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COP-21 : la Chine soumet son INDC

  • Réf. : 2015_07_a5
  • Publié le: 1 juillet 2015
  • Date de mise à jour: 11 juin 2019
  • International

Le 30 juin 2015, à l’occasion d’une visite à l’Elysée, le premier Ministre chinois, Li Keqiang, a rendu publique la « contribution prévue déterminée au niveau national » (dite INDC) (lire notre article sur ce sujet) du premier pays émetteur de GES au monde [23% du total mondial en 2012 (source : JRC/PBL, 16/12/2014)] et ce, conformément à la décision 1/CP.20 [adoptée à la COP-20] (lire notre dossier complet sur ce sujet).

Ainsi, cinq mois jour pour jour avant l’ouverture de la COP-21 dans la ville même où elle se tiendra, la Chine a officialisé les engagements qu’a annoncés le Président chinois, Xi Jinping, dans le cadre de l’accord conclu avec le Président des Etats-Unis, le 12 novembre 2014 (lire notre dossier complet sur ce sujet). Dans la continuité de cette évolution de la position de la Chine, la publication de son INDC témoigne de sa volonté de jouer un rôle plus actif dans les négociations de la CCNUCC.

Selon l’INDC chinoise [ou plutôt une traduction non officielle en anglais car l’INDC officielle n’est disponible qu’en mandarin pour l’instant], concrètement, la Chine s’engage notamment sur les actions suivantes « basées sur ses circonstances nationales, son stade de développement, sa stratégie de développement durable et sa responsabilité internationale » :  

  • atteindre son niveau maximal [pic] d’émissions de CO2 « autour de 2030 » et s’efforcer d’y parvenir plus tôt,
  • réduire les émissions de CO2 par unité de PIB de 60 à 65% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005 [Il s’agit donc d’une réduction de l’intensité des émissions de CO2 reliée au PIB et non une réduction en absolu. Cet objectif ne figurait pas dans l’annonce du 12 nov. 2014 mais il est dans la continuité de son action nationale de réduction (NAMA), annoncée en 2009 : réduction de -40 à -45% des émissions de CO2 par unité de PIB d’ici 2030 (base 2005)](1),
  • accroître la part des combustibles non fossiles [énergies renouvelables et nucléaire] dans la consommation d’énergie primaire pour atteindre 20% d’ici 2030 [dans la continuité de son engagement pris en 2009 de parvenir à 15% en 2020],
  • accroître le volume de stock forestier d’environ 4,5 milliards de m3 par rapport au niveau de 2005.

Néanmoins, l’INDC ne fournit d’estimations chiffrées, ni sur le niveau d’émissions que la Chine compte atteindre lors de son pic, ni sur le rythme de décroissance de ses émissions après le pic [baisse rapide ou stabilisation sur plusieurs années].

Emissions de CO2 en Chine : situation en 2014

L’INDC chinoise indique également qu’en 2014, la Chine est déjà parvenue à réduire ses émissions de CO2 par unité de PIB de 33,8% (base 2005) et la part des combustibles non fossiles dans la consommation d’énergie primaire a déjà atteint 11,2%. En d’autres termes, elle a déjà atteint la moitié tant de son objectif CO2 pour 2030, que de celui de la part des combustibles non fossiles pour 2030. Une analyse plus fine de ces objectifs montre qu’ils sont moins ambitieux qu’au premier regard.

Selon un rapport publié le 8 juin 2015 par le London School of Economics [co-écrit par l’économiste britannique Nicolas Stern connu surtout pour son rapport sur les aspects économiques du changement climatique The Stern Review (2006)](2), sur la base d’une analyse des tendances observées dans les principaux secteurs émetteurs en Chine, après une décennie de hausse de la consommation de charbon [environ +10% par an entre 2000 et 2010], la Chine aurait atteint son « maximum structurel » : 2015 resterait sur la tendance initiée par la baisse de 2014 [-3% du fait d’une plus faible croissance économique] et la consommation de charbon se stabiliserait au cours des cinq prochaines années. De ce fait, « il est beaucoup plus probable que le pic d’émissions de CO2 intervienne d’ici 2025 […] voire avant [cet horizon] ».

A noter enfin que cinq autres Parties ont également soumis leur INDC depuis [30/06 : Islande, Serbie et Corée du Sud (10e pays émetteur de GES au monde : 669 Mt CO2e en 2012, source : JRC/PBL, 16/12/2014), 03/07 : Singapour, 07/07 : N.-Zélande].

Le point sur les INDC soumises

Au 7 juillet 2015, 45 Parties à la CCNUCC avaient soumis leur INDC au futur accord climat international [qui doit être conclu à la COP-21]. Selon les
données d’émission de la CCNUCC, les 36 Parties à l’annexe I [pays industrialisés] ayant soumis leur INDC à ce jour couvrent certes 83,4% des émissions totales de GES de l’ensemble des Parties à l’annexe I [43 au total] en 2012, mais elles ne représentent que 54,7% des émissions mondiales totales en 2012 (source : JRC/PBL, 16/12/2014). Parmi les grands pays émetteurs qui n’ont pas encore remis leur INDC figurent le Japon, l’Australie, l’Inde et le Brésil.


(1)
Voir SD’Air n°174 p.40. (2)Voir ED n°161 p.III.15.

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