Carbone Suie (format Secten)
Evolution des émissions de BC de 1990 à 2018 pour la France métropolitaine (en kt)
Enjeux
Effets sanitaires
Le carbone suie, de par ses faibles dimensions, présente des risques similaires à celles des particules fines en termes d’impact sanitaire avec une pénétration assez favorable dans le système respiratoire et cardiovasculaire. Le carbone suie représente un certain intérêt dans le suivi de l’impact sanitaire des particules parce qu’il est un bon indicateur des composés toxiques qui peuvent se trouver dans les PM suite à la combustion. Cependant, il reste un traceur insuffisant car la toxicité particulaire résulte de la réactivité biologique des composantes organique et métallique et le carbone suie n’est qu’un traceur de la phase organique générée par la combustion incomplète. Le carbone suie a gagné beaucoup d’attention lors des dernières années, principalement à cause de son impact sur la santé humaine et également pour son rôle dans le réchauffement climatique dû à son potentiel d’absorption des rayons UV.
Effets environnementaux
En ce qui concerne l’impact que peut avoir le carbone suie sur l’environnement, plusieurs phénomènes distincts peuvent être considérés, à diverses échelles. Cependant, l’une des caractéristiques principales du carbone suie est qu’il est désigné comme « forceur climatique à courte durée de vie » (SLCF en anglais) de par son effet absorbant du rayonnement solaire. Ainsi, en étant transporté sur de grandes distances et déposé sur différentes surfaces, il peut altérer le pouvoir réfléchissant (albedo) de certaines étendues glaciaires notamment et avoir un potentiel réchauffant sur le climat. (Pour plus d’informations, se référer au paragraphe « Effets sur l’environnement » en début de chapitre)
Enjeux méthodologiques et incertitudes
Pour une présentation très détaillée des méthodologies d’estimation des émissions, téléchargez la dernière édition de notre rapport méthodologique « Ominea ». Au global, on estime l’incertitude (en niveau) sur ce polluant, tous secteurs confondus, à 48,9 %.
A noter
Il est important de noter que, dans les inventaires nationaux, estimer les émissions de BC est recommandé mais non obligatoire et ces émissions ne doivent pas nécessairement être rapportées à la Convention LRTAP. Ces règles pourraient évoluer dans le futur avec l’intérêt grandissant envers le BC.
Dans l’inventaire national, comme pour les autres types de particules, certaines émissions de BC sont estimées mais ne sont pas incluses dans le périmètre national. Parmi elles, les émissions anthropiques du transport international aérien, fluvial ou maritime en font partie, ainsi que les émissions naturelles liées aux feux de forêts.
Tendance générale
Le niveau actuel des émissions de carbone suie, en France métropolitaine, est le plus faible observé depuis 1990. Les émissions de ce polluant sont induites par tous les secteurs, mais principalement par les suivants : le transport routier, dû en grande majorité à la combustion de diesel ; le résidentiel/tertiaire, dont la principale source est la combustion de bois ; l’agriculture, du fait notamment de la combustion de résidus de récolte et de la combustion de carburants dans les engins mobiles non routiers.
Les autres secteurs, que sont l’industrie manufacturière, la transformation d’énergie et le traitement des déchets, sont tous émetteurs de carbone suie mais dans de moindres mesures (11% des émissions totales de BC à eux tous en 2018). Parmi eux, les principaux sous-secteurs responsables de ces émissions sont la construction, la métallurgie de métaux ferreux, la production de minéraux non métalliques et la transformation de combustibles solides. Jusqu’aux fermetures consécutives des mines à ciel ouvert et souterraines, le sous-secteur de l’extraction et distribution de combustibles solides était un des principaux émetteurs.
La répartition des émissions entre les différents secteurs a peu évolué depuis 1990, en dehors de la part du secteur de la transformation d’énergie qui a nettement diminué dû notamment à la fermeture des mines. Le secteur du transport routier représente toujours à lui seul la moitié des émissions de carbone suie. Les transports maritime et aérien internationaux sont des émetteurs significatifs de carbone suie, bien que leurs contributions ne soient pas comptabilisées dans les totaux nationaux.
