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Journal de la COP-29 | Jour 3 : 13 novembre

  • Réf. : 2024_11_a05
  • Publié le: 13 novembre 2024
  • Date de mise à jour: 18 novembre 2024
  • International

Pour le déroulement global et les enjeux de la Conférence de Dubaï sur le Climat, lire notre article.

Pour une vue d’ensemble détaillée des six sujets clés des négociations (financement climat ; article 6 ; pertes et préjudices ; adaptation ; atténuation ; bilan mondial), consultez notre guide des enjeux de la COP-29 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Programme de la 3e journée

Séquence de haut niveau (High Level Segment ou HLS) : Chefs d’Etat et de Gouvernement)

12 – 13 nov. 2024 : 1ère partie de la séquence de haut niveau.

Au cours de cette séquence, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de 77 Parties à la CCNUCC (sur les 197) doivent prononcer leur allocution nationale. Au total, selon la liste provisoire mise à jour le 10 novembre 2024, 47 dirigeants passent à la tribune le 12 novembre et 30 le 13 novembre (contre respectivement 51 et 46 selon la liste provisoire précédente en date du 3 novembre 2024)

Voir programme de la séquence de haut niveau les 12 et 13 novembre 2024

Voir allocutions des Chefs d’Etat et de Gouvernement prononcées mercredi 13 nov. 2024.

 

12-13 novembre 2024 : Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat (World Leaders’ Climate Action Summit ou WCAS), organisé à l’initiative de la Présidence azerbaïdjanaise et qui se déroulera également sur les deux jours parallèlement à la séquence de haut niveau).

Voir programme du Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat, les 12 et 13 novembre 2024

Voir les modalités de déroulement de ce Sommet

Dans le cadre du Sommet, trois tables rondes sont programmées :

  • table ronde de haut niveau sur l’énergie : faire avancer l’action sur l’atténuation (mardi 12 nov.),
  • table ronde sur la mobilisation du financement pour le climat (mardi 12 nov.),
  • table ronde sur la traduction de l’ambition en action : accroître le financement de l’adaptation pour atteindre l’objectif mondial sur l’adaptation (mercredi 13 nov.).

Voir les notes de cadrage pour chacune des trois tables rondes.

 

Par ailleurs, toujours dans le cadre de la séquence de haut niveau, une série de grands évènements de haut niveau (High-Level Special Events) aura lieu, parmi lesquels :

  • lancement de haut niveau du dialogue de haut niveau sur la coordination et complémentarité pour les modalités de financement des pertes et préjudices,
  • « des engagements à l’action : opérationnalisation intégrale du fonds pertes et préjudices »,
  • Sommet de la COP-29 sur le méthane,
  • Sommet des dirigeants des petits Etats insulaires en développement.

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) vont poursuivre les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le 11 novembre 2024 (lire notre article).

 

Consultations 

Des consultations vont être menées par la Présidence sur plusieurs sujets. Le Citepa reviendra là-dessus dans la mise à jour de cet article « Retour sur la 3e journée ».

 

Comité permanent sur le financement (SCF)

Le 13 novembre 2024, le Comité permanent sur le financement (Standing Committee on Finance ou SCF), organe formel (constituted body) au sein de la CCNUCC, présentera quatre rapports qu’il a réalisés en 2024 et publiés le 18 octobre 2024 :

 

Ces rapports seront lancés lors d’un évènement parallèle (side event) le 13 novembren2024. Ils visent à éclairer, d’une part, les négociations sur les sujets liés au financement à l’ordre du jour de la COP-29 et de la CMA-6, et d’autre part, le dialogue ministériel de haut niveau sur le financement climat en général (prévu le 14 novembre 2024).

 

Retour sur la 3e journée

 

13 nov. 2024 : 1ère partie de la séquence de haut niveau – suite (2e jour)

Au cours de cette séquence, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de 28 Parties à la CCNUCC (sur les 197) ont prononcé leur allocution nationale, selon la liste finale du 13 novembre 2024.

