraphe 9) au titre du cadre des Emirats arabes unis pour la résilience climatique mondiale ;
  • définir les prochaines étapes nécessaires dans ce cadre pour les Parties et les experts, y compris la manière dont ces indicateurs seront décidés, ainsi que sur les futurs travaux techniques à effectuer.

 

Voir projet de conclusions conjointes SBSTA/SBI sur le GGA adopté à Bonn (en date du 13 juin 2024).

Un premier résultat de ces travaux a été publié le 25 septembre 2024 avec une compilation de tous les indicateurs d’adaptation utilisés et fournis par les Parties : Compilation of existing indicators, UAE-Belém work programme on indicators | UNFCCC.

 

Enjeu de la Conférence de Bakou (CMA-6) : approuver ces modalités de mise en œuvre (plan global, calendrier, participants,…) pour que les Parties puissent démarrer début 2025 les discussions techniques de fond.

 

Enjeu n° 2 : Objectif de doubler le financement adaptation d’ici 2025 par rapport à 2019

Le 2e enjeu pour la CMA-6 sur le sujet adaptation est de faire le point sur les progrès réalisés vers l’atteinte de l’objectif d’au moins doubler le financement adaptation d’ici 2025 (par rapport au niveau de 2019), fixé par la CMA-3 à Glasgow (2021).

 

Contexte

Le Pacte de Glasgow pour le Climat, adopté le 13 novembre 2021 par la 3e réunion des Parties à l’Accord de Paris (CMA-3) dans la ville écossaise a exhorté les pays développés à au moins doubler, d’ici 2025, leur soutien financier collectif aux pays en développement pour leurs actions d’adaptation (par rapport aux niveaux de 2019), en s’efforçant de parvenir à un équilibre entre l’atténuation et l’adaptation (cf. paragraphe 18 de la décision 1/CMA.3). Cela correspond, en se basant sur le financement consacré à l’adaptation fourni par les pays industrialisés en 2019 (20,3 Md$ – source : OCDE, 16 nov. 2023, p.10) à environ 40,6 Md $ en 2025 (lire notre article). Pour rappel, l’article 9 de l’Accord de Paris demande aux Parties de parvenir à un équilibre entre atténuation et adaptation dans le financement climat.

Les travaux menés dans le cadre du Comité permanent sur le financement (Standing Committee on Finance ou SCF) de la CCNUCC ont abordé, dans un rapport sur le doublement du financement de l’adaptation publié le 20 novembre 2023, les questions relatives au niveau de référence pour le doublement, aux défis méthodologiques et aux données disponibles jusqu’en 2020.

Les résultats de la phase politique du premier Bilan mondial (Global Stocktake) de l’Accord de Paris débouchant sur la décision phare de la CMA-5, adoptée le 13 décembre 2023, ont réitéré l’appel au doublement (décision 1/CMA.1, paragraphe 86) et ont exhorté les pays développés à préparer un rapport en 2024 pour évaluer les progrès réalisés (décision 1/CMA.1, paragraphe 100).

 

Progrès réalisés vers la réalisation de l’objectif : bilan 2024 de l’OCDE

Le 29 mai 2024, l’OCDE a publié sa septième évaluation des progrès accomplis par les pays industrialisés en vue de la réalisation de l’objectif des 100 milliards de $ (Md$) par an avant 2020 pour aider les pays en développement à mettre en œuvre l’action climat (mesures d’atténuation et d’adaptation) (lire notre article).

Ce 7e bilan souligne Le financement total de l’adaptation fourni et mobilisé par les pays développés a augmenté depuis 2016, malgré une légère baisse en 2021, atteignant 32,4 Md$ en 2022 contre 10,1 Md$ en 2016. Ce montant total en 2022 comprend 28,9 Md$ provenant de sources publiques bilatérales et multilatérales. Le financement climat pour l’adaptation mobilisé auprès du secteur privé a également augmenté, passant de 0,4 Md$ en 2016 à 3,5 Md$ en 2022.

L’OCDE souligne que le montant du financement de l’adaptation mesuré par l’OCDE en 2019 sur la base des données déclarées par les fournisseurs bilatéraux et multilatéraux s’élevait à 18,8 Md$ (sur le total de 20,3 Md$ pour l’adaptation en 2019). Si l’on prend les chiffres du financement public publiés par l’OCDE comme référence, en 2022, à mi-chemin entre 2019 et 2025, les pays développés avaient à peu près réalisé la moitié de l’objectif de doubler le financement de l’adaptation. En outre, entre 2019 et 2022, le financement de l’adaptation mobilisé auprès du secteur privé a plus que doublé, passant de 1,5 Md$ à 3,5 Md$.

Pris dans son ensemble (c’est-à-dire toutes composantes confondues), le financement climat de l’adaptation en 2022 s’élevait à 32,4 Md$, soit un niveau à mi-chemin environ entre celui de 2019 et l’objectif pour 2025. Il reste donc trois ans pour atteindre cet objectif. A noter que les chiffres définitifs pour 2025 ne seront disponibles qu’en 2027 du fait du dispositif de rapportage du financement climat en place.

Enjeu de la Conférence de Bakou (CMA-6) : établir un plan pour clarifier comment les pays industrialisés comptent concrétiser la mise en œuvre de l’objectif fixé en novembre 2021 par le Pacte de Glasgow pour le climat (2021) de doubler d’ici 2025 le soutien financier à l’adaptation en 2019 ; obtenir des pays industrialisés de nouveaux engagements concrets en matière de financement de l’adaptation pour contribuer à la réalisation de cet objectif.

 

Enjeu n° 3 : Plans nationaux d’adaptation

Contexte

Le processus des Plans nationaux d’adaptation (NAP) a été établi en vertu du cadre de Cancún pour l’adaptation (cf. Accords de Cancún, décision 1/CP.16, adoptés lors de la COP-16 (2010). Il s’agit d’un processus continu, progressif et itératif qui vise à faciliter la planification des mesures d’adaptation par les pays en développement. Ils constituent une forme d’opérationnalisation du volet « adaptation » de plus en plus intégré aux NDC des Parties, qui leur permet de définir les priorités et objectifs nationaux en matière d’adaptation. Le but des PNA est d’identifier les besoins et priorités en matière d’adaptation et de gestion des risques climatiques à moyen et à long terme et d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies et plans pour répondre à ces besoins.

La décision 1/CMA.5, issue de la phase politique du bilan mondial (Global Stocktake ou GST), adoptée le 13 décembre 2023 à Dubaï, appelle les Parties qui ne l’ont pas encore fait à mettre en place leurs plans, politiques et processus nationaux de planification et de suivi, évaluation et apprentissage en matière d’adaptation d’ici 2025 et à avoir avancé dans leur mise en œuvre d’ici 2030 (cf. décision 1/CMA.5,§ 59).

Au 12 juillet 2024, 58 des 155 Parties hors annexe I (PED), soit 37%, avaient soumis leur PNA (voir liste des NAP soumis).

 

Avancées sur le sujet réalisées à Bonn (juin 2024)

En ce qui concerne les discussions menées sur le volet adaptation lors des 60èmes sessions du SBSTA et du SBI à Bonn, le 2e axe a porté sur les plans nationaux d’adaptation. Dans le cadre de l’objectif mondial en matière d’adaptation, une couverture plus exhaustive de ces plans est visée d’ici 2030. Une évaluation du processus d’élaboration et de mise en œuvre des NAP est envisagée mais les discussions sur les modalités de cette évaluation avancent lentement.

Les discussions à Bonn ont fait ressortir des divergences d’opinion sur le rôle du financement du secteur privé dans l’adaptation et les retards importants accusés par les pays en développement pour recevoir un soutien financier pour élaborer leur NAP. Les co-facilitateurs des négociations ont rédigé une note informelle en guise d’avant-projet de décision de la CMA-6. A noter qu’en termes de statut, une note informelle des SB a moins de poids que des projets de conclusions des SB en tant qu’étape clé vers l’élaboration d’un projet de décision.

Le sujet sera repris lors de la session SBI-61 à Bakou (parallèlement à la COP-29, 11-22 nov. 2024).

Voir note informelle du SBI sur les NAP adoptée à Bonn (en date du 12 juin 2024 @17h30).

A Bakou, l’enjeu sera donc de poursuivre ces discussions mais la question du financement de l’adaptation va être omniprésente car elle est cruciale pour les pays en développement : ceux-ci ne cessent de souligner qu’ils ont besoin d’un soutien financier non seulement pour mettre en œuvre leur NAP, mais aussi, et surtout, pour les élaborer.

Enjeu de la Conférence de Bakou (CMA-6) : renforcer le soutien à l’élaboration et à la mise en œuvre des NAP, en mettant l’accent sur l’assistance financière et technique.

 

5)     Atténuation (article 4)

 

Enjeu n° 1 : Renforcement de l’ambition pré-2030 : niveau d’ambition individuelle

Le principal enjeu pour la CMA-6 sur le sujet atténuation est de renforcer l’ambition des Parties dans le contexte de la remise prochaine des NDC mises à jour ou NDC nouvelles. Ces nouvelles NDC dans cette prochaine série ont été baptisées les NDC 3.0). Celles-ci devraient être alignées, dans leur ensemble, avec une trajectoire d’émissions de GES compatible avec les objectifs +1,5°C et +2°C, en s’appuyant sur les enseignements tirés du premier Bilan mondial, dont la phase politique s’est déroulée à Dubaï lors de la CMA-5.

 

Contexte

Les contributions nationales (NDC) et les stratégies bas-carbone à long terme (LTS) sont au cœur du régime de Paris (article 4). Les objectifs actuels des NDC sont insuffisants au regard des objectifs +1,5°C et de +2°C (voir section contexte scientifique pus haut). Compte tenu de cette insuffisance, le renforcement de l’ambition pré-2030 des Etats via leur prochaine NDC (NDC 3.0) à soumettre à la CCNUCC est donc un enjeu majeur à la COP-29, d’autant plus que les Parties devront soumettre leur nouvelle NDC ou leur NDC mise à jour, ainsi que leur LTS, en 2025 (cf. décision 1/CP.21, § 23 et 24 [NDC] et § 35 [LTS]) couvrant la période jusqu’en 2035 et ce, conformément au mécanisme de révision quinquennale des NDC, juridiquement contraignant (article 4.2).

A Glasgow, lors de la 3e réunion des Parties à l’Accord de Paris (CMA-3), celles-ci avaient été priées de revoir et d’améliorer les objectifs fixés pour 2030 dans leurs NDC pour qu’ils soient compatibles avec les objectifs de +2°C et +1,5°C (cf. Pacte de Glasgow : décision 1/CMA.3, § 29). Or :

  • 15 Parties (sur les 195 Parties à l’Accord de Paris) n’ont toujours pas remis de NDC mise à jour ou de NDC nouvelle (voir registre des NDC). Le 4e rapport de synthèse du Secrétariat de la CCNUCC, publiée le 28 octobre 2024, recense 153 NDC mises à jour ou NDC nouvelles (couvrant 180 Parties dont les 27 Etats membres de l’UE) ;
  • seulement 74 Parties (sur les 195 Parties à l’Accord de Paris) avaient soumis leur LTS (au 6 nov. 2024), soit 38% (source : CCNUCC, liste des LTS soumises).

 

Echéance officielle pour la remise des NDC 3.0

Les Parties devront soumettre leur prochaine NDC (appelées NDC 3.0) au moins neuf à 12 mois en amont de la CMA-7 (le 10 novembre 2025), soit entre le 10 novembre 2024 et le 10 février 2025 (cf. paragraphe 166 de la décision 1/CMA.5 et paragraphe 25 de la décision 1/CP.21).

En amont de la CMA-6 à Bakou, de fortes attentes de la société civile et des ONG ont été observées. Elles font pression pour que des grands pays émetteurs volontaristes soumettent leur NDC 3.0 renforcée à Bakou, en créant ainsi une dynamique pour inciter d’autres Etats à en faire de même en amont de l’échéance prévue. Selon Carbon Brief, site britannique spécialisé dans l’analyse des questions climat, au moins quatre grands émetteurs ont prévu de soumettre leur NDC 3.0 lors de la CMA-6 : Brésil, Emirats arabes unis, Etats-Unis et Royaume-Uni (source : Carbon Brief, bulletin Debriefed, 25 oct. 2024).

A noter que le Secrétariat de la CCNUCC a lancé un outil « NDC 3.0 Navigator » [Navigateur CDN 3.0 en français] pour aider les Parties à élaborer leur NDC 3.0.

Enjeu de la Conférence de Bakou (CMA-6) : les pays grands émetteurs qui n’ont pas renforcé leurs objectifs climat dans leur NDC-2 devraient soumettre rapidement une NDC 3.0 avec des objectifs renforcés.

 

Enjeu n° 2 : Renforcement de l’ambition pré-2030 : niveau d’ambition collective

Les Parties vont reprendre les négociations dans le cadre du programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (MWP). Les négociations avancent très lentement en raison de fortes divergences observées à Dubaï (décembre 2023) et à Bonn (juin 2024), surtout entre pays industrialisés et pays en développement. Les Parties devront surmonter leurs fortes divergences pour faire aboutir les négociations sur une décision à la hauteur des enjeux de l’atténuation. In fine, il s’agira pour la CMA-6 de faire déboucher le programme MWP sur des résultats concrets, tant en matière de réduction collective des émissions qui soient compatibles avec les objectifs de +2°C et de +1,5°C, qu’en matière de mise en oeuvre.

