Floréal – un inventaire inédit des émissions et absorptions des secteurs agricole et forestier : résolution fine, transparence, approche filière
Après trois années de travail pour le compte du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, dans l’optique d’augmenter les outils de compréhension et de décision relatifs aux enjeux de pollution atmosphériques et de changement climatique, le Citepa propose un nouveau format d’inventaire dédié au secteur AFOLU (Agriculture, forêt et autres utilisations des terres) : l’inventaire Floréal. Cet inventaire présente de manière inédite les émissions et absorptions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques des secteurs agricole et forestier sur la période 1990-2018, grâce à une résolution thématique fine et une compilation des résultats orientée filière (agricole et forêt bois).
Approche
L’inventaire Floréal reprend les résultats d’émissions des inventaires nationaux, mais ces émissions sont allouées, réparties ou présentées différemment pour mieux cerner l’ensemble de l’activité agricole et forestière. Ce format de rapportage des émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques complète ainsi les formats officiels de rapportage pour les Nations Unies et le format Secten très souvent utilisé au niveau français. Il permet de mieux comprendre la correspondance entre les différents rapportages.
Côté périmètre, Floréal inclut les émissions de secteurs non directement agricoles (productions d’engrais, industries agro-alimentaires, consommations énergétiques), ce qui permet de mieux appréhender les émissions d’une filière dans sa globalité. De plus, par la définition de filière (animale « bovin lait » ou végétale « céréalière » par exemple), la complémentarité élevages-cultures est traitée avec attention : une partie des émissions ayant lieu lors de la production des cultures végétales est associée à l’élevage, par type de production fine.
Résultats
L’ensemble des résultats, la base de données et le rapport méthodologique sont disponibles et téléchargeables sur la page dédiée à l’inventaire Floréal.
Le total des émissions de GES du secteur agriculture en 2018 s’élève à 95 MtCO2e : la décomposition des postes « amont », « à la ferme » et « aval » est présentée sur l’infographie ci-dessous. Sont aussi associées les émissions de GES du secteur des terres (UTCATF), liées aux changements d’affectation des sols et aux pratiques culturales pour les catégories de terres suivantes : Terres cultivées et Prairies. Selon ce découpage, le puits de carbone en prairies compense 8% des émissions totales liées à l’ensemble des filières agricoles (total amont, ferme, aval).
Un exemple de résultat issu de l’inventaire Floreal
Au sein de l’onglet 19.BilanAgriculture_UTCATF du tableur Floreal, des résultats par type de production agricole sont également disponibles et montrent les leviers principaux sur lesquels il est possible d’agir pour limiter l’impact climat et/ou air de l’agriculture : pour les productions céréalières (Blé, Orge, Avoine, Seigle et méteil, Maïs grain, Sorgho, Triticale, Riz et Autres céréales) dont le total d’émission de GES s’élève à 21 Mt CO2e en 2018, c’est l’épandage des engrais azotés minéraux qui constitue le premier poste émetteur de GES. Afin de réduire ces émissions de N2O liées aux engrais, l’enjeu principal consiste à optimiser la fertilisation azotée, en lien avec les préconisations d’apports adaptés aux besoins des cultures (bien prendre en compte le précédent, les apports organiques, les couverts, le système de culture et le type de sol pour ajuster au mieux la dose apportée). Cette optimisation est déjà bien avancée et il est donc aujourd’hui difficile de prévoir une réduction forte de la fertilisation azotée dans les années futures. Des postes non directement agricoles sont également à considérer : en amont la production d’engrais est responsable de 8% des émissions de la filière céréalière, en aval ce sont les consommations énergétiques dans les industries agro-alimentaires céréalières (travail des grains, fabrication de produits amylacés, fabrication de pains et pâtes…) qui contribuent à 22% des émissions de la filière.
Il faut cependant noter que, dans la version actuelle de Floréal, le bilan de ces filières est incomplet : les émissions de la distribution, de la consommation des produits agricoles, ainsi que toutes les phases de transport (des intrants vers les exploitations agricoles, des cultures vers les IAA par exemple) ne sont pas incluses dans ce périmètre.
Les émissions de GES (exprimées en MtCO2e) de la filière céréalière en 2018
L’inventaire Floréal n’aborde pas l’intégralité de la vie des produits agricoles et forestiers (par exemple, la distribution, la consommation,…), éléments qu’il faudrait également évaluer pour tendre vers une approche « empreinte » ou « analyse du cycle de vie ».