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Pollution de l’air et Covid-19 : nouveau bilan à la fin du confinement

  • Réf. : 2020_05_a07
  • Publié le: 22 mai 2020
  • Date de mise à jour: 22 mai 2020
  • France

Au mois d’avril 2020, nous vous proposions un tour d’horizon des publications sur les liens – parfois complexes et incertains – entre les mesures de confinement contre la pandémie de COVID-19, les enjeux sanitaires, et les enjeux de qualité de l’air. Nous avons aussi publié les résultats d’un travail de modélisation quantifiant les impacts du confinement sur la qualité de l’air, montrant une baisse importante des concentrations en NO2 (-30 à -40%), moins importantes pour les PM2.5 (-10 à -15%), et pouvant montrer des hausses pour l’ozone en zone urbanisée.

Depuis le déconfinement du 11 mai 2020, plusieurs autres bilans ont été publiés qui permettent d’affiner l’estimation de l’impact en France qu’a eu le confinement (du 17 mars au 11 mai) sur la pollution de l’air et l’impact qu’a eu le déconfinement lors de la 2e moitié du mois de mai.

 

Nouveau bilan des impacts du confinement sur la qualité de l’air : baisse des NOx

Les AASQA et AtmoFrance ont a publié régulièrement des bilans sur l’évolution des concentrations de polluants (voir, en particulier pour l’Ile-de-France, la note provisoire d’Airparif du 25 mars, la note d’AtmoFrance du 27 mars, la note d’Airparif du 21 avril, la note d’Airparif du 15 mai). En Ile-de-France, sur la période du 17 mars à fin avril (donc pendant le confinement), on observe des baisses de concentrations de NO2 de -20% à -35% (en cohérence avec les travaux de simulation du Citepa et de l’IPSL-CNRS-LMD qui prévoyaient -30 à -40%), et plus généralement des baisses de –30 à -75% dans les différentes agglomérations françaises.

Afin de quantifier la diminution des concentrations de NO2 et de particules fines (PM2.5 et PM10) pour l’ensemble des 100 plus grandes agglomérations françaises, l’Ineris a réalisé des simulations, publiées le 18 mai. L’Ineris a comparé d’une part les prévisions du modèle national Prev’Air, en situation habituelle (sur la base de données d’émissions moyennes de polluants, hors confinement) et d’autre part les observations réelles mesurées par les AASQA. Il apparait ainsi que les concentrations de NO2 ont, en moyenne, été réduites de moitié (-49%) par rapport à ce qui aurait été attendu. Cette baisse a d’ailleurs été amorcée quelques jours avant le confinement et les concentrations sont remontées à un niveau habituel au moment du déconfinement.

D’après une évaluation du CREA (Centre de recherche sur l’énergie et l’air propre, organisme de recherche indépendant), publiée le 30 avril 2020 (étude complète), en Europe, les mesures prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19 en avril ont permis une réduction des concentrations de NO2 d’environ -40%, notamment en raison de la baisse de production d’électricité par les centrales à charbon (-37%) et de l’utilisation de carburants en général.

A noter qu’en France, en 2017, les NOX sont émis à 63% par les transports en général (à 42% aux VP et VUL diesel en particulier), à 13% par l’industrie manufacturière et à 12% par le résidentiel-tertiaire (source Citepa rapport Secten éd. 2019).

Le transport routier et plus particulièrement les véhicules diesel, (les véhicules particuliers (VP) et les véhicules utilitaires légers (VUL)) représentent une part importante des émissions totales de NOx. Les VP et VUL diesel ont émis 338 kt de NOx en 2017, soit 42% du total national.

