Journal de la COP-28 | Jour 10 – 10 décembre
Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.
Pour une vue d’ensemble détaillée des cinq sujets clés des négociations (bilan mondial ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; financement climat), consultez notre guide des enjeux de la COP-28 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations
NEW : dates et lieux des futures COP : projet de texte, version du 10 déc. 2023 @ 10h00. Celui-ci accepte la proposition de l’Azerbaïdjan d’accueillir la COP-29 (11-22 nov. 2024) et celle du Brésil d’accueillir la COP-30 (10-21 nov. 2025). Ce texte doit être soumis à la COP-28 en plénière pour approbation finale par l’ensemble des Parties. Voir notre Journal de la COP-28| Jour 9.
NEW : publication de nouvelles versions de plusieurs projets de texte issues des consultations techniques menées par les négociateurs de haut niveau.
- atténuation : programme de travail de Charm el-Cheikh pour renforcer le niveau d’ambition en matière d’atténuation et la mise en oeuvre de mesures correspondantes (Mitigation Work Programme ou WP) – projet de texte, version du 9 déc. 2023 @ 00h30
- article 6 (mécanismes fondés et non fondés sur le marche) :
- article 6.2 : approches coopératives – projet de texte, version du 9 déc. 2023 @ 18h00 [le lien URL ne fonctionne pas]
- article 6.4 : recommandations sur le mécanisme de développement durable (MDD) – projet de texte, version du 9 déc. 2023 @ 07h00
- article 6.8 : approches non fondées sur le marché (NMA) – projet de texte, version du 9 déc. 2023 @ 11h15.
- objectif mondial sur l’adaptation : projet de texte, version du 10 déc. 2023 @ 07h00
- programme de travail sur la transition juste : projet de texte, version du 10 déc. 2023 @ 00h10.
Programme de la dixième journée
Journées thématiques de la Présidence émiratie
En dehors des négociations officielles dans le cadre de la COP, de la CMA, de la CMP, du SBI et du SBSTA, la Présidence émiratie a organisé sept journées thématiques au cours de la Conférence de Dubaï, du 3 au 10 décembre 2023 :
- 10 déc. : alimentation, agriculture et eau.
Voir le programme thématique de la Présidence émiratie
Poursuite des consultations
Les consultations ministérielles sur les sujets en suspens vont se poursuivre. Pour rappel, les binômes ministériels et leurs sujets associés sont :
- adaptation, co-animées par Jenny McAllister, Ministre adjointe du Changement Climatique et de l’Energie (Australie), et Maisa Rojas, Ministre de l’Environnement (Chili) ;
- atténuation, co-animées par Espen Barth Eide, Ministre des Affaires étrangères (Norvège), et Grace Fu, Ministre de la Durabilité et de l’Environnement (Singapour) ;
- financement, co-animées par Yasmine Fouad, Ministre de l’Environnement (Égypte), et Steven Guilbeault, Ministre de l’Environnement et du Changement climatique (Canada) ; et
- bilan mondial (Global Stocktake ou GST), co-animées par Dan Jørgensen, Ministre du Développement et de la Politique climatique mondiale (Danemark), et Barbara Creecy, Ministre de l’Environnement, des Forêts et de la Pêche (Afrique du Sud).
Pour plus d’informations, voir notre Journal de la COP-28 | Jour 8.
Voir la page du site de la COP-28 consacrée à l’ensemble de ces consultations
Retour sur la dixième journée
En bref
Les négociateurs chargés du sujet financement ont passé une bonne partie de la journée à élaborer des projets de décisions sur divers volets, tandis que d’autres négociateurs se sont réunis dans le cadre de consultations informelles au sujet du réseau de Santiago. La plupart des regards étaient toutefois rivés vers sur le Majlis mis en place par la Présidence. Le Majlis est un grand groupe unique (mot arabe qui signifie « conseil » ou salon où se rassemble les personnes partageant des intérêts communs), qui a commencé à se réunir dimanche 10 décembre pour dégager un consensus sur les projets de texte toujours en suspens en vue d’aboutir au résultat final (à l’instar du comité de Paris institué lors de la COP-21 sous le pilotage de Laurent Fabius, Président de la COP-21).
Majlis
Le Président Al Jaber a souligné que l’objectif du Majlis est de favoriser des discussions « à cœur ouvert ». Il a souligné que le Majlis n’accepterait pas une « dilution » du niveau d’ambition et il a exhorté toutes les Parties à faire preuve de flexibilité, à penser au bien commun plutôt qu’à leur intérêt personnel, et à recommander des formulations textuelles sur les sujets en suspens.
