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Edition 2022 du bilan de l’action climat des acteurs non-étatiques de Climate Chance

  • Réf. : 2023_01_a03
  • Publié le: 11 janvier 2023
  • Date de mise à jour: 10 janvier 2023
  • International

Entre octobre et décembre 2022, Climate Chance (association membre du Conseil d’administration du Citepa) a publié l’édition 2022 de ses trois rapports de l’Observatoire mondial de l’action climatique mise en œuvre par les acteurs non-étatiques (villes, régions, entreprises, secteur de la finance, investisseurs, ONG et société civile). L’observatoire, créé en 2018, réalise des bilans annuels sur les secteurs, sur la finance, les territoires, et l’adaptation (en 2023, sera publié un rapport supplémentaire sur l’Afrique). En 2022, des nouveaux rapports ont été publiés sur les trois premiers volets.

 

Petit-déjeuner spécial du Citepa – 1er février 2023

Le prochain petit-déjeuner du Citepa, le 1er février 2023, présentera avec Climate Chance le bilan mondial de l’action climat des acteurs non-étatiques par secteur. Antoine GILLOD, Directeur de l’Observatoire de l’action climat interviendra au premier Petit-déjeuner du Citepa de 2023 pour nous présenter les points clés du dernier rapport de l’Observatoire Climate Chance sur le Bilan Mondial de l’action climat par secteur.

Informations et inscription

 

Bilan par secteur

Ce bilan mondial de l’action climat par secteur recense les avancées et les freins en termes d’atténuation et d’adaptation pour les secteurs de l’énergie, des transports, des bâtiments, de l’industrie, des déchets et de l’usage des terres/forêt. L’édition 2022 de ce bilan par secteur, publiée le 8 décembre 2022, tire les grands enseignements suivants :

  • Energie: face à l’explosion de la demande, le recours aux énergies fossiles dépasse le boom des renouvelables. Si cette crise globale représente une occasion d’accélérer la transition énergétique à long terme, elle agit aussi comme un frein à court terme, en faisant grimper les prix et en offrant un sursis au charbon. Néanmoins 2021 confirme les tendances de transition engagées par les économies occidentales : charbon en déclin, gaz concurrencé par des renouvelables en plein essor ;
  • Transport: le rebond des ventes de véhicules neufs observé en 2021 est marqué par l’accélération de la pénétration des modèles électriques (10% des ventes mondiales, jusqu’à 20% en Europe et en Chine, soit deux fois plus qu’en 2020). Pour autant, le succès des SUV (sports utility vehicles ou véhicules utilitaires sport – lire notre article) auprès des constructeurs et consommateurs (46% des ventes mondiales), deuxième source de croissance des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), tend à contrebalancer les gains d’efficacité obtenus grâce à l’électrique ;
  • Forêts: en 2021, les pertes de couvert forestier et de forêts primaires ont ralenti, sans pour autant inverser la tendance. Parmi les facteurs de déforestation, les incendies ont pris une part accrue dans la destruction forestière, générant d’autant plus d’émissions de CO2. Si les principales filières économiques à impact de déforestation (bétail, huile de palme, cuir, papier…) augmentent leur niveau d’engagement – de manière inégale – les indicateurs disponibles pour mesurer les progrès réalisés vers les objectifs internationaux révèlent que les acteurs sont encore loin du compte ;
  • Les politiques de transition sont de plus en plus marquées par les nationalismes économiques et la concentration capitalistique des industries. De l’ouverture de mines de lithium à la production d’énergies renouvelables, la réindustrialisation oscille entre coopération et compétition. Les conséquences du réchauffement climatique (intensification des aléas climatiques) impactent négativement les politiques d’atténuation. Dans le même temps, les besoins d’adaptation de court terme (climatisation, réfrigération, irrigation…) génèrent un surcroît de dépenses énergétiques – essentiellement comblées par les fossiles – qui fragilisent les scénarios de transition
  • Adaptation : entre les contributions nationales (CDN ou NDC en anglais), les communications sur l’adaptation prévues par l’Accord de Paris et les Plans Nationaux d’Adaptation du cadre d’adaptation de Cancún, les États ont, dans l’ensemble, démarré leur planification de l’adaptation. Mais sur le terrain, les projets d’adaptation manquent encore de mesure de leur impact concret, comme en témoigne la rareté des indicateurs quantitatifs ou qualitatifs de réduction de risques climatiques dans les publications académiques qui s’essayent à des évaluations. (A noter que sur ce sujet, le Citepa a présenté ses recherches sur le développement d’une métrique spécifique à l’adaptation à sa Journée d’Etudes 2022) ;
  • Marché carbone volontaire et compensation: Avec les objectifs « zéro émission nette » qui se multiplient, les crédits certifiant les projets de solutions fondées sur la nature (afforestation, reforestation, conservation…) rencontrent un succès florissant. Si elle permet de canaliser des ressources financières privées vers des projets bénéfiques à l’atténuation des émissions de GES, la possibilité offerte aux entreprises et autres organisations de revendiquer la « neutralité carbone » en l’absence de norme universelle suscite cependant la controverse (voir nos articles sur le sujet) ;
  • Justice climatique et activisme : en matière d’activisme actionnarial, Climate Chance note qu’on observe certes toujours plus de propositions liées au climat sont déposées mais qu’une une minorité d’entre elles sont votées, et très peu recueillent la majorité. Cependant, le recours au droit contre les politiques climatiques des États et des entreprises est l’une des tendances majeures de ces dernières années. Une courte majorité des décisions rendues sont favorables à l’action climat, mais leurs effets à long terme sont encore peu étudiés.
  • Villes et territoires: les communautés et collectivités locales adaptent la transition aux territoires Les collectivités locales sont aux avant-postes de la mise en œuvre de politiques climatiques adaptées aux besoins des citoyens, et vont au-delà des objectifs fixés au niveau national.