 

Des émissions de particules toujours importantes, sauf pour les particules ultrafines

Pour les particules grossières et fines (PM10 et PM2,5), la baisse mesurée en Ile-de-France est moindre (-7%), avec la persistance de concentrations soutenues certains jours, par exemple : épisode de pollution du 28 mars, qui a dépassé le seuil d’information et de recommandation. D’après les travaux de l’Ineris, sur l’ensemble des grandes agglomérations, cette baisse a atteint en moyenne -12% (en cohérence avec les travaux de simulation du Citepa et de l’IPSL-CNRS-LMD qui prévoyaient -10 à -15%).

Plusieurs raisons expliquent ces concentrations persistantes de particules :

  • sources locales qui continuent d’émettre pendant le confinement (ex : chauffage, chantiers, trafic restant, poussières naturelles),
  • formation de particules secondaires à partir de NOx (émis par chauffage et par le peu de trafic restant) et à partir de NH3 (agriculture ; épandage printaniers)
  • importation de particules émises dans les alentours (chauffage au bois…), les particules pouvant être transportées sur de longues distances.
  • conditions météorologiques propices à ces phénomènes.

Ainsi, pendant l’épisode du 28 mars, selon AirParif, les particules primaires provenaient à 6% seulement du trafic routier (contre au moins 32% lors de l’épisode du 16 février 2019), chauffage (6%) et 32% proviennent des particules inorganiques secondaires, issues de l’agriculture (contre 19% le 16 février 2019).

Selon les travaux du CREA, la baisse des concentrations en particules en Europe, au mois d’avril, se situe dans les mêmes ordres de grandeur (-10%).

En revanche, Airparif observe une baisse importante des concentrations des particules ultrafines (de taille inférieure à 100 nm) (lire notre article et notre brève sur le sujet) qui sont quant à elles, en agglomération, surtout liées aux transports (trafic routier et aérien).

Au niveau national, la source principale d’émission de particules fines et ultrafines en France reste le secteur résidentiel-tertiaire (50% des émissions totales en 2017) principalement en raison de la combustion de bois.

 

Impacts sanitaires

D’après les travaux du CREA, la baisse des concentrations de polluants en Europe en avril 2020 a permis d’éviter environ 11 000 morts.

Si les connaissances ont beaucoup progressé ces dernières semaines, des travaux restent encore à mener. C’est l’objet de recommandations formulées par l’Opecst (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) dans une note intitulée Pollution de l’air, gaz à effet serre et crise du COVID-19 : quelles interactions ? Celle-ci recommande notamment la réalisation de nouvelles synthèses et modélisations, et de mieux comprendre « l’impact des polluants atmosphériques en situation de crise sanitaire » et de rapprocher les données relatifs à la qualité de l’air de celles relatives à la santé. Cette note a été présentée à l’Opecst le 14 mai 2020 par son rapporteur, Jean-Luc Fugit, Président du Conseil National de l’Air.

 

L’éclairage du Citepa

Prise en compte de l’impact du Covid-19 dans l’inventaire d’émissions de polluants en France

Le Citepa suivra l’impact du Covid-19 sur les émissions de polluants atmosphériques (et de gaz à effet de serre, GES) en France mais il faudra attendre deux ans avant de pouvoir quantifier précisément l’impact cet événement sur le bilan annuel. En effet, l’inventaire national des émissions de polluants et de GES, réalisé par le Citepa, est mis à jour tous les ans. Ainsi, à la fin de l’année 2021, nous finaliserons les estimations du bilan des émissions de l’année 2020. Le temps que cette nouvelle édition de l’inventaire soit validée et soumise officiellement aux différentes instances internationales et européennes, les résultats seront publiés début 2022. En particulier, le rapport Secten, qui fournira des explications détaillées sur les tendances d’émissions entre 1990 et 2020 et les évolutions récentes, sera publié sur notre site au printemps 2022.

En attendant, au printemps 2021, l’édition de Secten relative aux émissions 1990-2019 fournira, pour information, une pré-estimation provisoire des émissions de 2020. Celle-ci fournira déjà un premier aperçu de l’impact de cet événement sur le bilan 2020.

 

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