L’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C déjà inatteignable ?
L’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) a indiqué, le 8 juillet 2020, les résultats de nouvelles projections sur l’évolution des températures moyennes mondiales. Ces travaux s’appuient sur le Global Annual to Decadal Climate Update, mené par l’agence météorologique [Met Office] du Royaume-Uni, qui fournit chaque année des projections des températures mondiales pour les cinq ans à venir.
Comprendre l’objectif de +1,5°C
Pour ne pas altérer de manière irréversible l’équilibre climatique, la CCNUCC s’est fixé l’objectif ultime de « stabiliser […] les concentrations de [GES] dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». (article 2). Cet objectif s’est ensuite concrétisé par la limitation du réchauffement à +2°C voire à +1,5°C (voir encadré ci-dessous).
Les objectifs 1,5 et 2°C
S’appuyant sur 2e rapport d’évaluation du Giec de 1995, prôné pour la première fois en 1996 par le Conseil Environnement de l’UE, et avalisé à haut niveau lors du G8 de 2009, l’objectif de limiter le réchauffement global à +2°C vise à éviter des perturbations dangereuses du système climatique. Dans le cadre de la CCNUCC, l’objectif de 2°C a été entériné par l’accord de Copenhague, adopté à la COP-15 (2009), puis confirmé par les accords de Cancún, adoptés à la COP-16 (2010).
En 2015, l’Accord de Paris reprend cet objectif et y ajoute l’objectif « aspirationnel » des 1,5°C notamment pour répondre à la revendication portée par les 43 pays vulnérables réunis au sein du Forum de la vulnérabilité climatique (CVF). “ limiter la hausse de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels et poursuivre l’action menée pour limiter la hausse à 1,5°C “ [art.2 de l’Accord de Paris].
Il s’agit de la température moyenne globale (théorique) combinant températures de surface et océaniques. Cela signifie que localement, et ponctuellement, les températures peuvent évoluer différemment. Les températures actuelles sont comparées à la période pré-industrielle (de la fin 18e siècle au 19e siècle) afin de prendre en compte l’effet de la hausse des émissions de gaz à effet de serre. Néanmoins, l’essentiel de la hausse des températures a eu lieu depuis le milieu du 20e siècle.
Le réchauffement a déjà atteint +1°C en moyenne
En 2012, d’après le Giec (5e rapport d’évaluation, vol.1, 2013 – lire notre dossier de fond sur le sujet), la température annuelle globale s’était réchauffée de +0,85°C (fourchette de +0,65 à +1,06°C) par rapport à 1880.
En 2018, selon le Giec (rapport spécial sur le réchauffement à +1,5°C – lire notre dossier de fond sur le sujet), le réchauffement d’origine anthropique (hausse des températures moyennes mondiales par rapport à la période pré-industrielle [avant 1750]) était estimé à +1,0°C (fourchette comprise entre 0,8°C et 1,2°C).
En 2020, d’après les nouveaux résultats de projections de l’OMM, la température annuelle globale est estimée comme étant au moins +1°C supérieure aux niveaux préindustriels (moyenne 1850-1900).
La limite de +1,5°C pourrait être dépassée dès 2024
Alors que le rapport spécial +1,5°C du Giec soulignait « il est probable que le réchauffement planétaire atteigne +1,5°C entre 2030 et 2052 si le rythme de réchauffement actuel se poursuit« , d’après les nouvelles projections de l’OMM, ce réchauffement atteindrait une fourchette comprise entre 0,91°C et 1,59°C d’ici 2024. Autrement dit, la fourchette haute de cette estimation indique que l’objectif de limiter le réchauffement global à 1,5°C serait non atteint et pourrait être dépassé dès 2024. La probabilité de ce dépassement est estimée à 70%.
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