 

Contexte : Le programme de travail sur l’ambition en matière d’atténuation

Avancées réalisées à Glasgow (2021), Bonn (2022) et Charm el-Cheikh (2022)

A Glasgow, lors de la 3e réunion des Parties à l’Accord de Paris (CMA-3), celles-ci s’étaient mises d’accord pour lancer un programme de travail pour relever de façon urgente le niveau d’ambition collectif en matière d’atténuation (cf. Pacte de Glasgow : décision 1/CMA.3, § 27). La CMA-3 avait également demandé conjointement au SBSTA et au SBI de lui soumettre un projet de décision sur cette question pour examen et adoption à la CMA-4 à Charm el-Cheikh. Or, les sessions intermédiaires de négociations intermédiaires du SBSTA-56 et du SBI-56 de Bonn (6-16 juin 2022 – lire notre article) n’ont abouti à aucune avancée concrète. C’était donc retour à la case départ à Charm el-Cheikh (nov. 2022) : ainsi, lors de la CMA-4, les Parties sont parvenues à adopter la décision 4/CMA.4 pour amorcer la concrétisation de ce programme de travail, désormais dénommé programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (Mitigation ambition and implementation work programme ou MWP). Ce programme est mené conjointement sous l’égide du SBSTA et du SBI.

La décision 4/CMA.4 était faible car elle précisait essentiellement les modalités procédurales pour la mise en œuvre du programme de travail :

  • la mise en œuvre du programme doit démarrer après la fin de la Conférence de Charm el Cheikh,
  • il sera mené sous l’égide de la CMA,
  • le programme de travail prévoit au moins deux dialogues par an.

 

Surtout, la décision soulignait que les résultats qui en découleront seraient « non-coercitifs, non-punitifs, basés sur la facilitation, respectueux de la souveraineté nationale et des circonstances nationales, en prenant en compte le fait que les NDC sont déterminées au niveau national et n’imposeront pas de nouveaux objectifs ou de nouvelles cibles ».

 

Par ailleurs, comme à Bonn en juin 2022, les négociations ont fait ressortir fortes divergences d’opinion entre les Parties sur la durée de ce programme :

  • d’un côté, l’UE, les Etats-Unis et les pays vulnérables soutenaient une date de fin des travaux en 2030 pour produire des résultats concrets,
  • de l’autre côté, la Chine, l’Inde, et le groupe des pays arabes préféraient une durée de 12 mois (2023).

 

Les Parties ont fini par trouver un compromis : 2026, toutefois avec la possibilité pour la CMA-8 en 2026 de décider de poursuivre ce programme de travail.

 

La CMA-4 a également décidé, via la décision 4/CMA.4 (paragraphe 8), de tenir au moins deux dialogues mondiaux (Global Dialogues) chaque année dans le cadre du programme de travail, l’un avant la première session des organes subsidiaires à Bonn, à partir de la 58e session (SB-58, 5-15 juin 2023), et l’autre avant la 2e session des organes subsidiaires (en même temps que la COP), à partir de la 59ème session (30 nov. – 6 déc. 2023).

Le premier dialogue mondial s’est tenu les 3-4 juin 2023 à la veille de l’ouverture des SB-58. Voir programme et note d’information des co-Présidents du programme de travail MWP (du 2 juin 2023).

Le 2e dialogue mondial a eu lieu à Abu Dhabi les 15-16 octobre 2023. Voir programme et note d’information.

Le 3e dialogue mondial a eu lieu à Bonn le 27-29 mai 2024. Voir programme et synthèse des résultats.

Le 4e dialogue mondial a eu lieu à Charm el-Cheikh les 4-5 octobre 2024. Voir programme et note d’information.

Enfin, le Secrétariat de la CCNUCC a publié le 29 octobre 2024 le rapport annuel 2024 du programme MWP qui synthétise l’ensemble des travaux menés en 2024 dans le cadre du MWP.

 

Avancées réalisées à Dubaï (2023)

Lors de la CMA-5, à Dubaï en décembre 2023, il y a eu de vifs débats sur le mandat du programme de travail MWP, et notamment sur la question de savoir s’il couvre le sujet des combustibles fossiles et si la décision finale devait contenir des messages politiques. Il n’y a donc pas eu d’avancées concrètes sur le fond du problème. La décision finale (décision 4/CMA.5) est plutôt de nature procédurale (axée sur la forme plutôt que sur le fond) en raison du manque de consensus sur le mandat du programme de travail et sur la question de savoir qui doit assumer la responsabilité de réduction des émissions et comment. Les références à l’objectif +1,5°C qui figuraient dans la version précédente du projet de décision (version du 9 déc. @00h30) ont été supprimées : « la CMA note l’évaluation du Giec, selon laquelle les impacts du changement climatique seront beaucoup plus faibles avec un réchauffement à +1,5°C qu’à +2°C et en notant la détermination [collective] de poursuivre les efforts pour limiter le réchauffement à +1,5°C » [7e considérant] ;  « la CMA souligne l’importance d’accélérer la transition énergétique juste pour maintenir le réchauffement bien en dessous de +2°C, tout en poursuivant les efforts pour le limiter à +1,5°C » [§ 5]. A également été supprimé le passage suivant : [11e considérant] : « la CMA note qu’il est urgent que les Parties renforcent leurs efforts collectifs de réduction des émissions par la mise en œuvre accélérée des mesures de réduction nationales » (NDC). Ainsi, le texte final de la décision 4/CMA.5 a été vidé de toute substance.

 

Avancées réalisées à Bonn (juin 2024)

Malgré des négociations intenses, les Parties ne sont pas parvenues à un consensus sur un projet de conclusions en raison des divergences sur la question de savoir s’il fallait viser un résultat procédural (sur la forme) ou un résultat sur le fond. Comme lors de la CMA-5, à Dubaï en décembre 2023, les divergences entre Parties portaient en grande partie sur le mandat du programme de travail, et notamment à l’égard des résultats du bilan mondial (Global stocktake ou GST) obtenus au terme de sa phase politique qui s’est déroulée à Dubaï.

D’un côté, plusieurs groupes de négociation (AOSIS, pays de l’Amérique latine [AILAC], UE,) ou Parties individuelles (Japon,…) se sont prononcés pour un projet de décision qui refléterait et s’appuierait sur les résultats du GST. En effet, aux termes du paragraphe 186 de la décision 1/CMA.5 sur le GST, « la CMA invite les responsables des programmes de travail et des organes constitués relevant de l’Accord de Paris à prendre en considération les résultats pertinents du GST dans la planification de leurs futurs travaux, dans le respect de leurs mandats ».

Pour une explication des différents groupes de négociation, se reporter à l’annexe 3 de notre dossier de fond sur la COP-27 (p.65).

De l’autre côté, le groupe de négociation des pays en développement ayant une vision similaire (Like-Minded Developing Countries ou LMDC), Chine en tête, et le groupe de négociation des pays arabes (le groupe arabe), Arabie saoudite en tête, ont refusé de participer constructivement aux discussions sur le volet MWP. Ainsi, ils ont soutenuque le paragraphe 186 de la décision 1/CMA.5 ne s’applique pas au MWP et se sont opposés à ce que les résultats du GST (et notamment toute mention de la nécessité de s’éloigner des combustibles fossiles [« transitioning away from fossil fuels »[1]], cf. décision 1/CMA.5, paragraphe 28d) soient repris dans le projet de décision à élaborer pour examen lors de la CMA-6 à Bakou.  

Ce sujet à l’ordre du jour (agenda item) des travaux des SB et de la CMA est le seul qui soit explicitement axé sur l’atténuation, d’où l’importance de débloquer et d’accélérer les négociations, étant donné le besoin urgent de réduire les émissions mondiales de GES. Selon Fernanda Carvalho, chargée de politique climat et énergie mondiale auprès du WWF International, « il faut accélérer radicalement les travaux sur le MWP et sur les discussions sur les contributions nationales (NDC)… Les discussions sur l’atténuation à Bonn – ou manque de discussions – sont complétement déconnectées d’une réalité triste : la fenêtre de tir pour respecter l’objectif +1,5°C se ferme rapidement… » (propos rapportés par Carbon Brief, 13 juin 2024).

Le groupe de négociation LMDC, le groupe africain et le groupe arabe ont souligné que le MWP ne devrait pas imposer d’objectifs aux pays, soutenant au contraire que l’objectif du programme était de faciliter les dialogues. De nouveaux objectifs via l’intégration de messages clés iraient au-delà du mandat du MWP et imposeraient des charges supplémentaires aux pays en développement.

Ces divergences de position – entre les Parties en faveur d’un projet de texte portant sur le fond du sujet, assorti d’objectifs concrets, et celles préférant un projet de texte de nature strictement procédurale – ont continué pendant toute la durée des négociations sur ce volet.

Le dernier jour des négociations sur ce volet, le 12 juin 2024, les co-facilitateurs ont présenté un texte sous forme de projet de conclusions, ainsi qu’une note informelle (les deux documents datent du 11 juin 2024). Le groupe LMDC et le groupe arabe ont refusé de les examiner, soutenant que les co-facilitateurs n’avaient pas reçu de mandat pour les rédiger.

En raison de ces profondes divergences, les Parties n’ont pas pu se mettre d’accord sur un projet de conclusions. Les négociations reprendront donc lors des sessions SB-61 à Bakou. A noter que si ces documents avaient été adoptés par les Parties à Bonn, cela aurait constitué un point de départ concret pour de plus amples discussions à Bakou.

Enjeu de la Conférence de Bakou (CMA-6) : avancer sur la concrétisation du programme de travail MWP pour qu’il débouche sur des résultats concrets en matière d’ambition et mise en œuvre.

 

 

6)     Bilan mondial (Global Stocktake ou GST, article 14)

 

Enjeu n° 1 : Mise en œuvre des résultats de la phase politique du Bilan mondial

Le premier enjeu pour la CMA-6 est de donner des suites concrètes aux résultats finaux actés à Dubaï, issus de la phase politique du Bilan mondial (décision 1/CMA.5), c’est-à-dire de traduire les nombreux engagements pris au titre de cette décision phare en actions et résultats concrets dans l’économie mondiale, et notamment les objectifs du § 28 :

  • § 28(e) : assurer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques,
  • § 28(a) : tripler la capacité mondiale de production des énergies renouvelables et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030,
  • § 28(f) : accélérer une réduction forte des émissions de GES hors CO2, en particulier les émissions de CH4.

Un sujet de blocage probable est la question primordiale de la transition vers une sortie des combustibles fossiles actée par le paragraphe 28(e) de la décision 1/CMA.5. Les Parties vont-elles mener des discussions à Bakou sur ce sujet brûlant ? Lors des sessions inter-COP à Bonn en juin 2024, le sujet a été quasiment totalement absent des négociations. Quoi qu’il en soit, à Bakou, une chose est sûre : d’une part, les pays en développement vulnérables (petits Etats insulaires, pays les moins avancés,…) insisteront sur l’importance d’en discuter, mais d’autre part, ils devront très probablement faire face  à une opposition ferme de la part des pays du groupe de négociation LMDC (Chine, Inde, Arabie saoudite,…).

 

Enjeu n° 2 : Modalités du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial

Le 2e enjeu pour la CMA-6 sur le sujet bilan mondial est de définir et d’adopter les modalités (éléments pratiques) du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial (prévu par la décision 1/CMA.5, § 97 et 98) pour le rendre opérationnel afin que les négociations techniques sur ce sujet puissent démarrer début 2025. Ce dialogue annuel se déroulera sur quatre ans (2025-2028). Ce sous-volet des négociations sur le bilan mondial est très important car les résultats de la phase politique du 1er Bilan mondial doivent éclairer les travaux d’élaboration de la prochaine série des NDC (qui devront couvrir la période jusqu’en 2035), à soumettre par les Parties en 2025.

 

Enjeu n° 3 : Processus de déroulement du Bilan mondial

Le 3e enjeu pour la CMA-6 sur le sujet Bilan mondial est de mener des discussions, dans la perspective du 2e Bilan mondial qui aura lieu en 2028, sur l’éventuelle amélioration du processus de déroulement du bilan mondial (procédures et logistique) en vue d’adopter une décision à Bakou.

 

Enjeu de la Conférence de Bakou (CMA-6) : traduire les engagements pris par les Parties au titre de la décision 1/CMA-5 en actions concrètes pour mettre en œuvre les résultats de la phase politique du Bilan mondial ; adopter les modalités du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial pour le rendre opérationnel dès début 2025.

