L’Ademe complète son étude Transitions 2050 sur les impacts des scénarios de transition sur la croissance, les modes de vie, les filières économiques, les sols…
Le 30 novembre 2021, l’Ademe avait dévoilé les premiers résultats de son étude prospective intitulée « Transition(s) 2050. Choisir maintenant. Agir pour le climat », proposant quatre scenarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050, avec des options différentes sur les plans technique, économique, sociétal et territorial (lire notre article). A partir de cette première publication sur les grands scénarios de la transition, l’Ademe publie progressivement, depuis février 2022, des rapports additionnels (« feuilletons »), avec d’abord deux feuilletons, sur le mix électrique et sur les matériaux de la transition (lire notre article).
Le 22 mars 2022, l’Ademe a publié huit nouveaux feuilletons pour approfondir son analyse, avec d’abord quatre feuilletons sur des grands thèmes :
- « Macroéconomie »: ce feuilleton montre que la transition écologique engendre à terme une hausse de l’activité économique dans tous les scénarios envisagés dans l’étude principale. Il prend en compte leurs effets sur la croissance, l’emploi, les revenus et la balance commerciale, en mobilisant le modèle ThreeME (Modèle Macroéconomique Multisectoriel d’Evaluation des politiques Energétiques et Environnementales). Ainsi, d’après ces travaux, aucune des quatre voies possibles pour atteindre la neutralité carbone n’engendrerait de récession économique. L’Ademe en conclut que « la sobriété n’est pas synonyme de décroissance ». Seul le scénario S1 engendre une croissance moindre que le scénario de référence – les trois autres engendrent un taux de croissance annuelle du PIB supérieur au tendanciel.
- « Modes de vie» : ce feuilleton traite de la question de la désirabilité et de la faisabilité des scénarios, sur la base d’une enquête menée par l’Ademe. Si les citoyens interrogés ne remettent pas en question le bien-fondé de l’objectif climat, ils demandant surtout un accompagnement dans les implications qu’ils entrainent au quotidien, avec une exigence de justice sociale et de transparence et de protection des plus vulnérables. La transition posant des questions de liberté individuelle, de redistribution, de régulation des pratiques de consommation et de production, les répondants formulent des attentes de renouvellement des formes démocratiques.
- « Adaptation au changement climatique» : ce feuilleton complète le chapitre déjà dédié à la question de l’adaptation dans le rapport principal. Il analyse les leviers et les freins à l’adaptation de quatre secteurs particulièrement sensibles au changement climatique : les transports, l’agriculture, l’industrie et le bâtiment. L’eau douce (quantité disponible et qualité) y apparaît comme un enjeu fondamental. La sobriété y ressort aussi comme levier de diminution de l’exposition aux risques.
- « Sols » : ce feuilleton s’intéresse à l’impact des scénarios sur l’artificialisation et la qualité des sols. Le scénario S4 apparait beaucoup plus consommateur de terres que le scénario S1. Dans les quatre scénarios, ce sont d’abord les secteurs des bâtiments (50%) et des transports (40%) qui sont responsables de cette artificialisation additionnelle, contre 10% pour les infrastructures d’énergies renouvelables. Seuls les scénarios S1 et S2 permettent d’atteindre une réduction du rythme d’artificialisation d’ici 2031 de plus de 50 % par rapport à la décennie précédente.
Les quatre autres feuilletons s’attachent à décrire les impacts des scénarios de neutralité carbone sur certaines filières économiques particulièrement impactées par la transition :
- Le feuilleton filières« Protéines » s’intéresse aux impacts de la transition sur les filières de production de protéines animales, végétales, et d’alimentation pour le cheptel. Quel que soit le scénario, la transition protéique induit des reconfigurations de l’appareil de production, de transformation et de commercialisation plus ou moins profondes, nécessitant le support de de politiques publiques structurantes.
- Le feuilleton filières« Gaz et carburants liquides » évalue les impacts de la transition (réduction de la demande en fossiles, verdissement du réseau gazier, hausse des biocarburants) sur cette filière, notamment sur les investissements et l’emploi. Des réponses politiques à ces mutations, à la fermeture de raffineries ou à leur reconversion en bioraffineries, au développement de la méthanisation (technologie mature) et du power-to-gas (technologique en développement) seront donc attendues.
- Le feuilleton filières« Construction neuve » s’intéresse notamment au fait que les consommations d’énergie dans les bâtiments neufs diminueront, compte tenu des règlementations techniques, et que donc les émissions liées à la fabrication des matériaux et des équipements représenteront une part croissante des émissions du secteur. Ainsi, l’Ademe en conclut que « limiter la construction neuve est l’un des leviers à explorer ». Des évolutions majeures sont à anticiper : baisse du volume de construction neuve au profit de la rénovation, déconstruction sélective, décarbonation des matériaux, développement de l’économie circulaire, de la garantie de performance et de la flexibilité du bâti… Des enjeux de formation, de R&D et de structuration de nouvelles filières (matériaux biosourcées et géosourcés) sont aussi soulignés.
- Le feuilleton filières« Logistique des derniers kilomètres » détaille aussi les impacts de la transition sur cette filière et propose des solutions pour accompagner ses acteurs. Dans tous les scénarios, le partage des données entre les différents acteurs apparaît comme un sujet central pour réduire l’impact de la chaîne logistique. Un équilibre doit être trouvé entre attentes d’une livraison rapide, optimisation des circuits de distribution, enjeux environnementaux et conditions de travail. Les collectivités locales ont aussi un rôle à affirmer sur ce thème car elles disposent de leviers d’actions sur l’organisation des mobilités.
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Communiqué de presse