Que conclure de la baisse d’émissions de CO2 en Chine de 8% au deuxième trimestre 2022 ?
Le 1er septembre 2022, le site spécialisé Carbon Brief a publié une analyse sur les évolutions récentes des émissions de CO2 de la Chine (premier émetteur mondial de CO2 en 2021, source : base EDGAR). L’analyse part d’une estimation des émissions de CO2 de la Chine liée aux combustibles fossiles et à la production de ciment sur la base des différentes bases de données chinoises et internationales (National Bureau of Statistics data, Annual Statistical Communiques, données d’imports exports de China Customs data, WIND Information, facteurs d’émissions du Giec).
Carbon Brief constate que ces émissions de CO2 chinoises sont en baisse depuis quatre trimestres d’affilée, avec notamment une baisse record (en rouge dans le graphique ci-dessous) de 8% au deuxième trimestre 2022 par rapport au deuxième trimestre 2021, soit -380 Mt CO2 (à titre de comparaison, les émissions de CO2 de la France s’élèvent à 315 Mt en 2021, source : Citepa, rapport Secten éd. 2022 [préestimations]).
Evolution des émissions de CO2 des fossiles et du ciment en Chine
entre chaque trimestre et celui de l’année antérieure (Mt CO2)
Source : Carbon Brief, 2022
Cette baisse record au 2e trimestre 2022 est liée à
- une baisse de la consommation de pétrole, majoritairement dans les transports. Cela s’explique par des nouveaux confinements de la population en 2022, liés à la pandémie de Covid-19, dans plusieurs zones comme Shanghai ;
- une baisse de la production de ciment (-18%) et d’acier liée à une crise immobilière. La Chine connait ainsi une forte baisse de la construction de bâtiments, après avoir connu des niveaux extrêmement élevés, en particulier dans les années 2010 ;
- une baisse (-6%) de l’usage du charbon pour la production d’électricité en lien avec une consommation temporairement plus faible et une hausse de la production par des sources renouvelables. Cette baisse ne devrait cependant pas se prolonger, en raison d’une hausse de la consommation liée à des vagues de chaleur, d’une baisse de la production hydroélectrique à cause de la sécheresse, et de la continuation d’installation de nouvelles centrales à charbon.
Cette baisse est donc en partie structurelle (forte hausse des renouvelables, en particulier le solaire et l’éolien) mais surtout conjoncturelle (effets des confinements sur le transport, crise de la bulle immobilière). Il n’est donc pas assuré que cette baisse marque le début de l’atteinte du pic d’émissions de CO2, prévu avant 2030 dans la nouvelle NDC de la Chine (lire notre article).