Citepa

Contact
 image

L’écart entre l’ambition et la science continue à se creuser : rapport du PNUE

  • Réf. : 2013_12_a4
  • Publié le: 1 décembre 2013
  • Date de mise à jour: 25 juin 2019
  • International

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a publié, le 5 novembre 2013, un rapport qui analyse dans quelle mesure les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour 2020 pris par les pays développés, émergents (PE) et en développement (PED) permettront d’atteindre l’objectif de 2°C. Ce rapport, le 4e de cette série suite à ceux publiés en 2010, 2011 et 2012, a été réalisé par une équipe internationale de 70 chercheurs provenant de 17 pays.

Comme dans les rapports précédents, quatre scénarios sont envisagés, combinant des hypothèses sur les engagements (inconditionnels ou conditionnels) mis en œuvre et des règles de comptabilisation appliquées (strictes ou souples) pour respecter ces engagements (prise en compte ou non des crédits d’émission via les unités d’absorption (UA) liées à l’UTCF (Protocole de Kyoto, articles 3.3 et 3.4) via le surplus des unités de quantités attribuées (UQA) de la 2e période d’engagement.

Ce nouveau bilan souligne que les engagements actuels ne permettront pas de respecter l’objectif de 2°C. Face à la hausse continue des émissions de GES, il devient de moins en moins probable qu’elles atteignent un niveau suffisamment faible en 2020 pour suivre une trajectoire ayant le meilleur rapport coût-efficacité pour respecter l’objectif de 2°C. Au-delà de 2020, il faudra avoir recours à des actions plus fortes et plus onéreuses pour l’atteindre. Plus on s’éloigne de ce niveau en 2020, plus les coûts et risques seront donc élevés.

Niveau actuel des émissions mondiales : les émissions mondiales de GES en 2010 sont estimées à 50,1 Gt CO2e, soit 14% au-dessus du niveau maximal à ne pas dépasser en 2020 (44 Gt CO2e) pour être compatible avec l’objectif de 2°C.

Les parts relatives des pays industrialisés et des PE/PED ont peu changé sur la période 1990-1999. Cependant, entre 2000 et 2010, celle des pays industrialisés a diminué, passant de 51,8 à 40,9% alors que celle des PE/PED a augmenté, passant de 48,2 à 59,1%. Aujourd’hui, les contributions respectives des pays industrialisés et des PE/PED aux émissions mondiales cumulées de GES sur la période 18502010 sont à peu près égales.

Projections d’émissions de GES en 2020 : selon un scénario tendanciel, les émissions mondiales totales de GES s’élèveront à 59 Gt CO2e par an en 2020, soit un niveau supérieur d’environ 1 Gt CO2e au chiffre estimé dans le rapport de 2012. Si les engagements de réduction pris à ce jour étaient intégralement mis en œuvre d’ici 2020, ce total serait réduit d’un niveau compris entre 3 et 7 Gt CO2e par an.

« Ecart des émissions » en 2020 : le rapport présente les dernières évaluations de l’écart entre, d’une part, les projections d’émissions mondiales de GES à l’horizon 2020 [basées sur la mise en œuvre des engagements de réduction pour cet horizon souscrits à ce jour] et, d’autre part, les niveaux d’émissions mondiales nécessaires en 2020 pour limiter la hausse des températures moyennes mondiales à 2°C [et donc les efforts de réduction mondiaux requis d’ici à cet horizon]. Le rapport s’appuie sur les engagements de réduction contraignants de 42 pays industrialisés, ainsi que sur les actions nationales de réduction (NAMA) pour 2020 soumis par 55 PED. Ensemble, ces 97 pays représentaient environ 75% des émissions mondiales de GES en 2010. Le rapport chiffre cet écart dans une fourchette comprise entre 8 et 12 Gt CO2e selon le niveau d’ambition des objectifs mis en œuvre et le degré de respect de ces objectifs. Le PNUE souligne qu’il est fort probable que l’écart estimé pour 2020 se situera à la limite supérieure de la fourchette (12 Mt CO2e).

Ecart en 2020 et 2050 : vu la décision 1/CP.17 adoptée à Durban en 2011 [accord sur l’après-2020 à conclure en 2015], il est de plus en plus important de connaître les niveaux maximaux d’émissions mondiales de GES à ne pas dépasser en 2025, 2030 et 2050 pour respecter l’objectif de 2°C. Le PNUE estime ce seuil désormais à 40 Gt CO2e en 2025, 35 Gt CO2e en 2030 et 22 Gt CO2e en 2050.

Options pour combler l’écart entre la science et le niveau d’ambition en 2020, en exploitant trois leviers :

  • réduire au minimum le recours aux crédits d’émission via les UA et au surplus des UQA, éviter la double comptabilisation des crédits d’émission issus de la mise en œuvre des projets MDP [mécanisme de développement propre] et MOC [mise en œuvre conjointe]) (1 à 2 Gt CO2e);
  • mettre en œuvre les engagements conditionnels (plus ambitieux) [plutôt que les engagements inconditionnels moins ambitieux, comme par exemple, pour l’UE, passer à l’objectif de réduction de -30% d’ici 2020] (2 à 3 Gt CO2e), et
  • renforcer les engagements actuels (1,8 Gt CO2e).

Ce potentiel cumulé réduirait l’écart d’environ 6 Mt CO2e.

Enfin, le PNUE signale quatre domaines où des initiatives de co-opération internationale (dialogues, processus multilatéraux,…) pourraient contribuer à réduire l’écart : l’efficacité énergétique (potentiel de réduction allant jusqu’à 2 Gt CO2e d’ici 2020), la réforme des subventions accordées aux combustibles fossiles (0,4 à 2 Gt CO2e), les forceurs climatiques à courte durée de vie (0,6 à 1,1 Gt CO2e) et les énergies renouvelables (1 à 3 Gt CO2e).

Article | International | Connaissances et données / Science | Climat et Gaz à effet de serre | Suivi des émissions et des concentrations