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Publié le 12 mars 2025

Changement climatique : le gouvernement lance un plan d’adaptation pour préparer la France à un réchauffement de + 4°C

Par : Sophie Sanchez

Modifié le : 12/03/2025
Réf . : 2025_03_08

Après une phase de consultation publique à laquelle le Citepa a participé, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a présenté lundi 10 mars 2025 la version finale du troisième plan national d’adaptation au changement climatique, le PNACC 3, qui prévoit « une cinquantaine de mesures et 200 actions concrètes pour préparer la France dans tous les secteurs d’activité à vivre avec le dérèglement climatique ». 

Canicule à Paris durant l’été 2022 – © iStock/DaylightLoren

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Contexte

Le document rappelle qu’à l’échelle de la planète, selon l’Organisation météorologique mondiale, l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée avec une température moyenne supérieure de 1,55 °C à celle de l’ère pré-industrielle.

Au vu des rapports du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), si les engagements des Etats exprimés dans le cadre de l’Accord de Paris devraient conduire à un réchauffement mondial médian de + 2,8 °C en 2100, les politiques mondiales effectivement mises en œuvre aujourd’hui mènent plutôt à un réchauffement mondial médian de + 3,2 °C en 2100.

C’est pourquoi si le respect de l’Accord de Paris reste la cible des objectifs mondiaux de limitation du réchauffement climatique, le PNACC 3 souligne que « face au risque de dépassement de ces objectifs, il est nécessaire de se préparer à un réchauffement climatique à + 4 °C à 2100 ». Ce « défi considérable » appelle, dès maintenant, « une action résolue des pouvoirs publics et de toute la société ». « Si la baisse des émissions est mondiale, le besoin d’adaptation est national », ajoute le document – et ce d’autant plus qu’un réchauffement de + 3°C  dans le monde correspond à une augmentation des températures de + 4°C en France.

Concernant spécifiquement la France, le rapport rappelle que si rien n’est fait, le réchauffement climatique pourrait conduire :

  • à une perte de richesse potentielle de 10 points de PIB pour le pays en 2100, selon l’étude de l’Ademe intitulée « Les risques climatiques et leurs coûts pour la France, une évaluation macroéconomique », rendue publique en décembre 2023 ;
  • à un coût estimé à environ un milliard d’euros par an pour l’agriculture à horizon 2050, selon un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), qui portait sur l’« Évaluation du coût du changement climatique pour les filières agricoles et alimentaires », paru en avril 2022 ;
  • et jusqu’à 500 000 logements menacés par le recul du trait de côte d’ici 2100, au vu d’une étude du Cerema, intitulée « Projection du trait de côte et analyse des enjeux au niveau national – Horizons 2050 et 2100», publiée en avril 2024.

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En outre, le document souligne que l’impact d’un réchauffement à +4 °C n’est pas limité à des variations de températures. « Ce réchauffement va affecter l’ensemble des équilibres naturels de notre pays et avoir des conséquences environnementales dont beaucoup sont encore imprévisibles », prévient-il.

Un des impacts principaux de ces évolutions climatiques concernera la modification du cycle de l’eau. Ainsi à l’horizon 2100, la Bretagne devrait connaître une augmentation des précipitations en hiver de l’ordre de + 15 % et une baisse de l’ordre de – 25 % en été pour la valeur médiane des simulations climatiques. En Occitanie, la diminution projetée des précipitations en période estivale d’ici 2100 atteindrait de l’ordre de – 25 % (valeur médiane).

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Objectifs

Dans ce contexte, le PNACC 3 prévoit un ensemble d’actions concrètes pour adapter le territoire, Hexagone et Outre-mer, aux aléas ou impacts visibles et attendus du changement climatique : canicules, inondations, sécheresses, retrait-gonflement des argiles, érosion côtière, feux de forêt, perte de biodiversité, etc.  Il s’agit de protéger la population et de construire la résilience de la société française. Et pour ce faire, d’adapter les modes de vie, l’économie, les infrastructures et les décisions politiques en intégrant le climat futur dans l’ensemble de la planification écologique.

Ce plan vise notamment à favoriser l’évolution d’un grand nombre de secteurs (entreprises, transports, infrastructures, agriculture, etc.) afin de les adapter progressivement aux impacts du changement climatique.

