Le 31 mai 2022, l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) a publié l’inventaire annuel d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pour l’UE, (inventaire dit NIR [national inventory report] soumis au titre de la CCNUCC) comportant les données pour les années 1990-2020. Il ne s’agit pas de données de l’AEE mais bien de données que chaque Etat membre a rapporté au titre de l’inventaire de GES soumis à la CCNUCC (voir par exemple le NIR de la France, réalisé par le Citepa), et que l’AEE agrège pour l’UE dans son ensemble. Plusieurs experts du Citepa figurent parmi les auteurs du rapport, en tant que membre de l’ETC [European Topic Centre], groupe de travail sur le sujet.

Le rapport couvrant les émissions jusqu’en 2020, l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 est très visible. Ainsi, les émissions de GES hors puits de carbone de l’UTCATF* de l’UE-27+UK+IS (UK : Royaume-Uni, IS : Islande) ont atteint leur plus bas niveau jamais observé depuis 1990, 3 708 Mt CO₂e (-8,5% par rapport à 2019). Néanmoins, ce niveau très bas fait suite à des années de fortes baisses (2018 et 2019).

Evolution des émissions de totales de GES (UE27+UK+IS) entre 1990 et 2020, en Mt CO_2e

Tendance générale (1990-2020)

Sur l’ensemble de la période (1990-2020), l’AEE note une baisse de -34% des émissions (hors puits de carbone de l’UTCATF*). L’UE avait déjà, avant la crise, réduit ses émissions de 26% entre 1990 et 2019, atteignant donc en avance son objectif de réduction de 20% prévu entre 1990 et 2020.

L’AEE observe un découplage progressif entre le PIB (+54%) et les émissions de GES (-34%), dû à un ensemble de facteurs : usage en hausse d’énergies renouvelables et de carburants moins émetteurs, amélioration de l’efficacité énergétique, changements structurels de l’économie, hivers plus doux.

Si la plupart des secteurs ont vu leurs émissions diminuer depuis 1990, ce n’est pas le cas pour les transports, ainsi que pour les émissions liées au froid et à la climatisation. Les secteurs ayant connu les plus fortes réductions d’émissions sont l’industrie manufacturière et la construction, la production d’électricité et de chaleur, l’industrie sidérurgique ou encore la combustion dans les bâtiments résidentiels. Le rapport note qu’à eux seuls, le Royaume-Uni et l’Allemagne représentent près de la moitié (47%) de la réduction totale nette observée depuis 1990.

Impact de la crise du Covid-19 sur les émissions de 2020

Les émissions de GES (hors UTCATF) dans l’UE 27+UK+IS ont diminué fortement du fait de la crise sanitaire et de ses conséquences, de 8,5% entre 2019 et 2020 (-346 Mt CO_2e). C’est la deuxième baisse interannuelle la plus forte, en absolu, derrière celle de 2009 (en raison de la récession économique post-crise financière de 2008). En relatif, cependant, la baisse de 2020 est la plus forte.

Au niveau de l’UE, près de 70% de cette réduction s’est faite dans les secteurs du transport routier ainsi que dans le secteur de la production d’électricité et de chaleur (-14% dans les deux cas), avec un recours moindre au charbon. Les installations visées par le SEQE ont quant à elles connu une réduction de 11,6% de leurs émissions, soit la plus forte baisse annuelle depuis la mise en place du SEQE en 2005. D’autres facteurs que la crise sanitaire ont aussi joué, comme la hausse des énergies renouvelables, la continuation des réductions d’émissions dans l’industrie manufacturière, sidérurgique, pétrolière, ou encore pour ce qui est des HFC utilisés dans la réfrigération et la climatisation.

La réduction d’émissions entre les différents Etats membres reste très contrasté, comme le montre la figure ci-dessous. L’Estonie a connu, en relatif, la baisse la plus forte en 2020 (-21%) contre seulement -0,3% à Chypre. La France, avec -9,6%, est le 6^e Etat membre de l’UE ayant connu la plus forte réduction d’émissions.

Evolution des émissions de GES par pays (UE27+UK+IS) entre 2019 et 2020, en %

En savoir plus

– communiqué

– rapport d’inventaire des émissions de GES de l’UE soumis à la CCNUCC (NIR)

– outil interactif de l’AEE présentant les émissions et absorptions de GES par pays, GES, année, secteur, etc. (GHG data viewer)

* UTCATF : utilisation des Terres, Changements d’Affectation des Terres et Foret (LULUCF en anglais).