Le Giec élit un nouveau Président et l’ensemble des membres de son bureau, dont le Français Robert Vautard en tant que co-président du premier groupe de travail
Lors de la 59e session du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, IPCC en anglais), du 26 au 28 juillet 2023 à Nairobi (Kenya), le scientifique Britannique Jim Skea a été élu en tant que nouveau président par les représentants des 170 Gouvernements nationaux qui ont participé à cette session (source : IISD, 31 juillet 2023). Au total, le Giec compte 195 Etats membres. En sa qualité de 5e président du Giec, Jim Skea vient succéder au Sud-Coréen, Hoesung Lee, 4e président depuis 2015.
Lors de cette 59e session du Giec, des élections ont également eu lieu pour renouveler l’ensemble du bureau du Giec (34 membres – voir encadré ci-après). Les dernières élections ont eu lieu en 2015. C’est dans ce cadre que le scientifique Français Robert Vautard a été élu co-président du groupe de travail n°I (Working Group 1 ou WG I) du Giec, consacré aux sciences physiques du changement climatique. Il a été élu au côté de Xiaoye Zhang (Chine) et succède ainsi à Valérie Masson-Delmotte (Directrice de recherche CEA au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement au sein de l’Institut Pierre Simon Laplace, Paris Saclay), co-présidente depuis octobre 2015.
Le bureau du Giec
Le bureau du Giec est composé de 34 membres :
- le président du Giec (Chair),
- les trois vice-présidents du Giec (Vice-Chairs),
- les deux co-présidents de chacun des trois groupes de travail (Working Groups ou WG : WG I : sciences physiques du changement climatique ; WG II : impacts, adaptation et vulnérabilité ; WG III : atténuation),
- les vice-présidents de chacun des WG : sept vice-présidents du WG I, huit du WG II et sept du WG III.
- les deux co-présidents du groupe d’experts sur les inventaires nationaux d’émissions de gaz à effet de serre (Task Force on National Greenhouse Gas Inventories ou TFI).
Le bureau du Giec a pour mission de :
- formuler des recommandations au Giec sur les aspects scientifiques et techniques de ses travaux, et
- fournir des conseils au Giec sur les questions stratégiques, de gestion et de gouvernance.
Voir cahier des charges du bureau.
Source : Giec
Jim Skea
Jim Skea, 69 ans, a 40 ans d’expérience dans le domaine des sciences du climat. Professeur des énergies durables depuis 2009 à l’Imperial College de Londres, il a été co-président du groupe de travail n°III (Working Group III ou WG III) du Giec consacré à l’atténuation lors du 6e cycle d’évaluation (2015-2023). Les travaux du WG III ont abouti à la publication du 3e volume du 6e rapport d’évaluation, le 4 avril 2022 (lire notre dossier de fond). Il a également codirigé la réalisation du rapport spécial du Giec sur le réchauffement à +1,5 °C, publié le 8 octobre 2018 (lire notre dossier de fond), ainsi que le rapport spécial du Giec « climat et terres », publié le 8 août 2019 (lire notre article). Lors du 5e cycle d’évaluation (2007-2014), il avait été vice-président du WG III. En outre, il a été membre fondateur de la Commission sur le Changement Climatique (Climate Change Committee – lire notre article), créée en 2008, l’équivalent du Haut Conseil pour le Climat en France.
Source photo : Giec
Jim Skea est connu pour son efficacité et ses efforts pour construire le consensus et pour l’importance qu’il accorde à la transparence. Son élection reflète le désir largement partagé de voir le prochain cycle d’évaluation du Giec travailler rapidement afin de fournir des données scientifiques claires pour soutenir l’action climatique mondiale, notamment via les contributions du Giec au bilan mondial (prévu par l’article 14 de l’Accord de Paris, et dont la première édition s’achève lors de la COP-28 (30 nov.-12 déc. 2023) et dont la 2e édition se déroulera en 2028.
Le jour de son élection, le 26 juillet 2023, Jim Skea a annoncé dans un tweet les trois priorités qu’il s’est fixées pour son mandat :
- garantir une participation et une collaboration inclusives dans toutes les régions de la planète,
- promouvoir l’utilisation des connaissances scientifiques les plus abouties et les plus pertinentes, notamment en protégeant l’intégrité scientifique et la pertinence politique des rapports d’évaluation du Giec,
- maximiser la portée et l’impact des travaux du Giec par des collaborations avec les décideurs politiques et d’autres parties prenantes.
Ainsi, Jim Skea va présider le 7e cycle d’évaluation du Giec. Son élection, et celle de l’ensemble du bureau du Giec, ouvre la voie pour initier les travaux de ce 7e cycle qui devrait s’achever d’ici cinq à sept ans (en 2028-2030 donc). Dans ce cadre, comme lors de chaque cycle, le 7e rapport d’évaluation sera constitué de trois volets – rédigés par les trois groupes de travail (voir encadré ci-dessus), ainsi que d’un rapport de synthèse. Lors de sa 43e session (avril 2016), le Giec a décidé de réaliser un rapport spécial sur le changement climatique et les villes lors du 7e cycle.
Robert Vautard
Robert Vautard est météorologue et climatologue. Après une thèse effectuée au Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD-IPSL) sur le phénomène de blocage atmosphérique, il a développé ses travaux dans plusieurs domaines : la dynamique de l’atmosphère et sa prévisibilité, la modélisation de la pollution atmosphérique, la modélisation régionale du climat, ainsi que l’étude des événements météo-climatiques extrêmes. Robert Vautard a également coordonné le développement du modèle de simulation de la qualité de l’air « CHIMERE » qui est maintenant utilisé en France et en Europe entre autres pour la prévision de la pollution atmosphérique.
Source photo : Giec
Depuis une quinzaine d’années, il s’est particulièrement intéressé à l’influence du changement climatique sur la météorologie régionale et les événements extrêmes et aux techniques de détection et d’attribution de ces événements extrêmes (lire l’encadré sur l’attribution dans notre article). En mettant ensemble observations, simulations climatiques et techniques statistiques, il a mis en place au niveau national et européen, des démonstrateurs de « services climatiques », notamment pour le secteur de l’énergie. Ainsi, de 2017 à 2021, Robert Vautard a été coordonnateur de la Convention Nationale sur les Services Climatiques pour le MTE.
Par ailleurs, il a monté le programme du GIS « Climat-Environnement-Société », coordonné les activités de recherche dans le LABEX L-IPSL, et co-construit, avec Hervé Le Treut et Philippe Bousquet, le programme de l’École Universitaire de Recherche (EUR) IPSL-Climate Graduate School. De 2006 à 2011, Robert Vautard a dirigé le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE-ISPL, CNRS/CEA/UVSQ), l’un des neuf laboratoires de l’IPSL.
Depuis 2020, il est directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPLS) qui regroupe et coordonne les équipes de recherche en sciences du climat. Depuis 2021, il est également co-président du “GREC-francilien”, plateforme de discussion entre science et politiques publiques régionales.
Il est auteur ou co-auteur de près de 250 publications dans les journaux scientifiques internationaux (ayant fait l’objet d’une évaluation par les pairs (peer-reviewed).
En savoir plus
Communiqué du Giec sur l’élection de Jim Skea
Communiqué du MTE sur l’élection de Robert Vautard
La page du site de l’Institut Pierre-Simon Laplace consacrée à Robert Vautard
La page du site du MTE consacré aux travaux du Giec