Pour rappel, le PNACC 1 a été publié le 20 juillet 2011 (couvrant la période 2011-2015) et le PNACC 2 le 20 décembre 2018 (couvrant la période 2018-2022).

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Méthodologie d’élaboration

Le PNACC 3 a été élaboré en associant l’ensemble des parties prenantes : collectivités territoriales, État et opérateurs, organisations syndicales, filières économiques et associations. Ses mesures ont été discutées au sein de quatre groupes de travail – territoires, biodiversité, économie, normes techniques – qui se sont réunis de juillet à décembre 2023.

Une consultation publique volontaire, à laquelle le Citepa a participé (voir notre cahier d’acteurs), a ensuite été organisée du 25 octobre au 27 décembre 2024 sur la base du projet élaboré par les groupes de travail. Elle a permis d’enrichir le document des contributions de citoyens et d’acteurs publics et privés avant son adoption définitive. Le projet de plan a également été soumis à l’avis du Conseil national de la transition écologique le 28 janvier 2025.

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TRACC

Le nouveau plan repose, pour la première fois, sur une Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC).

Cette trajectoire a été établie en s’appuyant sur les données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Définie à partir du scénario tendanciel, elle doit servir de référence à toutes les actions d’adaptation menées en France (lire notre article).

En France hexagonale, ce scénario prévoit une hausse des températures moyennes

* de + 2 C° en 2030 ;

* de + 2,7 C° en 2050 ;

* et de + 4 C° en 2100

par rapport à l’ère préindustrielle.

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Structuration du plan

Le PNACC 3 est structuré autour de cinq axes :

1 – protéger la population des effets du changement climatique ;

2 – assurer la résilience des territoires, des infrastructures et des services essentiels ;

3 – adapter les activités humaines : assurer la souveraineté alimentaire, économique et énergétique de notre pays à + 4°C ;

4 – protéger notre patrimoine naturel et culturel ;

5 – mobiliser les forces vives de la Nation pour réussir l’adaptation au changement climatique.

Le document souligne que ce plan s’inscrit dans une démarche incrémentale : il s’agit en effet « d‘une planification progressive » (et non pas d’une stratégie à 2100), qui contient des actions concrètes et immédiates afin de préparer le palier de 2030, identifie des mesures de moyen terme axées sur les 30 prochaines années et pose les bases de grandes options valables jusqu’à 2100, comme le choix des essences en matière de renouvellement forestier.

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Mesures phare

Pour accélérer les démarches de prévention des territoires et mieux protéger la population, 52 mesures ont été définies en vue de l’adaptation au changement climatique.

Parmi elles sont prévues :

  • le renforcement du fonds Barnier de + 75 millions d’euros par rapport à 2024 pour atteindre 300 millions d’euros ;
  • la mobilisation du fonds Vert à hauteur de 260 millions d’euros ;
  • la mobilisation de 1 milliard d’euros par les Agences de l’eau, dont près de 40% pour des interventions au titre de solutions fondées sur la nature ;
  • des fonds mobilisables pour la prévention du retrait-gonflement d’argiles.

Le rapport précise

  • le dialogue est engagé avec les assureurs pour lancer un travail de réforme des assurances pour les risques liés au dérèglement climatique ;
  • l’ensemble des risques naturels en montagne (torrentiel, glissement de terrain, chutes de blocs et avalanches) sera désormais pris en compte.

En outre, le rapport prévoit notamment

  • l’évolution des règles de rénovation des logements pour favoriser l’adaptation au risque de forte chaleur ;
  • l’accompagnement du système de santé aux conséquences du changement climatique ;
  • la mobilisation de tous les secteurs économiques avec l’élaboration d’une feuille de route adaptation par grand secteur économique ;
  • l’intégration de nouveaux outils et analyses concernant les risques d’aléas climatiques avec une cartographie d’expositions ;
  • la création de réserves communales de sécurité civile spécifiques à l’adaptation et la résilience des territoires.

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En savoir plus

Consulter le dossier de presse PNACC

Retrouver la Présentation du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique | Centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique

Lire les fiches mesure Adaptation de la France au changement climatique | Ministères Aménagement du territoire Transition écologique

Retrouver le cahier d’acteurs du Citepa

Voir les cahiers d’acteurs déposés | La France s’adapte – Vivre à +4°C

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