HFC : Effets antagonistes des politiques de protection du climat et de l’ozone stratosphérique
Le 21 novembre 2011, lors de la 23e réunion des Parties au Protocol de Montréal (1987) sur les substances qui appauvrissent la couche d’ozone (SAO), à Bali (Indonésie), le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a présenté un nouveau rapport intitulé HFC, articulation indispensable entre la protection du climat et de la couche d’ozone. Ce rapport, publié à quelques jours avant l’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur le Climat (Durban, Afrique du Sud), met en exergue les effets antagonistes, sur les HFC, des politiques climat et ozone stratosphérique (voir encadré) et le besoin impératif de conduire une politique internationale intégrée et cohérente.
Les HFC : Les HFC, utilisés comme agents réfrigérants dans la réfrigération et la climatisation, sont des gaz de substitution de 2e génération aux CFC, après ceux de 1ère génération, les HCFC. Les CFC et les HCFC sont des SAO et donc réglementées par le Protocole de Montréal, mais ils sont également des gaz à effet de serre (GES). Au titre d’un amendement de 2007 à ce Protocole(1), les HCFC sont soumis à un calendrier d’élimination accéléré : 2020 pour les pays développés et 2030 pour les pays en développement. Ceci a déjà conduit à une intensification rapide du recours aux HFC qui sont des gaz de substitution aux HCFC les plus couramment utilisés. Bien que n’étant pas des SAO, les HFC sont de puissants GES, contribuant ainsi au forçage radiatif : certains ont un pouvoir de réchauffement global (PRG)(2), 11 700 fois plus élevé que celui du CO2 sur 100 ans. Les HFC font donc partie du panier des six GES visés par le Protocole de Kyoto en son annexe B.
Les messages clés du nouveau rapport sont présentés ci-après :
- les émissions de HFC (hors HFC-23) ont crû d’environ 8% /an entre 2004 et 2008. Par conséquent, les concentrations atmosphériques de HFC croissent rapidement (par exemple, +10% /an sur 2006-2010 pour celles du HFC-134a, principal HFC émis);
- selon les projections du PNUE (scénario tendanciel), la consommation des HFC devrait dépasser le niveau maximal de consommation des CFC dans les années 1980, surtout en raison de la demande des pays émergents (Chine, Inde, etc.) ;
- les émissions de HFC pourraient être de 3,5 à 8,8 Gt CO2e/an en 2050, effaçant ainsi en grand partie les bénéfices climatiques obtenus par les réductions d’émissions de CFC et de HCFC (8 Gt CO2e/an sur 1988-2010) suite à leur élimination progressive.
Les options techniques disponibles pour minimiser l’impact des HFC sur le climat, regroupées en trois catégories, sont :
- les méthodes et procédés alternatifs (matériaux d’isolation thermique en fibres, conception de bâtiments sans climatisation),
- le recours aux substances hors HFC à PRG faible ou zéro : sont déjà commercialisés les hydrocarbures, l’ammoniac, le CO2(3)et le diméthyle éther, qui sont utilisés comme agents moussants ou réfrigérants, et dans les systèmes anti-incendie,
- le recours aux HFC à faible PRG : plusieurs de leurs espèces sont désormais mises sur le marché (HFC-1234ze dans les produits moussants et HFC-1234yf pour les équipements de climatisation embarqués dans les véhicules motorisés, etc.).
Si certains secteurs utilisent des substances alternatives à faible PRG dans une part importante d’équipements neufs (36% des réfrigérateurs domestiques neufs et 25% des systèmes de climatisation industriels neufs), dans d’autres, celles-ci font défaut.
Enfin, le PNUE souligne qu’il n’existe pas de solution unique valable pour remplacer les HFC dans toutes leurs applications. La solution optimale dépend du contexte local de production et de consommation, des coûts des substances alternatives, de la disponibilité des composants et de la faisabilité de mise en œuvre.
(1)Voir ED n°165 p.III.5. (2)Voir SD’Air n°180 p.118. (3)Voir EDn°146 p.III.19.