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Les émissions mondiales de CO2 se sont stabilisées en 2019 après deux années de hausse (données AIE)

  • Réf. : 2020_02_a02
  • Publié le: 12 février 2020
  • Date de mise à jour: 12 février 2020
  • International

Le 11 février 2020, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié une note d’analyse sur les tendances en matière d’émissions mondiales de CO2 provenant de la combustion des combustibles fossiles (données 2019).

 

Que retenir de l’analyse de l’AIE ?

En 2019, l’AIE observe une stagnation des émissions mondiales de CO2 qui se sont élevées à 33,3 Gt CO2, après deux années de hausse (en 2017 [+1,4%] – lire notre article sur le sujet – et en 2018 [+1,7%] – lire notre article sur le sujet). La croissance économique mondiale en 2019 a été de 2,9%, ce qui démontre un découplage entre croissance économique et émissions de CO2. Globalement, les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 62% entre 1990 et 2019 et de 44% entre 2000 et 2019.

Selon l’AIE, la stagnation observée en 2019 s’explique essentiellement par une baisse importante des émissions de CO2 dans les économies avancées (« advanced economies« , terme qui englobe l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, la Corée du Sud, Israël, le Japon, la Turquie)(1). Cette baisse a été obtenue grâce au recours accru aux énergies renouvelables (principalement l’éolien et le solaire), à la substitution du charbon par le gaz naturel, à une plus forte production d’énergie nucléaire, ainsi qu’à une demande en électricité plus faible.

Emissions mondiales de CO2 issues de la combustion de combustibles fossiles 1990-2019 (en Gt CO2)

 

Source : AIE, 11/02/2020

 

Evolution par énergie

 

  • les émissions mondiales provenant de la consommation de charbon ont connu une diminution de 1,3% (près de 200 Mt en moins) en 2019 par rapport aux niveaux de 2018, ce qui a permis de compenser les hausses des émissions de CO2 issues de la consommation de pétrole et de gaz naturel ;
  • les émissions mondiales de CO2 provenant de la production d’électricité ont baissé de 1,2% (soit -170 Mt) en 2019 par rapport au niveau de 2018, les plus fortes baisses ayant été enregistrées dans les économies avancées où les émissions de CO2 ont atteint des niveaux inédits depuis la fin des années 1980. A cette époque, la demande en électricité était inférieure d’un tiers à celle de 2019.

 

Evolution par région

Economies avancées en général

  • en 2019, les économies avancées ont vu leurs émissions de CO2 diminuer de 3,2% (soit -370 Mt) par rapport à 2018, alors que leur croissance économique était de 1,7% en moyenne. Le secteur de la production d’électricité est le facteur le plus important de cette baisse de 3,2% (85% du total). Ce secteur représente désormais 36% des émissions de CO2 liées à l’énergie dans les économies avancées, contre un pic de 42% en 2012 ;
  • en 2019, l’intensité carbone moyenne de l’électricité produite par les économies avancées était de 340 gCO2/kWh, soit une baisse de près de 6,5% par rapport à 2018. Cela représente une diminution trois fois plus importante que la baisse moyenne au cours de la dernière décennie ;
  • des conditions météorologiques plus clémentes (hiver plus doux) en 2019 qu’en 2018 dans plusieurs économies avancées ont également conduit à une réduction d’environ 150 Mt de leurs émissions de CO2;
  • la production d’électricité par des centrales à charbon dans les économies avancées a diminué de près de 15% grâce :
    • au recours accru aux énergies renouvelables ou EnR (essentiellement l’éolien et le solaire photovoltaïque), ce qui a permis d’éviter 130 Mt d’émissions de CO2,
    • à la substitution du charbon par le gaz naturel (100 Mt CO2 évitées), notamment aux Etats-Unis du fait de très faibles prix du gaz naturel,
    • à une plus forte production d’énergie nucléaire (en particulier au Japon et en Corée du Sud), ce qui a permis d’éviter plus de 50 Mt CO2,
    • à une demande en électricité plus faible.

 

Evolution des émissions de CO2 liées à l’énergie par région 2018-2019 (en Mt CO2)

 