Adnan Amin, directeur de la COP-28, a invité les Ministres à se focaliser sur deux questions :
- comment construire une ambition porteuse de changement en matière d’atténuation, tout en répondant aux exigences de transition juste et équitable et de soutien correspondantes ; et
- comment combler de manière crédible le déficit de financement et d’action en matière d’adaptation.
Parmi les remarques des Parties, on peut relever les suivantes :
L’UE a souligné qu’il est impératif d’atteindre le pic d’émissions mondiales de GES d’ici 2025 et qu’une réduction rapide des émissions se fera nécessairement au prix d’une série de mesures, dont la limitation des énergies fossiles. Le délégué a reconnu que la transition constituera un défi à la fois pour les producteurs et les consommateurs, et qu’un équilibre entre les différentes mesures est donc indispensable pour soutenir la transition. Il a souligné la volonté de l’UE de travailler avec ses partenaires pour trouver cet ensemble équilibré de mesures, en estimant que les technologies de réduction (CSC) devraient être réservées aux secteurs où les réductions sont les plus difficiles (c’est-à-dire que le CSC devrait cibler uniquement les émissions résiduelles). Il a admis que de nombreux pays en développement vont avoir besoin de soutien, de renforcement des capacités et de transfert de technologies.
L’Espagne a souligné le besoin de réaliser les objectifs en matière d’adaptation et de résilience, à la fois en augmentant le financement public de l’adaptation et en renforçant le rôle des banques multilatérales de développement. La déléguée a estimé que cette COP pourrait aborder la question de l’endettement accru des pays en développement.
La Suisse a souligné la nécessité d’élaborer des orientations pour élaborer la prochaine série des NDC qui doivent être soumises en 2025 (cf. article 4 de l’Accord de Paris).
La Chine ne s’est pas ouvertement prononcée pour ou contre une référence à l’élimination progressive des combustibles fossiles, mais pour un texte équilibré, en déclarant que le « peloton de tête » (les pays industrialisés) doit courir plus vite et aider les pays en développement à avancer pour atteindre la vitesse de croisière nécessaire à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris.
Le Japon a admis les différences entre les Parties, en estimant toutefois que chaque pays doit faire de son mieux pour réduire les émissions de GES et que les pays ayant la capacité de le faire doivent fournir un soutien financier et transférer des technologies, et a signalé que le Japon fera tout son possible à cet égard. Le délégué a également souligné que doubler le soutien collectif de financements pour l’adaptation constitue une priorité. Cependant, lors de la COP-28, le Japon n’a pas encore promis une contribution financière pour l’adaptation. L’année dernière lors de la COP-27, il a promis 12 M$ (source : NRDC COP28 Pledge Tracker, 9 déc. 2023).
Samoa, au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), a déclaré qu’il ne peut pas quitter Dubaï sans mention du niveau d’ambition le plus élevé possible dans le bilan mondial (Global Stocktake), et a dit que le groupe souhaiterait y voir inscrite noir sur blanc l’élimination progressive des énergies fossiles et des subventions associées.
L’Arabie saoudite s’est déclarée préoccupée par les tentatives visant à attaquer des sources d’énergie spécifiques plutôt que de se centrer sur les émissions de GES. Cette position rejoint celle de ce pays l’année dernière lors de la COP-27. [Ainsi, pendant une session plénière le vendredi 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh, le négociateur en chef de l’Arabie saoudite, Albara Tawfiq, avait dit que « la Convention Climat doit cibler les émissions et non les sources d’émissions », autrement dit les combustibles fossiles eux-mêmes (source : Climate Home News, 24 novembre 2022)]. Concernant le pic d’émissions, le délégué saoudien a souligné le besoin de différentier les pays développés des pays en développement, de renforcer les moyens de mise en œuvre et de déployer à grande échelle toutes les technologies à faibles émissions.
L’Afrique du Sud a déclaré que son pays a reçu moins de 10% du soutien nécessaire à la mise en œuvre de son ambitieuse NDC, et a souligné qu’il n’y a pas de déficit d’ambition, mais plutôt un déficit en matière de moyens de mise en œuvre.
Le délégué des Îles Marshall a rappelé que si rien n’est fait d’ici 2040, les citoyens de son pays seront contraints de migrer.
L’Iraq a refusé de voir inscrites les références à l’élimination ou à la réduction progressive des énergies fossiles et des subventions aux combustibles fossiles, au motif que de telles références seraient contraires à l’Accord de Paris.
La France a souligné le besoin de recueillir autant de ressources que possible pour les pays qui en manquent dans l’optique d’atteindre les objectifs climat, en soulignant que le travail sur l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris (sur l’alignement des flux financiers) est un impératif essentiel.