 

Bilan mondial : contexte et enjeux généraux

L’article 14 de l’Accord de Paris prévoit la réalisation tous les cinq ans, à commencer par 2023, d’un bilan mondial (Global Stocktake ou GST). La décision 19/CMA.1 (adoptée lors de la Conférence de Katowice du 2 au 16 décembre 2018) est venue préciser les modalités de réalisation de ce bilan (lire pp. 30-34 de notre dossier de fond sur les résultats de Katowice). Il s’agit d’un bilan de la mise en œuvre de l’Accord de Paris afin d’évaluer les progrès collectifs, et non ceux des pays individuels, vers la réalisation de ses objectifs à long terme [articles 2 et 4]. Le bilan mondial doit servir de catalyseur pour renforcer le niveau d’ambition collective dans la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris. Il est destiné à éclairer la prochaine série de contributions nationales que doivent soumettre les Parties à l’Accord de Paris en 2025 et ce, conformément au mécanisme de révision quinquennale des NDC, juridiquement contraignant (au titre de l’article 4.2 de l’Accord de Paris), sachant que les engagements nationaux inscrits dans ces NDC-3 devraient être plus ambitieux que ceux des NDC-2 (cf. article 4.3 de l’Accord de Paris).

Conformément à la décision 19/CMA.1, le bilan mondial est composé de trois éléments :

  • collecte et traitement d’informations,
  • évaluation technique dont l’objectif est de dresser un bilan de la mise en œuvre de l’Accord de Paris pour évaluer, d’une part, les progrès collectifs vers la réalisation des objectifs à long terme de l’Accord et, d’autre part, les possibilités de renforcer l’action et le soutien,
  • volet politique : examen des résultats de l’évaluation technique et de ses conséquences en vue, d’une part, d’éclairer les Parties dans la mise à jour et le renforcement de leurs objectifs, actions et soutien déterminés au niveau national et, d’autre part, de renforcer la coopération internationale en faveur de l’action climat.

Par ailleurs, la décision 19/CMA.1 précise que le bilan mondial devait être réalisé avec l’aide du SBSTA et du SBI, qui devaient mettre en place un groupe de contact conjoint à cette fin et que celui-ci devait être soutenu par un dialogue technique (technical dialogue ou TD). Ce dernier a été chargé de réaliser son travail par des échanges de points de vue, d’informations et d’idées dans le cadre de tables rondes et d’ateliers qui devaient se tenir lors des sessions de négociation de la CMA. Ainsi, à la différence des négociations politiques, le GST a été caractérisé par des échanges et débats informels, inclusifs et dynamiques entre Etats, acteurs non étatiques, experts du climat et société civile.

Ce dialogue a axé son travail sur trois domaines thématiques :

  • atténuation,
  • adaptation et pertes et préjudices,
  • moyens de mise en œuvre (soutien financier, transfert de technologies, renforcement des capacités).

 

Calendrier du Bilan mondial

La décision 19/CMA.1 a défini le calendrier pour le premier bilan mondial (établi avant la survenue de la pandémie de Covid-19) :

nov. 2021 – juin 2022 : collecte et traitement d’informations,

nov. 2022 – juin 2023 : évaluation technique,

nov-déc. 2023 : examen des résultats dans le cadre du volet politique (avec la contribution des Ministres).

 

Dialogue technique

Trois réunions du premier dialogue technique (dit TD 1) ont eu lieu :

▪ le premier (TD1.1) lors des sessions SB-56 (Bonn, 6-16 juin 2022). Voir rapport de synthèse du 1er dialogue technique (du 26 sept. 2022),

▪ le deuxième (TD1.2) lors des sessions SB-57 (Charm el-Cheikh, 6-12 novembre 2022). Voir rapport de synthèse du 2e dialogue technique (du 31 mars 2023), et

▪ le troisième (TD1.3) lors des sessions SB-58 (SBSTA-58 et SBI-58, 5-15 juin 2023). Voir rapport de synthèse du 3e dialogue technique (du 15 août 2023).

 

Le 3e dialogue technique (TD1.3) du GST s’est déroulé sur plusieurs jours (du 6 au 13 juin 2023) et dans trois formats différents :

  • deux sessions plénières (d’ouverture et de clôture) (respectivement les 6 et 13 juin 2023),
  • trois tables rondes structurées autour des trois domaines thématiques du GST : atténuation (7 juin 2023) ; adaptation et pertes et préjudices (8 juin 2023) ; moyens de mise en œuvre (soutien financier, transfert de technologies, renforcement des capacités) (9 juin 2023) ; ainsi qu’une 4e table ronde transversale sur le thème « intersections» (approches intégrées et holistiques) (10 juin 2023),
  • un Café du monde (World Café), cadre interactif informel. Le Café du monde est un processus de participation qui utilise un cadre informel pour permettre aux participants d’explorer des sujets dans le cadre du GST, dans une grande salle avec plusieurs petites tables. Le cadre facilite les échanges interactifs, car les participants peuvent tourner et circuler, avec des signaux toutes les 30 ou 45 minutes. Un expert et un rapporteur restent à chaque table (6 juin 2023).

Voir note d’information sur le TD1.3 (du 2 mai 2023)

 

Dans le cadre des travaux du dialogue technique, au total, plus de 1 600 documents totalisant plus de 170 000 pages d’informations ont été chargés dans le portail d’information du bilan mondial. Un outil dédié, permet de rechercher les informations soumises.

 

Les 58èmes sessions SB-58 à Bonn (5-15 juin 2023) ont marqué l’achèvement des négociations de la phase technique du GST. Lors de celles-ci, la veille de leur clôture, le 14 juin 2023, les deux co-facilitateurs des négociations sur le bilan mondial (Harald Winkler, Afrique du Sud, et Farhan Akthar, Etats-Unis) ont élaboré une note informelle sur la base des discussions menées par les Parties à Bonn sur le sujet du bilan mondial. Ils l’ont soumise aux Parties pour avis et c’est sa deuxième version @ 20h) qui a été adoptée. Il s’agit d’un projet de structure indicative pour une décision de la CMA-5 (déc. 2023, Dubaï, Emirats arabes unis). Ce texte, qui visait à faciliter les discussions avant la mise au point de la version finale du projet de décision à soumettre pour examen et adoption par la CMA-5, comportait cinq volets :

▪ A. Préambule ;

▪ B. Contexte et aspects transversaux ;

▪ C. Progrès collectifs vers la réalisation des objectifs à long terme de l’Accord de Paris, compte tenu de l’équité et des meilleures connaissances scientifiques disponibles, et en vue d’informer les Parties pour qu’elles mettent à jour et renforcent leurs actions et soutien, déterminés au niveau national. Ce volet comporte cinq sous-volets :

C.1 – Atténuation,

C.2 – Adaptation,

C.3 – Ce sous-volet comporte quatre options [alternatives ou « alt »], les crochets indiquant le manque de  consensus sur ces points lors des SB-58 à Bonn :

[alt 1 : C.3 – Flux financiers et moyens de mise en œuvre et soutien,

alt 2 : C.3 – Moyens de mise en œuvre et soutien, y compris les flux financiers,

alt.3 : C.3 – Moyens de mise en œuvre et soutien,

alt 4 : C.3 – rendre les flux financiers compatibles avec une trajectoire d’évolution vers un développement à

faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques,

C.3 bis – moyens de mise en œuvre et soutien],

C.4 Efforts liés aux pertes et préjudices,

C.5 Efforts liés aux mesures de riposte ; 

▪ D. Renforcement de la coopération internationale ;

▪ E. Recommandations et prochaines étapes.

 

Le volet C.3 sur les flux financiers, les moyens de mise en œuvre et le soutien a fait l’objet de vifs débats lors des discussions à Bonn au sein du 3e dialogue technique du bilan mondial. Selon Carbon Brief, ce sujet était clairement une pomme de discorde. Le sujet du financement climat est étroitement lié à celui de la responsabilité historique des pays industrialisés vis-à-vis de la crise climatique (voir analyse de Carbon Brief, publiée le 5 octobre 2021). Comme lors de chaque session de négociation dans le cadre de la CCNUCC, cette responsabilité historique a cristallisé l’important écart entre la position des pays du Nord et celle des pays du Sud et a constitué à Bonn, une fois de plus, une source de vives tensions entre ces deux groupes de pays.

Cette 2e version de la note informelle reflétait ces divergences d’opinion sur le sujet du financement, la section C étant désormais déclinée en quatre options [alternatives ou « alt »], les crochets indiquant le manque de consensus sur ces points.

 

Rapport de synthèse du dialogue technique du Bilan mondial

Le Secrétariat de la CCNUCC a publié le 8 septembre 2023 un rapport de synthèse présentant les principaux résultats des trois réunions du premier dialogue technique (Technical Dialogue ou TD1). Ce rapport de synthèse a été réalisé conformément à une demande des Parties à l’Accord de Paris formulée lors de la CMA-1 (première réunion de celles-ci parallèlement à la COP-24, Katowice, Pologne, 2018). Cette demande a été formalisée dans une décision de la CMA-1, à savoir la décision 19/CMA.1 qui définit les modalités de mise en œuvre du GST (cf. chapitre I, paragraphe 6(c).

Le rapport a été réalisé par les deux co-facilitateurs des négociations sur le GST (Harald Winkler, Afrique du Sud, et Farhan Akthar, Etats-Unis), en collaboration avec les deux organes subsidiaires de la CCNUCC, le SBI (mise en œuvre) et le SBSTA (conseil scientifique et technologique). La publication de ce rapport marque l’achèvement de la phase technique du GST.

Ce rapport synthétise les principaux résultats des trois réunions du dialogue technique qui ont eu lieu sur 2022-23 dans le cadre du GST. Il est basé sur les contributions reçues au cours du processus et sur les discussions qui ont eu lieu lors de chacune des trois réunions du dialogue technique. Le rapport vise à fournir une vue d’ensemble des discussions menées, en identifiant les domaines clés dans lesquels il faut renforcer l’action. Il fournit une évaluation des progrès collectifs vers la réalisation des objectifs à long terme de l’Accord de Paris. Il comporte également des informations techniques, des bonnes pratiques, les lacunes d’information, les enseignements tirés, ainsi que les prochaines étapes, afin d’aider les Parties à rectifier le tir pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

 

Les résultats sont présentés pour chacun des trois domaines thématiques couverts par le GST :

  • atténuation,
  • adaptation et pertes et préjudices,
  • moyens de mise en œuvre (soutien financier, flux de financement, transfert de technologies, renforcement des capacités).

Sur la base de l’ensemble des contributions soumises et des discussions menées dans le cadre du dialogue technique, les deux co-facilitateurs ont fait ressortir 17 messages clés. (Pour plus de précisions, lire notre article).

Conclusions

Les résultats techniques présentés dans le rapport de synthèse montrent que des actions beaucoup plus importantes sur tous les fronts et par tous les acteurs sont nécessaires pour atteindre les objectifs à long terme de l’Accord de Paris.

 

Vers l’élaboration d’une décision et/ou d’une déclaration à Dubaï lors de la phase politique

Les travaux du premier GST se sont achevés lors de la CMA-5. Après la fin de la phase technique, la CMA-5 a vu le déroulement de la phase politique, très attendue, qui a été centrée sur un examen, par les Parties, des résultats de l’évaluation technique et de ses conséquences en vue :

  • d’une part, d’éclairer la mise à jour et le renforcement des NDC (ambition, actions et soutien), et
  • d’autre part, de renforcer la coopération internationale en faveur de l’action climat.

La phase politique devait déboucher sur une décision de la CMA et/ou sur une déclaration politique par les Ministres ou les Chefs d’Etat et de Gouvernement, réunis à Dubaï.

Concrètement, pendant la première semaine de la CMA-5 (30 nov. – 5 nov. 2023), le comité de haut niveau du GST (composé des Présidences britannique, égyptienne et émiratie de la CMA [respectivement de la CMA-3, de la CMA-4 et de la CMA-5], ainsi que des Présidents du SBI et du SBSTA) a organisé une série d’évènements de haut niveau pour débattre des conséquences de ces résultats de l’évaluation technique.

Le comité de haut niveau a publié, le 28 juillet 2023, une note présentant sa vision et l’organisation de ces évènements de haut niveau dans le cadre de la phase politique du GST. En particulier, il prévoit de les organiser lors du sommet mondial pour l’action climat (World Climate Action Summit) qui a eu lieu les 1er et 2 décembre 2023 à Dubaï, et auquel les dirigeants mondiaux ont été conviés. D’abord, le comité de haut niveau a prévu une séquence politique de haut niveau, suivie d’une série d’évènements traitant des trois domaines thématiques du dialogue technique du GST, en vue d’évaluer les progrès collectifs et d’éclairer l’action, le soutien et la coopération internationale en faveur de la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris.

Le comité a fait une synthèse de ces évènements sous forme de messages et recommandations politiques clés, identifiant les leviers d’action, les lacunes et les obstacles, et mettant en exergue les bonnes pratiques, en vue de renforcer l’action et le soutien en faveur du climat. Cette synthèse était destinée à éclairer les discussions finales des Parties de la CMA-5 pour qu’elles aboutissent à une décision et à une déclaration politique.

Si les trois réunions du dialogue technique en 2022-2023 se sont déroulées en très grande partie sans heurt, ne prêtant pas à controverse, la phase politique a été une étape déterminante, mais bien plus délicate. La question clé était de savoir comment les résultats techniques de cet état des lieux global allaient se concrétiser sur le plan politique et quel niveau d’ambition allait y être associé.