 

Sommet des dirigeants mondiaux pour l’action climat

 

Annonces clés

Brésil

Le Brésil, pays hôte de la COP-30 (nov. 2025 à Belém), a présenté sa NDC 3.0 qui fixe un objectif de réduction des émissions de GES de tous les secteurs émetteurs compris entre 59% et 67% d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 2005, en grande partie via l’absorption du CO2 par son puits forestier. Par ailleurs, la NDC 3.0 fixe un objectif de zéro déforestation d’ici 2035. Dans sa première NDC, mise à jour et soumise le 27 octobre 2022, le Brésil avait fixé un objectif de réduction de 48,4% en 2025 (base 2005) et de 53,1% en 2030 (base 2005).

Après l’annonce de la NDC 3.0 renforcée du Royaume-Uni au 2e jour de la COP-29 (lire notre article), cette initiative du Brésil contribue à une nouvelle dynamique politique des pays émetteurs moteurs d’une action climat plus ambitieuse visant à inciter les autres pays grands émetteurs à soumettre leur NDC 3.0 avec des objectifs plus ambitieux.

 

Coalition à haute ambition

A Bakou, le 13 novembre 2024, le 3e jour de la COP-29 a vu la réapparition de la Coalition à haute ambition (High Ambition Coalition ou HAC) : des Chefs d’Etat et de Gouvernement, Ministres ou autres hauts fonctionnaires de 25 Etats (dont la France) ont publié une déclaration conjointe. Les signataires s’engagent collectivement à s’efforcer de maintenir et de renforcer l’ambition en matière de financement climat, d’atténuation et d’adaptation.

 

En savoir plus sur la Coalition à haute ambition

La COP-21 (Paris, décembre 2015) a vu émerger une « grande coalition » de plus de 100 Parties : l’UE et 79 Etats rassemblés au sein du groupe ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique), soit au total 107 pays [ou, avec l’UE en tant qu’organisation régionale à intégration économique, 108 Parties à la CCNUCC sur 197]. A l’initiative des Iles Marshall, ils se sont unis dans le cadre d’une coalition non officielle dite à haute ambition (High Ambition Coalition) pour souligner leur engagement partagé à trouver un accord mondial ambitieux et contraignant. Ils se sont mis d’accord sur les exigences suivantes :

  • l’accord devait être juridiquement contraignant, inclusif [qui implique toutes les Parties], équitable, ambitieux, durable et dynamique,
  • il devait établir un mécanisme de révision dans le cadre duquel les pays se réunissent tous les cinq ans pour évaluer les progrès accomplis vers la réalisation de cet objectif et pour renforcer les efforts collectifs et individuels en conséquence,
  • il devait mettre en place un système de transparence, de comptabilisation et de responsabilisation pour suivre les progrès accomplis vers le respect des engagements nationaux et partager les meilleures pratiques.

Le 9 décembre 2015, les Etats-Unis ont rejoint cette Coalition, suivis d’autres pays (Canada, Australie et Brésil). Depuis l’élection du Président américain climatosceptique, Donald Trump, le 8 novembre 2016, les Etats-Unis ne font plus partie de cette coalition.

La COP-24 a vu la réémergence de la coalition à haute ambition (HAC) : le 12 décembre 2018, une déclaration a été signée par 24 pays.

Les membres de cette Coalition font partie de différents groupes de négociation officiels et leurs points de vue divergent sur plusieurs questions clés mais ils étaient unis dans leur exigence d’un accord à haute ambition.

Lors de la COP-25 (sous Présidence chilienne en 2019 à Madrid), la coalition à haute ambition a de nouveau été active dans les discussions (lire notre article).

 

Les allocutions des dirigeants ne sont pas encore en ligne sur le site de la COP-29. Elles devraient être postées ici dans les jours qui viennent.

 

Comité permanent sur le financement (SCF)

Le 13 novembre 2024, le Comité permanent sur le financement (Standing Committee on Finance ou SCF), organe formel (constituted body) au sein de la CCNUCC, a présenté quatre rapports qu’il a réalisés en 2024 et publiés le 18 octobre 2024 :

 

Ces rapports ont été lancés lors d’un évènement parallèle (side event) le 13 novembre 2024. Ils visent à éclairer, d’une part, les négociations sur les sujets liés au financement à l’ordre du jour de la COP-29 et de la CMA-6, et d’autre part, le dialogue ministériel de haut niveau sur le financement climat en général (prévu le 14 novembre 2024).

