Journal de la COP-26 | Retour sur la neuvième journée
Tour d’horizon rapide de la journée
La Conférence de Glasgow est entrée dans sa 2e semaine, plus politique et plus décisive que la première. A cinq jours de la clôture officielle, le Président britannique a présenté l’organisation du travail pour cette 2e semaine. Des consultations informelles ont été menées sur le financement et le premier Dialogue ministériel biennal sur le financement a eu lieu.
Plénière informelle de la Présidence
Le Président britannique de la Conférence a convoqué une plénière informelle de la COP/CMA/CMP pour faire le point. L’objet de cette plénière conjointe informelle était de présenter son programme détaillé pour l’organisation des travaux de la 2e semaine. Voir sa note en ce sens publiée le 4 novembre 2021.
Les Présidents des deux organes subsidiaires SBSTA et SBI ont indiqué les sujets qu’ils ont soumis à la CMA et à la COP pour la poursuite des travaux et surtout pour les arbitrages politiques sur les points de blocage, et notamment :
- article 6 (marchés carbone),
- tableaux de rapportage (transparence, article 13),
- calendriers communs (durée de la période de mise en œuvre des NDC, article 4.10),
- rapports du comité d’adaptation pour 2019, 2020 et 2021,
- réexamen du progrès, de l’efficacité et de la performance du comité d’adaptation, et l’objectif global d’adaptation.
La Présidence britannique a indiqué les sujets relevant de la COP/CMA/CMP qui vont faire l’objet de consultations :
- financement,
- technologies,
- mécanisme pour un développement propre,
- rapport du comité pour la mise en œuvre et la promotion du respect de l’Accord de Paris (PAICC),
- mécanisme international de Varsovie pour les pertes et dommages.
La Présidence britannique a présenté la démarche pour la 2e semaine qui comportera des négociations techniques, des consultations ministérielles et des consultations de la Présidence.
Les négociations techniques vont se poursuivre sur :
- le cadre de transparence renforcé (art. 13),
- l’adaptation (dont l’objectif global sur l’adaptation),
- le groupe consultatif d’experts (CGE).
Alok Sharma a précisé que les travaux techniques devraient s’achever mardi 9 novembre 2021.
Il a indiqué que les consultations ministérielles vont se focaliser sur les sujets politiques clés :
- article 6 (marchés carbone) : consultations pilotées par la Norvège et Singapour,
- calendriers communs (durée de la période de mise en œuvre des NDC, article 4.10) : Suisse et Rwanda,
- cadre de transparence renforcé (art. 13) : Antigua & Barbude et Nouvelle Zélande,
- adaptation : Maldives et Espagne,
- atténuation et garder l’objectif de +1,5°C à portée de main : Grenade et Danemark,
- pertes et dommages : Luxembourg et Jamaïque,
- financement : Egypte et Suède,
- articulation pour s’assurer de la cohérence dans les différents axes de travail : Costa Rica et Royaume-Uni.
Enfin, la Présidence britannique mènera des consultations avec les Chefs de délégation sur les principales décisions de la COP/CMA/CMP.
Voir résumé des remarques du Président britannique lors de cette plénière informelle.
Négociations au sein de la COP
Financement à long terme
Des consultations informelles, co-facilitées par Belize et Norvège, ont été menées. Les co-facilitateurs ont demandé aux Parties de donner leurs points de vue sur des éléments de texte pour un projet de décision qui comporte deux options : la première option selon laquelle les discussions sur le sujet « financement à long terme » se poursuivront au sein de la COP et la 2e option selon laquelle ces discussions prennent fin au sein de la COP [sous-entendu elles continueront uniquement au sein de la CMA].
Les pays industrialisés se sont prononcés pour la 2e option.
Les pays en développement ont souligné la nécessité de poursuivre les discussions sur le financement à long terme afin de disposer d’un dispositif permettant de suivre la réalisation de l’objectif de 100 Md$/an en 2020, en pointant le fait qu’il n’a pas encore été respecté et qu’il a été prolongé par l’Accord de Paris jusqu’en 2025. Ils ont insisté sur le fait qu’il soit urgent pour les pays développés de respecter leurs obligations et d’accroître leurs efforts, notamment en ce qui concerne l’adaptation et le financement basé sur les dons (et non les prêts).
Les co-facilitateurs ont invités les Parties à s’échanger informellement sur ces questions. Ils élaboreront une nouvelle version du projet de décision.
