Bilan électrique 2023 de RTE : les émissions de GES ont atteint le niveau le plus faible (16,1 MtCO2e) depuis le début des années 50
RTE, gestionnaire du transport du réseau d’électricité français, a publié le 7 février 2024 le bilan électrique 2023 de la France. Il comporte des données de consommation, des données de production par filière, des données d’émission de CO2 et une analyse des tendances observées depuis 2005.
La baisse de la consommation d’électricité s’est confirmée en 2023 pour atteindre un volume en dessous du niveau de l’année 2020 (année particulière du fait de la pandémie de Covid-19)
Selo ce nouveau bilan de RTE, en 2023, la consommation d’électricité en France (corrigée des aléas météorologiques et calendaires) s’élève à 445 TWh et se situe en retrait de 3,2% par rapport à 2022 (460 TWh). Par rapport aux valeurs moyennes historiques (2014-2019), la consommation de l’année 2023 est en baisse de 6,9%. Contrairement à 2022, où la baisse des consommations d’électricité ne s’était concrétisée qu’à partir de l’automne, au plus fort de la crise énergétique, en 2023 elle s’est confirmée tout au long de l’année.
La baisse de consommation entre 2022 et 2023 est une des plus fortes jamais constatées et ce, dans tous les secteurs (résidentiel, industriel, tertiaire). 27% de la baisse de consommation est attribuable aux grands consommateurs industriels, alors qu’ils ne représentaient qu’environ 13% de la consommation d’électricité sur la période 2014-2019.
Source : RTE, 7 février 2024
La production totale d’électricité (494,3 TWh) augmente de 11% par rapport à 2022 mais reste en-dessous des valeurs historiques
Production d’électricité d’origine nucléaire :
- en augmentation de 41,5 TWh par rapport à l’année dernière, la production d’électricité d’origine nucléaire s’est élevée à 320,4 TWh en 2023, après une année pendant laquelle elle avait été la plus faible depuis 1992 ;
- cette amélioration de la production traduit une meilleure disponibilité du parc, notamment à partir de la fin du printemps et tout au long du second semestre. La disponibilité moyenne en 2023, tous facteurs confondus, s’est élevée à 38,6 GW (63% du parc), contre 33,2 GW en 2022 (54%) (lire notre article).
Production d’électricité d’origine hydraulique :
- alors qu’en 2022 la production d’électricité d’origine hydraulique (49,6 TWh) avait atteint son minimum depuis 1976, l’amélioration de la pluviométrie à partir du printemps et la gestion prudente des stocks par les exploitants a permis d’améliorer de 18% la production sur l’année 2023 (58,8 TWh). L’hydraulique maintient sa place au deuxième rang des sources de production d’électricité en France.
Production d’électricité d’origine éolienne et photovoltaïque :
- la production d’électricité d’origine éolienne et solaire a atteint en 2023 des niveaux record : 50,7 TWh pour l’éolien et 21,5 TWh pour le solaire photovoltaïque ;
- avec 48,7 TWh de production d’éolien terrestre (soit 9 TWh de plus qu’en 2022) et 1,9 TWh de production offshore, l’éolien a ainsi contribué à la sécurité d’approvisionnement lors des saisons froides, permettant de limiter le recours aux centrales alimentées par les combustibles fossiles. En 2023, le volume de production éolienne a largement dépassé celui des centrales au gaz (30,0 TWh) et se place au troisième rang des filières de production française ;
- en 2023, l’installation des capacités de production d’énergie solaire photovoltaïque a progressé également à un rythme record, avec 3,5 GW installés (contre 2,7 GW en 2021 et en 2022). Avec un ensoleillement conforme aux normales, la production photovoltaïque a ainsi dépassé son précédent record (18,5 TWh en 2022).
Production d’électricité d’origine thermique fossile :
- en baisse de 34% par rapport à l’an dernier, le volume de production thermique fossile, toutes filières confondues, passe de 49,2 TWh en 2022 à 32,6 TWh en 2023, soit son plus bas niveau depuis 2014. Une baisse qui s’explique notamment par le moindre recours à la filière gaz en 2023 (30 TWh en 2023 contre 44 TWh en 2022) suite à la crise énergétique engendrée par l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022 ;
- la production à partir de charbon, qui avait déjà été extrêmement faible en 2022, a encore baissé pour ne représenter plus que 0,8 TWh en 2023, soit 0,17 % de la production d’électricité en France (contre 0,6% en 2022). La sortie du charbon en France est, de fait, déjà quasi effective.
Lire notre article « Installations de production d’électricité : le Gouvernement relève pour la troisième fois le plafond ‘émission de GES des deux dernières centrales à charbon », publié le 6 septembre 2023.
Emissions de gaz à effet de serre : le plus faible niveau historique
Selon RTE, les émissions de gaz à effet de serre du secteur de la production d’électricité française ont atteint leur plus faible niveau historique en 2023 (16,1 MtCO2e), soit le niveau le plus faible depuis le début des années 50.
L’intensité des émissions de la production française en 2023 (32g de CO2e/kWh) est 10 fois inférieure à celle de l’Allemagne et plus de 8 fois inférieure à celle de l’Italie. Ainsi, la France se compare à des pays disposant d’une production hydraulique abondante (Suède, Norvège, Suisse, Autriche).
Voir le rapport d’inventaire Secten du Citepa, édition 2023 pour les données d’émission de l’industrie de l’énergie en (dont la production d’électricité), à partir de p.344 et surtout de p.349.
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