Source : AIE, 11/02/2020

Economies avancées, par pays individuel

  • Etats-Unis: c’est dans ce deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre que la baisse, en valeurs absolues, des émissions de CO2 liées à l’énergie en 2019 a été la plus importante (-2,9%, soit -140 Mt). Ces émissions se sont élevées à 4,8 Gt CO2 en 2019 (et ce, après la hausse de 3,1% entre 2017 et 2018). Les émissions de CO2 des Etats-Unis ont atteint leur pic en 2000 et le pays enregistre la baisse la plus importante de tous les pays (-1 Gt CO2), en valeurs absolues, sur la période 2000-2019. Une réduction de 15% de la consommation du charbon pour la production d’électricité a contribué de façon significative à la baisse de 2,9% des émissions de CO2 entre 2018 et 2019.
  • Union européenne: -5% (-160 Mt CO2) en 2019 pour atteindre 2,9 Gt CO2, avec :
    • Allemagne : c’est l’Etat membre qui a le plus contribué à la baisse globale de l’UE, où l’AIE observe une diminution de 8% entre 2018 et 2019 pour atteindre 620 Mt CO2, niveau inédit depuis les années 1950. Malgré l’arrêt du nucléaire en cours (arrêt des derniers réacteurs fin 2022 [cf. Atomgesetz, modification du 31 juillet 2011, §7]), le parc des centrales à charbon a connu une baisse de production d’électricité d’environ 25% en 2019 par rapport à 2018 à mesure que la demande en électricité a diminué et que la production d’électricité d’origine renouvelable a progressé, notamment l’éolien (+11%). La part des EnR dans la production d’électricité a atteint plus de 40% en 2019, dépassant ainsi pour la première fois la part du charbon.
    • Royaume-Uni : la part du charbon dans la production d’électricité a atteint 2%, le niveau le plus faible jamais observé (5% en 2018) en raison notamment d’un recours accru aux EnR (éolien offshore surtout). La part des EnR dans la production d’électricité dans le pays s’est élevée à 40% en 2019, tout comme celle du gaz naturel. Au Royaume-Uni, la sortie du charbon est actuellement en cours, avec l’arrêt des dernières centrales à charbon sans captage et stockage du CO2 programmé pour 2025.
  • Japon : -4,3% pour atteindre 1 030 Mt CO2 en 2019, soit la baisse la plus forte depuis 2009 en raison notamment de la remise en service de réacteurs nucléaires (ayant été mis à l’arrêt depuis l’accident de Fukushima [mars 2011]), ce qui a contribué à une hausse de 40% de la production d’électricité d’origine nucléaire.

 

Et la France ? Analyse du Citepa

L’analyse de l’AIE ne mentionne pas la France.

En France, en 2017, le secteur de l’industrie de l’énergie (production, transformation, distribution) représentait 47,6 MtCO2 soit 14% des émissions de CO2 de la France métropolitaine (hors UTCATF). Plus spécifiquement, le sous-secteur de la production d’électricité représentait la moitié de ces émissions liées à l’industrie de l’énergie avec 24,2 MtCO2. Ces émissions de CO2 liées à la production d’électricité provenaient à 59% des centrales à gaz (14,2 MtCO2) et à 36% des quatre centrales à charbon encore en activité (8,7 MtCO2) (Source : Citepa, inventaire national d’émissions de GES éd. 2019, format Secten (accéder au rapport & données ; lire le chapitre relatif à l’Industrie de l’Energie) & traitement spécifique).

Par ailleurs, le Plan climat du 6 juillet 2017 (lire notre article sur le sujet]) prévoit la sortie du charbon en 2022, étape indispensable, d’après le Gouvernement, pour atteindre la neutralité carbone en 2050. La loi n°2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat (dite loi énergie-climat) a confirmé la mise à l’arrêt des quatre dernières centrales à charbon en France, en fixant, dans son article 12, l’obligation pour l’autorité administrative de définir un plafond d’émissions applicable à compter du 1er janvier 2022 pour les installations de production d’électricité à partir de combustibles fossiles situées sur le territoire métropolitain continental et émettant plus de 0,550 tonnes de CO2e/MWh. En application de cet article 12, le décret n°2019-1467 du 26 décembre 2019 fixe un plafond d’émissions de gaz à effet de serre (GES) de 0,7 kilotonne (soit 700 t) CO2e/MW de puissance électrique installée pour les installations de production d’électricité à partir de combustibles fossiles (lire notre article sur le sujet).

Enfin, la sortie du charbon en 2022 est également inscrite dans le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) (lire notre article sur le sujet ; voir aussi document d’information du MTES sur le sujet).

 

Autres pays (hors économies avancées) :

Les émissions de CO2 des autres pays (c’est-à-dire les pays hors économies avancées) ont augmenté de près de 400 Mt en 2019, l’Asie représentant la contribution la plus importante de cette hausse (près de 80%). Dans cette région, la demande en charbon a continué de croître, représentant plus de 50% de la consommation d’énergie, ayant conduit à environ 10 Gt d’émissions de CO2 en 2019.

La Chine a connu une hausse des émissions de CO2, laquelle a été compensée par un ralentissement de la croissance économique et une plus forte production d’électricité de sources bas-carbone (l’AIE ne précise pas de quelles sources il s’agit). Le recours aux EnR a continué d’augmenter en Chine.

En Inde, la hausse des émissions de CO2 a été modérée en 2019. Celles provenant du secteur de la production d’électricité ont même légèrement diminué. La demande en électricité a été stable et un fort développement des EnR a conduit à une baisse de la production d’électricité à base de charbon pour la première fois depuis 1973. Cependant, la croissance soutenue de la demande de combustibles fossiles dans d’autres secteurs, notamment le transport, a contrebalancé la baisse des émissions de CO2 dans le secteur de la production d’électricité.

L’AIE publiera une mise à jour des données 2019 à la mi-mars 2020 (avec ces données plus désagrégées par pays).

 

(1) Il s’agit plus précisément des pays membres de l’OCDE (Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, République tchèque, Danemark, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Israël, Italie, Japon, Corée du Sud, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Mexique, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Turquie, Royaume-Uni, Etats-Unis), ainsi que la Bulgarie, la Croatie, Chypre, Malte et la Roumanie.

Voir note d’analyse de l’AIE

 

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