Le 9 janvier 2020, les résultats d’une étude sur les impacts sanitaires des émissions de particules fines (PM₁₀ et PM_2,5) provenant de l’abrasion des plaquettes de frein des transports terrestres ont été publiés dans la revue scientifique Metallomics (publiée par la Royal Society of Chemistry britannique). L’objet de l’étude, menée sous la direction des chercheurs de l’université de Cambridge au Royaume-Uni, était de comparer la toxicité, pour la santé humaine, des particules fines émises par l’abrasion des plaquettes de frein et de celles émises par les pots d’échappement des véhicules diesel.

L’abrasion des plaquettes de frein représente jusqu’à 21% des émissions de PM₁₀ du trafic routier

Cette source d’émission de particules fines dans l’air est loin d’être négligeable. En effet, après les particules liées aux échappements des véhicules, les particules mesurées en plus grande abondance dans les zones urbaines proviennent principalement de l’abrasion (frottement) des plaquettes de frein. Elles représentent ainsi jusqu’à 55% des émissions de PM₁₀ hors échappement et jusqu’à 21% des émissions totales de PM₁₀ provenant du trafic routier (au niveau global). De plus, selon les projections scientifiques, ces parts devraient augmenter par rapport à la part des PM₁₀ émises à l’échappement à mesure que la réglementation visant les véhicules diesel devient plus sévère.

Des particules tout aussi dangereuses que celles émises à l’échappement

L’étude conclut que si la composition des particules fines issues des deux sources précitées est différente, elles ont des effets nocifs similaires sur la santé humaine, et notamment sur la fonction des macrophages (voir encadré ci-dessous) chez l’être humain.

L’étude souligne la pertinence de la capacité des particules fines émises par les deux sources à entraver la phagocytose bactérienne puisqu’elle conduit à augmenter la vulnérabilité à des infections des voies respiratoires des personnes exposées à ces sources d’émission. Selon les chercheurs, cette toxicité serait principalement due à la présence de métaux, même dans les espèces de particules qui ont des concentrations relativement faibles de métaux. Ceci indique donc que d’autres types de particules émises par le trafic routier non caractérisées pourraient avoir un impact nocif sur les voies respiratoires.

La réglementation sur les émissions de véhicules incomplète ?

Aujourd’hui, la réglementation dans les Etats vise en général seules les émissions de particules fines provenant des pots d’échappement, alors que les résultats de cette étude suggèrent que les particules fines émises par l’abrasion liée au trafic routier sont tout aussi capables d’endommager les cellules des poumons. Par conséquent, les auteurs insistent sur l’importance du fait que les futures stratégies de réduction de la pollution atmosphérique devraient prendre en compte ces sources d’émission afin de maximiser les bénéfices pour la santé publique.

Pour en savoir plus

Lien vers l’étude (disponible en intégralité).

Référence de l’étude : Selley, L. (2020). Brake dust exposure exacerbates inflammation and transiently compromises phagocytosis in macrophages. Metallomics, 2020, Advance Article. DOI : 10.1039/C9MT00253G