La Russie et l’Inde n’ont pas pris la parole.
Le Président Al Jaber a clos l’événement et a suggéré d’appeler le groupe « Majlis des porteurs du changement » « Changemakers Majlis« ). Il s’est engagé à gérer le processus en toute transparence et a appelé les participants à viser un résultat ambitieux.
Selon l’Institut International du Développement Durable (IISD), la mise en scène du Majlis, dimanche 10 décembre 2023, n’a débouché ni sur des propositions, ni sur des compromis concrets.
Consultations diverses
Adaptation
Programme de travail Glasgow-Charm el-Cheikh (Glasgow-Charm el-Cheikh Work Programme on the Global Goal on Adaptation) sur deux ans (2022-2023) (cf. paragraphes 11 et 12 de la décision 1/CMA.3)
Pour des éléments de contexte, voir notre guide sur les enjeux, section adaptation
Lors d’une consultation des chefs de délégation, le directeur de la COP-28, Adnan Amin, a sollicité les points de vue des Parties sur le texte élaboré par les Présidents du SBI et du SBSTA (version du 10 déc. 203 @ 07h00). Plusieurs groupes et Parties ont déclaré que le texte nécessiterait un travail considérable, mais tous l’ont considéré comme une base de négociation. Parmi les remarques formulées pendant cette consultation, certains pays industrialisés et en développement ont exprimé leur inquiétude quant à l’échéance de 2030 pour atteindre les objectifs de fond (cf. paragraphes 10 et 11).
Adnan Amin a déclaré que les consultations ministérielles se poursuivraient.
Pertes et préjudices
Pour des éléments de contexte, voir notre guide sur les enjeux, section pertes et préjudices.
Réseau de Santiago
Lors des consultations informelles, le co-facilitateur Lucas di Pietro (Argentine) a invité les délégués à commenter le Protocole d’accord (memorandum of understanding ou MoU) avec le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR) et le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) au sujet de l’hébergement du secrétariat du réseau de Santiago.
Au cours d’un long conciliabule (« huddle » en anglais), des Parties ont évoqué quelques amendements visant à améliorer le statut juridique et la clarté du projet de texte. Elles ont notamment convenu :
- de déclarer que le protocole d’accord ne préempte ni ne préjuge des opinions ou des résultats sur les questions liées à la gouvernance du mécanisme international de Varsovie sur les pertes et préjudices ;
- d’inviter l’équipe juridique du Secrétariat de la CCNUCC à renforcer le paragraphe sur la responsabilité des hôtes en cas de négligence ;
- de veiller à ce que le Secrétariat du réseau gère le versement des fonds fournis pour le réseau conformément aux « principes et » normes fiduciaires respectifs de l’UNOPS et de l’UNDRR.
Le co-facilitateur di Pietro a indiqué que les commentaires seront intégrés par l’équipe juridique et qu’un texte révisé sera partagé de manière informelle pour approbation avant d’être publié en ligne dans sa forme finale. Le texte final sera annexé au projet de décision de la COP-28 et/ou de la CMA-5 en vue de son adoption.
Vient de paraître
Agence Internationale de l’Energie (AIE) : IEA assessment of the evolving pledges at COP28. 10 déc. 2023.
The Guardian : Opec rails against fossil-fuel phase-out at Cop28 in leaked letters, 8 déc. 2023.
En savoir plus
CCNUCC
Voir tous les documents adoptés par le SBI-59
Voir tous les documents adoptés par le SBSTA-59
Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-28
Programme global de la Conférence (overview schedule) (état au 23 nov. 2023)
Programme détaillé pour la dixième journée (10 déc.)
Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)
Programme des évènements et ateliers parallèles (side events)
Communiqué de la CCNUCC pour l’ouverture en français et en anglais
Sites spécialisés (centres de réflexion/instituts de recherche)
Voir outil de suivi interactif des avancées ou absence d’avancées des différents volets de négociations mis en ligne le 1er décembre 2023 par Carbon Brief, site britannique spécialisé en matière de climat. Il montre le sujet, la nature du texte, la date et l’heure de sa publication, le nombre de pages, le nombre d’options et de crochets (ceux-ci indiquant des éléments de texte non encore tranchés et que donc il n’y a pas encore consensus sur le choix des options ou la formulation de texte), s’il y a consensus ou accord intégral (en vert) ou absence de consensus (en rouge).
Présidence émiratie
Site officiel de la Présidence émiratie de la COP-28
Programme thématique de la Présidence égyptienne