 

Rapport de synthèse des contributions des Etats en amont de la phase politique du Bilan mondial à Dubaï

Le 4 octobre 2023, le Secrétariat de la CCNUCC a publié un rapport de synthèse présentant une analyse des contributions soumises par les Parties (Etats) et les acteurs non-étatiques (provinces, Etats fédérés, régions, villes, secteur privé [entreprises, institutions financières, investisseurs,…], ONG, société civile, etc.) en amont de la phase politique du Bilan mondial

Ce rapport très complet (701 paragraphes sur 65 pages) synthétise les points de vue des Parties et acteurs non-étatiques exprimés dans leurs contributions soumises au Secrétariat de la CCNUCC sur les éléments à prendre en compte, lors de la phase politique du GST à Dubaï, dans l’examen des résultats de l’évaluation technique du GST. Il s’appuie sur la note informelle (deuxième version @ 20h) rédigée par les deux co-facilitateurs des négociations sur ce sujet (Harald Winkler, Afrique du Sud, et Farhan Akthar, Etats-Unis) sur la base des discussions menées par les Parties lors des sessions SB-58 à Bonn sur le sujet du bilan mondial. Cette note informelle présente le projet de structure indicative (indicative draft structure) pour une décision à adopter par la CMA-5, lequel a été avalisé – non sans difficulté – par les Parties à Bonn en juin 2023.

Au total, au 2 octobre 2023, le Secrétariat de la CCNUCC avait reçu des contributions :

  • de 24 Parties au nom des groupes de négociation ou à titre individuel et représentant 180 Parties (sur les 195 Parties à l’Accord de Paris) et
  • de 44 acteurs non-étatiques.

Le rapport de synthèse présente les points de vue des Parties et des acteurs non-étatiques en suivant le projet de structure indicative avalisé par les Parties en juin 2023 lors des sessions SB-58 à Bonn. Ce projet de structure comporte cinq volets (A à E). Le Secrétariat de la CCNUCC a ajouté un 6e volet (F : Autres sujets à examiner) :

  1. Préambule (§ 14 à § 28) ;
  2. Contexte et aspects transversaux (§ 29 à § 67) ;
  3. C. [le chapitre clé] Progrès collectifs vers la réalisation des objectifs à long terme de l’Accord de Paris, compte tenu de l’équité et des meilleures connaissances scientifiques disponibles, et en vue d’informer les Parties pour qu’elles mettent à jour et renforcent leurs actions et soutien, déterminés au niveau national. Ce volet comporte cinq sous-volets :

C.1 – Atténuation (§ 68 à § 118),

C.2 – Adaptation (§ 119 à § 157),

C.3 – Dans un souci de simplification, le nouveau rapport de synthèse rassemble les points de vue des Parties sur le sujet soutien/moyens de mise en œuvre/financement en trois sous-volets (qui correspondent aux « mesures de mise en œuvre », terme largement utilisé par la CCNUCC depuis de nombreuses années) :

  • Financement et flux de financement (161 à § 309),
  • Développement et transfert de technologies (310 à § 333),
  • Renforcement des capacités (334 à § 347) ;

C.4 – Efforts en matière de pertes et préjudices (§ 348 à § 421),

C.5 – Efforts en matière de mesures de riposte (§ 422 à § 445),

  1. Renforcement de la coopération internationale en faveur de l’action climat (§ 446 à § 534) ;
  2. Recommandations et prochaines étapes (§ 535 à § 693)
  3. Autres sujets à examiner (§ 694 à § 701).

 

C’est le volet E qui contient le plus grand nombre de paragraphes (158), suivi du volet C.3(a) (148).

Ce rapport de synthèse constituait un « schéma directeur » de ce que pouvait contenir le résultat final du GST, basé sur les propres contributions des Parties. En bref, il faut retenir de ce rapport que s’il y a divergence des points de vue des Parties sur la façon d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, les contributions des Gouvernements nationaux font ressortir un large consensus sur le fait que l’action climat jusque-là n’a pas été suffisante et que toutes les Parties doivent renforcer leur action climat et qu’il faut renforcer le soutien en faveur des pays en développement, afin de limiter le réchauffement à +1,5°C, d’éviter les pertes et préjudices et de s’adapter au dérèglement climatique.

 

Phase politique du Bilan mondial à Dubaï : la décision finale –forces, faiblesses et réactions

A Dubaï, trois tables rondes de haut niveau ont eu lieu dans le cadre du sommet mondial pour l’action climat (1-2 déc. 2023), chacune portant sur un des trois domaines thématiques du bilan mondial :

 

Les négociations dans le cadre de la phase politique du Bilan mondial ont abouti – non sans difficulté – à la décision 1/CMA.5 sur le bilan mondial, adoptée après 12 heures de navettes diplomatiques intenses par les Parties de la CMA-5, le 13 décembre 2023 juste après 8h.

Cette décision (de 23 p, et de 196 paragraphes), qui constitue la décision phare de la Conférence de Dubaï, est un texte de compromis. La décision fait office de décision chapeau, en établissant une vision d’ensemble, en englobant tous les sujets de négociation clés (atténuation, adaptation, pertes et préjudices, financement, développement et transfert de technologies, renforcement des capacités, coopération internationale, prochaines étapes) et en traçant la voie à suivre au cours de cette décennie cruciale pour « rectifier le tir » afin de rendre la trajectoire d’émissions de GES compatible avec l’objectif +1,5°C.

Cette décision fixe plusieurs objectifs notamment dans le cadre d’un paquet sur la transition énergétique (il s’agit d’objectifs non contraignants) pour accélérer les mesures d’atténuation des pays : [§ 28] la CMA invite [calls on] les Parties à contribuer à huit efforts mondiaux dont :

  • [§ 28a] tripler la capacité mondiale de production des énergies renouvelables et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030. Dans la version finale, les objectifs ne sont pas assortis d’indicateurs chiffrés, ni d’année de référence alors que dans les versions du 8 déc. et du 5 déc. : tripler la capacité de production des énergies renouvelables au niveau mondial par rapport à 2022 pour atteindre 11 000 GW [chiffre repris de la mise à jour de la feuille de route zéro émission nette 2050 publiée par l’AIE le 26 septembre 2023] et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique par rapport à 2022 pour atteindre 4,1% d’ici 2030 ;
  • [§ 28b] accélérer les efforts en vue de la réduction progressive [phase down] de l’électricité produite à partir du charbon sans captage/stockage du CO2 [unabated] [aucune mention de pétrole ou de gaz] ;
  • [§ 28d] assurer une transition pour s’éloigner [transitioning away from] des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques [uniquement dans le secteur de la production/transformation d’énergie, et non pas dans le secteur industriel], d’une manière juste, ordonnée et équitable [impliquant ainsi la responsabilité des pays développés], en accélérant l’action au cours de cette décennie critique, de manière à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 [aucun objectif chiffré pour 2030];

 

La question des combustibles fossiles à la COP-28

Cette question était au cœur des négociations sur le GST et était un sujet central qui a fortement mobilisé la société civile à la COP-28. Le 30 nov. 2023 : le 1er jour de la COP-28, 107 Parties ont publié une déclaration conjointe signée par l’UE et 106 Etats : 27 Etats membres et 79 Etats de l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS). Dans cette déclaration, les 107 signataires soulignent entre autres que « la transition vers la neutralité climatique, compatible avec l’objectif de +1,5°C, nécessitera l’élimination progressive, à l’échelle mondiale, des combustibles fossiles non adossés à des dispositifs de captage/stockage du CO2 et un pic de leur consommation au cours de la présente décennie ». Cette liste de pays est passée à 127 (sur les 194 pays Parties à l’Accord de Paris, soit 65%) selon une analyse du Réseau Action Climat des Iles Pacifiques (PICAN) et l’ONG Oil Change International publiée le 11 déc. 2023. A noter qu’à la COP-27 : ‘seulement’ 80 pays s’étaient engagés pour une « réduction progressive » des fossiles (source : Citepa, p.24)

Le 6 déc., le lendemain de la publication de la 2e version du projet de décision, Haitham Al Ghais, Secrétaire-Général de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole, OPEC en anglais) a adressé une lettre à chacun des 13 pays membres de l’OPEP (dont les Emirats arabes unis, hôte de la COP-28). Cette lettre critique :« la pression indue et disproportionnée contre les fossiles pourrait atteindre un point de non-retour avec des conséquences irréversibles ». Il a exhorté ces 13 pays à « proactivement rejeter tout texte ou toute formulation qui vise l’énergie, c’est-à-dire les combustibles fossiles, plutôt que les émissions [de GES] ». La lettre a fait l’objet d’une fuite dans la presse (Guardian du 8 déc., puis Bloomberg, Reuters,…). Elle a eu un effet catalyseur à Dubaï, en mobilisant davantage de pays à appeler à intégrer dans le projet de décision sur le GST une référence au « FFPO » (élimination progressive des combustibles fossiles). Dans le camp opposé : le groupe des pays arabes (dont l’Arabie saoudite), Russie, Iraq, groupe LMDC.

Evolution du langage sur les combustibles fossiles dans les différentes versions du projet de décision

Source : Carbon Brief d’après les versions précédentes du projet de décision :

Version finale du projet de texte du 13 déc. (@04h05)  A noter : entre la version du 11 et celle du 13 : suppression de « consommation/production des fossiles »

Version du projet de texte du 11 déc. 2023 @16h30

Version du projet de texte du 8 déc. 2023 @ 15h30

Version du projet de texte du 5 déc. 2023 @ 05h00

Voir aussi : Version du projet de texte du 1er déc. 2023 @ 02h00

 

  • [§ 28e] accélérer les technologies à zéro émission nette ou à faibles émissions, y compris les énergies renouvelables, le nucléaire, les technologies de réduction et d’élimination, comme le captage et le stockage du CO2, en particulier dans les secteurs où il est difficile de réduire les émissions, et la production d’hydrogène à faible teneur en carbone [A noter par ailleurs que c’est la première fois qu’une décision de la COP fait référence à l’énergie nucléaire] ;
  • [§ 28f] accélérer une réduction forte des émissions de GES hors CO2, en particulier les émissions de méthane, d’ici 2030 [NB les objectifs chiffrés d’au moins -30% d’ici 2030 et -40% d’ici 2035 proposés dans les versions du 8 déc. et du 5 déc. ont été supprimés dans la version du 11 déc. et la version finale] ;
  • [§ 28h] éliminer progressivement les subventions inefficaces aux combustibles fossiles [objectif G20 depuis la déclaration du sommet de Pittsbsurgh, 2009] qui ne ciblent pas la précarité énergétique, ni les transitions justes [nouvelle précision];
  • [§ 27] la CMA reconnaît également que pour limiter le réchauffement à +1,5°C, il faut réaliser des réductions profondes, rapides et soutenues des émissions de GES au niveau mondial de 43% d’ici à 2030 et de 60% d’ici à 2035 par rapport à 2019, et atteindre zéro émission nette de CO2 d’ici 2050 [chiffres repris du 6e rapport d’évaluation du Giec]. La référence au besoin d’atteindre un pic d’émissions d’ici 2025, dans la version précédente (version du 11/12/2023 @ 16h30), a été supprimée : « la CMA reconnaît que pour limiter le réchauffement à +1,5 °C il faut atteindre un pic des émissions mondiales de GES au plus tard avant 2025 et réaliser des réductions rapides, profondes et soutenues…..  [§ 29] ». La CMA reconnaît certes les dernières connaissances scientifiques du Giec mais ne les relie pas à l’action à réaliser par les Etats. Il n’y a pas de « la CMA invite/appelle les Parties à réaliser des réductions fortes, rapides et soutenues des émissions » (« invites/calls on » etc.) ;
  • [§ 29] la CMA reconnaît que les combustibles de transition [comprendre le gaz naturel] peuvent jouer un rôle pour faciliter la transition énergétique, tout en garantissant la sécurité d’approvisionnement énergétique [NB ce constat n’est pas lié à un appel à l’action mais on peut dire que la CMA « promeut » ces combustibles]. La décision ne comporte aucune définition des « combustibles de transition ». Cette référence aux combustibles de transition ne figurait pas dans la version précédente du projet de texte sur le GST (version du 11/12/2023 @ 16h30) mais figurait bien comme une option dans la version du 8/12/2023 @ 15h30 ( paragraphe 38 option 1). Elle a été réinsérée dans la version finale sous pression de la Russie, pays producteur et exportateur de gaz (source : Climate Home News, 15 déc. 2023). Dans sa contribution à la phase politique du bilan mondial, la Russie avait proposé en février 2023 que le gaz naturel soit considéré comme un combustible de transition ;
  • [§ 37] la CMA […] demande aux Parties, qui ne l’ont pas encore fait, de revoir et de renforcer, d’ici 2024, leurs objectifs 2030 inscrits dans leurs NDC pour être compatible avec « l’objectif en matière de température fixé par l’Accord de Paris» [aucune mention explicite de l’objectif +1,5°C ou +2°C] ;
  • [§ 39] la CMA encourage les Parties à présenter, dans leurs prochaines NDC, des objectifs ambitieux de réduction des émissions couvrant tous les gaz à effet de serre, tous les secteurs et toutes les catégories et compatibles avec l’objectif +1,5 °C, sur la base des données scientifiques les plus récentes, en tenant compte des différentes situations nationales [à noter le choix du verbe « encourage » qui, dans le jargon de la CCNUCC, constitue, selon Carbon Brief, un langage à caractère faible pour ce genre de disposition juridique des décisions de l’ONU, bien loin de l’obligation  (source : tweet de Carbon Brief du 14 nov. 2021)]
  • [§ 33] la CMA souligne l’importance de conserver, de protéger et de restaurer la nature et des écosystèmes dans l’atteinte de « l’objectif en matière de température fixé par l’Accord de Paris» [aucune mention explicite de l’objectif +1,5°C ou +2°C], y compris via des efforts renforcés pour arrêter et inverser la déforestation et la dégradation des forêts d’ici 2030, ainsi que d’autres écosystèmes terrestres et marins fonctionnant comme des puits et réservoirs de GES [c’est la 1ère fois que cet engagement fait l’objet d’une reconnaissance formelle dans le cadre de la CCNUCC] ;
  • [§ 166] la CMA rappelle que conformément à la décision 1/CP.21 (§ 25), les Parties soumettent (« shall submit ») au secrétariat de la CCNUCC leur prochaine NDC au moins 9 à 12 mois en amont de la CMA-7 (le 10 nov. 2025), soit entre le 10 novembre et le 10 février 2025) ;
  • [§ 97 et 98] la CMA décide d’établir un dialogue sur la mise en œuvre des résultats du bilan mondial et ce, à partir de la CMA-6 (nov. 2024) sur quatre ans, les travaux devant s’achever en 2028, lors de la CMA-10. Le SBI est prié d’élaborer les modalités du programme de travail de ce dialogue lors de sa 60e session (SBI-60, Bonn, juin 2024) ;
  • [§ 191] la CMA décide de lancer, sous l’égide des Présidences de la CMA-5 [Emirats arabes unis], de la CMA-6 [Azerbaïdjan] et de la CMA-7 [Brésil], une feuille de route Mission +1,5°C, afin de renforcer la coopération internationale pour stimuler l’ambition dans le prochain cycle des NDC et renforcer l’action et la mise en œuvre au cours de cette décennie cruciale. Lors de la plénière de clôture, la future Présidence brésilienne de la COP-30 (et de la CMA-7) a déclaré que cette mission travaillerait à réduire la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles (source : IISD, 13 décembre 2023)

