Baromètre des émissions mensuelles : un premier aperçu de l’évolution des émissions de GES en 2022
Le baromètre des émissions mensuelles du Citepa
En complément de l’inventaire national d’émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphériques, qui fournit chaque année N le bilan des émissions de l’année N-2, le Citepa propose des estimations mensuelles des émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques dans l’année en cours. Ce baromètre des émissions mensuelles est calculé en cohérence avec les émissions annuelles. Il permet de suivre l’évolution des émissions au fils des mois de l’année en cours, et de comparer les émissions mois à mois avec l’année précédente. Actuellement, faute d’indicateurs suffisamment fiables, les évolutions des secteurs de l’agriculture, déchets et du puits de carbone (UTCATF) ne sont pas pré-estimées dans le baromètre mensuel. La mise à jour de décembre 2022 concerne les 9 premiers mois de l’année 2022.
Note : sauf indication contraire, toutes les valeurs indiquées dans cet article sont des émissions de tous les gaz à effet de serre, exprimées en équivalent CO2 (CO2e), pour la France métropolitaine et l’Outre-mer inclus dans l’UE, hors puits de carbone.
Un niveau d’émission mensuel proche de celui de 2021
D’après les résultats du baromètre des émissions mensuelles du Citepa (sortie de décembre 2022), les émissions de GES des mois de janvier à juillet 2022 sont presque tous légèrement inférieurs aux mêmes mois de 2021 (-1% en moyenne). Le mois d’août 2022 est estimé à un niveau équivalent à celui de 2021 et le mois de septembre, quant à lui, s’avère en hausse par rapport à septembre 2021 (+3,4%). Néanmoins, ce résultat global masque des évolutions différenciées selon les secteurs.
Evolution des émissions mensuelles de GES depuis 2020
Analyse par secteur
Dans le secteur de la production d’énergie, les émissions sont plus élevées en 2022 qu’en 2021, et ce pour tous les mois de janvier à septembre. Cela s’explique notamment par l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires en 2022 qui a entrainé le recours aux centrales thermiques. Cela se traduit par une forte hausse des émissions du sous-secteur de la production d’électricité.
Pour le secteur des bâtiments résidentiels et tertiaires, les émissions de GES en 2022 sont inférieures à celles de 2021 pour tous les mois de janvier à août. Ils sont en hausse par rapport à 2021 pour le mois de septembre. En début d’année, cela s’explique notamment par la douceur des températures hivernales (émissions en baisse interannuelle de -6% en janvier et février, -11% en mars, -18% en avril). Dans le même temps, les appels à la sobriété auprès des acteurs publics, privés, et des ménages, a entrainé une réduction de la consommation d’énergie et d’électricité en particulier. A noter que ces niveaux de consommation sont aussi impactés par la mise en place et le maintien du bouclier tarifaire électricité et gaz.
Pour le secteur des transports, on note une hausse des émissions de GES en 2022 par rapport à 2021 sur les mois de janvier à mai ; une baisse de juin à août et de nouveau une hausse en septembre. L’estimation des émissions du transport étant corrélée aux livraisons de carburants, plusieurs facteurs ont pu jouer sur leur variation mensuelle : effets de l’invasion russe en Ukraine sur le prix des carburants, mesures prises pour compenser cette hausse des prix, inflation, poursuite de la reprise des activités post-crise Covid, etc.
Enfin, pour le secteur de l’industrie, la hausse des prix de l’énergie et l’inflation en général, complétée par le contexte géopolitique et des difficultés d’approvisionnements en certaines matières premières, a entrainé une réduction de l’activité industrielle qui se traduit par une baisse des émissions de ce secteur : -2% pour la chimie, -5% pour l’agro-alimentaire, -11% pour les métaux ferreux, -4% pour les minéraux non-métalliques et matériaux de construction. Dans le même temps, le sous-secteur de la construction voit ses émissions en hausse (+4% sur la période avec une baisse durant l’été, soit juillet et août).
En savoir plus
Ces données présentent une première vision de l’évolution des émissions en 2022 sur les 9 premier mois, et reste à être consolidée avant d’en tirer toutes les analyses nécessaires. La publication du prochain inventaire Secten sera l’occasion de présenter une analyse plus complète de cette pré-estimation de l’année 2022, en attendant son estimation consolidée début 2023.
Accéder aux données du baromètre
Voir une analyse des émissions mensuelles en Europe du site spécialisé CarbonBrief