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One Forest Summit : développement d’un nouveau mécanisme économique de lutte contre la déforestation

  • Réf. : 2023_04_b04
  • Publié le: 3 mai 2023
  • Date de mise à jour: 3 mai 2023
  • International

Le premier « One Forest Summit” s’est tenu du 1er au 2 mars 2023 à Libreville (Gabon). Ce sommet mondial pour la protection des forêts tropicales a été co-organisé par la France et le Gabon. Il a rassemblé plusieurs chefs d’Etat (dont Emmanuel Macron), mais aussi membres de la communauté scientifique, représentants d’entreprises, de populations autochtones, des organismes et institutions mondiales (UNESCO, UICN, Fonds pour l’environnement mondial, Fonds vert pour le climat).

Ce Sommet s’inscrit dans la suite de Sommets similaires, comme les One Planet Summit (dont le 1er s’était tenu en 2017 , le 2e en 2018, le 3e en 2019, et le 4e en janvier 2021 était consacrée aux enjeux de biodiversité) ou le One Ocean Summit organisé à Brest en février 2022. Ces événements, soutenus par les Nations Unies et la Banque mondiale, sont à l’initiative de la France depuis 2017.

 

Le rôle de la déforestation dans les émissions mondiales de GES

Le Giec estime, dans son dernier rapport d’évaluation [3e volume de l’AR6] qu’en 2019, 45% des émissions mondiales du secteur AFOLU [Agriculture, Forêt et Utilisation des Terres] était liée à la déforestation [Technical Summary section TS.5.6.1, publié le 4 avril 2022] (lire notre dossier de fond sur le résumé pour décideurs du 3e volume de l’AR6). Dans son rapport de synthèse, le Giec cite ainsi la réduction de la déforestation comme faisant partie des solutions d’atténuation les plus urgentes à mettre en œuvre : « de nombreuses options du secteur AFOLU offrent des avantages en matière d’adaptation et d’atténuation qui pourraient être étendus à court terme dans la plupart des régions. La conservation, l’amélioration de la gestion et la restauration des forêts et autres écosystèmes offrent la plus grande part du potentiel d’atténuation économique, la réduction de la déforestation dans les régions tropicales ayant le potentiel d’atténuation total le plus élevé ». [résumé pour décideurs du rapport de synthèse du Giec SYR section C 3.5, publié le 20 mars 2023].

 

De ce sommet a découlé le Plan de Libreville, avec des objectifs de développement scientifique et de protection et d’exploitation durable des forêts. Ce plan comporte :

  • Un accord de principe entre les pays forestiers et la communauté internationale, pour concilier ambition environnementale et développement économique ;
  • Une initiative pour protéger les réserves forestières de carbone et de biodiversité : les Partenariats de conservation positive (PCP), dotés d’un premier budget de 100 millions d’euros. Cette initiative avait été lancée dès la COP-27. Ces PCP sont une sorte de contrat politique et financier proposé aux pays forestiers acceptant de garder intact ces réserves de carbone et de biodiversité, et donc de prévenir la déforestation. Les pays concernés sont d’abord appelés à s’engager avec l’appui du secrétariat de la Haute ambition pour la Nature et les Peuples. Les pays financeurs devront ensuite apporter des moyens financiers, technologiques et scientifiques [avec le partenariat « One Forest Vision», voir ci-dessous) et des moyens économiques [avec l’initiative 10by30, voir ci-dessous) pour assurer ce suivi pour enfin permettre la mise en œuvre d’une mécanisme rémunération des services écosystémiques des forêts préservées, via notamment des « certificats biodiversité » pouvant être achetés par des Etats ou acteurs privés. Sur la base des recommandations du Fonds pour l’environnement mondial, l’objectif sera de préciser les contours de ce nouvel outil de financement innovant, y compris dans une logique combinée avec les crédits carbone et en vue de garantir la pleine intégrité environnementale d’un potentiel marché de certificats biodiversité.
  • Un projet scientifique, « One Forest Vision», visant à mieux estimer le flux net de séquestration du carbone et cartographier à l’arbre près les réserves de carbone et de biodiversité d’Amazonie, d’Afrique et d’Asie dans les cinq prochaines années ;
  • Une stratégie des chefs d’entreprises des trois bassins forestiers « 10by30» visant notamment à créer 10 millions d’emplois d’ici 2030 dans les activités liées à l’exploitation durable des forêts tropicales, et à mettre en œuvre une série de premiers engagements concrets de ces entreprises.

 

L’éclairage du Directeur-général du Citepa, Jérôme Boutang

Intrication des contraintes « économie-climat »

Le déplacement du Président français au Gabon pour le One Forest Summit du 1er au 2 mars 2023 s’est suivi d’un déplacement en Angola le 3 mars 2023. L’objectif de cette visite était principalement économique. Il a participé au Forum économique franco-angolais « Lancement d’un partenariat de production France-Angola en matière agricole et agroalimentaire ». L’enjeu de la diversification de l’économie a été évoqué, alors que l’économie de l’Angola est marquée par sa dépendance à la production de pétrole.

 

Ces deux visites, au Gabon et en Angola, illustrent le fait que les intérêts privés sont souvent étroitement liés à l’aide au développement. Bien que le sommet soit une initiative louable pour s’attaquer aux problèmes urgents du changement climatique et de la perte de biodiversité, la participation d’entreprises privées soulève des préoccupations quant à leurs motivations et à l’impact de leurs activités sur l’écosystème forestier.  La question de savoir comment équilibrer les intérêts privés et l’aide au développement est une question délicate qui exige un examen attentif et une collaboration entre les gouvernements, les ONG et le secteur privé. Il est important de veiller à ce que l’aide au développement soit utilisée au profit de la population locale et de l’environnement, plutôt que d’être motivée uniquement par les motivations de profit des entreprises. Cela nécessite de la transparence, de la responsabilité et des réglementations strictes pour prévenir l’exploitation et la dégradation de l’environnement.

 

 

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Communiqué

Plan de Libreville

 

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