 

Sur la question du financement, deux paragraphes de la décision sur le GST sont à noter :

  • [§ 68] la CMA souligne que les besoins en financement de l’adaptation des pays en développement sont estimés entre 215 et 387 Md$/an jusqu’en 2030 (chiffres repris de l’Adaptation Gap Report, PNUE, 2023) et qu’il faut investir 4 300 Md$/an dans l’énergie bas-carbone jusqu’en 2030 (AIE/IRENA, 2023) ;
  • [§ 99] la CMA décide de convoquer un dialogue ministériel de haut niveau, lors de la CMA-6, sur le besoin urgent d’accroître le financement de l’adaptation, en prenant en compte les résultats du bilan mondial portant sur l’adaptation, et sur le besoin pour les pays industrialisés de respecter leur engagement en matière de financement de l’adaptation pris lors de la COP-26 à Glasgow, à savoir un doublement du financement de l’adaptation d’ici 2025 par rapport aux niveaux de 2019.

 

Dans ce texte final de la décision sur le GST, on peut retenir des lacunes et insuffisances soulignées par de nombreux observateurs. Aucune définition du terme « unabated » [§ 28(e)] ou « bas-carbone » [§ 28((c) et § 28e)] n’est fournie. Par ailleurs, globalement dans la décision, le langage est faible : peu d’appels à l’action (8 x « decides » | 8 x « calls on » | 14 x « invites » | 16 x « requests »). Ainsi, dans le [§ 28] l’utilisation du verbe « calls on » (« invite/appelle à ») est utilisé pour introduire les huit types d’efforts de réduction. Dans le jargon de la CCNUCC, il s’agit d’une invitation ou une demande, terme faible pour ce genre de disposition juridique des décisions de l’ONU, bien loin de l’obligation, mais plus fort que « could include » utilisé dans la version précédente (version du 11/12/2023 @ 16h30). Le langage est lui-aussi faible sur le financement de la transition pour s’éloigner des fossiles, surtout par rapport à l’équité : il n’y a pas d’indication forte que les pays industrialisés devront jouer un rôle de chef de file. Ainsi, dans les [§ 71 et § 73], il n’y a qu’un simple rappel de l’obligation pour les pays industrialisés de fournir [« shall provide »] des ressources financières pour aider les pays en développement à mettre en œuvre (i) des actions d’atténuation/adaptation [cf. art. 9.1 de l’Accord de Paris] et (ii) leur NDC [cf. art. 4.5].

 

Les réactions à cette décision ont été nombreuses, parmi lesquelles :

Laurence Tubiana, co-architecte de l’Accord de Paris, aujourd’hui directrice de la Fondation européenne pour le climat (ECF) a affirmé : « la fin de l’ère des combustibles fossiles est lancée. On savait que la COP-28 allait être difficile mais au moins ‘l’éléphant dans la pièce’ – l’élimination des combustibles fossiles – a enfin été abordée » (source : tweet de Laurence Tubiana, 13 déc. 2023).

Simon Stiell, Secrétaire exécutif de la CCNUCC a souligné : « Bien que nous n’ayons pas complètement tourné la page de l’ère des combustibles fossiles à Dubaï, ce résultat marque clairement le début de la fin » (source : communiqué de la CCNUCC du 13 déc. 2023).

Wopke Hoestra, Commissaire européen à l’action climat, a déclaré : « le monde vient d’adopter une décision historique lors de la COP-28 afin d’amorcer une transition irréversible et accélérée pour s’éloigner des combustibles fossiles » (source : tweet de Wopke Hoekstra du 13 déc. 2023).

Dans sa déclaration lors de la plénière de clôture de la COP-28, le 13 déc. 2023, Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a directement interpellé les pétro-Êtats (Arabie saoudite et Iraq en tête), en déclarant « à ceux qui s’opposent à une référence explicite à l’élimination progressive des combustibles fossiles dans le texte de la COP-28 [décision GST], je veux dire qu’une élimination progressive des combustibles fossiles est inévitable, qu’ils le veuillent ou non ».

Valérie Masson-Delmotte, climatologue et ancienne vice-Présidente du WGI du Giec (2015-2023) a déclaré : « Face [aux réalités de l’intensification du réchauffement et de la hausse continue des émissions de GES], le décalage entre l’objectif affiché de « maintenir l’objectif de 1,5 °C à portée de main » et la faiblesse des engagements concrets mis sur la table témoigne d’une incohérence majeure » (source : tribune dans Le Monde du 29 déc. 2023). Elle a ajouté : « la faiblesse de ces engagements implique la poursuite du réchauffement planétaire au-delà de +1,5 °C d’ici une décennie, avec des conséquences immédiates » (source : tribune dans Le Monde du 29 déc. 2023).

Anne Rasmussen (Iles Samoa), représentante de l’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), a fustigé le manque d’ambition et le langage faible, surtout sur les combustibles fossiles. « La correction de la trajectoire d’émissions de GES nécessaire [au cours de cette décennie cruciale] n’a pas été assurée [par la décision sur le GST] » (source : tweet d’IISD du 13 déc. 2023). Elle a souligné que ce 1er bilan mondial est le seul qui permettrait de garder l’objectif de +1,5°C à portée de main (car le 2e GST n’est prévu qu’en 2028, date à laquelle il serait trop tard pour mettre la planète sur une trajectoire d’émissions de GES compatible avec cet objectif). L’intervention de Anne Rasmussen a été accueillie par de longs applaudissements, une ovation debout et des cris d’encouragements, venus de la société civile au fond de la salle (source : tweet d’IISD du 13 déc. 2023).

Al Gore, ancien vice-Président américain :

  • « c’est le strict minimum dont nous avons besoin et qui aurait dû être atteint depuis longtemps. L’influence des pétro-Etats est encore évidente dans les demi-mesures et les lacunes de l’accord final. La question de savoir s’il s’agit d’un tournant qui marque véritablement le début de la fin de l’ère des combustibles fossiles dépend des actions à venir et de la mobilisation des financements nécessaires à leur réalisation » (source : Reuters du 13 déc. 2023)

Madeleine Diouf, Ministre de l’Environnement du Sénégal (au nom du groupe des PMA) :

  • l’accord « reflète l’ambition la plus faible possible que nous pourrions accepter plutôt que ce que nous savons, d’après les meilleures données scientifiques disponibles, être nécessaire pour faire face d’urgence à la crise climatique ». L’accord « met en évidence l’énorme écart entre les besoins des pays en développement et les financements disponibles, ainsi que la diminution rapide de la marge de manœuvre budgétaire due à la crise de la dette. Pourtant, il n’apporte pas de réponse crédible à ce défi »» (source : Reuters du 13 déc. 2023)

 

Mise en œuvre des résultats de la phase politique du GST : avancées réalisées à Bonn (juin 2024)

A Bonn, lors des sessions SB-60 (3-13 juin 2024), les négociations sur les suites à donner au bilan mondial ont été menées dans le cadre de consultations informelles sur deux aspects :

(1) les éléments procéduraux et logistiques du processus du GST et

(2) les modalités du dialogue annuel sur le GST.

 

Eléments procéduraux et logistiques du processus GST

L’objectif de Bonn était de débattre de la question de savoir comment affiner les éléments procéduraux et logistiques du processus du GST sur la base de l’expérience acquise dans le cadre du premier GST, en vue d’adopter une décision à Bakou. Les consultations informelles ont été co-animées par Patrick Spicer (Canada) et Thureya Al Ali (Emirats arabes unis). Les principaux points de discussion ont porté sur les points suivants :

  • la question de savoir s’il faut aligner la publication du 7e cycle d’évaluation du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sur le deuxième GST (2028) afin d’inclure les meilleures connaissances scientifiques disponibles ;
  • l’amélioration de la transition entre les phases d’évaluation technique et l’examen des résultats du GST (phase politique) ; et
  • la composition du Comité de haut niveau des GST à venir (le 2e GEST est prévu en 2028).

 

Etant donné les objections du groupe de négociation LMDC et du groupe arabe, les Parties n’ont pas pu se mettre d’accord pour inviter formellement le Giec à réfléchir à la meilleure façon d’aligner ses travaux sur le cycle du GST, et surtout sur le 2e GST.

Les Parties n’ont pas pu parvenir à un consensus sur l’ensemble du sujet « éléments procéduraux et logistiques du processus GST ».

Dans leurs conclusions conjointes, le SBSTA et le SBI « prennent note » de la note informelle rédigée par les deux co-facilitateurs, indiquant qu’elle ne fait pas l’objet d’un consensus entre les Parties. Celles-ci reprendront le sujet à Bakou en novembre 2024 lors des sessions SB-61 en vue d’aboutir à un projet de décision pour adoption par la CMA-6 à Bakou.

Voir les conclusions conjointes SBSTA/SBI et la note informelle.

 

Modalités du dialogue annuel sur le GST

L’objectif de Bonn était de mener des discussions sur les modalités (éléments pratiques) du premier dialogue annuel sur le GST (cf. décision 1/CMA.5, paragraphes 97 et 98) pour le rendre opérationnel lors de la CMA-6 à Bakou et ce, en vue de mettre en œuvre concrètement les résultats du premier GST. Ce sous-volet des négociations est très important car les résultats de la phase politique du 1er GST doivent éclairer les travaux d’élaboration de la prochaine série des NDC (qui devront couvrir la période jusqu’en 2035), à soumettre par les Parties en 2025.

Les consultations informelles ont été co-animées par Ricardo Marshall (Barbade) et Patrick Spicer (Canada).

Sur ce volet, une des pommes de discorde majeures entre les Parties était de savoir comment donner suite à la décision 1/CMA.5 et aux engagements des Parties qu’elle énonce, surtout au paragraphe 28. Les discussions ont fait ressortir des désaccords entre les Parties, et surtout entre pays développés et pays en développement. Les premiers (UE, Norvège, Etats-Unis, Japon en tête), ainsi que le groupe des petits Etat insulaires (AOSIS), soutenaient que ces discussions devraient être centrées sur tous les aspects des résultats du bilan mondial, dont les efforts à consentir pour réduire les émissions de GES. En revanche, le groupe de négociation LMDC, les pays d’Amérique latine (groupe AILAC), et les pays les moins avancés (surtout les pays africains) souhaitaient qu’elles soient axées sur le financement climat, affirmant qu’il leur serait impossible de réduire leurs émissions sans soutien financier de la part des pays développés pour les aider à assurer leur transition énergétique. Ces pays font remarquer que le paragraphe 97 de la décision 1/CMA.5, qui établit le dialogue sur la mise en œuvre des résultats du GST, est placé dans la section C.1 consacrée au financement.

Les Parties n’ont pas pu parvenir à un consensus sur ce sujet. Dans leurs conclusions conjointes, le SBSTA et le SBI « prennent note » de la note informelle rédigée par les deux co-facilitateurs, indiquant qu’elle ne fait pas l’objet d’un consensus entre les Parties. Celles-ci reprendront le sujet à Bakou en novembre 2024 lors des sessions SB-61 en vue d’aboutir à un projet de décision pour adoption par la CMA-6 à Bakou.

Voir les conclusions conjointes SBSTA/SBI et la note informelle.

Voir page du site de la CCNUCC consacrée au bilan mondial.

 

 

 

[1] En français : « Opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques. » (source : CCNUCC).