 

 

Bilan de l’action des territoires

Un deuxième rapport de l’Observatoire de Climate Chance, sur le bilan de l’action des territoires, constitue une synthèse des résultats affichés par les principales initiatives de coopération des villes et régions pour l’atténuation du changement climatique sur leurs territoires. Climate Chance souligne qu’entre l’harmonisation des pratiques et les innovations méthodologiques, la comptabilisation et la déclaration des émissions de GES des villes et des régions deviennent plus solides, grâce à trois aspects :

  • le suivi « en temps réel » des émissions par une utilisation plus fine des données d’activité disponibles ;
  • la mesure atmosphérique des sources d’émissions par des capteurs satellites et terrestres ;
  • l’harmonisation des méthodologies et des plateformes de déclaration des émissions.

 

Le rapport note que la prolifération des réseaux de collectivités régionales et locales et des initiatives de coopération sur l’action climat a été poussée par la nécessité de combler les lacunes de la coopération intergouvernementale existante. Depuis les années 1980, l’expansion de ces réseaux et initiatives de coopération a conduit à la mise en place d’une « gouvernance transnationale du changement climatique » étendue. En conséquence, une « vague de partenariats transnationaux » a émergé. Climate Chance propose un focus sur plusieurs de ces réseaux et initiatives : la Convention mondiale des maires pour le climat et l’énergie (GCoM), Clima-Med, Under2Coalition, European Energy Awards, CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis), ICLEI (Local Governments for Sustainability), C40 (CitiesClimate Leadership Group), Climate Alliance, Regions4 Sustainable Development, Energy Cities, Fedarene (Fédération européenne des agences et des régions pour l’énergie et l’environnement), CDP (Carbon Disclosure Project.

Enfin, Climate Chance observe que les régions européennes illustrent le rôle central des administrations locales et infranationales dans une transition juste vers une économie à faibles émissions de GES. Le rapport considère que le Green Deal européen (pacte vert – lire notre dossier de fond) de fin 2019 a donné un rôle central aux régions dans l’adaptation et l’atténuation. Mais cet échelon régional revêt surtout une importance particulière dans les pays de l’Ouest de l’Europe contrairement à l’Est. Les situations économiques des régions européennes en font des territoires très inégalement préparées et armées pour la transition.

 

Finance

Climate Chance publie chaque année, en partenariat avec Finance for Tomorrow, un Bilan mondial de la finance climat : un suivi des flux financiers accordés au climat par les banques, les assureurs et les investisseurs, ainsi que l’évolution et l’offre de produits financiers verts. L’édition 2022 a été publiée le 15 octobre 2022.

Ce rapport note que :

  • les financements fossiles baissent pour la deuxième année consécutive 742 Md$ de financements ont été accordés aux énergies fossiles par les 60 plus grandes banques mondiales en 2021 — la deuxième année de baisse consécutive depuis le pic atteint en 2019 (830 Md$). En dépit d’une vague d’adhésion à l’objectif de neutralité carbone, les banques, assureurs et gestionnaires et propriétaires d’actifs peinent encore à prendre des engagements concrets sur la sortie des énergies fossiles. Ce constat va à l’encontre des conclusions de l’OCDE et de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) dans leur analyse conjointe publiée le 29 août 2022, selon laquelle le soutien public global apporté aux combustibles fossiles dans 51 pays du monde entier a presque doublé en un an, passant de 362,4 milliards de $ US (Md$) en 2020 à 697,2 Md$ en 2021 – lire notre article) ;
  • 632 Md$ de flux financiers pour le climat ont été mobilisés en 2019-20, 10% de plus que les deux années précédentes. L’atténuation représente toujours environ 90% de ces financements (soit 571 Md$ en 2019-2020), ce qui reste très éloigné de la parité visée par l’Accord de Paris ( article 9.4). Ces chiffres sont à comparer avec ceux du Comité permanent sur le financement (SCF), organe de la CCNUCC, qui a publié le 2 novembre 2022 sa 5eévaluation biennale (2022) du financement climat et les flux de financement climat (lire notre article) ;
  • du marché des obligations vertes aux marchés des crédits carbone volontaires les instruments financiers au service de la transition sont en plein essor ;
  • la multiplication des taxonomies et des règles sur la transparence climatique des acteurs financiers renforcent la régulation des investissements verts ;
  • en France, aux Pays Bas, au Royaume Uni et au niveau de la Banque centrale européenne, les premiers stress tests climatiques réalisés par les superviseurs révèlent l’exposition particulière des acteurs financiers européens aux risques de transition. Plusieurs chantiers majeurs subsistent afin de transformer les stress tests climatiques en un outil de supervision à part entière.

 

 

En savoir plus

Bilan par secteur

Bilan de l’action des territoires

Bilan de la finance climat

Voir notre synthèse de l’édition 2021

 

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