 

Poursuite des négociations

Les cinq organes de la CCNUCC (COP, CMA, CMP, SBSTA et SBI) vont poursuivre les négociations formelles sur la base de leurs programmes de travail respectifs adoptés le 11 novembre 2024 (lire notre article).

 

Consultations

Des consultations ont été menées sur plusieurs sujets, parmi lesquels :

 

Nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025 (NCQG)

Ces consultations informelles dans le cadre de la CMA ont été co-facilitées par Fiona Gilbert (Australie). Ces consultations se sont d’abord appuyées sur le document de neuf pages présentant un cadre concret (substantive framework) d’un projet de texte de négociation élaboré en amont de la CMA-6 (sur la base des progrès réalisés dans les discussions menées en 2024 dans le cadre du programme ad hoc sur le NCQG).

Mardi 12 novembre 2024, les Parties avaient demandé aux co-facilitateurs de compléter ce document en rajoutant des options envisagées préalablement. Un nouveau projet de texte de 34 pages (non encore disponible sur le site de la COP-29) a donc été diffusé aux Parties à 8h30 mercredi 13 novembre 2024. Si les Parties ont accueilli favorablement ce document comme base de discussion, elles ont toutefois demandé aux co-facilitateurs de le rationaliser d’ici jeudi matin, le 14 novembre 2024, en supprimant les doublons et répétitions, tout en conservant toutes les options et idées.

Selon Climate Home News, ce nouveau texte sur le NCQG devrait présenter les mêmes options que les deux précédents en ce qui concerne la structure de l’objectif. La première option est un objectif chiffré (montant), composé de financements publics fournis par les gouvernements et de financements privés mobilisés par l’argent public.

La deuxième option est un objectif chiffré (montant de financement public fourni et mobilisé), plus un objectif d’investissement plus large qui inclut les financements privés, nationaux, philanthropiques ou de taxes mondiales. Cet objectif étant « multicouche », il a été comparé à un oignon (structure « en oignon » du financement climat à partir de 2025, avec en son coeur les financements publics sous forme de subventions/dons ou de prêts à taux préférentiels, puis des couches périphériques composées de financements privés, nationaux, philanthropiques ou de taxes mondiales).

Le dernier texte de 34 pages diffusé mercredi 13 novembre 2024 (voir plus haut) contient plusieurs propositions différentes concernant le montant de l’objectif de financement public : au moins 100 Md$, au moins 1 000 Md$, au moins 1 100 Md$, au moins 1 300 Md$ ou 2 000 Md$. Le groupe de négociation G77+Chine (134 pays) fait conjointement pression pour un montant d’au moins 1 300 Md$.

Le texte de mercredi matin comporte également de nouvelles propositions spécifiques concernant les montants minimaux à verser aux pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires en développement (PIED). Ainsi, il propose des options pour 220 Md$ pour les PMA et 39 Md$ pour les PEID en termes d’équivalents-subventions chaque année.

(Source : Climate Home News, 13 nov. 2024).

Voir aussi communiqué de la Présidence de la COP-29

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) : Modalités du dialogue annuel sur les résultats du GST (SBI-61)

L’enjeu pour la CMA-6 est de définir et d’adopter les modalités (éléments pratiques) du dialogue annuel sur les résultats du Bilan mondial pour le rendre opérationnel afin que les négociations techniques sur ce sujet puissent démarrer début 2025. Ce dialogue annuel se déroulera sur quatre ans (2025-2028). Il s’agit de donner des suites concrètes aux résultats finaux actés à Dubaï, issus de la phase politique du Bilan mondial (décision 1/CMA.5, adoptée à Dubaï par la CMA-5) et notamment à la concrétisation de ce dialogue annuel mis en place par cette décision phare de Dubaï (§ 97 et 98), c’est-à-dire de traduire les nombreux engagements pris au titre de cette décision phare en actions et résultats concrets dans l’économie mondiale, et notamment les objectifs du § 28 :

  • § 28(e) : assurer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques,
  • § 28(a) : tripler la capacité mondiale de production des énergies renouvelables et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030,
  • § 28(f) : accélérer une réduction forte des émissions de GES hors CO2, en particulier les émissions de CH4.

Lors des consultations informelles menées dans le cadre du SBI-61, le co-facilitateur Ricardo Marshall (Barbade) a fait état des divergences de points de vue sur la portée et a suggéré que cette session se concentre sur les modalités, en prenant comme base la note informelle produite au terme des sessions SB 60 (juin 2024).

