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Après une baisse en 2020 avec la crise du Covid-19, les émissions mondiales de CO2 sont reparties à la hausse en 2021 (+6%) (données AIE)

  • Réf. : 2022_03_a04
  • Publié le: 16 mars 2022
  • Date de mise à jour: 18 octobre 2022
  • International

Le 8 mars 2022, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié une note d’analyse sur les tendances en matière d’émissions mondiales de CO2 provenant de la combustion de combustibles fossiles (données 2020-2021) comme elle le fait chaque année. Cette analyse s’inscrit dans le cadre de son état des lieux annuel des tendances en matière de demande mondiale d’énergie (Global Energy Review), et d’émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie. Que retenir de l’analyse de l’AIE ?

 

Les émissions de CO2 en 2021 (tous combustibles fossiles confondus) : nouveau record

Les émissions mondiales totales de la combustion des combustibles fossiles liées à l’énergie (production et consommation d’énergie dans les secteurs de la production d’énergie, de l’industrie manufacturière, des transports, des bâtiments [résidentiel/tertiaire/institutionnels]) ont atteint un nouveau niveau inédit en 2021 : 36,3 Gt CO2, soit une hausse de plus de 2,0 Gt CO2 (+6%) par rapport au niveau de 2020. Cette forte hausse des émissions de CO2 intervient après une baisse importante (de près de 1,9 Gt CO2, soit-5,1%) en 2020 en raison de la pandémie du Covid-19 et des restrictions sanitaires imposées à travers le monde. La hausse des émissions en 2021 a été plus forte que la baisse constatée en 2020.

Ce nouveau record signifie que l’année 2021 dépasse désormais 2010 où l’AIE a observé jusque-là la plus forte hausse interannuelle des émissions de CO2 liées à l’énergie en termes absolus. En 2021, les émissions de CO2 ont atteint un niveau supérieur d’environ 180 Mt CO2 au niveau pré-Covid-19 de 2019. Autrement dit, entre 2019 et 2021, ces émissions mondiales ont augmenté et 2020 n’a été qu’une baisse temporaire, et non un changement de tendance qui aurait pu marquer le début d’une baisse durable.

Emissions de CO2 liées à l’énergie et leur évolution interannuelle 1900-2021 (en Gt CO2)

Source : AIE, 8 mars 2022

 

A noter que l’augmentation de 6% des émissions de CO2 en 2021 correspond à la hausse de 5,9% de la production économique mondiale. Il s’agit du couplage le plus fort entre les émissions de CO2 et la croissance du produit intérieur brut (PIB) depuis 2010, lorsque les émissions mondiales ont rebondi de 6,2% alors que la production économique augmentait de 5,1% au sortir de la crise financière mondiale.

L’AIE confirme donc qu’avec une croissance économique intensive en CO2 en 2021, la reprise de l’économie mondiale post-Covid-19 n’a pas été la reprise durable et bas-carbone qu’elle avait préconisée le 14 mars 2020, au début de la pandémie.

 

Les émissions de CO2 liées au charbon et au gaz naturel au plus haut

Le charbon a contribué à hauteur de plus de 40% à la progression des émissions mondiales de CO2 en 2021. Les émissions de CO2 liées au charbon ont atteint un niveau record de 15,3 Gt en 2021, dépassant de près de 200 Mt leur précédent pic (observé en 2014). Les émissions de CO2 provenant du gaz naturel ont également rebondi bien au-delà des niveaux de 2019 pour atteindre 7,5 Gt en 2021, la demande ayant augmenté dans tous les secteurs. À 10,7 Gt, les émissions provenant du pétrole sont restées nettement inférieures aux niveaux pré-Covid-19, en raison de la reprise limitée des activités mondiales de transport en 2021.

Evolution des émissions de CO2 par combustible fossile sur la période 2019-2021
par rapport aux niveaux de 2019 (en Mt CO2)

 

Source : AIE, 8 mars 2022

 

Les transports toujours marqués par la crise de 2020

En 2021, la pandémie du Covid-19 a continué à avoir un impact direct sur la consommation de pétrole dans le secteur des transports, la demande étant de plus de 6 millions de barils par jour en moins que celui en 2019. Quant aux émissions mondiales de CO2 de ce secteur, elles ont connu une baisse de 600 Mt CO2 en 2021. Les transports étaient le seul secteur dans lequel les émissions de CO2 sont restées bien en dessous des niveaux de 2019. L’impact positif sur la réduction des émissions des ventes record de voitures électriques en 2021 (passant de 3 millions d’unités en 2020 à 6,6 millions en 2021, soit plus d’un doublement, source : AIE, 30 janvier 2022), a été annulé par la hausse des ventes de véhicules SUV (véhicules utilitaires sport : +135 millions d’unités en 2021) (lire notre brève).

Par ailleurs, les émissions de CO2 liées à l’aviation internationale n’ont atteint que 60% (370 Mt CO2) de leur niveau pré-Covid-19 en 2019.

