AIE : dernières estimations de CO2 (2012)
Le 10 juin 2013, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié ses dernières estimations d’émissions mondiales de CO2 (issues uniquement de la combustion de combustibles fossiles). En 2012, celles-ci ont atteint 31,6 Gt CO2, niveau record, en hausse de 1,4% par rapport à 2011.
L’AIE souligne que ce niveau maximal masque toutefois d’importants contrastes régionaux. Malgré un recours accru au charbon dans certains pays européens, les émissions de CO2 du Vieux Continent ont diminué de 50 Mt entre 2011 et 2012. Suite au passage du charbon au gaz (et notamment aux gaz de schiste) pour la production d’électricité, les Etats-Unis ont connu une baisse de 200 Mt de CO2 sur la même période, ce qui les ramène à leur niveau d’émissions du milieu des années 90.
Par contre, les émissions de CO2 du Japon ont crû de 70 Mt entre 2011 et 2012 du fait du recours aux énergies fossiles suite à l’accident nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011. C’est la Chine qui a connu la plus forte hausse des émissions de CO2 (+300 Mt entre 2011 et 2012) mais, relativise l’AIE, il s’agit d’une des plus faibles hausses enregistrées par ce pays au cours de la dernière décennie grâce à l’utilisation des énergies renouvelables et aux améliorations en matière d’intensité énergétique.
Les pays hors OCDE représentent en 2012 60% des émissions mondiales de CO2, contre 45% en 2000.
Ces nouvelles estimations ont été présentées dans un rapport intitulé Redessiner la carte énergie-climat (Redrawing the Energy-Climate Map). Le rapport montre qu’il y a de fortes chances pour que le rythme actuel de croissance des émissions mondiales de CO2 conduise la planète sur une trajectoire qui se traduirait par une hausse des températures moyennes mondiales comprise entre 3,6°C et 5,3°C, alors que l’objectif mondial fixé par les Etats dans le cadre de la Convention Climat est de 2°C (accord de Copenhague [2009], confirmé par les accords de Cancún [2010]).
La directrice exécutive de l’AIE, Maria van der Hoeven, a mis en garde les Gouvernements de la planète : « en tant que priorité politique, [la lutte contre] le changement climatique a tout simplement été mis en veilleuse. Mais le problème ne disparaîtra pas. Bien au contraire » (source : communique de l’AIE du 10/06/2013).
Le nouveau rapport de l’AIE met en avant un scénario dit « 4-pour-2°C » retenant quatre politiques énergétiques qui pourraient permettre, sans coût supplémentaire net, de fortes réductions d’émissions de CO2 d’ici 2020, en mettant en œuvre des technologies existantes déjà utilisées avec succès dans plusieurs pays. Le scénario 4-pour-2°C permettrait de réduire les émissions de CO2 liées à la combustion des combustibles fossiles de 8% (-3,1 Mt CO2e) d’ici 2020 par rapport au scénario tendanciel. Les quatre politiques énergétiques proposées sont les suivantes :
1°) une meilleure efficacité énergétique dans les secteurs résidentiel/tertiaire, industriel et des transports (49% des émissions de CO2 évitées).
2°) des actions de réduction ciblant les émissions de CH4 issues du torchage dans l’industrie pétrolière et gazière (18%).
3°) une accélération de l’élimination progressive (partielle) des subventions accordées à la consommation de combustibles fossiles (12%).
4°) une limitation de la construction et de l’utilisation des centrales électriques au charbon (21%).
L’AIE conclut que reporter le passage à une trajectoire 2°C à 2020 engendrerait d’importants coûts supplémentaires pour le secteur énergétique : si des coûts d’investissements dans des technologies sobres en carbone s’élevant à 1 500 milliards (Md) de $ seraient évités avant 2020, des investissements supplé-mentaires de 5 000 Md $ seraient nécessaires par la suite pour ramener la planète sur une trajectoire de 2°C.
www.worldenergyoutlook.org/media/weowebsite/2013/energyclimatemap/RedrawingEnergyClimateMap.pdf