Négociations au sein de la CMA
Financement : lancement des discussions sur un nouvel objectif chiffré collectif post-2025
Contexte
Conformément à la décision 14/CMA-1 adoptée à la COP-24, les discussions (et non « les négociations ») doivent être lancées lors de la COP-26 pour fixer avant 2025 un nouvel objectif chiffré collectif post-2025 en matière de financement climat à long terme à partir du niveau plancher de 100 Md$/an et ce, alors que le niveau plancher n’a lui-même pas été atteint (lire notre article).
Dans le cadre des consultations informelles, co-facilitées par l’Afrique du Sud et de la Finlande, les co-facilitateurs ont présenté la 2e version du projet de texte qui comporte des sections sur : le préambule, l’initiation des travaux, l’organisation des travaux, le calendrier, les aspects de fond, et les données d’entrée. En ce qui concerne l’organisation des travaux, plusieurs options sont énumérées : un comité ad hoc, un groupe de travail ad hoc ou un organe subsidiaire dans le cadre de l’Accord de Paris, des ateliers qui se tiendront lors des sessions SBSTA/SBI, des dialogues ministériels de haut niveau,…
Le groupe de négociation Afrique (qui rassemble 54 pays du continent africain) et le groupe des pays en développement partageant la même vision sur le climat [Like Minded Developing Countries ou LMDC], dont la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite,… – voir p.78 de notre dossier de fond sur les enjeux de la COP-26) ont appelé les pays industrialisés à mobiliser au moins 1 300 milliards de $ par an d’ici 2030, répartis à égalité entre l’atténuation et l’adaptation, et au moins 100 Md$/an fournis sous forme de dons (subventions). Cet appel figure au paragraphe 8 d’une proposition informelle (conference room paper) de décision de la CMA que les deux groupes de négociation ont soumise à la Présidence britannique. Selon Climate Home News, les pays industrialisés ont rechigné à entrer dans les modalités techniques du nouvel objectif (sur le fond), soulignant que la décision à adopter à Glasgow devrait se limiter aux modalités sur la forme (la procédure à suivre) en vue de l’adoption d’une décision complète en 2024 (source : Climate Home News, Developing countries put a number on post-2025 climate finance needs: $1.3trn a year, du 8 nov. 2021).
Les consultations informelles se poursuivront mardi 9 novembre 2021.
Première réunion du Dialogue ministériel biennal sur le financement climat (dans le cadre de la CMA)
Contexte
Un nouveau dialogue ministériel sur la question du financement climat post-2020 a été établi au titre de l’Accord de Paris (et non au titre de la CCNUCC). La décision 12/CMA-1, adoptée en 2018 à Katowice dans le cadre des règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris, établit un Dialogue ministériel biennal de haut niveau sur le financement climat qui sera convoqué à partir de 2021 [à l’instar de celui mis en place sur la période 2014-2020 dans le cadre de la CCNUCC – lire notre article].
La première réunion de ce nouveau dialogue s’est tenue le 8 novembre 2021 dans le cadre de la CMA-3.
Dans son discours d’ouverture, le président de la COP-26, Alok Sharma, a souligné que le financement est un pilier essentiel de l’Accord de Paris, et a reconnu la nécessité de mobiliser des milliers de milliards de dollars, avec le secteur privé, de répondre aux besoins d’adaptation des pays en développement et de progresser vers un accord sur un objectif de financement pour l’après-2025. Les discussions ont ensuite été menées dans le cadre de trois tables rondes :
- accroître la prévisibilité du financement climat,
- le financement alloué à l’adaptation,
- les tendances futures.
Concernant l’amélioration de la prévisibilité du financement climat, les participants au dialogue ont souligné :
- la nécessité de disposer d’informations détaillées qui ventilent le financement alloué à l’adaptation ;
- la clarté sur les types d’instruments financiers, en indiquant une préférence pour les subventions plutôt que les prêts ;
- des processus simplifiés et des délais de versements plus courts pour faciliter l’accès aux fonds ;
- la participation des communautés locales ; et
- des méthodologies claires pour suivre les progrès, notamment par le biais d’une définition consensuelle du financement climat (qui fait encore défaut).
Les discussions des trois tables rondes ont fait ressortir des points récurrents, en particulier le besoin de combler l’écart en matière d’adaptation via une augmentation du financement consacré à l’adaptation et une réduction des obstacles à l’accès au financement ; et le rôle du financement public dans la mobilisation de financement du secteur privé.
En savoir plus
Programme global provisoire de la Conférence de Glasgow
Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 9e journée (source principale des informations du présent article)
Carbon Brief : « Who wants what at COP26« , 29 octobre 2021. Cet article fournit un outil interactif sur les attendus des différents groupes de négociation par thème.