Sur la base des discussions dans le cadre de ces consultations informelles, les deux co-facilitateurs ont rédigé une note informelle (version 13/11/2024 @21h30).

 

Bilan mondial (Global Stocktake ou GST) : processus de déroulement du GST dans son ensemble (SB-61)

Le 2e enjeu pour Bakou sur le sujet Bilan mondial est de mener des discussions, dans la perspective du 2e Bilan mondial qui aura lieu en 2028, sur l’éventuelle amélioration du processus de déroulement du bilan mondial (procédures et logistique) en vue d’adopter une décision à Bakou.

Sur la base des discussions dans le cadre des consultations informelles, les deux co-facilitateurs ont rédigé une note informelle (version 13/11/2024 @00h30).

 

Article 6.2 : approches coopératives (SB-61)

L’article 6.2 de l’Accord de Paris prévoit des approches coopératives (transferts de réduction directs [crédits carbone] entre pays à titre bilatéral ou multilatéral, connus sous l’acronyme anglais ITMO). La Présidence de la COP-29 s’est engagée à accorder la deuxième priorité de la Conférence de Bakou (après la première, le NCQG) à la finalisation de l’opérationnalisation de l’article 6, une fois pour toutes, neuf ans après l’adoption de l’Accord de Paris (2015) et six ans après l’adoption de la quasi-totalité de ses règles de mise en œuvre (Rulebook, Katowice, CMA-1, 2018). Les règles sur l’article 6.4 (mécanisme d’octroi de crédits d’émission) ont été adoptées lors de la session d’ouverture de la CMA-6, le 11 novembre 2024 (lire notre article).

L’enjeu pour la CMA-6 est donc de régler les questions en suspens en vue de finaliser les règles de mise en œuvre de l’article 6.2, à savoir :

  • intégrité environnementale,
  • protection des droits humains,
  • transparence (et surtout la question des clauses de confidentialité des informations rapportées par les Parties après les échanges d’ITMO, qui empêcheraient la vérification de ces informations).

Pour une vue d’ensemble détaillée du sujet de l’article 6 (contexte, historique des négociations et avancées), consultez notre guide des enjeux de la COP-28 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

Mercredi 13 novembre 2024, des consultations informelles ont été menées, co-facilitées par Peer Stiansen (Norvège) et Maria Al Jishi (Arabie saoudite). Les Parties ont examiné et proposé des possibilités de rationaliser le projet de texte de la SBSTA 60 (projet de conclusions du Président du SBSTA sur l’article 6.2, en date du 13 juin 2024).

Les Parties ont mandaté les co-facilitateurs pour élaborer une nouvelle version du texte sur la base des discussions menées dans ces consultations.

 

Adaptation : objectif mondial en matière d’adaptation (SB-61)

Le premier enjeu pour la CMA-6 sur le sujet adaptation est de faire aboutir les négociations pour définir et adopter les modalités de mise en œuvre du programme de travail biennal Emirats-Belém (2025-2026), dont la mise en place a été décidée à Dubaï lors de la CMA-5 (décision 2/CMA.5,§39). L’objectif de ce programme sera d’identifier et d’élaborer des indicateurs et éléments chiffrés pour mesurer les progrès accomplis dans la réalisation, d’ici 2030, des sept objectifs qualitatifs thématiques fixés par le cadre des Emirats pour la résilience climatique mondiale (décision 2/CMA.5,§6 à 11) : eau ; agriculture et agroalimentaire ; écosystèmes et biodiversité ; santé ; infrastructures et villes ; élimination du pauvreté ; patrimoine culturel.

La CMA-6 doit donc approuver ces modalités (plan, calendrier, participants, etc.) à Bakou pour que les Parties puissent démarrer début 2025 les discussions techniques de fond.

Les consultations informelles des SB sur ce sujet ont été co-animées par Lamin Dibba (Gambie). Ils ont indiqué qu’ils allaient élaborer un projet de texte.

