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COP-24 : enjeux et attendus

  • Réf. : 2018_11_a2
  • Publié le: 1 novembre 2018
  • Date de mise à jour: 22 mai 2019
  • International

La COP-24 [24e Conférence des Parties à la Convention Climat] se tiendra du 2 au 14 décembre 2018 à Katowice sous Présidence polonaise. C’est la 3e fois que ce pays accueille une COP [après Poznań (2008) et Varsovie (2013)].

A la différence de la COP-22 [Marrakech (2016)] et de la COP-23 [Bonn (2017) mais sous Présidence des Iles Fidji] qui étaient des COP d’étape, la COP-24 est une COP charnière à forts enjeux politiques et ce, pour trois raisons :

Rulebook

L’adoption d’un ensemble de règles robustes et transparentes sur les différents volets de l’Accord [contributions nationales (NDC), transparence, financement, bilan mondial,…] est indispensable pour sa concrétisation et pour le rendre pleinement opérationnel en 2020. En d’autres termes, tous les mécanismes, processus et instances prévus par l’Accord devront être en mesure de fonctionner en 2020, d’une part, pour surveiller, déclarer et vérifier les émissions et les actions climat mises en place, et ainsi évaluer les progrès vers la réalisation des objectifs de l’Accord et, d’autre part, pour renforcer la confiance entre les pays.

Le défi pour les négociateurs techniques sera de transformer les notes informelles révisées [307 pages, issues de la dernière session de Bangkok (4-9 sept. 2018)] en projets de textes de négociation, tout en résolvant les divergences d’opinion politique profondes et persistantes entre pays industrialisés et pays en développement (PED), surtout sur les deux sujets de blocage : les NDC et le financement. Il reste aux négociateurs techniques la première semaine de la COP-24 pour produire une base de négociation formelle qui soit consensuelle, claire, concise et cohérente pour examen et adoption par les négociateurs politiques au cours de la 2e semaine.

Phase politique du dialogue de Talanoa

Après la phase de préparation lancée en janvier 2018, la phase politique réunira les Ministres pour :

  • dresser un bilan d’étape des efforts collectifs consentis par les Parties pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2100 [article 4.1],
  • éclairer la révision des NDC dont la prochaine série doit être soumise en 2020,
  • renforcer le niveau d’ambition des NDC.

Pour l’instant, la question de savoir comment les résultats du dialogue vont alimenter les négociations à la COP-24 et comment ils vont se traduire en termes politiques reste entière [déclaration politique formelle ? Engagement politique de haut niveau ?…].

Bilan de l’ambition et de l’action pré-2020

Ce bilan est très attendu par les PED qui comptent sur des efforts accrus des pays industrialisés, tant en termes de réductions d’émissions de GES sur la période pré-2020, que sur la concrétisation de leur engagement à leur fournir 100 milliards de $ par an d’ici 2020 pour les aider à mettre en œuvre des actions climat.

Etat de ratification (au 19 novembre 2018)

Accord de Paris (2015)

Au total, 184 Parties [sur 197] l’ont ratifié, représentant 89,3% des émissions mondiales de GES. Seules 13 Parties n’ont pas encore ratifié, dont trois qui représentent, à elles seules, 10,07% des émissions restantes: Russie [7,53%], Iran [1,3%] et Turquie [1,24%] (sources : Traités ONU et CCNUCC).

Amendement de Doha (2e période d’engagement du Protocole de Kyoto, 2013-2020), adopté en 2012

Alors que la 2e période s’achèvera dans deux ans, l’amendement de Doha n’est toujours pas entré en vigueur : sur les 144 ratifications nécessaires, il en manque encore 20, dont trois des 38 Parties ayant souscrit à des engagements de réduction sur cette 2e période [cf. décision 1/CMP.18, annexe I]: Belarus, Kazakhstan et Ukraine. Au total, 121 Parties [sur 197] l’ont ratifié. A noter que la Pologne, pays présidant la COP-24, a été le dernier Etat membre de l’UE à ratifier l’amendement [au 28 septembre 2018] (source: Traités ONU).

Par ailleurs, le succès de la COP-24 dépendra :

  • d’une volonté politique claire, notamment de la part des pays industrialisés :
  • à renforcer le niveau d’ambition de leur NDC d’ici 2020,
  • à amplifier leur soutien financier, à mieux équilibrer les sommes fournies entre atténuation et adaptation et à améliorer la prévisibilité du soutien futur [point d’achoppement majeur à la COP-23, à Bonn et à Bangkok ( article 9.5 de l’Accord de Paris)];
  • d’un leadership politique fort pour faire aboutir les négociations. Cependant, aujourd’hui, il est difficile de voir quels pays grands émetteurs vont jouer ce rôle moteur. Depuis la COP-21, qui a vu une dynamique politique très forte sous l’impulsion des Etats-Unis et de l’UE, la situation politique a nettement changé :
  • les Etats-Unis, au moins au niveau fédéral, ne jouent plus le rôle moteur qu’ils avaient joué en amont et lors de la COP-21,
  • l’UE, aussi en pointe à la COP-21, est affaiblie par le Brexit, ses divisions internes et la montée du populisme dans plusieurs Etats membres. En particulier, l’Allemagne, jadis force motrice de la politique climat de l’UE, est aujourd’hui en position de faiblesse après les résultats des élections régionales récentes et ne parviendra pas à respecter ses objectifs climat 2020.
  • la Chine, elle, n’est pas prête à remplacer les Etats-Unis comme moteur,
  • suite aux résultats de l’élection présidentielle, le Brésil pourrait entraver le processus et les avancées proposées par les autres Parties, voire initier des groupes de blocage avec d’autres Parties.

Déroulement de la Conférence et sessions :

Article | International | Politique, gouvernance, réglementation | Climat et Gaz à effet de serre | CCNUCC/Protocole de Kyoto/Accord de Paris