Journal de la COP-26 | Retour sur la quatrième journée
Négociations au sein de la CMA (réunion des Parties à l’Accord de Paris)
Transparence du financement ex ante (article 9.5)
Dans le groupe de contact co-facilité par la Norvège et Belize, les Parties ont échangé leurs points de vue sur la compilation-synthèse des informations contenues dans les communications biennales soumises au titre de l’article 9.5 (publiée le 1er juin 2021) et le rapport de synthèse du premier atelier biennal sur le sujet qui a eu lieu le 11 juin 2011. Plusieurs pays en développement ont souligné l’importance de la prévisibilité du financement climat.
Négociations au sein du SBSTA [organe subsidiaire pour le conseil scientifique et technologique]
Article 13 (transparence : tableaux de rapportage)
Pour le contexte, voir notre article « Retour sur la 3e journée » publié hier.
Sous-volet « formats communs pour le rapportage des informations nécessaires pour suivre les progrès accomplis dans la mise en œuvre des NDC et la réalisation des objectifs » : des consultations informelles, co-facilitées par la Nouvelle-Zélande, ont été menées. Les Parties ont demandé aux co-facilitateurs de resserrer davantage les options actuellement sur la table (note informelle du SBSTA du 9 déc. 2019 @21h30 [lors de la COP-25 à Madrid] et note informelle du SBSTA [au terme de sa session de mai-juin 2021]) indiquant les possibilités de fusionner certaines options pour raccourcir le texte et de mettre en exergue les éléments divergents. D’après plusieurs Parties, « on est plus proche [d’un résultat] qu’on ne le pensait ». De surcroît, plusieurs pays en développement ont souligné que beaucoup des points divergents portent sur la façon comment présenter les informations, plutôt que sur quelles informations intégrer (sur la forme et non la forme donc).
Sous-volet « tableaux communs [dits CRT pour common reporting tables] pour le rapportage des données d’émissions de GES dans les inventaires nationaux » : des consultations informelles, co-facilitées par la Chine, ont été menées. Les discussions ont été centrées sur les dispositions sur la différenciation (la flexibilité) entre les pays industrialisés et les pays en développement en ce qui concerne les obligations de rapportage. Un projet de texte (version du 4 nov. 2021 @ 06h51) a été publié avec un lien vers les CRT en annexe.
Sous-volet « « grandes lignes du rapport de transparence biennal (BTR) et de l’inventaire national » : des consultations informelles, co-facilitées par la Nouvelle-Zélande, ont été menées.
Article 6 (mécanismes de marché)
Pendant la journée du 3 novembre 2021, dans le cadre de consultations informelles co-facilitées par l’Afrique du Sud, Barbade, la Norvège et les Pays-Bas, les Parties ont échangé leurs points de vue sur les trois projets de texte (draft text) publiés la veille par le Président du SBSTA, et les lignes directrices et les règles qu’ils établissent :
- lignes directrices sur les approches coopératives au titre de l’article 6.2 (version 1 du 2 novembre 2021 @ 1h30),
- règles, modalités et procédures pour le mécanisme établi par l’article 6.4 (mécanisme de développement durable ou MDD) (version 1 du 2 novembre 2021 @ 1h30),
- programme de travail dans le cadre des approches non fondées sur le marché au titre de l’article 6.8 (version 1 du 2 novembre 2021 @ 1h30).
Article 6.2 (approches coopératives [transferts de réduction entre pays de façon bilatérale, ITMO]) : les Parties ont notamment débattu de la question des ajustements correspondants, c’est-à-dire des critères de non double-comptage.
Les Parties ont également examiné la question de l’ambition dans le cadre de l’article 6.2. L’importance d’un équilibre entre les lignes directrices applicables à l’article 6.2 et celle applicables à l’article 6.4 a été soulignée. Il a été suggéré que parmi les règles d’application de l’article 6.2 à adopter, l’ITMO devrait contribuer à la réalisation des objectifs à long terme de l’Accord de Paris.
Par ailleurs, les Parties ont débattu de deux autres questions qui ont constitué des points de blocage lors de la COP-24, puis de la COP-25 :
- la protection des droits de l’homme dans la mise en œuvre de projets au titre de l’article 6.2 et
- la part des recettes: s’il faut mettre de côté une part des recettes issues de la mise en œuvre de projets bilatéraux (au titre de l’art. 6.2) pour financer des actions d’adaptation dans les pays vulnérables et ce, via le Fonds d’adaptation.
Pour en savoir plus sur ces points divergents, voir pp.13-14 du dossier de fond du Citepa « De la COP-25 à la COP-26 ».
