L’essor du carbone bleu ?
Les mers et océans ont la capacité de séquestrer et de stocker du carbone, notamment dans les fonds marins sédimentaires mais aussi dans les écosystèmes marins et littoraux (algues, mangroves…), comme l’avait montré en 2009 un rapport de référence sur le sujet sous l’égide du PNUE et de la FAO : Blue carbon : the role of healthy oceans in binding carbon (Nelleman et al., 2009). Ce « carbone bleu » n’est généralement pas comptabilisé dans les inventaires nationaux d’émissions de gaz à effet de serre, qui se concentrent sur les flux de carbone des terres gérées. En France, le rapport EFESE (2020) sur les services écosystémiques avait proposé des premières quantifications des stockages de carbone dans les eaux territoriales françaises.
Néanmoins, dans le contexte des objectifs de neutralité carbone portés par les Etats, territoires et entreprises, tous les moyens de générer des émissions négatives (absorptions de CO2) sont étudiés avec attention : la biomasse terrestre (forêts, haies…), les sols, les techniques de captage et stockage du carbone (CSC ou CCS en anglais)… et le carbone bleu.
En Chine, un premier projet de compensation recourant au carbone bleu
En 2021, comme le rapporte la plateforme chinoise sur les marchés carbone IdeaCarbon (en chinois), les crédits carbone (160 000 t CO2 entre 2015 et 2055) qui seront générés par le projet de restauration de la Mangrove de Zhanjiang (Guangdong) ont été certifiés par le Verified Carbon Standard (VCS) et le Climate Community Biodiversity Standard (CCB). Ce projet constitue le premier à générer des crédits carbone via le recours au carbone bleu en Chine.
En France, un projet de crédit carbone générés par l’herbier de Posidonie dans le cadre du label bas-carbone
En mars 2021, le projet de recherche « Prométhée – Med » a été lancé par les sociétés EcoAct, Interxion, Schneider Electric France et le Parc national des Calanques en Méditerranée. Il vise à établir la première méthodologie de certification des mesures de conservation et de préservation des herbiers marins dans le cadre du label bas-carbone, avec un site pilote dans le parc des Calanques autour de l’herbier de Posidonie, qui a la particularité de pouvoir stocker de très importantes quantités de carbone (jusqu’à 1500 t C/ha). Or, les surfaces sous-marines couvertes par cette espèce ont fortement diminué (-1,5%/an). En regénérant ces surfaces, le projet vise à sauvegarder les stocks de carbone existants et les augmenter.
Le projet de méthodologie label bas-carbone associée doit encore être soumis à la DGEC (Direction Générale Energie Climat) du Ministère de la Transition Ecologique ; puis cette méthodologie de calcul, s’appuyant sur le site pilote des Calanques et sur l’état de l’art scientifique, devra être rédigée et validée par la DGEC avec l’appui de ses partenaires techniques (dont le Citepa) avant de pouvoir certifier les projets. Ces résultats sont attendus début 2022.
En savoir plus
Nellemann, C., Corcoran, E., Duarte, C. M., Valdés, L., De Young, C., Fonseca, L., Grimsditch, G. (Eds). 2009. Blue Carbon. A Rapid Response Assessment. United Nations Environment Programme, GRID-Arendal. Consulter ou accéder à la page du rapport et son résumé
Rapport EFESE : Du constat à l’action : rapport de première phase de l’évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques, Octobre 2020. (Rapport, page consacrée au rapport et résumés).
Analyse des principaux enjeux et opportunités du carbone bleu par EcoAct