Impact des techniques de post-traitement des véhicules diesel sur les émissions de NO2
Le 1er septembre 2009, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) a publié un rapport et un avis relatifs à l’impact des technologies de post-traitement des véhicules diesel sur les émissions de NO2, et les aspects sanitaires associés. L’AFSSET avait été saisie par les Ministères de l’Ecologie, de la Santé et du Travail le 24 août 2006. Les normes d’émission Euro applicables aux voitures (Euro 5 et 6) et aux véhicules lourds (Euro VI) conduiront à une généralisation des filtres à particules (FAP) sur ces véhicules pour réduire les émissions de celles-ci. Or, certaines technologies disponibles sur le marché associent un catalyseur d’oxydation au FAP et plusieurs études européennes et américaines indiquent que ces technologies entraînent une forte hausse des émissions de NO2 (en fait un ratio NO2/NOx plus élevé) sans qu’un effet soit observable sur les émissions globales de NOx. La question de l’impact d’une généralisation des FAP équipant les véhicules diesel sur les émissions de NO2 et sur la santé s’est alors posée. L’AFSSET a mandaté un groupe de travail pour la réalisation des travaux d’expertise sur cette question. L’avis de l’AFSSET se base sur les résultats de l’expertise collective présentés dans un rapport final adopté le 5 mai 2009.
Dans son avis, l’AFSSET rappelle que la pollution atmosphérique (PA) reste une préoccupation de santé publique majeure :
- le NO2 et les particules (PM) sont à considérer conjointement dans les politiques de gestion de la PA, tant du fait de leurs effets sur la santé que de leur aptitude à être précurseurs de polluants secondaires nocifs (le NO2 étant un précurseur d’ozone et de PM secondaires),
- la mise en œuvre de FAP sur les véhicules diesel peut être bénéfique pour la santé. Cependant, lorsqu’elle s’accompagne d’une surproduction de NO2, les résultats des travaux montrent que la situation concernant ce polluant demeure préoccupante,
- il y a donc utilité à mesurer systématiquement les émissions de NO2 lors des cycles d’homologation en complément des émissions de NOx. Les normes Euro VI imposent la mesure des émissions de NO2 et laissent la possibilité de la fixation ultérieure d’une valeur limite d’émission NO2. Par contre, ce n’est pas le cas des normes Euro 6,
- les mesures de gestion visant à encourager la mise en place de FAP, par exemple sur les flottes de véhicules captifs (véhicules utilitaires, bus, taxis,…) devront limiter autant que possible la production de polluants additionnels, au premier rang desquels le NO2,
- sur la base des connaissances actuelles, il n’est pas possible à l’heure actuelle d’estimer les impacts sanitaires respectifs des émissions de NO2 et de PM induites par les différentes technologies de post-traitement des émissions de véhicules diesel.
S’appuyant sur ces constats, l’AFSSET a émis des recommandations :
- systématiser dans les réglementations sur les émissions des véhicules routiers la prise en compte spécifique du NO2 et non plus seulement l’agrégat NOx totaux,
- mettre en place un dispositif d’évaluation de l’efficacité des technologies de post-traitement des véhicules diesel (FAP, catalyseurs d’oxydation,…), en prenant en compte la réduction des émissions de PM, de NOx et de NO2, ainsi que la durabilité des technologies, en s’appuyant sur les expériences de la Suisse, de l’Allemagne, de l’Autriche et des Etats-Unis,
- mieux documenter les niveaux de polluants émis par le trafic routier à sa proximité immédiate et leurs déterminants,
- mieux documenter les émissions de NO2 des véhicules, notamment des poids lourds afin de mieux déterminer l’influence des technologies sur les émissions, mesurées sur cycle et en conditions réelles,
- renforcer les connaissances en matière de toxicologie des émissions de véhicules diesel équipés de dispositifs de post-traitement.
www.afsset.fr (rubrique Actualités. Voir communiqué du 01/09/09).