Le 7 mars 2016, l’Institut de recherche de Grantham sur le changement climatique et l’environnement [au sein de la London School of Economics (LSE), Royaume-Uni] a publié une note d’analyse sur l’évolution de l’économie de la Chine et de son système de production d’énergie indiquant que son pic d’émissions de CO₂ devrait intervenir « dans la décennie avant 2025« . La note de travail établie sous la direction de l’économiste britannique Nicholas Stern [connu surtout pour son rapport sur les aspects économiques du changement climatique The Stern Review (2006)]⁽¹⁾, analyse les conséquences de ces évolutions économiques et énergétiques sur les émissions de CO₂ du premier pays émetteur au monde. Les résultats viennent étayer une analyse précédente de M. Stern, publiée le 8 juin 2015 (lire notre article sur ce sujet)COP-21 : la Chine soumet son INDCLe 30 juin 2015, à l'occasion d'une visite à l'Elysée, le premier Ministre chinois, Li Keqiang, a rendu publique 'la contribution prévue déterminée au niveau national' (dite INDC) du premier pays émetteur de GES au monde (23% du total mondial en 2012 (source : JRC/PBL, 16/12/2014)) et ce, conformément à la décision 1/CP.20 (adoptée à la COP-20). (...).

Croissance des industries lourdes 2000-2013 : les auteurs soulignent qu’il est désormais clair que le taux de croissance rapide de la Chine entre 2000 et 2013 représente une phase distincte et exceptionnelle dans l’histoire du développement du pays. Sur cette période, la consommation de charbon a quasiment triplé (hausse >8% par an) (source : Stern, 2016 d’après Bureau national des statistiques de Chine [NBS], 2015).

Amorce du revirement : autour de 2012-2013, face aux problèmes très importants de qualité de l’air dans les zones urbaines (lire notre article sur ce sujet)Loi Finances 2014 : les bases d'une fiscalité écologique renforcée sont posées (1ère partie)Plusieurs mesures visant à renforcer la fiscalité écologique pour mieux appliquer le principe pollueur-payeur, tout en favorisant le recours aux procédés ou aux produits moins émetteurs, sont entrées en vigueur le 1er janvier 2017. Elles ont été adoptées dans la loi de Finances pour 2017 (LF 2017) (loi n°2016-1917 du 29 décembre 2016 , JO du 30), la loi sur la transition énergétique (LTE, n° 2015-992), ainsi que dans des textes réglementaires individuels (décrets, arrêtés,...). (...), le Gouvernement chinois a amorcé un changement de direction, en introduisant des réformes structurelles et politiques dans une perspective de durabilité environnementale. En 2014, le taux de croissance de la consommation de charbon a baissé pour s’établir à 2,2% par rapport à 2013 [soit un peu plus d’un quart du taux sur 2000-2013] avant d’atteindre moins de 1% pendant les trois premiers trimestres de 2015 (source : Stern, 2016 d’après NBS, 2015). Les auteurs expliquent qu’une des raisons de ce revirement est la baisse du taux de croissance du PIB qui, après un taux de 10,5% par an en moyenne sur 2000-2010, a diminué pour s’établir autour de 7-8% sur 2012-2014 (source : Stern, 2016 d’après Banque Mondiale et FMI, 2015).

Conséquences sur la trajectoire des émissions de CO₂ et le futur pic : sur la base d’une analyse des futures tendances économiques et énergétiques probables, les auteurs concluent que le profil des émissions de CO₂ liées à l’énergie au cours de la prochaine décennie en Chine sera « sans doute radicalement différent de celui de la période 2000-2013. Il se pourrait que les émissions aient déjà entamé leur baisse, quoique modérée, ce qui impliquerait que le pic serait intervenu en 2014. Dans l’hypothèse où les émissions augmenteraient au-dessus des niveaux de 2014, leur taux de croissance sera sans doute beaucoup plus lent que sous l’ancien modèle économique [2000-2013] et le pic inter-viendra probablement entre 2014 et 2025« . De ce fait, selon les auteurs, l’engagement international de la Chine [pic autour de 2030], inscrit dans sa contribution nationale (INDC) [soumise le 30 juin 2015 au titre de l’Accord de Paris] (lire notre article sur ce sujet)COP-21 : la Chine soumet son INDCLe 30 juin 2015, à l'occasion d'une visite à l'Elysée, le premier Ministre chinois, Li Keqiang, a rendu publique 'la contribution prévue déterminée au niveau national' (dite INDC) du premier pays émetteur de GES au monde (23% du total mondial en 2012 (source : JRC/PBL, 16/12/2014)) et ce, conformément à la décision 1/CP.20 (adoptée à la COP-20). (...), devrait être considéré comme une « estimation d’échéance fixée de façon prudente par un Gouvernement qui préfère promettre moins et produire des résultats meilleurs que ceux prévus« .

⁽¹⁾ Voir ED n°161 p.III.15.