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Mesures contre le coronavirus : effet sur les émissions de polluants et de gaz à effet de serre

  • Réf. : 2020_03_a06
  • Publié le: 19 mars 2020
  • Date de mise à jour: 20 mars 2020
  • France
  • International

Depuis décembre 2019, la pandémie de maladie à Coronavirus 2019 (COVID-19) a entraîné un ensemble de mesures, dans les différents pays touchés, visant à limiter son expansion. Certaines de ces mesures ont conduit de fait à une diminution des activités émettrices de gaz à effet de serre (GES) et de polluants, notamment :

  • la fermeture de certaines frontières, les annulations de voyages et de réunions internationales entraînent une diminution des déplacements (avions, trains, véhicules),
  • les mesures de confinement de la population (notamment, en France, dès le 17 mars) entraînent une diminution du trafic automobile et une réduction, voire une mise en pause de certaines entreprises industrielles.

 

Diminution des concentrations de NO2 et de CO

Les répercussions de ces mesures sur la qualité de l’air sont déjà visibles depuis les capteurs embarqués sur satellites. Dans le nord de l’Italie par exemple, et notamment dans la plaine du Pô, très industrialisée et urbanisée, on observe via les données du satellite IASI une diminution des concentrations de NO2 et de CO  à la suite des mesures de confinement prises dans ce pays, comme le montrent les analyses du CNRS et de l’European Public Health Alliance (EPHA).

En Chine, comme le rapporte la NASA, les concentrations de NO2 ont considérablement diminué entre le mois de janvier et février (figure ci-dessous), en raison de la fermeture de sites industriels, de centrales de production d’électricité et de la diminution du trafic automobile.

Certes, comme le souligne la NASA, cette baisse s’explique aussi par les festivités annuelles liées au nouvel an lunaire (début février) – mais d’ordinaire, les émissions repartent à la hausse immédiatement après. S’il arrive que des évènements exceptionnels entrainent localement une baisse des émissions, comme par exemple lors des mesures prises en 2008 pour les Jeux Olympiques de Pékin, cette baisse est progressive. Or, pour le cas de la pandémie de COVID-19, il s’agirait, d’après la NASA, de « la première fois qu’on assiste à une chute aussi rapide [des concentrations], sur une zone aussi grande ». Il faut aussi noter que de manière générale, comme le soulignent la NASA et le CESBIO, les concentrations observées en 2020, avant même la période de confinement, sont moins fortes qu’en 2019. Les mesures réglementaires plus strictes mises en place par la Chine semblent donc agir.

 

Source : NASA, Earth Observatory

L’impact sur les GES

D’après une analyse du site spécialisé Carbon Brief, la diminution, en Chine, des consommations de charbon par les centrales de production électrique et liée à la baisse d’activité des installations industrielles (cokeries, hauts-fourneaux, aciéries, raffineries) pourrait entrainer une baisse 15% à 40% des émissions industrielles de GES du pays (soit environ -200 MtCO2 par rapport à 2019, chiffre à mettre en rapport avec le total national de 9 302 MtCO2 (dernière estimation, datée de 2017), soit une baisse globale de 2% [source : AIE, 2019, p.80]). Néanmoins, cette baisse est temporaire : il est possible qu’elle soit compensée par une reprise à la hausse des activités, et que le bilan total de l’année 2020 ne reflète pas complètement cette diminution ponctuelle.

 

 

Prise en compte de l’impact du COVID-19 dans l’inventaire d’émissions en France

En ce qui concerne les émissions en France, il faudra attendre deux ans avant de pouvoir quantifier précisément l’impact cet évènement sur le bilan annuel. En effet, l’inventaire national des émissions de GES et de polluants atmosphériques, réalisé par le Citepa, est mis à jour tous les ans. Ainsi, à la fin de l’année 2021, nous finaliserons les estimations du bilan des émissions de l’année 2020. Le temps que cette nouvelle édition de l’inventaire soit validée et soumise officiellement aux différentes instances internationales et européennes, les résultats seront publiés début 2022. En particulier, le rapport Secten, qui fournira des explications détaillées sur les tendances d’émissions entre 1990 et 2020 et les évolutions récentes, sera publié sur notre site au printemps 2022.

En attendant, au printemps 2021, l’édition de Secten relative aux émissions 1990-2019 fournira, pour information, une pré-estimation provisoire des émissions de 2020. Celle-ci fournira déjà un premier aperçu de l’impact de cet évènement sur le bilan 2020.

 

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