Pour une vue d’ensemble détaillée du sujet de l’adaptation (contexte, historique des négociations et avancées), consultez notre guide des enjeux de la COP-28 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

Adaptation : Plans nationaux d’adaptation (SBI-61)

 

En savoir plus sur les Plans nationaux d'adaptation

Contexte

Le processus des Plans nationaux d’adaptation (NAP) a été établi en vertu du cadre de Cancún pour l’adaptation (cf. Accords de Cancún, décision 1/CP.16, adoptés lors de la COP-16 (2010). Il s’agit d’un processus continu, progressif et itératif qui vise à faciliter la planification des mesures d’adaptation par les pays en développement. Ils constituent une forme d’opérationnalisation du volet « adaptation » de plus en plus intégré aux NDC des Parties, qui leur permet de définir les priorités et objectifs nationaux en matière d’adaptation. Le but des PNA est d’identifier les besoins et priorités en matière d’adaptation et de gestion des risques climatiques à moyen et à long terme et d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies et plans pour répondre à ces besoins.

La décision 1/CMA.5, issue de la phase politique du bilan mondial (Global Stocktake ou GST), adoptée le 12 décembre 2023 à Dubaï, appelle les Parties qui ne l’ont pas encore fait à mettre en place leurs plans, politiques et processus nationaux de planification en matière d’adaptation d’ici 2025 et à avoir avancé dans leur mise en œuvre d’ici 2030 (cf. décision 1/CMA.5,§ 59).

Au 12 juillet 2024, 58 des 155 Parties hors annexe I (PED), soit 37%, avaient soumis leur PNA (voir liste des NAP soumis).

L’enjeu de la Conférence de Bakou (CMA-6) est de renforcer le soutien à l’élaboration et à la mise en œuvre des NAP, en mettant l’accent sur l’assistance financière et technique.

 

Lors des consultations informelles au sein du SBI, la co-facilitatrice Meredith Ryder-Rude (États-Unis) a présenté une mise à jour annotée et codée par couleur de la note informelle élaborée lors de la SBI 60 (juin 2024). Les discussions ont fait ressortir des divergences d’opinion entre, d’une part, le groupe de négociation G77+Chine et, d’autre part, l’UE, la Norvège et les Etats-Unis. Les co-facilitateurs ont conclu que les discussions étaient dans l’impasse et ont exhorté les Parties à se consulter de manière informelle.

 

Atténuation : Programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre (MWP) (SBI-61)

 

En savoir plus sur le programme de travail MWP

Contexte

Le principal enjeu pour la CMA-6 sur le sujet atténuation est de renforcer l’ambition des Parties dans le contexte de la remise prochaine des NDC mises à jour ou NDC nouvelles. Les Parties vont reprendre les négociations dans le cadre du programme de travail sur l’ambition et la mise en œuvre en matière d’atténuation (Mitigation Ambition and Implementation Work Programme ou MWP). Les négociations avancent très lentement en raison de fortes divergences observées à Dubaï (décembre 2023) et à Bonn (juin 2024), surtout entre pays industrialisés et pays en développement sur le mandat même de ce programme de travail et sur la question de savoir si le projet de décision à adopter à Bakou devrait être de nature strictement procédurale ou s’il devait comporter des objectifs concrets. Les Parties devront surmonter leurs fortes divergences pour faire aboutir les négociations sur une décision à la hauteur des enjeux de l’atténuation. In fine, il s’agira pour la CMA-6 de faire déboucher le programme MWP sur des résultats concrets en matière de réduction collective des émissions qui soient compatibles avec les objectifs de +2°C et de +1,5°C.

Pour une vue d’ensemble détaillée du sujet de l’atténuation et des travaux dans le cadre du MWP (contexte, historique des négociations et avancées), consultez notre guide des enjeux de la COP-28 : l’essentiel pour comprendre le contexte des négociations

 

A la suite de consultations informelles menées mardi 12 novembre 2024, les co-facilitateurs ont rédigé une note informelle version qui a diffusée auprès des Parties (version du 14/11/2024 @9h00).

 

 

Négociations dans les groupes de contact

Des négociations ont été menées dans plusieurs groupes de contact sur des sujets clés, parmi lesquels :

 

Article 6.8 : approches non fondées sur le marché (CMA-6)

L’article 6.8 prévoit des approches non fondées sur le marché pour renforcer les liens et créer des synergies entre atténuation, adaptation, financement, transfert de technologies et renforcement des capacités.

