Impact sanitaire des particules : au-delà de la quantité et de la granulométrie, le potentiel oxydant
D’après une étude publiée le 18 novembre 2020 dans la revue internationale Nature, l’effet sanitaire de l’exposition aux concentrations de particules (PM10) dépend non seulement de leur quantité dans l’air ambiant, de leur granulométrie, mais aussi de leur potentiel oxydant (pouvoir de nuire aux cellules de notre organisme, et provoquer des lésions de certains tissus). L’effet de ce dernier paramètre était jusqu’ici discuté et incertain. Cette nouvelle étude, qui se base sur des observations et de la modélisation en Europe, montre que le potentiel oxydant dépend de la source d’émissions de ces particules, et est liée à la combustion de biomasse pour le chauffage résidentiel – autrement dit, le chauffage au bois – et les particules émises par les véhicules routiers par les pneus et les plaquettes de frein (émissions dites abrasion, en opposition aux émissions de la combustion).
Les auteurs suggèrent ainsi que, dans les politiques et plans d’amélioration de la qualité de l’air, ne soient pas seulement pris en compte les niveaux de concentration, mais aussi le type de particules en fonction de cet effet différencié. Ainsi, ils considèrent que les particules dans les zones urbaines sont trois fois plus toxiques que celles présentes en milieu rural.
L’éclairage du Citepa
Les particules issues de l’abrasion des véhicules et du chauffage au bois dans l’inventaire national
L’inventaire national d’émissions de polluants, mis à jour chaque année par le Citepa, prend en compte, pour estimer les émissions de particules issues du transport routier (PM10, PM2,5, PM1,0 et composante carbone suie), celles provenant de la combustion et celles provenant de l’abrasion des pneus et des plaquettes de frein. L’inventaire permet aussi de distinguer les émissions par secteur et par type de combustible (dont le bois). En 2018, d’après la dernière édition du rapport Secten du Citepa, les émissions totales de PM10 se sont élevées à 215 kt. Sur ce total :
- la combustion du bois représente 29% des émissions (62kt) [potentiel oxydant]
- l’abrasion des pneus et freins des véhicules routier représente 7% des émissions (15kt) [potentiel oxydant]
- la combustion des véhicules routiers représente 6% des émissions (12kt)
- l’industrie manufacturière et la construction représente 26% des émissions (56kt)
- l’agriculture représente 24% des émissions (32kt)
Plus d’informations : rapport Secten, éd. 2020.
En savoir plus
Daellenbach, K. R., Uzu, G., Jiang, J., Cassagnes, L. E., Leni, Z., Vlachou, A., … & Kuenen, J. J. (2020). Sources of particulate-matter air pollution and its oxidative potential in Europe. Nature, 587(7834), 414-419. Consulter.
OCDE : Non-exhaust particulate emissions from road transport – An ignored environmental policy challenge, 7 décembre 2020 (+ communiqué).
Lire aussi nos articles récents :
« Nouvelle preuve des effets sur la santé des particules émises par les véhicules motorisés », publié le 4 février 2020.
« Une étude européenne s’intéresse à la toxicité des particules émises par les plaquettes de frein« , publié le 10 janvier 2020.