COP-29 à Bakou sous Présidence azerbaïdjanaise : déroulement et enjeux en bref

La Conférence de l’ONU sur le Climat se tient du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, Azerbaïdjan. La COP-29, qui fait partie de cette Conférence, est une COP à forts enjeux où la priorité absolue sera de parvenir à un accord solide sur le nouvel objectif collectif chiffré post-2025 en matière de financement climat. L’accent sera également mis sur l’atténuation et l’adaptation, et la finalisation, une fois pour toutes, des règles de mise en œuvre de l’article 6 (mécanismes de marché) de l’Accord de Paris.

Rappel de l’articulation des différents organes de la CCNUCC

Les organes subsidiaires SBSTA et SBI sont des organes techniques mis à disposition de la COP, de la CMP et de la CMA.

 

 

Une COP à forts enjeux dans un contexte mondial difficile

 

Contexte

Contexte géopolitique, politique et économique

La Conférence de Bakou intervient à un moment difficile, comme celle de l’année dernière à Dubaï (Emirats arabes unis) et celle de l’année d’avant, à Charm el-Cheikh (Egypte). Le monde est sérieusement ébranlé par les multiples conflits internationaux (en Ukraine, Gaza, au Liban…) ce qui a eu pour conséquence de reléguer le sujet de la crise climatique au second plan dans l’ordre des priorités des gouvernements nationaux.

Par ailleurs, la COP-29 intervient juste après une série d’élections nationales dans quelque 70 pays, marquée par la montée de l’extrême droite dans plusieurs pays européens (Allemagne, Autriche, France, Italie, Pays-Bas, Suède…) et par des prises de position et promesses d’agir contre plusieurs leviers de l’action climat (réduction voire coupe dans les financements publics de la transition, soutien aux énergies fossiles…).

Six jours avant la COP-29, le 5 novembre 2024, tous les yeux ont par ailleurs été rivés sur les résultats de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, désormais avec la certitude du retour au pouvoir du Président ouvertement et fermement climatosceptique et pro-énergies fossiles, Donald Trump. Ce résultat aura pour conséquence probable :

  • du retrait probable de l’Accord de Paris pour la 2nde fois,
  • du détricotage de la politique climat nationale (l’Inflation Reduction Act notamment) mise en place depuis la prise de fonction de Biden en 2021,
  • du mépris de l’action climat internationale et, plus largement, de la gouvernance multilatérale.

Ce retour au pouvoir de Trump jettera une ombre très sombre sur le déroulement de la COP-29.

Enfin, s’ajoute à cela la crise économique mondiale : faible croissance mondiale, crise de la dette, inflation, contraintes et coupes budgétaires des Gouvernements nationaux, baisse du pouvoir d’achat des citoyens, etc.

 

Contexte scientifique

La Conférence de Bakou intervient après la publication, ces dernières semaines, et surtout ces derniers jours, de nombreux rapports, études ou analyses réalisés par les organisations internationales qui font référence en la matière (PNUE, OMM, AIE,…). Ces publications montrent une fois de plus que les voyants scientifiques sont de plus en plus au rouge, la trajectoire des émissions de GES continuant à augmenter, et la fenêtre d’opportunité pour limiter le réchauffement à +1,5°C étant en train de se refermer. Citons en particulier :

  • l’édition 2024 du rapport annuel du PNUE, Emissions Gap Report (publié le 24 octobre 2024) : les émissions mondiales de GES ont augmenté de +1,3% entre 2022 et 2023, pour atteindre un nouveau record de 57,1 Gt CO2 Même en prenant en compte les objectifs des Etats inscrits dans leurs NDC, l’écart, en 2030, entre le niveau d’émissions projeté et le niveau nécessaire pour rester en dessous des +2°C est compris entre 11 Gt CO2e (si l’on prend en compte les mesures conditionnelles et inconditionnelles des NDC) et 14 Gt CO2e (si l’on ne prend en compte que les mesures inconditionnelles des NDC). Cet écart est encore plus important lorsque l’on prend en compte l’objectif de ne pas dépasser l’objectif de +1,5°C : entre 19 et 22 Gt CO2e. Cet écart est de la même amplitude que celui évalué par le PNUE dans l’édition 2023 de son rapport. En d’autres termes, il ne s’est pas réduit depuis l’année dernière. En ce qui concerne le réchauffement, en l’absence de mise en œuvre des NDC, les politiques actuelles en place mèneraient à un réchauffement de +3,1°C en 2100 par rapport à la période pré-industrielle. La mise en œuvre des seules mesures inconditionnelles des NDC induirait un réchauffement de +2,8°C. Enfin, même en cas de mise en œuvre des mesures conditionnelles et inconditionnelles des NDC, le réchauffement serait de +2,6°C ;
  • la quatrième synthèse des NDC soumises par les 195 Parties à l’Accord de Paris, réalisée par le Secrétariat de la CCNUCC (publié le 28 octobre 2024) : selon les projections de la CCNUCC, l’ambition des NDC demeure insuffisante pour limiter la hausse des températures moyennes mondiales à +1,5°C et respecter l’objectif de l’Accord de Paris. Ainsi, le niveau d’émissions totales de GES, sur la base de la mise en œuvre des dernières NDC de toutes les Parties à l’Accord de Paris, passerait de 52,9 Gt CO2e en 2019 à 53,0 Gt CO2e en 2025, pour être ramené ensuite à 51,5 Gt CO2e en 2030 (hors UTCATF). Ce niveau projeté en 2030 est seulement de 2,6% inférieur au niveau d’émissions de l’année 2019, alors que selon le 6e rapport d’évaluation du Giec (publié en 2021-2023), il faudrait réaliser une réduction collective des émissions de GES, non pas de 2,6%, mais de 43% en 2030 (par rapport aux niveaux de 2019) pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C. Le niveau d’émissions de GES projeté en 2030 (51,5 Gt CO2e) est donc de 2,8% inférieur au niveau estimé pour 2025 (53,0 Gt CO2e), ce qui, selon le Secrétariat de la CCNUCC, indiquerait la possibilité qu’un pic des émissions mondiales de GES soit atteint avant 2030. Quant au réchauffement, les engagements climat combinés des 195 Parties à l’Accord de Paris pourraient mettre le monde sur la voie d’un réchauffement compris entre +2,1°C t +2,8°C d’ici la fin du 21e siècle en fonction des hypothèses sous-jacentes (il s’agit de la meilleure estimation possible, étant donné ces diverses hypothèses, d’après la CCNUCC) ;
  • l’édition 2024 du Bulletin GES de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) sur les concentrations atmosphériques des trois principaux GES persistants (à longue durée de vie) : CO2, CH4 et N2O (publié le 28 octobre 2024). En 2023, les concentrations moyennes mondiales de chacun de ces gaz ont atteint les niveaux les plus élevés jamais enregistrés depuis l’époque préindustrielle (1750) ;
  • dans son bulletin climat mensuel pour le mois d’ octobre 2024, publié le 7 novembre 2024, le programme européen Copernicus a annoncé que le mois d’octobre 2024 est le 2e mois d’octobre le plus chaud jamais enregistré (après oct. 2023, +1,7°C) : la température moyenne mondiale mensuelle était de +1,65°C au-dessus de la moyenne pré-industrielle (1850-1900). Par ailleurs, octobre 2024 est le 15e mois sur une période de 16 mois pour lequel la température moyenne mondiale à la surface a dépassé de +1,5°C la moyenne pré-industrielle. La température moyenne mondiale sur 12 mois, entre nov. 2023 et oct. 2024, a été la 2e plus élevée jamais enregistrée sur une période de 12 mois, soit +1,62°C au-dessus de la moyenne pré-industrielle. Sur la base des données de température relevées pour les 10 premiers mois de 2024 (janv. à oct. 2024), Copernicus conclut qu’il est quasiment certain que l’année 2024 sera plus chaude que 2023 (qui a été jusque-là l’année civile (janv. à déc.) la plus chaude jamais observée), et donc deviendra ainsi l’année la plus chaude jamais observée. Enfin, puisque le réchauffement était déjà à +1,48°C en 2023, il est également quasiment certain qu’il sera au-dessus du seuil du +1,5°C en 2024 ;
  • l’édition 2024 des Perspectives énergétiques mondiales (World Energy Outlook, WEO) de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) (publié le 16 octobre 2024) : selon les projections du WEO, la demande en chacun des trois combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) devrait atteindre son pic avant 2030, comme l’AIE avait projeté dans l’édition 2023 du WEO. Par ailleurs, sur la base des politiques actuelles en place, l’AIE table sur un pic « imminent» des émissions de CO2 sans pour autant qu’il n’y ait une forte baisse par la suite. Selon les projections de l’AIE sur cette base, le réchauffement serait de +2,4°C d’ici 2100.

 

 

La Présidence de la COP-29

Conformément à la rotation des cinq groupes régionaux de l’ONU, la COP de 2024 a eu lieu en Europe centrale et de l’Est (groupe composé de 23 pays : UE-11 + 12 pays d’Europe orientale, dont l’Azerbaïdjan). La COP-28 avait approuvé via la décision 17/CP.28 la proposition de l’Azerbaïdjan d’accueillir la COP-29.

La Présidence émiratie de la COP-28 prend fin à l’ouverture de la COP-29. L’Azerbaïdjan détiendra la Présidence jusqu’à l’ouverture de la COP-30 (prévue au 10 novembre 2025).

 

Azerbaïdjan :  un Etat très dépendant des énergies fossiles

Le choix du pays comme hôte a soulevé et soulève encore de vives critiques et d’inquiétudes, surtout en raison d’importants conflits d’intérêts et du non-respect des droits humains. Après l’Egypte (COP-27) et les Emirats arabes unis (COP-28), l’Azerbaïdjan est le 3e pays producteur d’énergies fossiles à accueillir la COP. C’est un pays très dépendant des combustibles fossiles : l’Azerbaïdjan est l’un des 10 premiers Etats pétro-gaziers :

  • le pétrole et le gaz sont à l’origine de plus de 98% de son approvisionnement en énergie (source : AIE),
  • en 2021, le secteur pétro-gazier représentait deux tiers (64%) de son PIB, soit plus que les Emirats arabes unis (52%) (source : Climate Home News, 10 déc. 2023 d’après Carbon Tracker, 11 février 2021),
  • en 2021, 90% des recettes d’exportations provenaient du secteur pétro-gazier (source : AIE, juin 2021).

Lors de la 15e réunion du Dialogue de Petersberg sur le climat, à Berlin les 25-26 avril 2024, le Président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a déclaré que les gisements de pétrole et de gaz dans son pays était « un cadeau de Dieu » (« a gift from God ») (source : Climate Home News, 17 mai 2024).

Le 3 janvier 2024, Mukhtar Babayev, Ministre de l’Ecologie a été nommé Président de la COP-29. Il était cadre de la compagnie nationale de pétrole, la Socar (State Oil Company of Azerbaïdjan Republic) de 1994 à 2010, dont vice-Président, en charge des questions environnementales (2007-2010).

Pour la 2e année consécutive donc, un proche des intérêts fossiles présidera la COP. Selon un rapport conjointement établi par l’ONG Transparency International et la coalition Anti-Corruption Data Collective (ACDC), publié le 31 oct. 2024, la COP-29 risque d’être sapée par des influences inappropriées des entreprises du secteur des énergies fossiles, ce qui pourrait menacer l’intégrité de cette Conférence.

 

Diplomatie climat

L’Azerbaïdjan a acquis peu d’expérience en diplomatie climat, alors même que la Présidence d’une COP a un rôle stratégique crucial à jouer :

  • dans le pilotage neutre et habile des négociations, surtout lors des négociations politiques pendant la 2e semaine de la Conférence après la fin des négociations techniques de la première semaine au sein des deux organes subsidiaires SBSTA et SBI ; et
  • dans le renforcement de l’ambition des Parties en matière d’action climat.

 

Droits humains

L’Azerbaïdjan est un pays sous un régime plutôt autoritaire et répressif. Il a un bilan très mitigé en matière de droits humains depuis plusieurs années : ces deux dernières années ont notamment vu une intensification de la répression des propos ou voix critiques du régime national :

  • le gouvernement réprime la liberté de parole et la liberté d’association des lanceurs d’alerte et d’autres voix dissidentes et critiques (défenseurs des droits humains, journalistes, activistes indépendants de la société civile,…),
  • ces derniers mois en amont de la COP-29, les autorités azerbaïdjanaises ont arrêté « des dizaines » d’activistes et de journalistes sur la base d’accusations criminelles infondées, selon un rapport publié conjointement le 8 octobre 2024 par les deux ONG Freedom Now et Human Rights Watch. Sur les 33 cas recensés dans ce rapport, 20 personnes sont faussement accusées de « l’introduction clandestine d’argent dans le pays » (contrebande).

