Le Giec reprogramme les dates d’approbation de son 6e rapport d’évaluation (AR6)
Le 28 mai 2021, le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a annoncé dans un communiqué avoir reprogrammé les dates d’approbation de deux des trois volumes de son prochain rapport d’évaluation, son sixième (dit AR6) depuis le premier en 1990 (voir encadré en fin d’article). Cette décision s’explique par la perturbation importante des travaux d’élaboration de l’AR6 provoquée par la pandémie du Covid-19, et notamment par le retard des travaux scientifiques (y compris l’élaboration de travaux scientifiques à évaluer dans l’AR6) et des réunions clés (des auteurs, de coordination…). La décision a également été motivée par l’importance de préserver la qualité scientifique de l’évaluation du Giec. En raison de cette situation inédite, le Giec a dû modifier à plusieurs reprises le calendrier des étapes clés de l’AR6.
Les nouvelles dates
- contribution du groupe de travail (WG) I (bases scientifiques physiques) : les dates d’approbation restent inchangées depuis le premier report (juin 2020) : session d’approbation 26 juillet – 6 août 2021. Date de publication du rapport : 9 août 2021 [date de publication initiale : avril 2021, reportée en juin 2020 à juillet 2021].
- contribution du groupe de travail (WG) II (impacts, adaptation et vulnérabilité): session d’approbation 14-18 février 2022. Date de publication du rapport : 21 février 2022 [date de publication initiale : oct. 2021] ;
- contribution du groupe de travail (WG) III (atténuation): session d’approbation 21-25 mars 2022. Date de publication du rapport : 28 mars 2022 [date de publication initiale : juillet 2021, reportée en janvier 2020 au 6-10 sept.2021] ;
- rapport de synthèse (intégration des résultats des rapports des trois groupes de travail et de ceux des trois rapports spéciaux publiés dans le cadre du 6e cycle d’évaluation du Giec : réchauffement à +1,5°C ; climat et terres; océans et cryosphère) : session d’approbation 26-30 septembre 2022. Date de publication du rapport : 3 octobre 2022 [date de publication initiale : avril 2022] .
Le Giec souligne par ailleurs que les dates sont basées sur le principe que ces réunions aient lieu en présentiel. Ces nouvelles dates sont encore provisoires et seront arrêtées par la suite en fonction de la disponibilité des lieux convenables pour tenir ces sessions en présentiel.
Par ailleurs, le Giec a annoncé, le 4 mai 2021, que la version finale du projet de rapport du groupe de travail I et la version finale de son résumé à l’intention des décideurs (summary for policymakers) ont été transmises aux Gouvernements pour avis et commentaire en amont de leur examen lors de la session plénière d’approbation précitée.
La principale conséquence de cette reprogrammation
Cette reprogrammation a pour principale conséquence que seul le rapport du WG I sera adopté et publié pour la COP-26 (1-12 novembre 2021). Le 6e rapport au complet (rapports du WG I, II et III + rapport de synthèse) ne sera donc pas disponible pour éclairer les négociateurs de la COP-26. Néanmoins, il sera disponible en amont du bilan global (global stocktake) prévu en 2023 conformément à l’article 14 de l’Accord de Paris).
En savoir plus
Le communiqué du Giec
Le site du Giec (voir notamment les rubriques « Reports » et « Working Groups« ).
Le Giec et ses rapports d’évaluation
Les missions du GIEC
Le Giec, connu également par son acronyme anglais IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change), a été établi en 1988 par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Il a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les travaux et informations scientifiques, techniques et socio-économiques qui sont pertinents pour comprendre les bases scientifiques du changement climatique, ses risques, ses impacts et conséquences réels et potentiels, ainsi que les options pour l’atténuation du phénomène (la réduction des émissions de GES) et l’adaptation à celui-ci. Le Giec n’a pas pour mandat d’effectuer des travaux de recherche, ni de suivre l’évolution des variables climatologiques.
Des centaines de spécialistes reconnus (astrophysiciens, climatologues, océanographes, biogéochimistes, hydrologues, météorologues, glaciologues, paléontologues, biologistes, agronomes, géologues, physiciens, économistes,…) provenant du monde entier contribuent à l’élaboration des rapports du Giec en tant qu’auteurs, contributeurs ou relecteurs. Les évaluations du Giec sont principalement fondées sur les informations contenues dans les publications, revues et ouvrages scientifiques, techniques et socio-économiques dont la valeur scientifique est largement reconnue et qui sont disponibles à l’échelle internationale. Le Giec s’appuie en priorité sur les articles, études et autres travaux publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture (évaluation scientifique réalisée par des pairs). A partir de cet énorme corpus scientifique existant (plusieurs milliers de publications), le Giec élabore des rapports et des synthèses et construit des scénarios d’évolution du climat.
Les rapports d’évaluation (Assessment Reports)
L’une des principales tâches du Giec consiste à procéder, à intervalles réguliers, à une évaluation de l’état des connaissances relatives au changement climatique. A ce jour, le Giec a publié cinq rapports d’évaluation (1990, 1996, 2001, 2007 et 2013-2014), chacun composé de trois tomes (science, impacts/adaptation/vulnérabilité, atténuation). Chacun des trois tomes est accompagné d’un résumé pour les décideurs [politiques] condensant et synthétisant leurs résultats et conclusions respectifs sous une forme interprétable par les décideurs politiques. Le GIEC a lancé son 6e cycle d’évaluation en 2016. Lors de sa 46e session (6-10 septembre 2016 à Montréal), le GIEC s’est mis d’accord sur les grandes lignes (outlines) de son 6e rapport d’évaluation (AR6) qui sera publié en 2021-2022.
Les rapports d’évaluation du Giec constituent une référence, dressant un bilan mondial rigoureux, détaillé et éclairé de l’état actuel des connaissances scientifiques sur le changement climatique, tant pour les scientifiques eux-mêmes que pour les décideurs du monde entier. Ces rapports constituent un apport scientifique solide aux négociations internationales sur le climat dans le cadre de la Convention Climat. Le Giec contribue notamment à sa mise en œuvre par ses travaux sur les méthodes à appliquer pour la réalisation des inventaires nationaux d’émission de GES.
Les trois groupes de travail du GIEC
Groupe de travail I (WG I) : bases scientifiques du changement climatique,
Groupe de travail II (WG II) : impacts, adaptation et vulnérabilité,
Groupe de travail III (WG III) : atténuation du changement climatique [les solutions envisageables, c’est-à-dire les options politiques et les mesures de réduction des GES, ainsi que les coûts socio-économiques de ces options].
Les activités de chaque groupe de travail sont coordonnées et gérées par une unité de soutien technique (TSU en anglais) qui est financée par le pays hôte associé. La TSU du WG I est située en France, au sein de l’Université Paris Saclay (voir l’équipe). Cette TSU est ainsi soutenue financièrement par le Gouvernement français (Ministère des Affaires étrangères, Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Ministère de la Transition Ecologique), ainsi que par l’Ademe. La TSU bénéficie également du soutien informatique du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE)/Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL). La TSU du WG II est située en Allemagne et celle du WG III au Royaume-Uni.
Chaque groupe de travail est co-présidé par deux experts éminents, accrédités par leur Gouvernement et représentant respectivement un pays industrialisé et un pays en développement ou émergent. Ainsi, Valérie Masson-Delmotte, climatalogue française, est co-Présidente du WG I avec Panmao Zhai (Chine).