Pic de pollution aux PM10 : le plus long et le plus intense depuis 10 ans
Du 30 novembre au 17 décembre 2016, un important épisode de pollution aux PM10a touché la France, et notamment l’Ile-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Normandie, le Grand-Est et les Hauts-de-France. Les concentrations de PM10 mesurées par les AASQA [associations agréées de surveillance de la qualité de l’air] ont dépassé, pendant plusieurs jours, les seuils d’information et d’alerte (voir tableau de synthèse des seuils réglementaires ci-dessous).
PM10 et PM2,5 : Rappel des principaux seuils en vigueur (en µg/m3)
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France |
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Valeurs limites de concentration VLC(a) |
Valeurs guides de l’OMS |
Seuil d’infor-mation(b) |
Seuil d’alerte(b) |
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Moy.* |
ann.* |
jour.* |
ann. |
jour. |
jour. |
jour. |
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40 |
50(c) |
20 |
50 |
50 |
80 |
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25(d) |
– |
10 |
25 |
– |
– |
(a): directive 2008/50/CE (annexe XI) (b): décret n°2010-1250 (c): à ne pas dépasser plus de 35 j/an (d): depuis le 1er janv. 2015 (auparavant, c’était une valeur cible)
*moy. ann.: moyenne annuelle ; moy. jour.: moyenne journalière.
En Ile-de-France, le seuil d’information a été dépassé le 30 novembre [concentration maximale journalière relevée de 79 µg/m3 (source : AIRPARIF)], les 5 [65 µg/m3] et 8 décembre [64 µg/m3]. Le seuil d’alerte a été dépassé le 1er [144 µg/m3] et 2 décembre [122 µg/m3], puis les 6 [104 µg/m3] et 7 décembre [83 µg/m3].
Cet épisode se démarque par des niveaux soutenus de PM10, tant par leur intensité que par leur durée. Il s’agit d’un des épisodes hivernaux les plus importants de ces 10 dernières années, les précédents remontant à janvier 2009 et décembre 2007. Par ailleurs, si des épisodes printaniers comme ceux de mars 2014 et 2015, ou des épisodes de pollution estivaux à l’ozone comme en août 2003, ont pu durer deux semaines, cette durée est plus rare en hiver.
Dans ce cas précis, les niveaux enregistrés sont essentiel-lement liés aux conditions anticycloniques (absence de vent et phénomène d’inversion de température marquée et très basse) qui ont favorisé l’accumulation des PM10 dans la basse couche de l’atmosphère. Celles-ci ont principalement été émis localement par le trafic routier habituel, mais aussi par le chauffage domestique, notamment au bois, plus important en cette période hivernale (source: AIRPARIF, 8 décembre 2016).
Emissions de PM10 provenant du chauffage au bois : chiffres clés
Selon AIRPARIF, pour l’ensemble de l’Ile-de-France, sur toute une année, le chauffage au bois contribue à plus de 40% des émissions de PM10, l’essentiel provenant du chauffage résidentiel (93%). A titre de comparaison, une seule cheminée au bois [foyer ouvert] en une seule journée équivaut en émissions de PM10 à environ :
- 3 500 km parcourus par une voiture particulière (VP) diesel,
- 10 500 km parcourus par une VP essence,
- deux semaines de chauffage d’un logement équipé d’une chaudière bois performante. (Source : AIRPARIF, 17 déc. 2016).
Compte tenu de cette situation, des mesures d’urgence ont été mises en place par la Préfecture de Police de Paris les 1er, 2 et 3 décembre, du 5 au 11, et les 16-17 décembre, visant le trafic routier, le chauffage au bois et l’industrie. Ces mesures ont été ensuite renforcées par la mise en œuvre de la circulation alternée. Ainsi, après consultation d’AIRPARIF, de Météo France, de la DRIEE et du comité des élus [regroupant la Mairie de Paris, la Métropole du Grand Paris, le Conseil régional et les Conseils départementaux], le Préfet de Police de Paris a décidé de mettre en œuvre, les 6, 7, 8, 9 [soit quatre jours consécutifs], puis les 16 et 17 décembre, la circulation alternée à Paris et dans les 22 communes de la petite couronne de 5h30 à minuit [prévue par l’arrêté inter-préfectoral n° 2014-00573 du 7 juillet 2014 (en application de l’article L-223.1 du Code de l’Environnement)]. La mise en œuvre de cette mesure d’urgence cet hiver fait suite à trois précédents historiques [1er octobre 1997 , 17 mars 2014 , 23 mars 2015 ].
Pendant cet épisode, la Mairie de Paris a mis en place la gratuité du stationnement résidentiel et des services Vélib’ et Autolib’. Enfin, la gratuité des transports publics a été assurée par le STIF [Syndicat des Transports d’Ile-de-France].
Impact de la circulation alternée à Paris : première évaluation
Comme AIRPARIF le rappelle, diminuer le trafic a pour objectif de limiter l’intensité d’un épisode de pollution et l’accumu-lation de polluants d’un jour sur l’autre. L’expérience de l’épisode de mars 2014 montre que c’est le long des routes que la circulation alternée a le plus d’effet sur la réduction des émissions [diminution moyenne des concentrations de 6% pour les PM10 et de 10% pour les NO2].
Cependant, l’impact de la circulation alternée dépend très étroitement de son suivi : le 6 décembre 2016, deux fois moins de véhicules ont respecté cette mesure par rapport à mars 2014 [baisse du nombre de véhicules comprise entre -5 et -10% pour la journée du 6 décembre, contre -18% en mars 2014]. AIRPARIF conclut que son impact a donc été vraisemblablement limité par rapport aux bénéfices observés les fois précédentes.
(Source : AIRPARIF, 07/12/2016).
Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l’Air (LCSQA), Note technique, Episodes de pollution particulaire de début décembre 2016, O. Favez & T. Amodeo (INERIS), 13/12/2016