 

Vision de la Présidence

La Présidence de la COP-29 a transmis trois lettres aux Parties :

  • 24 juillet 2024: une première lettre présentant la vision de la Présidence de la COP-29 pour « renforcer l’ambition et mobiliser l’action », esquisser les étapes clés de la Présidence et les trajectoires à suivre pour transformer cette vision en actions réelles (lire notre article),
  • 17 sept. 2024: une deuxième lettre annonçant une série de 14 initiatives sectorielles et thématiques que la Présidence compte lancer officiellement à Bakou pour accélérer l’action climat, tant par les Parties que par les acteurs non-étatiques. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre de l’agenda de l’action (Action Agenda) qui s’adresse aux acteurs non-étatiques (Etats fédérés, provinces, régions, villes, secteur privé, ONG et société civile) et ce, en complément des négociations formelles menées dans le cadre de la CCNUCC,
  • 16 oct. 2024 : une troisième lettre présentant la liste des déclarations et engagements que la Présidence compte lancer officiellement à Bakou : un appel, deux engagements et six déclarations. Ces éléments s’inscrivent dans le cadre des initiatives annoncées dans la lettre du 17 septembre 2024.

 

 

Organisation et déroulement de la Conférence de Bakou

 

Participants

Malgré l’importance politique du sujet du financement climat à Bakou, le nombre de participants anticipé cette année (environ 80 000, source : ECIU, Road to Baku, n°2, 25 sept. 2024) est moins important que ceux ayant participé à la COP-28 (83 884 en présentiel et 2 089 en virtuel, source : CCNUCC, 22 déc. 2023).

De même, selon la liste provisoire établie par la CCNUCC (en date du 18 octobre 2024), 106 Chefs d’Etat et de Gouvernement prévoient de participer à la séquence de haut niveau (12-13 novembre 2024), contre 137 lors de celle de la COP-28 à Dubaï (voir liste des dirigeants le 1er déc. et celle du 2 déc. 2023 | voir allocutions). Parmi les dirigeants absents de cette liste, figurent ceux de plusieurs pays grands émetteurs (Afrique du Sud, Australie, Canada, Chine, Etats-Unis, Inde, Indonésie,…) et le Président de la République française. Concernant la France, les critiques ouvertes du Gouvernement vis-à-vis du régime politique d’Azerbaïdjan (guerre avec l’Arménie, droits humains, soutien d’Azerbaïdjan de la contestation sociale en Nouvelle-Calédonie) pourraient expliquer l’absence prévue d’Emmanuel Macron à la COP-29. Quant aux Etats-Unis, l’administration de Kamala Harris était préoccupée sur le plan national par l’élection présidentielle du 5 novembre 2024.

 

Les sessions de négociation formelles

Comme tous les ans, la Conférence de Bakou s’articule autour de cinq sessions de négociation formelles qui se déroulent en parallèle :

11 – 16 nov. 2024 : 61èmes sessions des deux organes subsidiaires de la CCNUCC 

11 – 22 nov. 2024 : sessions des trois organes de prise de décision formelle :

 

Séquence de haut niveau (Chefs d’Etat et de Gouvernement ; Ministres)

12 – 13 nov. 2024 : 1ère partie du segment de haut niveau, dont le Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat (World Leaders’ Climate Action Summit) et trois tables rondes (atténuation ; adaptation ; financement),

19 – 20 nov. 20242e partie du segment de haut niveau, avec la présence des Ministres chargés des négociations internationales sur le climat (selon les Etats : Ministres de l’Environnement, du Climat et de l’Energie, des Affaires étrangères, etc.).

 

Les principaux évènements mandatés

Plusieurs évènements et réunions mandatés (mandated events) par une décision de la COP ou de la CMA (de Dubaï, de Charm el-Cheikh ou d’une année antérieure) auront lieu à Bakou. Voici les principaux évènements par sujet :

Financement climat

Atténuation

Transition juste

MRV dans le cadre du régime pré-Paris

  • 15 nov. 2024: 17e atelier sur « l’échange non coercitif des points de vue » (facilitative sharing of views ou FSV) des rapports biennaux actualisés (Biennal Update Reports ou BUR) dans le cadre de la démarche MRV (suivi, déclaration et vérification) des pays en développement (SBI-61).
  • 15 nov. 2024: 3e partie du 5e cycle de l’évaluation multilatérale (multilateral assessment ou MA) des rapports biennaux (Biennal Reports ou BR) des pays industrialisés dans le cadre de la démarche MRV (suivi, déclaration et vérification) de ceux-ci (SBI-61).

Voir la liste des évènements mandatés prévus au sein de la COP-29

Voir la liste des évènements mandatés prévus au sein de la CMA-6

Voir la liste des évènements mandatés prévus au sein du SBSTA-61

Voir la liste des évènements mandatés prévus au sein du SBI-61.

 

Journées thématiques

En dehors des négociations formelles dans le cadre de la COP, de la CMA et de la CMP, la Présidence azerbaïdjanaise a organisé sept journées thématiques qui auront lieu durant la Conférence (comme le font tous les ans les Présidences des COP) :

  • 14 nov. : finance, investissements et commerce,
  • 15 nov. : énergie, paix, relance,
  • 16 nov. : science, technologies et innovation, numérisation,
  • 18 nov. : ressources humaines, enfants et jeunesse, santé, éducation,
  • 19 nov. : alimentation, agriculture et eau,
  • 20 nov. : urbanisation, transports, tourisme,
  • 21 nov. : nature et biodiversité, peuples indigènes, égalité des sexes, océans et zones côtières.

Voir annexe I de la lettre de la Présidence aux Parties, transmise le 24 juillet 2024.

 

 

Focus et enjeux de la Conférence de Bakou

La COP-29 sera une COP à forts enjeux et surtout une COP charnière pour le sujet qui constitue le « nerf de la guerre » des négociations climat au sein de la CCNUCC : le financement climat. Neuf ans après l’adoption de l’Accord de Paris et à six ans de 2030, la COP-29 est la troisième COP qui n’est pas axée sur la définition ou l’adoption de ses règles de mise en œuvre (Rulebook), après la COP-27 à Charm el-Cheikh (novembre 2022) et la COP-28 à Dubaï (décembre 2023). Dans la continuité de la COP-27 et de la COP-28, la mise en œuvre de l’Accord de Paris constitue désormais le focus des négociations climat, à présent que ses règles d’application sont finalisées (à une exception près…- voir plus loin).

 

Premier enjeu de Bakou : financement climat

  1. Nouvel objectif collectif chiffré post-2025 en matière de financement climat

La COP-29 a été baptisée la « COP du financement » (Finance COP) et pour cause : l’enjeu prioritaire pour la Présidence est d’obtenir un accord solide des Parties réunies au sein de la CMA-6 sur un nouvel objectif collectif chiffré post-2025 (NCQG). Conformément à la décision 1/CP.21 (adoptée lors de la COP-21), qui a accompagné l’Accord de Paris, la CMA doit fixer, avant 2025, ce nouvel objectif à partir d’un niveau plancher de 100 milliards de $ par an (cf. décision 1/CP.21, § 53). Un tel accord des Parties est indispensable pour rétablir la confiance entre pays du Sud et pays du Nord qui a été sérieusement entamée, d’autant plus ces dernières années, en partie puisque les pays du Nord n’ont atteint l’objectif des 100 Md$/an à partir de 2020 qu’en 2022, soit avec deux ans de retard. Cet accord est également un préalable pour débloquer les discussions dans les autres axes de négociation (atténuation en tête). Le financement climat joue ainsi un rôle crucial dans le renforcement de l’ambition des pays en développement (notamment en matière de transition énergétique). Il faut créer une dynamique forte sur le financement climat dans la perspective de la remise de la prochaine série des NDC en 2025.

 

  1. Nouveaux engagements des Parties en matière de financement climat

Sur le sujet financement climat, un 2e enjeu pour la CMA-6 à Bakou est d’obtenir des pays industrialisés (et des pays émergents) de nouveaux engagements concrets et ambitieux en matière de financement climat international pour les pays en développement, notamment via le Fonds vert pour le climat, et ce, là aussi, pour rétablir la confiance entre pays du Sud et pays du Nord. Il s’agira de créer une dynamique politique et diplomatique forte pour inciter les pays développés à accroître le financement climat pour les pays en développement vulnérables. Cela constituerait la véritable clé pour faire avancer les négociations sur les autres sujets problématiques.

 

  1. Article 2.1(c)

Sur le sujet financement climat, un 3e enjeu pour la CMA-6 à Bakou est de réaliser des avancées concrètes dans le cadre des discussions du dialogue de Charm el-Cheikh sur l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris. Cet article fixe l’objectif de rendre les flux financiers compatibles avec une trajectoire d’émissions bas-carbone et résilient aux changements climatiques. Ce dialogue a été mis en place par la décision 1/CMA-4 (Charm el-Cheikh, 2022).

 

2e enjeu de Bakou : article 6 (mécanismes fondés sur le marché)

La Présidence de la COP-29 s’est engagée à accorder la deuxième priorité de la Conférence de Bakou à la finalisation de l’opérationnalisation de l’article 6, une fois pour toutes, neuf ans après l’adoption de l’Accord de Paris (2015) et six ans après l’adoption de la quasi-totalité de ses règles de mise en œuvre (Rulebook, Katowice, CMA-1, 2018).

 

  1. Article 6.2 : transfert de réduction directs (crédits carbone) entre pays à titre bilatéral ou multilatéral (ITMO)

L’enjeu pour la CMA-6 est de régler les questions en suspens en vue de finaliser les règles de mise en œuvre, à savoir :

  • intégrité environnementale,
  • protection des droits humains,
  • transparence (et surtout la question des clauses de confidentialité des informations rapportées par les Parties après les échanges d’ITMO, qui empêcheraient la vérification de ces informations).

 

  1. Article 6.4 : mécanisme d’octroi de crédits dans le cadre d’un marché carbone mondial

L’article 6.4 prévoit la mise en place d’un mécanisme fondé sur le marché qui viendra prendre le relais du MDP (mécanisme pour un développement propre), établi par le Protocole de Kyoto. L’enjeu pour la CMA-6 est d’approuver les éléments techniques adoptés le 9 octobre 2024 par l’organe de supervision de l’article 6.4 :

  • les deux normes :
  • le nouvel outil de développement durable : Sustainable Development Tool (SD Tool) qui vise à garantir que les projets qui seront menés au titre de l’article 6.4 favorisent le développement durable et n’induisent pas d’impacts socio-environnementaux négatifs.

 

3e enjeu de Bakou : pertes et préjudices

  1. Modalités de fonctionnement du fonds pertes et préjudices

Le principal enjeu pour la CMA-6 (et pour la COP-29) sur le sujet pertes et préjudices est d’approuver conjointement les modalités définitives de fonctionnement du fonds pertes et préjudices adoptées par son Conseil d’administration (Board) lors de sa 3e réunion, et notamment les modalités d’hébergement et d’administration du fonds (auprès de la Banque mondiale pour une durée provisoire de quatre ans). L’approbation de ces modalités de fonctionnement constituera une étape clé pour l’opérationnalisation concrète du fonds, afin qu’il puisse verser ses premiers financements en 2025.

La CMA-6 et la COP-29 doivent également conjointement examiner et adopter le rapport du Conseil d’administration du fonds à la CMA.

 

  1. Nouveaux engagements des Parties en matière de financement pertes et préjudices

Sur le sujet pertes et préjudices, un 2e enjeu pour la CMA-6 à Bakou est d’obtenir des pays industrialisés (et des pays émergents) de nouveaux engagements concrets et ambitieux en matière de contributions financières pour alimenter le fonds pertes et préjudices. Au 26 septembre 2024, 23 Parties (dont la France) avaient annoncé des contributions totalisant 702,01 M$ (voir liste des pays contributeurs et montant de leurs contributions).

 

4e enjeu de Bakou : adaptation

  1. Objectif mondial en matière d’adaptation : indicateurs

Le premier enjeu pour la CMA-6 sur le sujet adaptation est de faire aboutir les négociations pour définir et adopter les modalités de mise en œuvre du programme de travail biennal Emirats-Belém (2025-2026), dont la mise en place a été décidée à Dubaï lors de la CMA-5 (décision 2/CMA.5,§39). L’objectif de ce programme sera d’identifier et d’élaborer des indicateurs et éléments chiffrés pour mesurer les progrès accomplis dans la réalisation, d’ici 2030, des sept objectifs qualitatifs thématiques fixés par le cadre des Emirats pour la résilience climatique mondiale (décision 2/CMA.5,§6 à 11) : eau ; agriculture et agroalimentaire ; écosystèmes et biodiversité ; santé ; infrastructures et villes ; élimination du pauvreté ; patrimoine culturel.

La CMA-6 doit donc approuver ces modalités (plan, calendrier, participants, etc.) à Bakou pour que les Parties puissent démarrer début 2025 les discussions techniques de fond.

 

  1. Objectif d’au moins doubler le financement de l’adaptation d’ici 2025

Le 2e enjeu pour la CMA-6 sur le sujet adaptation est de faire le point sur les progrès réalisés vers l’atteinte de l’objectif pour les pays industrialisés d’au moins doubler, d’ici 2025, leur soutien financier collectif aux pays en développement pour leurs actions d’adaptation (par rapport aux niveaux de 2019), en s’efforçant de parvenir à un équilibre entre les financements pour l’atténuation et l’adaptation. Cet objectif a été fixé par la CMA-3 dans le cadre du Pacte de Glasgow pour le climat en 2021 (cf. paragraphe 18 de la décision 1/CMA.3). Cela correspond, en se basant sur le financement consacré à l’adaptation fourni par les pays industrialisés en 2019 (20,3 Md$ – source : OCDE, 16 nov. 2023, p.10) à environ 40,6 Md $ en 2025 (lire notre article).