Les co-facilitateurs ont indiqué qu’ils allaient élaborer une nouvelle version du projet de texte sur la base des discussions menées dans ce groupe de contact. Cette nouvelle version du projet de texte a été publiée dans la nuit du mercredi à jeudi (version du 14/11/2024 @02h00).

 

Article 2.1(c) 

Sur le sujet financement climat, le 2e enjeu pour la CMA-6 à Bakou (après celui de la fixation d’un nouvel objectif collectif chiffré pour le financement climat à partir de 2025) est de réaliser des avancées concrètes dans le cadre des discussions du dialogue de Charm el-Cheikh sur l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris. Cet article fixe l’objectif de rendre les flux financiers compatibles avec une trajectoire d’émissions bas-carbone et résilient aux changements climatiques. Ce dialogue a été mis en place par la décision 1/CMA-4 (Charm el-Cheikh, 2022).

Dans le groupe de contact de la CMA-6, co-présidé par Elena Pereira Colindres (Honduras) et Ben Abraham (Nouvelle-Zélande), les Parties ont cherché à identifier les éléments d’un projet de décision. Les co-Présidents vont élaborer un projet de décision.

 

Programme de travail sur la transition juste (JTWP) (SBI-61)

A Bakou, l’enjeu sur le sujet de la transition juste est de faire avancer les négociations dans le cadre du 2e dialogue du programme de travail sur la transition juste (JTWP) pour définir et adopter les modalités de mise en œuvre du JTWP (plan, calendrier, participants,…). Ces modalités doivent être concrétisées, puis adoptées par la CMA-6 avant que les travaux techniques du JTWP ne puissent démarrer en 2025.

 

En savoir plus sur le programme de travail MWP

Contexte

Lors de la CMA-4 (à Charm el-Cheikh, Egypte, novembre 2022), les Parties avaient décidé de mettre en place un programme de travail sur la transition juste pour examiner les trajectoires visant à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (paragraphe 52 de la décision 1/CMA-4). Le SBI et le SBSTA avaient été chargés par la CMA-4 de soumettre un projet de décision pour examen et adoption lors de la CMA-5. La CMA-4 avait également décidé d’organiser tous les ans, dans le cadre de ce nouveau programme de travail, une table ronde ministérielle de haut niveau sur la transition juste, à compter de la CMA-5.

A Dubaï, s’est tenue le 3 décembre 2023 la première table ronde ministérielle de haut niveau sur la transition juste. La décision 3/CMA.5 a été une des dernières décisions à être adoptée par la CMA-5 faute de consensus entre les Parties. Par ailleurs, 10 versions du projet de décision ont circulé avant que les Parties ne parviennent à un consensus.

De fortes divergences sur le périmètre du programme ont été soulevées : doit-il axer ses discussions sur la transition de la main d’œuvre du secteur des énergies fossiles (position des pays développés) ou doit-il suivre une vision plus multilatérale et moins axée sur l’atténuation (position des pays en développement) ? Les pays en développement ont insisté sur le fait qu’ils ont besoin d’un soutien pour réaliser une transition juste (pas uniquement financier mais aussi technique, etc.). En fait, les négociations au sein de cet axe n’étaient qu’un reflet des positions plus larges à la COP-28.

Finalement, à Dubaï, dans la décision 3/CMA.5, la CMA s’est mise d’accord sur un périmètre du programme de travail, notamment sur la transition juste et équitable qui englobe des trajectoires qui intègrent les dimensions énergétiques, socio-économiques, main d’œuvre,… basées sur les priorités de développement définies au niveau national et qui incluent la protection sociale pour atténuer les impacts liés à la transition. Ce programme intègre aussi la question des potentialités, défis et entraves liés au développement durable et à l’élimination de la pauvreté. Le début de la mise en œuvre du programme de travail est prévu après la CMA-5.

Ce programme de travail sera mis en œuvre sous le pilotage du SBI et du SBSTA. Au moins deux dialogues se tiendront chaque année dans le cadre du programme de travail, l’un en amont des sessions SB en juin (à commencer par les SB-60, juin 2024) et l’autre en amont des sessions SB parallèlement aux COP en fin d’année (à commencer par les SB-61, nov. 2024).

Lors de la CMA-8 (2026), aura lieu un réexamen de l’efficacité du programme de travail et décision sur la poursuite des travaux ou non.

