Pour respecter l’objectif +1,5°C, les émissions mondiales de GES doivent baisser de 33% d’ici 2030 (rapport 1,5°C du GIEC)
Lors de la COP-21, les Parties ont demandé au GIEC de préparer un rapport sur les impacts du réchauffement à +1,5°C et les trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre (GES) associés . Jusque-là, le GIEC avait évalué les trajectoires d’émissions com-patibles avec l’objectif de +2°C, mais pas avec celui de +1,5°C, objectif inscrit sous forme « d’aspiration » à l’article 2 de l’Accord de Paris. Au terme de cinq jours de débats intenses lors de sa 48 e session à Incheon (Corée du Sud), le GIEC a adopté le résumé pour les décideurs de son « rapport spécial 1,5°C ». Ainsi, les représentants des 195 pays membres du GIEC ont approuvé ligne par ligne ce document de 34 pages publié le 8 octobre 2018. Nul doute que ce résumé très attendu nourrira les négo-ciations à la COP-24. Dans son résumé, le GIEC souligne que limiter le réchauffement à +1,5°C n’est pas impossible mais exige des transitions sans précédent dans les systèmes énergé-tiques, industriels, agricoles, urbains et les infrastructures (bâtiments, transports) pour ramener les émissions mondiales de GES à 35 Gt CO2e en 2030 afin d’atteindre un niveau de zéro émission nette en 2050.
Trajectoires d’émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2030 selon les scénarios avec NDC par rapport aux objectifs de +1,5°C et de +2°C (en Gt CO2e)
Même avec la mise en œuvre intégrale des contributions nationales (NDC), les trajectoires d’émissions projetées ne sont pas compatibles avec l’objectif +1,5°C, ni même avec celui de +2°C. Elles conduiraient à une hausse des températures moyennes mondiales de 3°C à l’horizon 2100.
Sources : GIEC, Résumé pour décideurs du rapport spécial 1,5°C (projections d’émissions) et ONU Environnement, Emissions Gap Report 2017 (émissions historiques) .
Le 8 octobre 2018 [au terme de sa 48e session, à Incheon (Corée du Sud)] , le GIEC a publié le résumé pour décideurs de son rapport spécial sur les impacts d’un réchauffement de +1,5°C et les trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre (GES) associés.
Que retenir du résumé pour décideurs ?
Le réchauffement : où en est-il aujourd’hui ?
- aujourd’hui, le réchauffement d’origine anthropique [hausse des températures moyennes mondiales par rapport à la période avant 1750] est estimé à +1°C;
- il augmente de 0,2°C par décennie : à ce rythme, il atteindra 1,5°C entre 2030 et 2052.
Trajectoires et scénarios, secteurs et investissements
- sur la base du niveau d’ambition actuel des contributions nationales (NDC), les émissions de GES atteindront entre 52 et 58 Gt CO2e en 2030 [contre 52 Gt CO2e en 2016] ;
- cette trajectoire n’est pas compatible avec un objectif +1,5°C [même avec de très fortes réductions après 2030] et conduirait à un réchauffement de +3°C d’ici 2100.
Pour limiter le réchauffement à +1,5°C, il faut :
- amorcer la baisse des émissions mondiales de GES » bien avant 2030 » pour les ramener à un niveau en dessous de 35 Gt CO2e/an en 2030 , soit -32,7% [base 2016] ;
- réduire les émissions de CO2 de 45% en 2030 (par rapport à 2010) pour atteindre zéro émission nette vers 2050 [pour limiter le réchauffement à +2°C : -20% en 2030 pour zéro émission nette vers 2075] ;
- réduire de 35% les émissions tant de CH4 que de carbone suie d’ici 2050 (base 2010) ;
- ne pas dépasser un budget carbone compris entre 420 et 570 Gt CO2 [+2°C : 1 320 Gt CO2] ;
- atteindre une part des énergies renouvelables dans la production d’électricité comprise entre 70 et 85% en 2050 ;
- réduire des émissions de CO 2 du secteur industriel de 75 à 90% en 2050 (base 2010) [+2°C : -50 à -80%] ;
- porter la part d’électricité dans la demande d’énergie du secteur résidentiel-tertiaire entre 55 et 75% en 2050 [+2°C : -50-70%] ;
- porter la part d’énergie finale à faibles émissions dans les transports entre 35 à 65% en 2050 [+2°C : 25-45%] ;
- investir 2 400 Md$/an entre 2016 et 2035 dans les systèmes énergétiques, soit 2,5% du PIB mondial ;
- recourir aux technologies de retrait du CO2 [boisement, reboisement, captage et stockage du CO2 couplés ou non à la bioénergie,…] pour extraire jusqu’à 1 000 Gt CO 2 au cours du 21 e siècle.
La version finale du rapport intégral sera publiée après la prise en compte des modifications apportées au résumé pour décideurs lors de la 48e session du GIEC.