One Planet Summit: plusieurs engagements et annonces pour accélerer la finance climat
A l’initiative du Président de la République, le « One Planet Summit » (Sommet Une Planète) s’est tenu à Paris le 12 décembre 2017, deux ans jour pour jour après l’adoption de l’Accord de Paris au terme de la COP-21.
Voir programme.
Contexte
Annoncé par Emmanuel Macron lors de la clôture du sommet du G20 à Hambourg, le 8 juillet 2017 , le One Planet Summit ne se veut pas un sommet étatique, ni une « COP bis », mais constitue une démarche complémentaire au processus de la CCNUCC, à l’instar du Sommet Entreprises et Climat ou du Sommet Climate Chance , réunissant acteurs privés et publics.
Organisé par la France, les Nations Unies et la Banque Mondiale, ce Sommet a réuni les acteurs étatiques [127 Etats étaient représentés] et non étatiques [villes, régions, assurances, banques, investisseurs,…] de la finance.
L’objectif était d’accélérer et de renforcer le soutien financier des projets climat sur le terrain [atténuation et adaptation] mis en œuvre par les pays en développement, via des outils, des alliances et des initiatives.
Le Sommet s’est articulé autour de quatre tables rondes:
- Amplifier la finance climat,
- Verdir la finance pour une économie durable,
- Accélérer l’action climat locale et régionale,
- Renforcer les politiques publiques pour la transition écologique et solidaire.
Les 12 grands engagements internationaux
Le Sommet a débouché sur l’annonce de 12 engagements internationaux principaux [certains inédits, d’autres étant des engagements existants renforcés] dont :
- le programme Global Urbis [sous l’impulsion de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne d’investissement, la Convention mondiale des Maires et la Commission européenne]: création d’un cadre commun entre les villes et régions européennes et du bassin méditerranéen pour accéder plus facilement à des fonds publics afin de mettre en œuvre leurs plans climat ;
- la création d’un Observatoire spatial du climat à l’initiative du CNES [Centre national des études spatiales] pour mettre à disposition des Etats et de la communauté scientifique les données spatiales utiles à la surveillance de l’état de la planète;
- le projet collaboratif de Paris sur les budgets verts : l’OCDE et un groupe de pays pilotes [dont la France, la Suède, le Mexique et le Canada] lanceront une démarche de présentation transparente des budgets nationaux pour faire apparaître clairement les dimensions écologique et climatique [dépenses publiques orientées vers la transition écologique, fiscalité propre, obligations vertes, etc.];
- la déclaration de 36 pays [dont France, Allemagne, Canada et Royaume-Uni] préconisant l’adoption, au sein de l’Organisation Maritime Internationale (OMI), d’une stratégie ambitieuse fixant un plafond d’émissions de CO2 du secteur à court terme, puis une réduction progressive de ces émissions jusqu’à la neutralité carbone vers la 2emoitié de ce siècle ;
- le lancement de l’initiative Climate Action 100+ qui rassemble 225 grands investisseurs institutionnels [représentant plus de 26 300 milliards de $ d’actifs] pour inciter les 100 entreprises cotées les plus émettrices de gaz à effet de serre à renforcer leurs actions climat ;
- la création d’un groupe de travail « One Planet Sovereign Wealth Fund« , coalition inédite de six grands fonds souverains mondiaux lancée à l’initiative de sept pays [France, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Koweït, Norvège, Nouvelle-Zélande et Qatar] et pilotée par la France. L’objectif est de flécher des financements vers des actions climat, en en rendant compte de façon transparente ;
- l’engagement annoncé entre les membres du clubIDFC [International Development Finance Club qui regroupe 23 banques de développement nationales et régionales (Allemagne, Brésil, Canada, Chine, France,…)] et les banques multilatérales de développement à augmenter les financements climat. Ils s’engagent en particulier à :
- renforcer l’intégration du climat dans leurs stratégies,
- rediriger les flux financiers publics et privés au profit de la transition bas carbone,
- soutenir la mise en œuvre des contributions nationales (NDC) et des trajectoires de décarbonisation des pays à l’horizon 2050,
- contribuer par leurs financements à réduire la dépen-dance aux énergies fossiles et à accélérer l’émergence d’alternatives durables.
Autres annonces
- la Banque Mondiale a annoncé plusieurs engagements au Sommet, parmi lesquels :
- elle cessera de financer l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz après 2019 [sauf dans les circonstances exceptionnelles dans les pays les plus pauvres],
- à partir de fin 2018, elle communiquera annuellement les émissions de GES des projets d’investissements qu’elle finance dans des secteurs fortement émetteurs,
- elle appliquera un prix virtuel du carbone aux analyses économiques des projets visant les secteurs fortement émetteurs lancés depuis juillet 2017 ;
- le groupe d’assurance Axa a, lui aussi, annoncé plusieurs décisions visant notamment à désengager leurs investissements des énergies fossiles (divestment):
- porter de 500 millions € [engagement de 2015] à 2,4 milliards €, soit quintupler le montant des désinvestissements dans le charbon [sont visées les entreprises, soit qui tirent plus de 30% de leurs revenus du charbon, soit dont le mix énergétique à base de charbon dépasse 30%; soit qui extraient plus de 20 Mt de charbon par an],
- désengager plus de 700 M€ des principaux producteurs de pétrole issu des sables bitumineux et des opérateurs de pipelines associés,
- ne plus assurer aucun nouveau projet de construction de centrale à charbon, ni aucune entreprise d’extraction de sables bitumineux et de pipelines associés.
Enfin, le Président français a annoncé qu’une plateforme « One Planet » en ligne sera créée visant à recenser toutes les initiatives découlant du Sommet afin de garantir une transparence des actions mises en œuvre par les Etats, les entreprises et les coalitions. Le Président de la République a également exprimé son souhait de faire de ce Sommet un rendez-vous annuel pour évaluer les progrès réalisés.