Urgence climatique : avertissement de 11 000 scientifiques à travers le monde
Publication, le 5 novembre 2019, dans le journal scientifique international Bioscience d’un article sous forme d’avertissement de 11 224 scientifiques de quelque 150 pays (dont 1 592 de France, voir liste des signataires) qui sont formels : ils déclarent clairement et sans équivoque que la planète Terre fait face à une urgence climatique.
Un appel pour des transformations ambitieuses et radicales
Cette Alliance mondiale de scientifiques, sous la direction de William Ripple de l’université de l’Oregon, Etats-Unis, rappelle que la toute première conférence mondiale sur le climat a eu lieu il y a exactement 40 ans, en 1979. Organisée par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) à Genève, elle a débouché sur la création du Programme climatologique mondial de l’OMM. Ainsi, pour la 1ère fois, la communauté internationale s’est interrogée sur les effets des émissions anthropiques de CO2 sur le climat et les impacts sur les activités humaines. Depuis lors, plusieurs alertes ont été faites, notamment lors du premier Sommet mondial de la Terre à Rio de Janeiro (1992). Les scientifiques soulignent que « malgré 40 ans de négociations mondiales sur le climat, à quelques exceptions près, nous avons généralement suivi le scénario tendanciel [business as usual] et avons été en grande partie incapables d’y faire face« . Ils affirment que le monde a besoin de transformations ambitieuses et radicales en termes de politiques économiques et de population. Les scientifiques proposent six leviers d’action à l’attention des Gouvernements du secteur privé et de la communauté internationale en général pour atténuer les impacts les plus graves du changement climatique : énergie, forceurs climatiques à courte durée de vie, écosystèmes, alimentation, économie et population.
Un appel qui fait suite à celui de 2017… et à celui de 1992
Le 13 novembre 2017, un manifeste signé par 15 364 scientifiques de toutes les disciplines [climatologues, glaciologues, physiciens, chimistes, biologistes,…] issus de 184 pays avait été publié dans la revue Bioscience, et relayé en France par le quotidien Le Monde [édition datée du 14 novembre 2017]. Dans cet appel d’une ampleur inédite, les signataires enjoignent aux responsables politiques de tout mettre en œuvre pour freiner la destruction de l’environnement. Les 15 364 scientifiques étaient formels : « Depuis 1992, hormis la stabilisation de [l’appauvrissement] de la couche d’ozone stratosphérique, non seulement l’humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre [les] défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d’entre eux se sont considérablement aggravés. Particulièrement troublante est la trajectoire actuelle d’un changement climatique potentiellement catastrophique, dû à l’augmentation du volume de GES dégagés par la [combustion] de combustibles fossiles, la déforestation et la production agricole – notamment les émissions dégagées par l’élevage des ruminants [destinés à la consommation de viande] ».
Cet appel de 2017 est né de l’initiative de William Ripple, biologiste et professeur émérite à l’université de l’Etat d’Oregon (Etats-Unis), de mettre à jour, avec sept autres auteurs principaux, un premier appel lancé par la communauté scientifique en 1992 : World Scientists’ Warning to Humanity. Cette première mise en garde des scientifiques de ce type avait ainsi été publiée en 1992 au terme du premier « Sommet de la Terre » à Rio de Janeiro (Brésil). Elle avait été signée par 1 700 scientifiques, dont près d’une centaine de Prix Nobel, qui dressaient déjà à cette époque un constat inquiétant de l’état de la planète.
En savoir plus
Voir l’appel de 2019 et informations sur la première Conférence mondiale sur le climat.