Emissions de GES : écart entre l’ambition 2030 et la science (Emissions Gap Report 2023 du PNUE)
Le PNUE a publié le 20 novembre 2023 la 14e édition de son rapport annuel (Emissions Gap Report) sur l’écart entre le niveau d’émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales prévues et le niveau nécessaire pour limiter le changement climatique. Plus précisément, ce rapport évalue l’écart entre :
- le niveau de réduction collective des émissions de GES en 2030 nécessaire pour être compatible avec les objectifs de +2°C et de +1,5°C et,
- les projections d’émissions mondiales de GES de tous les pays de la planète, basées sur leurs engagements de réduction pour 2025-2030, inscrits dans leurs contributions nationales (NDC) [soumises au titre de l’Accord de Paris]. Ces engagements sont inconditionnels [prévus quoi qu’il arrive] et/ou conditionnels [conditionnés à un soutien des pays industrialisés (financement, renforcement des capacités, transfert de technologies)]. Dans les deux cas, ces engagements ne sont pas pour autant contraignants [cf. article 4 de l’Accord de Paris]. Dans son rapport 2023, pour son scénario NDC, le PNUE prend en compte l’ensemble des NDC (NDC nouvelles ou mises à jour soumises par les Parties depuis la COP-27, et NDC précédentes dans le cas contraire), ainsi que tous les engagements de réduction pour 2030 officiellement annoncés avant le 25 septembre 2023. La prise en compte de nouvelles soumissions amène à 149 le nombre de NDC mises à jour couvrant 176 Parties au total (l’UE a soumis une seule NDC pour l’ensemble de ses 27 Etats membres).
Situation actuelle : des émissions toujours en hausse en 2022, avec un réchauffement record
Le PNUE indique que les émissions mondiales de GES ont augmenté de +1,2% entre 2021 et 2022, pour atteindre un nouveau record de 57,4 Gt CO2e.
Par ailleurs, plusieurs records de température ont été relevés en 2023, le mois de septembre 2023 ayant été le plus chaud jamais enregistré, avec un réchauffement, en moyenne, de +1,8°C par rapport aux niveaux pré-industriels.
Comment vont évoluer les émissions en prenant en compte les engagements des NDC ?
Sans mise en œuvre des NDC (c’est-à-dire avec un scénario de poursuite des mesures en place), les émissions mondiales de GES, qui s’élèvent à 57,4 Gt CO2e en 2022, baisseraient légèrement pour atteindre 56 Gt CO2e en 2030, puis stagneraient à 56 Gt CO2e en 2035, et enfin atteindraient 55 Gt CO2e en 2050. Autrement dit, un pic serait atteint vers 2035 et une baisse très insuffisante aurait lieu entre 2035 et 2050.
Or, pour rester en dessous de +2°C de réchauffement, les émissions de GES doivent diminuer plus fortement et plus rapidement pour ne pas dépasser le niveau maximum de 41 Gt CO2e en 2030. Le niveau maximum à atteindre en 2030 pour l’objectif de +1,5°C est quant à lui de 33 Gt CO2e.
Les engagements de réduction d’émissions de GES des NDC devraient en théorie permettre, à terme, de ne pas dépasser ces niveaux maximums de 41 Gt CO2e, voire de 33 Gt CO2e en 2030. L’analyse du PNUE montre cependant que ces niveaux seraient toujours dépassés même en mettant en œuvre ces NDC :
- la mise en œuvre uniquement des mesures inconditionnelles amèneraient à 55 Gt CO2e en 2030 (et à 44 Gt CO2e en 2050),
- la mise en œuvre des mesures inconditionnelles et conditionnelles amèneraient à 52 Gt CO2e en 2030 (et à 21 Gt CO2e en 2050).
Autrement dit, l’écart, en 2030, entre le niveau d’émissions projeté et le niveau nécessaire pour rester en dessous des +2°C est :
- de 14 Gt CO2e si l’on ne prend en compte que les mesures inconditionnelles des NDC ;
- de 11 Gt CO2e si l’on prend en compte les mesures conditionnelles et inconditionnelles des NDC.
Émissions historiques et projections mondiales de GES selon différents scénarios et écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions en 2030 et 2035
Source : PNUE, Emissions Gap Report, synthèse en français p.IX.
Émissions mondiales totales de GES projetées en 2030, 2035 et 2050 et écart estimé en matière de réduction des émissions selon différents scénarios du PNUE
Source : PNUE, Emissions Gap Report, synthèse en français p.VIII.
A quel réchauffement s’attendre ?
D’après le PNUE, en l’absence de mise en œuvre de NDC, les politiques en place mèneraient à un réchauffement de +3°C en 2100 par rapport à la période pré-industrielle. La mise en œuvre des mesures inconditionnelles des NDC entraînerait un réchauffement de +2,9°C. La mise en œuvre des mesures conditionnelles et inconditionnelles des NDC entraînerait un réchauffement de +2,5°C. Dans le scénario le plus optimiste, impliquant une mise en œuvre complète des NDC ainsi que des engagements d’atteinte de neutralité carbone, l’objectif de +2°C pourrait être atteint mais l’objectif de +1,5°C ne pourrait être atteint qu’avec une probabilité de 14%. En outre, le PNUE indique qu’à l’heure actuelle aucun des pays du G20 ne suit une trajectoire compatible avec leur objectif de neutralité.
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