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Hausse des éditions mondiales de méthane : édition 2020 du Global Methane Budget

  • Réf. : 2020_07_a09
  • Publié le: 21 juillet 2020
  • Date de mise à jour: 21 juillet 2020
  • International

Le 15 juillet 2020, le Global Carbon Project (GCP*) a publié son bilan mondial des émissions de méthane (CH4), qui se base sur des travaux pilotés par le LSCE (Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement), également publiés sous forme d’articles scientifiques (voir En savoir plus).

 

Le méthane et l’effet de serre

Le méthane est un puissant gaz à effet de serre, un forceur climatique à courte durée de vie ainsi qu’un précurseur d’ozone troposphérique. Il est ainsi concerné à la fois par les problématiques de changement climatique et de pollution atmosphérique. Selon l’édition 2019 du Bulletin annuel sur les GES publié par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), le CH4 est le deuxième contributeur au forçage radiatif total des GES, à hauteur de 17% en 2018, après le CO2 (66%) et avant le N2O (6%). En 2018, les concentrations moyennes mondiales de CH4 dans l’atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevés jamais enregistrés depuis l’époque préindustrielle (1750) : 1 869 parties par milliard (ppb), soit +159% depuis 1750 (722 ppb).  Par rapport aux autres principaux gaz à effet de serre (CO2, N2O, HFC, PFC, SF6, NF3), le CH4 a une durée de vie dans l’atmosphère courte. Ainsi, dans son 5e rapport d’évaluation (2013), le Giec l’estime à 12,4 ans, soit une légère réévaluation de son estimation de 12 ans indiquée dans son 4e rapport (2007). C’est pour cette raison que le CH4 fait partie de la catégorie des forceurs climatiques à courte durée de vie. Quant à la valeur PRG du CH4, elle diffère sensiblement selon que le PRG soit considéré sur 20 ans ou sur 100 ans. Sur 100 ans, le 5e rapport d’évaluation l’estime à 28 ans (contre 25 ans dans le 4e rapport). Cependant, sur 20 ans, le PRG du CH4 est beaucoup plus important : 84 dans le 5e rapport (contre 72 dans le 4e rapport). Autrement dit, le CH4 a un effet sur le climat beaucoup plus fort à court terme (20 ans) qu’à long terme (100 ans).

 

Cette étude vient confirmer des travaux précédents, publiés en juin 2019, qui montraient une forte hausse des émissions mondiales de CH4 entre 2014 et 2018.

 

Sources d’émission

Les émissions mondiales de CH4 sont encore quantifiées avec incertitude car on estime que seulement 60% des émissions mondiales de CH4 sont directement anthropiques, les 40% restant étant d’origine naturelle (zones inondées, lacs, réservoirs, termites, émissions géologiques, hydrates, etc.).

Selon ce bilan, après une période de stabilisation au début des années 2000, les émissions mondiales de CH4 ont augmenté de 9 % (soit environ 50 millions de tonnes) entre la période de référence 2000-2006 et 2017, avec une accélération depuis 2014. Cette hausse est principalement liée aux émissions d’origine anthropique, et précisément aux secteurs des énergies fossiles et des déchets (à égale répartition). Cette tendance récente s’inscrit dans une tendance d’augmentation des concentrations de CH4 incompatible avec les objectifs de limiter le réchauffement à +2°C voire à 1,5°C.

En reprenant les données d’inventaires des différents pays, le GCP indique que les émissions de méthane proviennent, à 30% de l’élevage (fermentation entérique et gestion des fumiers), à 23% de l’extraction et exploitation des combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon), à 18% de la gestion des déchets, à 8% de la riziculture.

En France, d’après l’inventaire national d’émissions de GES réalisé par le Citepa, les émissions de CH4 proviennent à 68% du secteur agricole et à 23% du secteur des déchets.

 

Des dynamiques différentes selon les régions

La hausse globale des émissions de CH4, selon ces travaux, est surtout liée à une augmentation des émissions en Chine et Amérique du Nord (émissions liées à l’exploitation des énergies fossiles) ainsi qu’en Afrique et dans le reste de l’Asie (émissions liées aux secteurs des déchets et de l’agriculture : élevage et riziculture). L’Europe serait alors la seule région du monde où les émissions semblent avoir diminué (-2 à -4 Mt), surtout grâce aux réductions d’émissions dans les secteurs agricoles et des déchets.

A noter qu’en France les émissions de CH4 ont baissé de manière significative sur la période 1990-2018 (‑13,2 Mt CO2e au niveau du total national avec UTCATF, soit environ -20%). Cette baisse est due en particulier aux évolutions du secteur de la transformation d’énergie (-5,5 Mt CO2e soit -83%) avec la cessation progressive de l’exploitation des gisements de charbon en France et le développement des programmes de remplacement des tronçons les plus vétustes du réseau de transport et de distribution gazier. Aujourd’hui, les émissions de ce secteur sont faibles et majoritairement dues à la distribution de gaz. Le secteur agricole, principale source d’émission de CH4 du fait majoritairement de la fermentation entérique et des déjections animales, présente également une baisse de ses émissions, dans des proportions modestes. (source : Citepa, rapport Secten éd. 2020).

 

Voir le graphique en ligne

Enfin le GCP note que, si les modèles prédisent des émissions naturelles de méthane plus importantes au cours du 21e siècle, en raison de la fonte du pergélisol boréal et de la création de lacs thermokarstiques, les mesures de concentrations atmosphériques ne décèlent pas encore de signal allant dans ce sens.

 

En savoir plus

Page du Global Methane Budget

Communiqué de presse (en français)

Données supplémentaires

Jackson et al. (2020). Increasing anthropogenic methane emissions arise equally from agricultural and fossil fuel sources. Environmental Research Letters. https://doi.org/10.1088/1748-9326/ab9ed2

Saunois et al. (2020) The Global Methane Budget 2000-2017. Earth System Science Data. https://doi.org/10.5194/essd-12-1561-2020

 

* Le GCP, qui s’inscrit dans le cadre du programme mondial de recherche sur le climat (WCRP), est un consortium international de 58 instituts de recherche scientifique créé en 2001 afin d’aider la communauté scientifique à établir une base de connaissance commune pour servir d’appui aux politiques de réduction d’émissions de GES. Le projet s’est fixé pour objectif d’élaborer une vision complète du cycle global du carbone (flux naturels et anthropiques). Les travaux du GCP sont revus par les pairs à l’instar de ceux du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Parmi les principaux partenaires du GCP figurent les climatologues français Philippe Ciais et Philippe Bousquet du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE).

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