Lors des SB-60 (3-13 juin 2024), le 1er dialogue dans le cadre du programme de travail sur la transition juste a eu lieu le 3 juin 2024 (voir programme). Le 2e dialogue a eu lieu les 2-3 octobre 2024 à Charm el-Cheikh (voir programme).

 

A la suite des discussions menées mardi 12 novembre 2024 dans un groupe de contact, co-facilité par Kishan Kumarsingh (Trinité et Tobago) et Georg Børsting (Norvège), ceux-ci ont rédigé une note informelle (version 13/11/2024 @15h10).

 

Autres temps forts de la 3e journée

 

Les données 2024 du Global Carbon Project

Le 13 novembre 2024, le Global Carbon Project (GCP – voir encadré ci-dessous) a publié la mise à jour 2024 de son analyse annuelle des tendances d’émissions mondiales de CO2 (émissions historiques, projections d’émissions et de concentrations pour 2021). Il s’agit de la 19e édition d’une mise à jour annuelle du budget carbone mondial qui a débuté en 2006. Le Citepa reviendra sur cette publication dans un prochain article.

 

En savoir plus sur le Global Carbon Project

Le Global Carbon Project

Le Global Carbon Project (GCP) fait partie du réseau mondial de scientifiques Future Earth et il est un partenaire du programme mondial de recherche sur le climat (WCRP). C’est un consortium international de 95 instituts de recherche scientifique répartis dans 17 pays qui a été créé en 2001 afin d’aider la communauté scientifique à établir une base de connaissance commune pour servir d’appui aux politiques de réduction d’émissions de GES. Le projet s’est fixé pour objectif d’élaborer une vision complète du cycle global du carbone (flux naturels et anthropiques). Les travaux du GCP sont revus par les pairs à l’instar de ceux du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Parmi les principaux partenaires du GCP figure le climatologue français Philippe Ciais du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE). Le GCP est hébergé depuis mai 2022 par l’université d’Exeter (sud-ouest de l’Angleterre), avec la création d’un bureau dédié, le Global Carbon Budget Office (GCBO).

 

Selon cette mise à jour 2024, les émissions mondiales de CO2 ont atteint un nouveau record de37,4 Gt CO2e en 2024 (hors UTCATF), soit une hausse de 0,8% par rapport au niveau de 2023. Si les émissions/absorptions de CO2 liées au secteur UTCATF sont prises en compte (4,2 Gt CO2e en 2023), les émissions mondiales totales nettes de CO2 s’élèvent à 41,6 Gt CO2e (contre 40,6 Gt CO2e en 2023), soit une hausse de 2,5% par rapport au niveau de 2023.

Les chercheurs du GCP soulignent que malgré la nécessité urgente de réduire fortement les émissions de CO2 pour atténuer le dérèglement climatique, il n’y a toujours aucun signe qu’elles aient atteint leur pic.

Voir communiquéinfographie | messages clésarticle scientifique (Global Carbon Budget 2024) publié le 13 nov. 2024 dans Earth System Science Data.

 

Retrait anticipé de la délégation argentine sur ordre du gouvernement argentin

Dans une démarche inattendue et inédite, le gouvernement du Président de l’Argentine, Javier Milei, a décidé de retirer de façon anticipée la délégation argentine présente à la COP-29 de Bakou et leur a ordonnés de quitter les lieux, selon la journaliste argentine, Tais Gadea Lara, spécialiste des questions climatiques. C’est le sous-Secrétariat du Ministère de l’Environnement argentin qui lui a confirmé cette information, également relayée le 13 novembre 2024 par le quotidien espagnol El País. Selon la liste provisoire de participants à la COP-29, publiée par la CCNUCC le 12 novembre 2024, la délégation des négociateurs d’Argentine compte 21 délégués. Si aucune raison officielle n’a été avancée par le gouvernement argentin, selon certains observateurs (ECIU, Climate Home News), estiment que cette décision est liée au fait que le Président Milei est un climatosceptique.

 

A la suite des propos provocateurs du Président azerbaïdjanais, la Ministre française de la Transition écologique annule son déplacement à la COP-29

La Ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé mercredi 13 novembre 2024 qu’elle ne se rendrait pas à la COP-29 à Bakou après les propos provocateurs du Président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, dans son discours prononcé lors du sommet des dirigeants sur les petits Etats insulaires qui s’est tenu mercredi 13 novembre 2024 dans le cadre de la séquence de haut niveau.

