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L’OMM met en place une nouvelle infrastructure pour le suivi mondial des GES

  • Réf. : 2023_03_a02
  • Publié le: 15 mars 2023
  • Date de mise à jour: 15 mars 2023
  • International

Le 6 mars 2023, l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) a annoncé la mise en place de la Global Greenhouse Gas Monitoring Infrastructure (Infrastructure pour le suivi (ou « surveillance ») mondial des gaz à effet de serre [GES]).

 

Etapes précédentes

Du 30 janvier au 1er février 2022 s’est tenu un Colloque international sur le suivi des GES [International GHG Monitoring Symposium], sous l’égide de l’OMM, qui a rassemblé plus de 170 experts des communautés de recherche et opérationnelles, des agences spatiales, des services météorologiques, des communautés d’observation de l’océan et du climat, des universités et des partenaires des Nations Unies.

C’est à partir des conclusions de ce colloque qu’à l’occasion de la 75e réunion du Conseil Exécutif de l’OMM, du 20 au 24 juin 2022, une résolution visant à développer l’architecture d’une infrastructure de suivi mondial des GES avait été présentée. L’OMM proposait d’établir une approche coordonnée au niveau international pour la conception d’un réseau d’observation des GES, l’acquisition et l’échange des données collectées et leur usage. La proposition appelait à la collaboration avec des agences de l’ONU et des organismes internationaux (GCOSCEOSCGMS,  GEO, IOC/GOOS…) impliqués dans le suivi des GES, la modélisation, le suivi des surfaces terrestres et de l’océan.

Cette résolution a été approuvé lors de la 76e réunion du Conseil Exécutif de l’OMM du 27 février au 3 mars 2023 : le Conseil exécutif a adopté une recommandation avalisant cette résolution de juin 2022. 

 

Contexte

Cette nouvelle infrastructure s’inscrit dans la continuité des activités de l’OMM, en termes de coordination internationale de travaux sur la prévision météorologique, l’analyse du climat ou encore le suivi des GES, déjà mises en œuvre dans le cadre de son programme Global Atmosphere Watch (depuis 1989), et à travers son projet plus récent Integrated Global Greenhouse Gas Information System (IG3IS – système d’information mondial intégré sur les GES). Malgré ces dispositifs importants déjà en place, des incertitudes demeurent : le rôle des océans, de la biosphère terrestre et des zones de pergélisol dans le cycle du carbone,…

Cette initiative vise notamment à répondre aux besoins de la CCNUCC et en particulier du premier bilan mondial (Global Stocktake ou GST, article 14 de l’Accord de Paris – voir encadré en fin d’article). La résolution Conseil exécutif de l’OMM reconnaît plus généralement « l’importance sociétale croissante de la surveillance des GES à l’appui de l’amélioration de notre compréhension scientifique du système terrestre, et la nécessité urgente de renforcer le fondement scientifique des mesures d’atténuation prises par les parties à la CCNUCC et à l’Accord de Paris« .

 

Objectif de l’Infrastructure

Cette nouvelle infrastructure vise créer un cadre international de collaboration pour établir une approche coordonnée concernant la conception des réseaux d’observation et l’accès, l’échange et l’exploitation des résultats. Il s’agit de tirer parti de toutes les capacités existantes de surveillance des gaz à effet de serre – systèmes d’observation à partir de l’espace et de la surface, modélisation et assimilation des données – dans un cadre intégré et opérationnel. Il s’agit donc de s’appuyer sur les évaluations de type « top-down » (approche descendante), de les rassembler et les échanger. Si de nombreux chercheurs travaillent sur l’observation et la modélisation des gaz à effet de serre, l’OMM indique qu’il n’existait pas, jusqu’ici, de lieu d’échange international dédié.

Quatre composantes sont envisagées:

  • un ensemble complet et pérenne d’observations (obtenues en surface ou par satellite) des concentrations atmosphériques de CO2, de CH4 et de N2O (quantités par colonne atmosphérique, flux…), ainsi que des variables météorologiques, océaniques et terrestres connexes, disponibles le plus rapidement possible ;
  • des estimations préalables d’émissions de GES sur la base de données d’activité et de modèles ;
  • un ensemble de modèles à haute résolution du système terrestre représentant les cycles de GES ;
  • des systèmes d’assimilation de données permettant de combiner de façon optimale les observations et les estimations pour générer des produits de haute précision.