 

Les émissions de CO2 de la production d’électricité ont atteint un niveau inédit en 2021

Le secteur de la production d’électricité et de chaleur a connu la plus forte hausse sectorielle d’émissions de CO2 en 2021 (+900 Mt CO2, soit +6,9%), pour atteindre un niveau inédit, de près de 14,6 Gt CO2. Cette hausse sectorielle représente 46% de la hausse mondiale des émissions de CO2 en 2021 tous secteurs confondus. Elle s’explique par une hausse inédite, en 2021, de la demande mondiale accrue d’électricité. En raison de cette hausse inédite, la part du charbon dans la production mondiale d’électricité a connu un rebond pour atteindre plus de 36% en 2021. Les émissions de CO2 provenant des centrales thermiques au charbon se sont élevées à un niveau record de 10,5 Gt CO2, soit un niveau de 800 Mt supérieur à leur niveau de 2020 et de 200 Mt supérieur à leur pic précédent survenu en 2018.

Evolution des émissions de CO2 par secteur en 2020 et 2021 par rapport respectivement à 2019 et 2020 (en Mt CO2)

 

Source : AIE, 8 mars 2022

 

Avec la hausse des prix du gaz naturel, le charbon comme recours pour produire de l’électricité

Le recours à la production d’électricité à partir du charbon en 2021 a été aggravé par des prix record du gaz naturel. Les coûts d’exploitation des centrales au charbon existantes aux États-Unis et en Europe étaient nettement plus faibles que les coûts d’exploitation des centrales au gaz pendant la majeure partie de l’année 2021. Le passage du gaz au charbon a entraîné une augmentation de plus de 100 Mt des émissions mondiales de CO2 liées à la production d’électricité, notamment aux États-Unis et en Europe, où la concurrence entre les centrales au gaz et au charbon est la plus forte.

 

La production d’électricité d’origine renouvelable a connu sa plus forte hausse en 2021

Malgré le rebond de la consommation de charbon pour produire l’électricité, la part des énergies renouvelables (EnR) et du nucléaire dans la production mondiale d’électricité en 2021 a été plus importante que celle du charbon. La production totale d’électricité d’origine renouvelable a atteint le niveau inédit de 8 000 TWh en 2021, soit 500 TWh de plus que le niveau de 2020. L’AIE souligne que sans la production accrue d’électricité d’origine renouvelable et nucléaire en 2021, la hausse des émissions mondiales de CO2 aurait été de 220 Mt CO2 de plus que le niveau de 36,3 Gt CO2 observé (voir début du présent article).

 

Des situations contrastées selon les pays

La quasi-totalité des régions a enregistré une hausse des émissions de CO2 en 2021 par rapport à 2020. Cependant, l’évolution 2020-2021 a été contrastée en fonction des régions, allant d’une progression de plus de 10% en Inde et au Brésil à moins de 1% au Japon. Quant à la Chine, où la demande d’électricité a crû de 10% en 2021, elle a connu une hausse de 5% de ses émissions de CO2. Pour leur part, les Etats-Unis et l’UE-27 ont chacun enregistré une augmentation d’environ 7% de leurs émissions de CO2.

En 2021, la production économique mondiale des « économies avancées » (« advanced economies« , terme qui englobe l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, la Corée du Sud, Israël, le Japon, la Turquie)(1) a retrouvé son niveau pré-Covid-19, mais les émissions de CO2 ont rebondi moins fortement, signalant une trajectoire plus pérenne de baisse structurelle des émissions. En 2021, les émissions de CO2 aux États-Unis étaient de 4% inférieures à leur niveau de 2019. Dans l’UE-27, elles étaient inférieures de 2,4%. Au Japon, les émissions ont diminué de 3,7% en 2020, puis ont rebondi de moins de 1% en 2021.

Dans l’ensemble des économies avancées, les changements structurels tels que le recours accru aux EnR, l’électrification et l’amélioration de l’efficacité énergétique ont permis d’éviter 100 Mt d’émissions de CO2 supplémentaires en 2021, par rapport à 2020.

Emissions de CO2 en Chine, en Inde, aux Etats-Unis, au Japon et dans l’UE-27 sur la période 2000-2021 (en Gt CO2)

Source : AIE, 8 mars 2022

 

Les émissions de CO2 par habitant en Chine dépasse désormais la moyenne des économies avancées

En moyenne, les émissions de CO2 par habitant des économies avancées ont été ramenées à 8,2 t CO2/hab et se situent désormais en dessous de celles de la Chine (8,4 t CO2/hab). Toutefois, cette moyenne enregistrée pour les économies avancées masque de fortes disparités : 14 t CO2/hab aux Etats-Unis, 6 t CO2/hab dans l’UE-27 et 3,2 t CO2/hab au Mexique.

Emissions de CO2 par habitant par région (économies avancées, Chine et autres pays émergents et pays en développement) sur la période 2000-2021 (en t CO2/hab)

Source : AIE, 8 mars 2022

 

(1) Il s’agit plus précisément des pays membres de l’OCDE (Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, République tchèque, Danemark, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Israël, Italie, Japon, Corée du Sud, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Mexique, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Turquie, Royaume-Uni, Etats-Unis), ainsi que la Bulgarie, la Croatie, Chypre, Malte et la Roumanie.

 

Voir communiqué et note d’analyse de l’AIE

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