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Pollution de l’air et Covid-19 : quel bilan fin 2020 ?

  • Réf. : 2020_12_a02
  • Publié le: 8 décembre 2020
  • Date de mise à jour: 8 décembre 2020
  • France
  • International

Le Citepa a réalisé plusieurs synthèses des publications sur les effets de la crise du Covid-19 sur la pollution de l’air, et sur les liens possibles entre crise sanitaire et qualité de l’air :

D’après ces différents travaux, lors du premier confinement, une baisse importante des concentrations en NO2 a eu lieu (autour de -40 à -50%), moins importantes pour les PM2.5 (autour de -7 %), parce que les sources d’émissions de ces deux types de polluants n’étaient pas les mêmes et n’étaient pas affectées pareillement par la crise. Depuis, de nouveaux travaux ont été publiés pour compléter ces analyses.

 

Le Baromètre du Citepa, pour un suivi des émissions de l’année en cours

Pour répondre au besoin de réactivité lié aux enjeux de l’urgence climatique et de qualité de l’air, en particulier en ce moment avec en plus les mesures sanitaires exceptionnelles, le Citepa propose aujourd’hui des estimations mensuelles des émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques dans l’année en cours. Ce baromètre mensuel des émissions est calculé en cohérence avec les émissions annuelles. Il permet de suivre l’évolution des émissions au fil des mois de l’année en cours, et de comparer les émissions mois à mois avec l’année précédente.

D’après ce baromètre, les mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19 ont eu un impact fort, en particulier lors du confinement du printemps 2020, sur certains polluants dont les secteurs dominants sont les transports et l’industrie. En particulier, les émissions de NOx ont été réduites de 44% en moyenne en avril 2020 par rapport à avril 2019 (de -17% pour le premier semestre) et de -62% pour le secteur des transports uniquement.

Comparaison des émissions de NOx du transport routier en France

 

Pour les particules fines (PM2,5), la baisse, sur la même période, est moins forte, avec -16% entre avril 2019 et avril 2020, -6% pour le premier semestre. En effet, outre les transports, l’industrie manufacturière et l’industrie de l’énergie, d’autres secteurs émetteurs comme les bâtiments résidentiels et tertiaires ou encore l’agriculture n’ont pas connu les mêmes impacts.

Comparaison des émissions de PM2,5 entre le 1er trimestre 2019 et 2020

 

Moins de baisse des concentrations lors du deuxième confinement

D’après un bilan d’Airparif publié le 10 novembre 2020 (voir le communiqué de presse), en Île-de-France, le deuxième épisode de confinement n’a pas donné lieu à des diminutions des concentrations aussi fortes que lors du premier confinement. D’après les estimations d’Airparif, les émissions de NOx liées au trafic routier, à Paris (hors périphérique) avaient diminué de près de 70% lors du premier confinement mais de seulement de 20% à 30% lors du deuxième.

L’Observatoire Régional de Santé d’Île-de-France, dans un rapport intitulé Pollution de l’air et Covid-19 revue des connaissances, impact des mesures de confinement et enjeux pour l’Île-de-France, publié le 28 septembre 2020, propose entre autres une synthèse des études sur l’amélioration de la qualité de l’air suite aux mesures de confinement dans le monde. Pour l’Île-de-France en particulier, il indique une baisse « sans précédent » des concentrations de NO2 (-20 à -35%) surtout près des axes routiers (-50%) ; une baisse de 30% des concentrations de particules ultrafines (<100nm) ; malgré une persistance des émissions liées au chauffage au bois et aux épandages agricoles.

 

Lien entre pollution de l’air et Covid-19

Dans notre synthèse d’avril 2020, nous présentions déjà des études qui indiquaient que la pollution de l’air pouvait être un facteur aggravant de la crise épidémique. D’après une autre étude, publiée par le journal Cardiovascular Research le 27 octobre 2020, s’appuyant notamment sur des données aux Etats-Unis, en Italie et en Chine, l’exposition à long-terme à la pollution aux particules fines pourrait être liée à 15% des décès du Covid-19 dans le monde (cette proportion montant à 19% en Europe, 18% en France en particulier ; et à 27% en Asie).

Une autre étude, publiée le 22 septembre 2020 dans la revue The Lancet, a estimé quant à elle les impacts positifs des mesures de confinement sur l’amélioration de la pollution de l’air en Europe et en Chine, et les effets sanitaire bénéfique, à court et long terme de cette amélioration. D’après cet article scientifique, la réduction des concentrations de particules fines (PM2·5) aurait permis d’éviter, sur le long terme en Europe, entre 13 600 et 29 500 morts prématurés.

L’Observatoire Régional de Santé d’Île-de-France, dans son rapport précité, propose une revue de la littérature scientifique pour examiner les liens entre pollution atmosphérique et Covid-19. Il en conclut notamment que « la pollution de l’air peut être considérée comme un cofacteur de morbi-mortalité par Covid-19 » ; « [qu’] en l’état actuel des connaissances, il n’y a pas de données scientifiques probantes permettant de dire que le virus peut être transporté par des particules atmosphériques » ; que des travaux montrent des bénéfices sanitaires liés à l’amélioration de la qualité de l’air permise par les mesures de confinement.

Enfin, une étude, publiée le 21 novembre 2020 dans la revue Earth Systems and Environment par des chercheurs de l’Université de Genève (voir leur résumé et le communiqué de presse) suggère que les fortes concentrations de particules fines peuvent moduler, voire amplifier, les vagues de contamination.

 

Impact positif sur la production agricole

D’après une étude internationale (voir le résumé du Centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne), menée notamment par des experts du JRC, se basant sur des observations satellitaires, les réductions de concentrations de NO2 dans le monde (autour de -10% à -30% selon les régions) ont mené à des réductions des concentrations en ozone près du sol. Cela aurait mené, d’après les modélisations, à des hausses de productivité agricoles, et notamment du blé, de +2% à +8% (les plus fortes étant en Chine et en Corée du Sud).

 

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