 

Un des résultats attendus de la plateforme est ainsi de produire des estimations mensuelles, par maille de 100km sur 100km, des flux de CO2, de CH4 et de N2O ; avec un délai le plus court possible.

 

Prochaines étapes

La résolution sera soumise pour approbation lors du 19e Congrès météorologique mondial (Cg-19) prévu du 22 mai au 3 juin 2023.

 

En savoir plus

 

Le bilan global (Global Stocktake ou GST)

L’article 14 de l’Accord de Paris prévoit la réalisation tous les cinq ans, à commencer par 2023, d’un GST. La décision 19/CMA.1 (adoptée lors de la Conférence de Katowice du 2 au 16 décembre 2018) est venue préciser les modalités de réalisation de ce bilan. Il s’agit d’un bilan de la mise en œuvre de l’Accord de Paris afin d’évaluer les progrès collectifs, et non ceux des pays individuels, vers la réalisation de ses objectifs à long terme [articles 2 et 4]. Le succès du GST est essentiel à la mise en place d’une responsabilité et l’ambition dans un Accord de Paris qui manque d’un vrai mécanisme de mécanisme de conformité.

Les attendus du GST

Le bilan mondial ne contiendra pas de préconisations politiques mais ses résultats devraient entre autres : identifier les possibilités pour renforcer l’action et le soutien ; résumer les messages politiques clés, y compris des recommandations pour renforcer l’action et le soutien ; et faire l’objet d’une référence dans une décision pour examen et adoption par la CMA ou dans une déclaration.

Organisation et déroulement du GST

Conformément à la décision 19/CMA.1, le bilan mondial est composé de trois éléments :

collecte et traitement d’informations ;

évaluation technique dont l’objectif sera de dresser un bilan de la mise en œuvre de l’Accord de Paris pour évaluer, d’une part, les progrès collectifs vers la réalisation des objectifs à long terme de l’Accord et, d’autre part, les possibilités de renforcer l’action et le soutien ;

examen des résultats de l’évaluation technique et de ses conséquences en vue, d’une part, d’éclairer les Parties dans leur mise à jour et leur renforcement des actions et du soutien déterminés au niveau national et, d’autre part, de renforcer la coopération internationale en faveur de l’action climat.

Par ailleurs, la décision 19/CMA.1 précise que le bilan mondial sera réalisé avec l’aide du SBSTA et du SBI, qui mettront en place un groupe de contact conjoint à cette fin et que celui-ci sera soutenu par un dialogue technique (technical dialogue ou TD).

Calendrier du GST

La décision 19/CMA.1 définit le calendrier pour le premier bilan mondial (établi avant la survenue de la pandémie de Covid-19) :

2021 à 2022 : collecte et traitement d’informations ; nov. 2022 à juin 2023 : évaluation technique ; déc. 2023 (lors de la COP-28) : examen des résultats. Le 2e volet de la décision 19/CMA.1 porte sur les données d’entrée/sources d’information.

 

Le dialogue technique du GST

Trois réunions du dialogue technique sont prévues : la première (TD1.1) lors des sessions SB-56 (Bonn, 6-16 juin 2022), ; la deuxième (TD1.2) lors des sessions SB-57 (Charm el-Cheikh, 6-12 novembre 2022), et la troisième (TD1.3) lors des sessions SB-58 (juin 2023).

Voir page du site de la CCNUCC consacrée au bilan mondial. Voir note d’information sur la 2e réunion du dialogue technique (du 7 oct. 2022). Voir note d’information sur la première réunion du dialogue technique (du 2 mai 2022). Voir rapport de synthèse de la première réunion (du 10 oct. 2022). Voir communiqué de la CCNUCC sur le lancement du dialogue technique (du 23 mai 2022).

 

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