Néanmoins, les émissions totales de carbone suie suivent la tendance historique de diminution et ont été réduites de plus d’un facteur 3 depuis 1990, grâce notamment aux efforts conjoints de tous les secteurs mais notamment de la combustion mobile avec le trafic routier et les engins mobiles non routiers, ainsi que le chauffage résidentiel.
Évolution récente
Au cours des dernières années, les émissions globales de carbone suie ont subi une baisse continue, principalement due aux fortes réductions d’émissions dans les secteurs du transport routier et de l’agriculture/sylviculture. En effet, en ce qui concerne le secteur du transport routier, les émissions sont en constante régression, en partie due aux mesures mises en place pour la combustion de carburants lors de l’échappement des vapeurs des carburants brûlés. En revanche, les émissions de carbone suie liées à l’usure de la route, des pneus et des freins, stagnent, voire augmentent légèrement. Pour le secteur de l’agriculture/sylviculture, les réductions d’émissions se font notamment grâce aux valeurs limites d’émissions instaurées pour les engins mobiles non routiers, tandis que les émissions liées à la combustion des résidus de récolte stagnent depuis quelques années.
Lors des années récentes, les émissions de carbone suie du secteur résidentiel/tertiaire sont fluctuantes, (légères hausses entre 2011 et 2013, et entre 2014 et 2016, suivies de baisses). Ceci peut s’expliquer par la variabilité climatique annuelle et durant les années 2011, 2014 et 2015, le climat très doux a entrainé une baisse nette de la consommation énergétique du résidentiel/tertiaire, contrairement à 2012 et 2013, plus froides, qui montrent un regain des émissions. L’année 2018 a présenté un climat relativement favorable qui a permis, conjointement avec les efforts entrepris, de continuer la baisse des émissions observée. Les émissions récentes d’autres secteurs comme l’industrie manufacturière, la transformation d’énergie et le traitement des déchets sont toutes en baisse, malgré des évolutions plus lentes compte tenu des marges de réduction qui deviennent de plus en plus faibles.
Par conséquent, une continuité dans les réductions des émissions de carbone suie est attendue dans les prochaines années. Pour y parvenir, il faudra compter sur les différentes mesures existantes visant les particules totales en suspension comme, par exemple, les arrêtés sur les installations de combustion et les normes visant les engins mobiles routiers (Euro) et non routiers (Stage), et sur des mesures supplémentaires. Le carbone suie étant le résultat de la combustion incomplète de matières carbonées, l’amélioration des rendements des procédés de combustion et les technologies de réduction existantes comme les filtres devraient également contribuer à réduire ces émissions.
Part des émissions liée aux combustibles
La combustion de combustibles contribue de façon majeure aux émissions nationales, bien que leur part diminue progressivement au cours de la période (93% en 1990 contre 84% en 2018). Ceci est lié notamment aux progrès disparates réalisés entre les émissions énergétiques et non-énergétiques, avec des réductions respectives de 71% et 21% comparativement à leurs niveaux de 1990. En effet, l’évolution des technologies et la mise en place de normes sur les installations de combustion ont permis des progrès considérables, qui ne sont pas toujours aussi facilement identifiables et réalisables pour des émissions comme celles dues à l’abrasion des routes, des pneus et des freins ou encore celles liées aux labours.
Parmi les combustibles, la consommation de gazole/GNR est le principal contributeur aux émissions de BC, représentant environ 44% des émissions de la combustion de combustibles en 1990 et 58% en 2018. Néanmoins, les émissions du gazole ont fortement diminué et participé à la tendance générale observée avec une réduction de ses émissions de plus de 61%. La part croissante des émissions du gazole est en partie due à la substitution progressive des combustibles solides fossiles (-97% des émissions de BC depuis 1990) et également à la substitution du fioul domestique par le gazole non routier dans les engins mobiles non routiers. L’autre principal combustible émetteur de BC est le bois qui contribue entre 20% et 32% aux émissions de BC sur la période étudiée. Le bois a également permis cette réduction globale d’émissions avec une baisse de ses émissions de 62%, notamment grâce au progrès technologique et à l’implémentation de normes sur les équipements de chauffage individuel.