Dans un discours accusateur, le Président Aliyev a déclaré : « On n’aurait pas fait le tour des crimes de la France dans ses soi-disant territoires d’outre-mer si l’on ne mentionnait pas les récentes violations des droits de l’homme…. Le régime du Président Macron a tué 13 personnes et en a blessé 169 […] lors de manifestations légitimes du peuple kanak en Nouvelle-Calédonie », a-t-il ajouté.

La Ministre française a répliqué en annonçant qu’elle annulait sa participation aux négociations de la 2e semaine pour protester contre le discours « déplorable » du Président Aliyev : « Les propos tenus contre la France et l’Europe par le président Aliyev à l’occasion de […] la COP-29 sont inacceptables. Les attaques directes contre notre pays, ses institutions et ses territoires, sont injustifiables. L’Azerbaïdjan instrumentalise la lutte contre le dérèglement climatique pour un agenda personnel indigne. Ces attaques constituent une violation flagrante du code de conduite de la CCNUCC [pour le déroulement des Conférences de l’ONU sur le climat]. Elles ne resteront pas sans réponse. Après échange et en accord avec le Président de la République et le Premier ministre, je ne me rendrai pas à Bakou la semaine prochaine. Les équipes de négociations françaises ne ménageront pas leurs efforts, avec mon appui à distance et en lien avec nos partenaires européens, pour protéger la planète et nos populations » (source : tweet sur X de la Ministre française de la Transition écologique, 13 nov. 2024).

Au-delà de cette polémique diplomatique, à l’échelle des seules négociations au sein de la COP-29, même si l’équipe française de négociation sur place à Bakou (une quarantaine de délégués des Ministères de la Transition écologique, des Affaires étrangères et de l’Economie) reste mobilisée, l’absence de la Ministre, lorsque les négociations entreront dans leur dernière ligne droite les derniers jours de la Conférence, pourrait se faire sentir dans la capacité de la France à peser politiquement. Selon Lola Vallejo, conseillère spéciale Climat au sein de l’Iddri, « Quand un Ministre est là, sa voix est plus écoutée car quand les débats techniques sont dans l’impasse, on a besoin que les Ministres se parlent  pour essayer de [trouver] des compromis de haut niveau. Pour faire bouger les lignes, on a besoin de la présence d’un Ministre. Plus on a de Ministres engagés [autour de la table de négociations] pour faire changer quelque chose, plus on peut avoir des changements par rapport aux positions qui sont déjà exprimées depuis plusieurs mois » (propos rapportés au journal de 19h sur France Inter, le 14 nov. 2024). C’est la première fois que la France ne sera représentée lors d’une COP ni par un Chef de Gouvernement, ni par un(e) Ministre (source : France Inter d’après Iddri). 

Pour l’instant, le MTE n’a pas publié de communiqué officiel sur ce sujet.

Sources :

 

En savoir plus

CCNUCC/UNFCCC

Page d’accueil du site de la CCNUCC

Page du site de la CCNUCC consacrée à la COP-29

Les cinq sessions de négociation

Note informelle conjointe, rédigée par le co-Président du SBSTA et le co-Président du SBI en amont des sessions SB-61, et publiée le 25 octobre 2024. Cette note propose la démarche et la méthode à suivre lors de ces sessions du 11 au 16 novembre 2024 (organisation et programme)

Programme global de la Conférence (overview schedule, version du 2 nov. 2024)

Programme jour par jour en détail (le programme de la journée indiquée est mis en ligne la veille au soir)

Programme détaillé pour la 3e journée (13 novembre 2024)

Bulletin quotidien de l’Institut International du Développement Durable (IISD) qui revient en détail sur les travaux de la 3e journée

Consultations de la Présidence

Liste des évènements parallèles (side events) à Bakou 

Registre des NDC

NDC 3.0

Registre des stratégies bas-carbone 2050 (Long term strategies ou LTS)

Emissions de GES des Parties annexe I (pays industrialisés)

Emissions de GES des Parties hors annexe I (pays en développement) (NB. données d’émission non récentes)

 

Présidence azerbaïdjanaise

Site web de la Présidence azerbaïdjanaise

 

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