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Emissions mondiales de CO2 : 2e année de hausse après trois ans de stabilisation

  • Réf. : 2019_04_a1
  • Publié le: 10 mai 2019
  • Date de mise à jour: 22 mai 2019
  • International

Le 25 mars 2019, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié son état des lieux annuel des tendances en matière de demande mondiale d’énergie [charbon, pétrole, gaz, énergies renouvelables, électricité], d’efficacité énergétique, et d’émissions mondiales de CO2 provenant de la combustion des combustibles fossiles.Il s’agit de données provisoires [données définitives d’ici fin 2019].

Que retenir de l’analyse de l’AIE ?

Demande d’énergie mondiale

La consommation d’énergie primaire a connu une hausse de 2,3% en 2018 [soit près du double du rythme de progression moyen depuis 2010] en raison d’une économie mondiale plus robuste et d’une demande plus forte en matière de chauffage et de climatisation dans certaines régions du monde liées aux conditions météorologiques. Le gaz naturel a représenté près de 45% de cette hausse de la demande énergétique mondiale.

Evolution 2018/2017 par énergie

  • pétrole :+1,3% du fait d’une forte croissance aux Etats-Unis ;
  • gaz naturel : +4,6%. C’est le taux de croissance le plus fort depuis 2010 suite à la substitution du charbon par le gaz qui impacte pour plus de 20% de la hausse de la demande de gaz en 2018 ;
  • charbon : +0,7%, en hausse pour la 2e année consécutive
    [après deux années de baisse en 2015 et 2016]
    mais celle-ci est nettement plus faible que le taux de croissance annuel moyen de 4,5% observé sur la période 2000-2010 ;
  • énergies renouvelables (EnR) : +4%. En 2018, elles ont représenté presqu’un quart de la croissance de la demande mondiale en énergie en 2018. Les EnR ont couvert près de 45% de la croissance mondiale de la production d’électricité et ont contribué à hauteur de près de 25% à la production mondiale d’électricité ;
  • électricité : +4%. C’est le taux de croissance le plus élevé depuis 2010. Les EnR et le nucléaire ont répondu à la majeure partie de la croissance de la demande.

Efficacité énergétique

L’intensité énergétique primaire mondiale [quantité d’énergie utilisée pour produire une unité de PIB] continue de s’améliorer, mais moins vite depuis 2016 [-1,3% en 2018]. L’intensité énergétique [avec l’intensité carbone] constitue un des deux indicateurs clés des émissions de CO2.

Emissions mondiales de CO2 liées à la combustion des combustibles fossiles

En 2018, l’AIE observe une hausse de 1,7% (+560 Mt CO2, soit l’équivalent des émissions totales de CO2 du secteur de l’aviation internationale) pour atteindre un niveau inédit de 33,1 Gt CO2. Il s’agit d’une hausse pour la 2e année consécutive [+1,4% en 2017] après trois années de stabilisation [2014, 2015 et 2016]. L’année 2018 connaît le plus fort rythme de croissance depuis 2013, supérieur de 70% au rythme de croissance moyen depuis 2010.

Evolution par énergie

  • les centrales à charbon ont représenté le plus important facteur de hausse des émissions mondiales de CO2 en 2018 (+2,9%, soit +280 Mt  [c’est-à-dire la moitié de la hausse totale en 2018] par rapport au niveau de 2017;
  • en 2018, la production d’électricité à base de charbon a été à l’origine de 30% des émissions mondiales de CO2;
  • la substitution du charbon par le gaz a permis d’éviter 95 Mt d’émissions de CO2. Sans cette substitution, la hausse des émissions mondiales aurait été de 17% supérieure. La substitution a été la plus forte en Chine et aux Etats-Unis, ce qui a conduit à une réduction des émissions de CO2 de 45 Mt et de 40 Mt respectivement;
  • un recours accru aux EnR en 2018 a permis d’éviter 215 Mt d’émissions de CO2, surtout dans le secteur de la production d’électricité en Europe et en Chine ;
  • en 2018, l’intensité carbone moyenne mondiale de l’électricité produite était de 475 gCO2/kWh, soit une amélioration de 10% depuis 2010.

Evolution par région

  • Chine : +2,5% (soit +230 Mt CO2) ;
  • Inde : +4,8% (soit +102 Mt CO2). Malgré cette hausse, les émissions de CO2 par habitant en Inde demeurent faibles, ne représentant que 40% de la moyenne mondiale [l’AIE ne fournit pas davantage de précisions sur les émissions de CO2 par habitant dans son état des lieux] ;
  • Etats-Unis : les émissions étaient en baisse de 2015 à 2017. En 2018, les émissions sont certes toujours moins fortes (-14%, soit -800 Mt) qu’en 2000, année où elles ont atteint leur pic mais elles ont connu une hausse importante entre 2017 et 2018 (+3,1%) ;
  • Europe [au sens large] : -1,3% (-50 Mt CO2), avec:
  • Allemagne : forte baisse (-4,5%) suite à une diminution importante de la consommation de charbon et de pétrole. La part des EnR dans la production d’électricité en Allemagne a atteint le niveau inédit de 37%.
  • Royaume-Uni : niveau record d’EnR (35%) alors que la part du charbon y est tombée à 5%, le niveau le plus faible jamais atteint. De ce fait, les émissions de CO2 au Royaume-Uni ont connu une baisse pour la 6e année consécutive. Selon les données provisoires 2018 (source : BEIS, 28/03/2019), les émissions de CO2 étaient de 364 Mt en 2018 (soit -39% par rapport à 1990), soit le plus faible niveau depuis 1888 [hors années des grèves nationales (source : Carbon Brief)];
  • France : forte baisse des émissions [chiffre non précisé par l’AIE] liée à un recours moins fort qu’en 2017 aux centrales à charbon et à gaz au profit de l’électricité d’origine nucléaire et hydroélectrique.

Source : AIE, 25/03/2019.

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