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Exposition à long terme aux concentrations de PM2,5 : l’Anses publie un avis recommandant des valeurs toxicologiques de référence

  • Réf. : 2023_02_a05
  • Publié le: 2 mars 2023
  • Date de mise à jour: 1 mars 2023
  • France

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié le 12 janvier 2023 un avis et un rapport d’expertise collective sur la recommandation de valeurs toxicologiques de référence (VTR) par voie respiratoire pour l’exposition à long terme aux concentrations de particules fines (PM2,5) dans l’air ambiant extérieur et sur la faisabilité d’élaborer des VTR pour le carbone suie et les particules ultrafines (PUF – lire notre article). Les PUF sont des polluants dit « émergents » dont la surveillance n’est pas réglementée à ce jour, mais qui font l’objet d’inquiétudes sanitaires croissantes et de recommandations de renforcement de leur surveillance de la part de l’Anses en France (lire notre premier article et notre 2e article) et de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) à l’international.

 

Contexte 

Les études quantitatives des risques sanitaires liés à l’air ambiant permettent d’estimer les impacts et d’informer la population des risques potentiels sur la santé des infrastructures routières et des installations classées pour la protection de l’environnement. Pour réaliser de telles évaluations des risques, il est indispensable de prendre en compte les particules en suspension et donc de disposer de valeurs sanitaires de référence, telle que des valeurs toxicologiques de référence (VTR). L’Anses souligne qu’aucune VTR portant stricto sensu sur les particules de l’air ambiant n’a été identifiée dans le cadre de la présente expertise de l’Anses. Les VTR disponibles à ce jour concernent uniquement certaines substances chimiques telles que des métaux de transition (nickel, zinc, cuivre, etc.) qui entrent dans la composition des particules de l’air ambiant. Il ne s’agit cependant pas de VTR spécifiques à ces métaux en tant que composé des particules de l’air ambiant. Il n’existe pas non plus de VTR concernant la fraction carbonée des particules de l’air ambiant.

En l’absence de VTR, la méthode disponible et employée jusqu’à présent était de comparer les données de concentration dans l’air ambiant à des valeurs de référence sanitaire comme celles établies par l’OMS ou à des valeurs réglementaires. Ces valeurs apportent des points de repères mais ne sont pas des VTR et ne permettent pas d’estimer quantitativement les risques sanitaires associés à une exposition donnée. D’un point de vue strictement sanitaire, les études épidémiologiques, nombreuses dans ce domaine, montrent qu’il existe des effets néfastes pour la santé liés à des concentrations atmosphériques inférieures à ces valeurs réglementaires.

A noter enfin que l’avis de l’Anses de juin 2018 – relatif à l’identification, la catégorisation et la hiérarchisation de polluants actuellement non réglementés pour la surveillance de la qualité de l’air (lire notre article) – recommandait l’établissement de VTR pour le carbone suie et les particules ultrafines.

 

Objet de l’autosaisine

Dans ce contexte, l’Anses s’est autosaisi le 9 novembre 2019 afin de fixer des VTR pour les particules de l’air ambiant. Il s’agissait plus particulièrement :

  • pour les PM10 et les PM2,5, de déterminer la faisabilité de construire des VTR pour des expositions à long terme et court terme et, le cas échéant, de construire les VTR,
  • pour le carbone suie et les PUF, de déterminer la faisabilité de construire des VTR pour des expositions à long terme et court terme.

 

Au sein de l’Anses, c’est le comité d’experts spécialisé « valeurs sanitaires de référence » (CES VSR) qui a réalisé l’expertise. Pour l’organisation et la méthodologie de celle-ci, voir pp.2 et 3 du rapport.

Le résultat du travail effectué par l’Anses dans cette expertise est destiné aux pouvoirs publics, aux évaluateurs de risques, aux bureaux d’étude, et aux autres acteurs impliqués dans l’interprétation des données de pollution de l’air et, plus largement, à l’ensemble des parties prenantes.

 

 

Conclusions

 

PM2,5

Après l’application d’une démarche scientifique précise (identification des événements sanitaires d’intérêt, hypothèses de construction, choix d’études clés fournissant des fonctions concentration-risque, détermination des valeurs candidates et de la VTR,…), le CES VSR de l’Anses recommande une VTR long terme pour les PM2,5 de l’air ambiant correspondant à la valeur la plus protectrice pour la santé parmi toutes les valeurs candidates. Pour tous les détails sur la VTR recommandée, se reporter à l’avis (pp.14-15).

Pour les PM10, l’Anses recommande de convertir la concentration d’exposition aux PM10 en concentration PM2,5 avec le ratio [PM2,5] : [PM10] propre à la zone géographique évaluée, puis d’utiliser la VTR long terme recommandée pour les PM2,5. En France, des ratios locaux peuvent être fournis par les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA).

L’Anses souligne que la VTR recommandée concerne les PM2,5 sans spécificité de composition physico-chimique. Dans le cas d’une pollution particulaire ayant une composition physico-chimique spécifique (ex : aérosols de particules enrichies en métaux ou en minéraux issues de source industrielle), des VTR dédiées aux substances chimiques particulaires en question doivent être utilisées quand elles existent et ce, en complément de la VTR recommandée pour les PM2,5 de l’air ambiant en général.

Cette valeur fournit un outil utile aux acteurs impliqués dans l’interprétation des données de pollution de l’air. Elle permet d’évaluer quantitativement les risques sanitaires liés à l’exposition aux particules fines de l’air ambiant en cohérence avec ceux liés aux substances chimiques. Elle permet ainsi de dépasser la simple comparaison des données de concentration à des valeurs guides ou des valeurs limites règlementaires de qualité de l’air, ce type de comparaison n’exprimant pas une quantification du risque sanitaire.

 

Carbone suie

Selon l’Anses, la construction d’une VTR pour le carbone suie semble faisable.

 

PUF

Malgré les effets sanitaires mis en évidence, la construction d’une VTR pour les PUF n’est pas actuellement faisable à partir des données épidémiologiques disponibles à ce jour et jugées encore insuffisantes.

 

Prochaines étapes

Dans un contexte plus global, l’Anses souligne le besoin de disposer de valeurs de référence (notamment pour le carbone suie et les PUF) exprimé par les acteurs impliqués dans l’interprétation des données de pollution de l’air, en raison des connaissances de leurs effets sanitaires et de l’absence de valeurs sanitaires et réglementaires sur ces polluants. L’Agence va donc poursuivre ses travaux d’expertise dans le cadre de sa mission pérenne sur l’élaboration de valeur toxicologique de référence.

 

En savoir plus

L’avis et le rapport d’expertise collective de l’Anses

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