Article 6.4 (mécanisme de développement durable ou MDD) : les Parties ont notamment centré les discussions sur les niveaux de référence (baselines) et l’additionnalité. L’article 6.4d pose le principe que le MDD doit « permettre une atténuation globale des émissions mondiales » (en anglais : overall mitigation in global emissions ou OMGE), c’est-à-dire que le MDD doit produire des réductions additionnelles, plutôt que tout simplement de compenser des émissions.
Les discussions ont également été axées sur les fonctions de l’organe qui doit être désigné par la CMA pour superviser le MDD (organe prévu par l’article 6.4).
Enfin, les Parties ont échangé leurs points de vue notamment sur :
- les ajustements correspondants» (corresponding adjustments ou CA) au titre de l’article 6.4. L’article 6.5pose le principe que « les réductions d’émissions résultant du MDD ne doivent pas être utilisées pour réaliser la NDC de la Partie hôte, si elles sont utilisées par une autre Partie pour réaliser sa propre NDC » ;
- la part des recettes: quelle part des recettes à réserver pour financer les projets d’adaptation dans les pays vulnérables (art.6.4) via le Fonds d’adaptation ? Cette question a fait l’objet d’un dissensus lors de la CMA-2 (Madrid, décembre 2019). Les pays en développement préconisaient 5% et les pays industrialisés 2% ;
- la transition du mécanisme pour un développement propre (MDP, établi par l’article 12 du Protocole de Kyoto, il a pris fin à la fin de la 2e période d’engagement 2013-2020, le 31 décembre 2020) vers le MDD , et la transition concernant les crédits d’émission des projets MDP. La question de savoir s’il faut transférer ou annuler les crédits d’émission issus de la mise en œuvre des projets MDP (pré-2020 donc), dits crédits Kyoto ou unités de réduction certifiée des émissions (URCE), est le deuxième point divergent des négociations sur l’article 6 (après celui sur le double comptage) depuis la COP-24 en passant par la COP-25 et la session de mai-juin 2021 du SBSTA. Si les Parties décidaient d’autoriser le transfert des crédits Kyoto existants, il ne s’agirait pas de réductions additionnelles – ces réductions ont déjà été comptabilisées bien avant 2020. Or, des réductions additionnelles sont nécessaires pour parvenir à une atténuation globale des émissions mondiales (OMGE, cf. art. 6.4d). Cela pourrait inonder le marché international de crédits d’émission (« air chaud ») et donc cela compromettrait l’intégrité environnementale du mécanisme et de l’Accord lui-même. Lors de la CMA-2, quatre pays (Brésil, Inde, Australie, Chine) étaient fermement pour le transfert des URCE u MDP vers le MDD alors que l’UE en tête était contre.
Article 6.8 (mécanismes non fondés sur le marché) : les Parties ont surtout débattu les modalités de gouvernance.
Négociations au sein du SBI [organe subsidiaire pour la mise en oeuvre]
Article 4.10 (calendriers communs)
La Présidente du SBI, facilitateur des négociations, a présenté ses propositions de conclusions sur ce sous-volet des règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris, assorties d’un projet de décision en annexe. Celui-ci comporte neuf options basées sur sa note du 16 juin 2021 (élaborée au terme de la session du SBI de mai-juin 2021- voir plus loin), des contributions issues des consultations informelles soumises depuis. Elle a souligné que ce projet de décision reflète tous les points de vue et toutes les options sur un pied d’égalité. L’objet de cette réunion sur l’article 4.10 hier le 3 novembre 2021 n’était pas de prendre une décision, mais de réduire le nombre d’options dans le texte et de s’assurer que le SBI transmette une base de négociation à la CMA pour la 2e semaine de la Conférence de Glasgow. Après des discussions, les Parties se sont mises d’accord pour transmettre les propositions de conclusions et un projet de texte (draft text) à la CMA-3 pour examen et adoption la semaine prochaine.
Voir les propositions de conclusions et le projet de texte transmis à la CMA-3.
Autres temps forts de la 4e journée
Coalition des Ministres des Finances pour l’action climat
La Présidence britannique de la COP-26 a convoqué une réunion de la coalition des Ministres des Finances pour l’action climat, créée en 2019 (voir ci-dessous) et du réseau des banques centrales pour le verdissement du système financier (Network of Central Banks and Supervisors for Greening the Financial System ou NFGS). Parmi les sujets à l’ordre du jour : les meilleures pratiques pour la prise en compte généralisée des risques climatiques et des opportunités dans la prise de décision en matière de politiques financière et économique.
Voir communiqué conjoint de la Présidence et de la CCNUCC sur les résultats de cette réunion.
En savoir plus
Programme global provisoire de la Conférence de Glasgow
Carbon Brief : « Who wants what at COP26« , 29 octobre 2021. Cet article fournit un outil interactif sur les attendus des différents groupes de négociation par thème.