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En 2022, aucun signe de baisse des émissions mondiales de CO2 d’origine fossile (GCP)

  • Réf. : 2023_01_a09
  • Publié le: 6 février 2023
  • Date de mise à jour: 6 février 2023
  • International

Le 11 novembre 2022, le Global Carbon Project (GCP – voir en fin d’article) a publié la mise à jour 2022 de son analyse annuelle des tendances d’émissions mondiales de CO2 (émissions historiques, projections d’émissions et de concentrations pour 2020). Il s’agit de la 17e édition d’une mise à jour annuelle du budget carbone mondial qui a débuté en 2006. Retour sur les conclusions principales de cette édition 2022.

 

Emissions mondiales de CO2 (combustion des combustibles fossiles)

Les émissions mondiales de CO2 fossile se sont élevées à 37,5 Gt CO2 en 2022, en hausse de 1,0% par rapport à 2021, d’après les projections du GCP et ce, principalement en raison de l’augmentation de la consommation de pétrole suite au rebond tardif du secteur de l’aviation depuis la pandémie du Covid-19. La diminution record des émissions en 2020 (-5,4%) était donc bien un phénomène ponctuel.

Le GCP souligne que le rythme d’augmentation des émissions mondiales de CO2 fossile a néanmoins ralenti, en passant de +3% par an au cours des années 2000 à environ +0,5% par an au cours de la dernière décennie.

Emissions mondiales de CO2 fossile (en Gt)

Source: GCP, 2022

 

 

Emissions de CO2 fossile par source

En 2022, le charbon représentait 41% des émissions mondiales de CO2 liées à la combustion des combustibles fossiles, les produits pétroliers 33,0%, le gaz 21,5% et la production du ciment 4,4%.

Les chercheurs du GCP constatent que les émissions de CO2 liées à la combustion de charbon montrent de nouveau une tendance à la hausse en 2022 (+1,0% en 2022 par rapport à 2021). Celles liées à la combustion des produits pétroliers continuent de progresser (+2,2%) alors que celles liées à la combustion de gaz connaissent une légère baisse (-0,2%).

Emissions de CO2 fossile par combustible fossile (en Gt)

Source: GCP, 2022

 

 

Emissions de CO2 liées à la combustion des combustibles fossiles, par grande région

Au niveau des pays et grandes régions, la situation est contrastée. Selon les projections du GCP, les émissions de CO2 devraient baisser en Chine (-0,9%) et dans l’UE (-0,8%) mais augmenter aux Etats-Unis (+1,5%), en Inde (+6%) et dans les autres pays (+1,7%).

 

Emissions de CO2 fossile des quatre premiers grands émetteurs : Chine, Etats-Unis, Inde et UE-27 (en Gt)

Source: GCP, 2022

 

 

Emissions de CO2 liées aux changements d’utilisation des terres

Les émissions mondiales liées aux changements d’utilisation des terres (notamment la déforestation) montrent une tendance une légère baisse depuis 20 ans, tendance marquée par de fortes incertitudes qui reste encore à confirmer. Elles ont atteint 3,9 Gt CO2 en 2022, soit 10 fois moins que les émissions de CO2 fossile. Les deux pays où le GCP observe le niveau d’émissions liées aux changements d’utilisation des terres le plus élevé sont l’Indonésie et le Brésil. Ces deux pays, ainsi que la République démocratique du Congo (RDC), sont responsables de plus de la moitié (58%) des émissions mondiales de CO2 liées aux changements d’utilisation des terres.

Selon les projections du GCP, les émissions mondiales nettes totales de CO2 (fossile et liées aux changements d’utilisation des terres) devraient s’élever à 40,6 Gt CO2 en 2022, soit un niveau légèrement au-dessus de celui de 2021 (40,2 Gt CO2), mais toujours en dessous du niveau de 2019 (40,9 Gt CO2).

Emissions nettes de CO2 (fossile et liées aux changements d’utilisation des terres) (en Gt)

Source: GCP, 2022

 

Absorption par les puits naturels

Sur les émissions anthropiques totales de CO2 de la période 2012-2021, environ 45% se sont accumulées dans l’atmosphère alors que 26% ont été absorbées par les océans et 29% par les terres. Le changement climatique fragilise le puits de carbone de la biosphère terrestre et des océans, ayant eu pour conséquence de réduire l’absorption de CO2 par les océans de 4% et des terres de 17% sur la période 2012-2021.

 

Concentrations atmosphériques de CO2

Les concentrations atmosphériques de CO2 ont continué à poursuivre leur tendance de long terme à la hausse en 2021 et 2022, du fait d’émissions continuelles. Les concentrations moyennes mondiales de CO2 atteindraient 417,2 ppm en 2022 (+2,5 ppm par rapport à 2021), soit une hausse de 51% par rapport au niveau pré-industriel qui constitue le niveau de référence.

 

Le budget carbone restant

Le budget carbone restant pour une probabilité de 50% de limiter le réchauffement à +1,5°C s’est réduit à 380 GtCO2. Il sera dépassé dans neuf ans si les émissions de CO2 restent aux niveaux de 2022. Le budget carbone se situe à 1 230 GtCO2 pour respecter l’objectif de +2°C (soit 30 ans aux niveaux d’émissions de 2022).

Pour atteindre zéro émission nette de CO2 d’ici 2050, il faudrait désormais une baisse linéaire des émissions anthropiques totales d’environ 1,4 GtCO2 chaque année, chiffre comparable à la baisse observée des émissions en 2020 en raison des mesures de restrictions de la mobilité (confinements) suite à la pandémie du Covid-19, ce qui souligne l’ampleur de l’action requise. Il en résulterait des émissions supplémentaires de 560 GtCO2 à partir de l’année 2023, conduisant à une probabilité de 50% de limiter le réchauffement autour de 1,6°C.

Le budget carbone restant au regard des objectifs en matière de réchauffement (en Gt CO2)

Source: GCP, 2022

 

 

En savoir plus

Page du GCP 2022  |  Résumé  |  Infographie  |  Présentation

Communiqué de presse du GCP (en français)

Communiqué de presse du CICERO, partenaire du GCP

Friedlingstein, P. et al. Global Carbon Budget 2022. Earth Systems Scientific Data. 14, 4811–4900, 2022. 11 novembre 2022. Consulter. Il s’agit de l’article scientifique intégral qui sous-tend l’analyse du GCP.

 

Le Global Carbon Project :

Le GCP, qui s’inscrit dans le cadre du programme mondial de recherche sur le climat (WCRP), est un consortium international de 58 instituts de recherche scientifique créé en 2001 afin d’aider la communauté scientifique à établir une base de connaissance commune pour servir d’appui aux politiques de réduction d’émissions de GES. Le projet s’est fixé pour objectif d’élaborer une vision complète du cycle global du carbone (flux naturels et anthropiques). Les travaux du GCP sont revus par les pairs à l’instar de ceux du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Parmi les principaux partenaires du GCP figurent les climatologues français Philippe Ciais et Philippe Bousquet du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE).

 

 

 

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