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Emissions de pesticides dans l’air : de nouveaux résultats attendus en fin d’année

  • Réf. : 2020_03_a05
  • Publié le: 11 mars 2020
  • Date de mise à jour: 11 mars 2020
  • France

Les émissions dans l’air de pesticides, ou produits phytopharmaceutiques, ne sont pas encore inventoriées dans l’inventaire national des émissions. Comme il ne s’agit pas d’une obligation réglementaire, la priorité est donnée à l’amélioration de l’estimation des émissions des autres substances, mais il y a une attente importante sur le sujet notamment du côté des préoccupations de santé.

Suite à une recommandation formulée lors de la revue menée du 17 au 21 juin 2019 dans le cadre de la directive dite NEC (directive 2016/2284) de l’inventaire national des émissions de polluants atmosphériques, les émissions d’hexachlorobenzène (HCB) font désormais l’objet d’une quantification depuis la soumission 2020 (voir aussi la page dédiée aux émissions nationales de HCB en France sur notre site). Le HCB peut être présent à l’état de trace dans certains pesticides et donc être émis lors de l’application des produits. Les données d’activité sont les données de vente de produits phytopharmaceutiques issues de la banque nationale des ventes réalisées par les distributeurs de produits phytopharmaceutiques (dite BNV-D), disponibles sur la période 2008-2017. Pour chaque produit phytopharmaceutique, est donnée la quantité de substance active vendue exprimée en kilogrammes, par département du point de vente. En France, les produits concernés par des traces de HCB dans leur composition sont le piclorame, le chlorothalonil, le téfluthrine et le chlorthal.

L’état des connaissances sur les résidus de pesticides dans l’air à l’échelle de la France entière évolue notamment grâce aux campagnes de mesures réalisées par les Associations Agrées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA). La base PhytAtmo pilotée par Atmo France a été ouverte au public le 18 décembre 2019 (lire notre article sur le sujet) et compile les concentrations mesurées en pesticides dans l’air extérieur sur la période 2002-2017 avec 321 substances actives recherchées et 6 837 prélèvements effectuées sur 176 sites. L’association Générations Futures a analysé les données contenues dans la base PhytAtmo, et le 18 février 2020, a publié un rapport contenant les conclusions suivantes : « parmi les herbicides, fongicides et autres insecticides présents dans l’atmosphère, une majorité de ces substances particulièrement dangereuses pour la santé sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens (PE) ou cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) ».

De plus, les résultats des travaux suivants sont également attendus fin d’année 2020 :

  • les résultats de la campagne exploratoire nationale de mesure des résidus de pesticides dans l’air (lire notre article sur le sujet) lancée par l’Anses, l’Ineris et la Fédération Atmo France en juin 2018 (analyse d’environ 80 substances prioritaires, sur 50 sites de mesure, en France métropolitaine et dans les territoires ultramarins) seront publiés courant automne 2020. Cette campagne permettra de définir une stratégie pérenne nationale de surveillance des résidus de pesticides dans l’air ambiant (Ineris, 2018).
  • le projet RePP’air lancé en janvier 2017 porté par la Chambre Régionale d’Agriculture Grand Est, qui réunit 31 acteurs, dont sept AASQA vise à améliorer la compréhension des phénomènes impliqués dans les transferts de produits phytosanitaires dans l’air. Ce projet se déploie sur huit sites d’études (polyculture élevage, viticulture, grandes cultures…), répartis dans sept régions de France. Des campagnes de mesures avec des protocoles uniformes (fréquence de prélèvement à la semaine) entre AASQA sont réalisées. Un des objectifs poursuivis est de mettre en relation les mesures de produits phytosanitaires avec les pratiques des agriculteurs (enquêtes auprès des agriculteurs autour des sites de mesure). La restitution des résultats est prévue fin 2020.

Deux programmes de recherche « PRIMEQUAL 2016 » en cours permettront aussi d’améliorer les connaissances sur le devenir des produits phytosanitaires dans l’atmosphère : TRANSPOPEST (étude du transfert de pesticides des zones de cultures vers les zones habitées pour évaluer l’exposition des populations riveraines à ces substances) et COPP’R (Modélisation de la COntamination de l’air par les Produits Physanitaires à l’échelle Régionale).

 

Enfin, lors de la rencontre co-organisée par l’APCA (Chambres d’agriculture France) et l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) lors du Salon International de l’Agriculture le 26 février 2020, les acteurs du développement agricole et de la recherche ont soulevé quelques pistes de recherche : approfondir les recherches sur la dérive aérienne, sur l’effet de la formulation sur les matières actives, et continuer à étudier le devenir des composés dans l’atmosphère.

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