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Le SDES publié l’édition 2024 de l’empreinte carbone de la France, avec une mise à jour méthodologique

  • Réf. : 2024_12_a01
  • Publié le: 15 décembre 2024
  • Date de mise à jour: 15 décembre 2024
  • France

Le 5 novembre 2024, le Service statistique du Ministère de la Transition Ecologique (SDES) a publié une mise à jour de son estimation de l’empreinte carbone de la France couvrant la période 1990-2023. Avec cette mise à jour, des améliorations méthodologiques ont été appliquées, ce qui entraîne un recalcul à la hausse de l’empreinte sur toute la série temporelle.

 

Contexte

L’empreinte carbone est une estimation des émissions de GES associées à la demande finale française hors exportations. Elle se compose des émissions de la France (correspondant aux émissions des résidents français), hors exportations, et des émissions associées aux importations. Tous les gaz à effet de serre sont désormais considérés (CO2 + CH4 + N2O + gaz fluorés).

En octobre 2020, le HCC (Haut Conseil sur le Climat) avait publié un rapport sur le sujet, préconisant des pistes d’évolution méthodologique du calcul de l’empreinte carbone de la France. Depuis lors, le SDES anime un groupe de travail consacré aux améliorations du calcul de l’empreinte, auquel le Citepa participe, ainsi que l’Insee. En 2021, le SDES avait publié une mise à jour de son estimation de l’empreinte, que le Citepa avait commentée, avec notamment une révision à la baisse des émissions importées de CH4 sur l’ensemble de la série temporelle. La nouvelle mise à jour publiée en novembre 2024 s’inscrit dans ce contexte d’amélioration méthodologique, et l’estimation de l’empreinte carbone est désormais, depuis 2024, co-produite par l’Insee et le SDES.

 

Nouvelle méthode

Contrairement à l’approche territoriale de l’inventaire national, réalisé par le Citepa, et rapporté au titre de la CCNUCC et de l’Accord de Paris, le calcul de l’empreinte carbone d’un pays n’est pas encadré par des normes ou des règles internationales ou nationales.

L’estimation de l’empreinte carbone de la France est réalisée à partir des données d’émissions de gaz à effet de serre (GES) issues de l’inventaire territorial calculé par le Citepa (« compte d’émissions dans l’air (inventaire au format Air Emissions Accounts – AEA », dit aussi format Namea) et des Tableaux Entrées Sorties (TES) de la comptabilité nationale produits par l’Insee. Cette estimation se base sur une modélisation macro-économique (calcul « input-output »), méthode aussi privilégiée par d’autres organismes statistiques internationaux.

D’après la note méthodologique du SDES publiée en accompagnement de la nouvelle édition de novembre 2024, dans le cadre du partenariat avec l’Insee, une révision globale de la méthode d’estimation a été appliquée, toujours avec une approche macro-économique. Les sources de données ont été revues, et le mode de calcul a été amélioré.

L’ancienne méthode, dite « SRIO » (Single Region Input Output) était fondée sur les TESS (tableaux entrées sorties symétriques) français et européens et estimait les émissions importées en faisant l’hypothèse que les biens et services importés sont produits dans les conditions techniques et économiques du dernier pays exportateur. Cette méthode surestimait la part des émissions issue de l’UE, où l’économie est plus décarbonée que les pays exportateurs dehors de l’UE.

La méthode révisée est fondée sur un tableau international entrées sorties (TIES) symétrique développé par Eurostat : le modèle Figaro (avec une approche « MRIO » pour Multi Region Input Output). Il permet de retracer plus finement les chaînes de productions des biens et services concernant différents pays, ce qui affine la localisation de l’origine géographique des émissions. Cette méthode est nommée « SNAC simplifié » (Simplified single national accounts consistent method). Les données d’émissions des pays hors UE sont désormais estimées par Eurostat en exploitant la base de données de l’AIE et celle d’EDGAR, plus robuste que les calculs précédents.  

Le principal changement de la méthode d’estimation de l’empreinte est qu’elle n’utilise plus la même base de données économiques : au lieu des TESS français et de l’UE, les comptes nationaux pour les informations françaises et TIES Figaro pour les informations mondiales, avec 45 pays + un ensemble « reste du monde » ventilé en 64 branches de la nomenclature NACE, sont désormais utilisés). Ce changement explique, selon les années, de 38% à 89% du recalcul à la hausse de l’empreinte (hors émissions directes des ménages).

Au total, compte tenu de l’ensemble des changements méthodologiques appliqués, l’empreinte carbone est revue à la hausse sur l’ensemble de la série temporelle, de 4 à 19 % selon les années. La tendance d’évolution générale de l’empreinte reste cependant comparable : augmentation de 1990 à 2008, décroissance depuis 2009 (-1,5 % par an en moyenne).

Parmi les autres modifications méthodologiques expliquant un recalcul de l’empreinte, le SDES met en avant :

  • la diminution de la part relative du poste « déplacement », les émissions des services de transport de marchandises payés par le consommateur (marges de transport) étant désormais rattachées aux biens transportés et non au poste « déplacement » ;
  • l’augmentation de la part relative du poste « Administration, Santé, Enseignement, Action sociale », due aux nouveaux traitements appliqués aux émissions associées aux investissements, qui représentent 20 % de l’empreinte. Les services publics incluent désormais l’ensemble des investissements réalisés par les administrations (hors génie civil), auparavant allouées à d’autres postes en fonction de la destination de l’investissement.

 

 

Résultats actualisés

Selon cette nouvelle estimation, en 2023, l’empreinte carbone de la France est de 644 Mt CO2e soit 9,4 tonnes par personne (contre 10,3 tonnes en 2019). Elle se décompose en 362 Mt CO2e d’émissions importées, 180 Mt CO2e d’émissions intérieures et 101 Mt CO2e d’émissions directes des ménages.

Entre 2019 et 2020, l’empreinte carbone avait diminué fortement (-10,3 %), en lien avec la crise sanitaire. En 2021, elle avait connu un rebond (+7,4 %), puis une quasi-stabilisation en 2022 (+0,8 %). En 2023, l’empreinte carbone baisse à nouveau (-4,1 % avec -27 Mt CO2e). Cette baisse en 2023 s’explique par une diminution des émissions importées (-5,5 %, avec -21,0 Mt CO2 éq) et dans une moindre mesure par une baisse des émissions intérieures, hors ménages (-1,4  % avec -2,5 Mt CO2 éq).

 

En savoir plus

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Publication du SDES

Annexe méthodologique

 

Répartition de l’empreinte carbone entre individus

Le Citepa et l’ABC (Association pour la transition Bas Carbone) ont réalisé avec l’appui financier et la collaboration de l’ADEME, une étude sur la répartition de l’empreinte carbone des Français. Les premiers résultats de cette étude avaient été publiés en septembre 2023. Ils montraient l’influence majeure du revenu dans la répartition de l’empreinte entre Français, par rapport à d’autres critères comme la région.

 

 

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