Selon le dernier bilan de l’OCDE, publié le 29 mai 2024, le financement adaptation s’est élevé à 32,4 Md$ en 2022, soit à mi-chemin entre le niveau de 2019 (20,3 Md$) et l’objectif de 2025 40,6 Md$). Il reste donc trois ans pour atteindre cet objectif, (source : OCDE, 29 mai 2024). A noter enfin que les chiffres définitifs pour 2025 ne seront disponibles qu’en 2027 du fait du dispositif de rapportage du financement climat en place.

 

  1. Plans nationaux d’adaptation

Le processus des Plans nationaux d’adaptation (NAP) a été établi en vertu du cadre de Cancún pour l’adaptation (cf. Accords de Cancún, décision 1/CP.16, adoptés lors de la COP-16 (2010). Il s’agit d’un processus continu, progressif et itératif qui vise à faciliter la planification des mesures d’adaptation par les pays en développement. Ils constituent une forme d’opérationnalisation du volet « adaptation » de plus en plus intégré aux NDC des Parties, qui leur permet de définir les priorités et objectifs nationaux en matière d’adaptation. Le but des PNA est d’identifier les besoins et priorités en matière d’adaptation et de gestion des risques climatiques à moyen et à long terme et d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies et plans pour répondre à ces besoins.

La décision 1/CMA.5, issue de la phase politique du bilan mondial (Global Stocktake ou GST), adoptée le 12 décembre 2023 à Dubaï, appelle les Parties qui ne l’ont pas encore fait à mettre en place leurs plans, politiques et processus nationaux de planification en matière d’adaptation d’ici 2025 et à avoir avancé dans leur mise en œuvre d’ici 2030 (cf. décision 1/CMA.5,§ 59).

Au 12 juillet 2024, 58 des 155 Parties hors annexe I (PED), soit 37%, avaient soumis leur PNA (voir liste des NAP soumis).

A Bakou, l’enjeu sera donc de poursuivre ces discussions mais la question du financement de l’adaptation va être omniprésente car les pays en développement ne cessent de souligner qu’ils ont besoin d’un soutien financier, non seulement pour mettre en œuvre leur PNA, mais aussi, et surtout, pour les élaborer.

 

5e enjeu de Bakou : atténuation

  1. Programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre (MWP)

Le principal enjeu pour la CMA-6 sur le sujet atténuation est de renforcer l’ambition des Parties dans le contexte de la remise prochaine des NDC mises à jour ou NDC nouvelles. Les Parties vont reprendre les négociations dans le cadre du programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (MWP). Les négociations avancent très lentement en raison de fortes divergences observées à Dubaï (décembre 2023) et à Bonn (juin 2024), surtout entre pays industrialisés et pays en développement sur le mandat même de ce programme de travail et sur la question de savoir si le projet de décision à adopter à Bakou devrait être de nature strictement procédurale ou s’il devait comporter des objectifs concrets. Les Parties devront surmonter leurs fortes divergences pour faire aboutir les négociations sur une décision à la hauteur des enjeux de l’atténuation. In fine, il s’agira pour la CMA-6 de faire déboucher le programme MWP sur des résultats concrets en matière de réduction collective des émissions qui soient compatibles avec les objectifs de +2°C et de +1,5°C.

 

  1. NDC 3.0

Les Parties devront soumettre leurs prochaines NDC (appelées NDC 3.0), couvrant une période de mise en œuvre allant jusqu’en 2035 au moins neuf à 12 mois en amont de la CMA-7 (le 10 novembre 2025), soit entre le 10 novembre 2024 et le 10 février 2025 (cf. paragraphe 166 de la décision 1/CMA.5 et paragraphe 25 de la décision 1/CP.21). L’échéance officielle pour la remise des NDC 3.0 est donc le 10 février 2025.

De fortes attentes sont observées au sein de la société civile et des ONG qui font pression pour que les grands pays émetteurs volontaristes soumettent leur NDC 3.0 renforcée à Bakou, en créant ainsi une dynamique pour inciter d’autres Etats à en faire de même en amont de l’échéance prévue. Un certain nombre de Parties prévoiraient de soumettre leur NDC 3.0 lors de la CMA-6 : Brésil, Emirats arabes unis, Etats-Unis, Royaume-Uni (source : Carbon Brief, bulletin Debriefed, 25 oct. 2024).

Le Secrétariat de la CCNUCC a lancé un outil « NDC 3.0 Navigator » [Navigateur CDN 3.0 en français] pour aider les Parties à élaborer leur nouvelle NDC.

L’enjeu spécifiquement sur les NDC pour la CMA-6 est de renforcer l’ambition, surtout en matière d’atténuation, dans la prochaine série des NDC alignées, dans leur ensemble, sur une trajectoire d’émissions de GES compatible avec les objectifs +1,5°C et +2°C, en s’appuyant sur les enseignements tirés du premier Bilan mondial.

 

6e enjeu de Bakou : suite à donner au bilan mondial (Global Stocktake ou GST)

  1. Mise en œuvre des résultats de la phase politique du GST

Le premier enjeu pour la CMA-6 est de donner des suites concrètes aux résultats finaux actés à Dubaï, issus de la phase politique du Bilan mondial (décision 1/CMA.5), c’est-à-dire de traduire les nombreux engagements pris au titre de cette décision phare en actions et résultats concrets dans l’économie mondiale, et notamment les objectifs du § 28 :

  • § 28(e) : assurer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques,
  • § 28(a) : tripler la capacité mondiale de production des énergies renouvelables et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030,
  • § 28(f) : accélérer une réduction forte des émissions de GES hors CO2, en particulier les émissions de CH4.

Un sujet de blocage probable est la question primordiale de la transition vers une sortie des combustibles fossiles actée par le paragraphe 28(e) de la décision 1/CMA.5. Les Parties vont-elles mener des discussions à Bakou sur ce sujet brûlant ? Lors des sessions inter-COP à Bonn en juin 2024, le sujet a été quasiment totalement absent des négociations. Quoi qu’il en soit, à Bakou, une chose est sûre : d’une part, les pays en développement vulnérables (petits Etats insulaires, pays les moins avancés,…) insisteront sur l’importance d’en discuter, mais d’autre part, ils devront très probablement faire face  à une opposition ferme de la part des pays du groupe de négociation LMDC (Chine, Inde, Arabie saoudite,…).

 

  1. Modalités du dialogue annuel sur les résultats du GST

Le 2e enjeu pour la CMA-6 sur le sujet bilan mondial est de définir et d’adopter les modalités (éléments pratiques) du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial (prévu par la décision 1/CMA.5, § 97 et 98) pour le rendre opérationnel afin que les négociations techniques sur ce sujet puissent démarrer début 2025. Ce dialogue annuel se déroulera sur quatre ans (2025-2028). Ce sous-volet des négociations sur le bilan mondial est très important car les résultats de la phase politique du 1er Bilan mondial doivent éclairer les travaux d’élaboration de la prochaine série des NDC (qui devront couvrir la période jusqu’en 2035), à soumettre par les Parties en 2025.

 

  1. Processus de déroulement du GST

Le 3e enjeu pour la CMA-6 sur le sujet Bilan mondial est de mener des discussions, dans la perspective du 2e Bilan mondial qui aura lieu en 2028, sur l’éventuelle amélioration du processus de déroulement du bilan mondial (procédures et logistique) en vue d’adopter une décision à Bakou.

 

7e enjeu de Bakou : transparence

Préparation de la remise des premiers rapports biennaux de transparence

Toutes les Parties doivent soumettre leur premier rapport biennal de transparence (Biennal Transparency Reports ou BTR) avant le 31 décembre 2024 au titre du cadre de transparence renforcé (Enhanced Transparency Framework ou ETF, cf. article 13 de l’Accord de Paris). Ce cadre de transparence renforcé établit un seul régime de MRV pour toutes les Parties à partir du 1er janvier 2025.

Au 11 novembre 2024, seulement huit Parties (Andorre, Espagne, Guyane, Japon, Kazakhstan, Pays-Bas, Panama et Turquie) avaient soumis leur BTR sur les 195 Parties à l’Accord de Paris (soit 4%) (voir liste des BTR soumis).

Enfin, à Bakou, les Parties vont participer à des démonstrations pratiques des outils de rapportage en ligne des informations requises au titre de ce cadre de transparence renforcé. Ces outils ont été officiellement lancés le 28 juin 2024 par la CCNUCC.

 

8e enjeu de Bakou : transition juste

Modalités de mise en œuvre du programme de travail sur la transition juste

A Bakou, l’enjeu sur le sujet de la transition juste est de faire avancer les négociations dans le cadre du 2e dialogue du programme de travail sur la transition juste (JTWP) pour définir et adopter les modalités de mise en œuvre du JTWP (plan, calendrier, participants,…). Ces modalités doivent être concrétisées, puis adoptées par la CMA-6 avant que les travaux techniques du JTWP ne puissent démarrer en 2025.

Par ailleurs, la 2e table ronde ministérielle sur la transition juste se tiendra à Bakou le 18 novembre 2024.

 

9e enjeu de Bakou : COP-31

Choix du pays hôte de la COP-31 (2026)

Selon la rotation des cinq groupes régionaux de l’ONU (Afrique ; Amérique latine et Caraïbes ; Asie et région du Pacifique ; Europe de l’Ouest et autres [Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, USA, Israël,…] ; Europe centrale et orientale), la COP-31 se tiendra en Europe de l’Ouest et autres.

Le choix du pays hôte candidat de la COP-31 doit se faire par consensus au sein du groupe régional Europe de l’Ouest et autres, avant d’être soumis pour approbation formelle par l’ensemble des Parties à la COP, soit cette année à la COP-29 (le moment plus probable), soit au plus tard à la COP-30 (Belém, Brésil). A ce jour, deux pays ont informellement manifesté leur intérêt pour accueillir la COP-31 : Australie et Turquie. Le 14 octobre 2024, l’Etat d’Australie du Sud a proposé d’accueillir la COP-31.

 

Le Journal de la COP-29 : le suivi quotidien des avancées des négociations climat par le Citepa

Chaque jour, pendant toute la durée de la Conférence de Bakou sur le Climat, dans cette rubrique Veille Air & Climat, le Citepa publiera son Journal de la COP-29. Au fur et à mesure que la COP-29 se déroule, ce journal présentera, en début de matinée, le programme de la journée et, plus tard dans la même journée, il reviendra sur la journée de la veille, en faisant le point sur les avancées techniques et politiques des négociations, ainsi que sur les éventuels blocages, les annonces et publications clés et autres temps forts de la veille. Dans la dernière ligne droite des négociations (les 21-22 novembre et sans doute au-delà), le Citepa vous informera des dernières versions des projets de décisions clés, et de leur adoption définitive ou non, avec des mises à jour du Journal de la COP-29 quasiment en temps réel.

Le Citepa publiera un article présentant un bilan synthétique des résultats de la Conférence courant décembre 2024.

Pour une synthèse des résultats et un bilan de la COP-28 – lire l’article du Citepa.

Pour une synthèse des résultats et un bilan des négociations des SB-60 (Bonn, juin 2023) – lire l’article du Citepa.

 

 

 

En savoir plus

 

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

 

Rappel des décisions adoptées lors de la Conférence de Dubaï (déc. 2023) :

COP-28

CMA-5

CMP-18

 

Analyses et données d’émission de GES publiées par des instituts de recherche/cercles de réflexion :

Couverture quotidienne de la Conférence par l’Institut International du Développement Durable (IISD)

IDDRI : « COP 29 de Bakou sur le climat : la finance au premier plan », 17 oct. 2024

IDDRI : « COP 29 de Bakou sur le climat : redéfinir l’ambition », 17 oct. 2024

IDDRI : « De la COP 29 à la COP 30 : accélérer les efforts d’adaptation et éviter des retards supplémentaires », 17 oct. 2024

ECIU : « What to expect…. », 13 août 2024

Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat, a publié le 8 novembre 2024 un outil de suivi interactif qui présentera, au fur et à mesure des jours, des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociation à la COP-29. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge). 

Carbon Brief : Interactive: Who wants what at the COP29 climate change summit, 6 novembre 2024 (tableau interactif présentant les positions des différents pays et groupes de négociation sur les volets clés des négociations, ainsi que sur les questions clés dans le cadre de ces volets)

Carbon Brief : What is the “new quantified collective goal” on climate finance, 4 novembre 2024

Carbon Brief : Analysis: Which countries are historically responsible for climate change? 5 octobre 2021

Carbon Brief : Analysis: No growth for China’s emissions in Q3 2024 despite coal-power rebound, 29 octobre 2024.

Carbon Brief : Experts: What does a Trump presidency mean for climate action?, 7 novembre 2024

Carbon Brief : State of the climate: 2024 will be first year above 1.5C of global warming, 7 novembre 2024

Carbon Brief : https://www.carbonbrief.org/interactive-tracking-negotiating-texts-at-the-cop29-climate-summit/

Outil de suivi des NDC soumises du World Resources Institute : ils prévoient de lancer un nouvel outil de suivi des NDC 3.0 (2025 NDC Tracker)

Outil de suivi des objectifs et engagements des Etats mis en place par Climate Action Tracker

ClimateWatch (WRI) : données d’émissions historiques

WRI : les 10 premiers pays émetteurs (schéma interactif)